Une histoire de vie marquée par la maladie Stéphanie Schmäh témoigne

Une histoire de vie  marquée par la maladie Stéphanie Schmäh témoigne
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Sainte-Claire (FR), mars-avril 2021

TEXTE ET PHOTO PAR JOËL BIELMANN

Aucune maladie d’enfance (oreillons, coqueluche, varicelle…) ne l’a épargnée. Cela a induit bien des absences à l’école. A l’âge de 19 ans, elle perd 22 kilos en deux semaines. Les médecins s’interrogent : serait-ce dû à la drogue ? Faut-il conclure à une fragilité psychique particulière ? Finalement, 33 ulcères internes sont découverts. C’est cancéreux. Les médicaments prescrits à très hautes doses, brûlent son estomac au troisième degré. Il lui est impossible de manger. Elle est nourrie grâce à une sonde une période durant.

Aujourd’hui, Stéphanie Schmäh approche des 50 ans. Depuis sa jeunesse, elle ne cesse de combattre les maladies. Cancers et autres maux se sont enchaînés. Stéphanie ne connaît pas le nombre d’interventions chirurgicales qu’elle a subies. Durant des années, elle aspire fortement à devenir mère. Après plusieurs fausses couches, des soins invasifs l’obligent à vivre le deuil de la maternité.

A 34 ans, son activité professionnelle – elle est secrétaire de direction dans une société internationale – la conduit en Chine. Une très forte fièvre, des difficultés respiratoires et l’impossibilité de se mouvoir impliquent l’appel à une ambulance. Cette dernière arrive le lendemain sur les lieux, juste au moment où Stéphanie est frappée d’un infarctus. Le plongeon dans l’inconscience amène alors un étrange rêve. « Je disais au revoir à tout le monde, dit Stéphanie : aux membres de ma famille, à mes amis, aux personnes rencontrées en Chine. Je devais me dépêcher, n’oublier personne. Et tout à coup, ce fut la nuit totale. Je me voyais dans un train qui roulait à toute allure. Le crash semblait inévitable. Subitement vint la lumière. Je me suis réveillée, ai pris un peu de temps pour réaliser où je me trouvais. Puis ce fut l’évidence : c’était Dieu, la Trinité, les anges… comment dire… la puissance du Seigneur était entrée en moi. » L’expérience relève manifestement de l’indicible. Durant tout le trajet en ambulance, Stéphanie a serré la main d’un soignant à un point tel que les os en furent brisés. Elle a été transportée par l’une des deux ambulances que comptait l’île chinoise de deux millions d’habitants. Elle a bénéficié du seul défibrillateur dont disposait l’hôpital et qui se trouvait exceptionnellement dans l’ambulance. Un vrai miracle !

Depuis lors, tout a changé pour Stéphanie. Les sacrements, la prière, l’éducation religieuse d’antan ont pris des couleurs totalement renouvelées. Dès son retour de Chine, elle a été hospitalisée durant six mois. Elle recevait alors chaque jour la communion. Elle déclare avoir demandé au Seigneur pourquoi elle a été choisie pour vivre tant d’épreuves. « J’ai compris, ajoute-t-elle, que je dois être généreuse, aider mon prochain, prier pour les malades, la justice et entre autres pour mes ennemis, garder le sourire et la joie de vivre. » Sa générosité se concrétise par divers engagements personnels. Bénévole, elle est sacristine à l’église du Saint-Sacrement à Marly et membre de l’équipe de préparation au baptême pour notre unité pastorale.

« Il existe manifestement un registre chrétien comme un appel à faire face à la souffrance, à mystérieusement aussi s’y confronter et la vivre comme un possible espace de grâce sans pour autant la rechercher pour elle-même.1 » Stéphanie, par votre témoignage en paroles et en actes, vous nous laissez entrevoir ce « possible espace de grâce ». Merci à vous !

 

1 Dominique Jacquemin, La souffrance : une porte vers le ciel ? Revue Lumen Vitae, n° 3, 2016, p. 290.