« Méditer sur sa mort»

« Méditer sur sa mort»

Par Thierry Schelling | Photo : DR

« Je suis devant la porte obscure de la mort », disait Benoît XVI au début de l’année 2022, qui s’acheva sur son trépas. Réalisme d’un nonagénaire, souligné par son successeur, François, qui présida, fait rarissime, ses obsèques 1

Et d’exposer, selon le rituel prévu, mais allégé (car Benoît n’était plus Pontifex regnans), le corps de Ratzinger au vu et au su des pèlerins venus se recueillir. Ou s’interloquer sur cette « exposition macabre », comme l’a titré un journal. C’est vrai, sous nos occidentales latitudes, on est peu habitué à voir des cadavres, même embellis : des os (ossuaires, etc.), oui ; des corps entiers qui ne sont pas des momies, moins…

De fait, « la culture contemporaine du bien-être semble vouloir évacuer la réalité de la mort et de notre finitude ; notre foi chrétienne ne nous dispense pas de la peur de la mort, mais elle nous aide à l’affronter. Et la vraie lumière qui éclaire le mystère de la mort, c’est la résurrection du Christ. » (février 2022) Tout est dit et François de rajouter : « On n’a jamais vu un camion de déménageurs derrière un corbillard ! […] Accumulons plutôt la charité et le sens du partage. »

« Méditer sur sa mort est un exercice des plus enrichissants », assure-t-il. Un exercice propre (mais pas exclusivement) à la Compagnie de Jésus. S’habituer à l’inéluctable permet de « mourir en paix » selon l’expression. « Quelle sagesse dans cette demande », souligne le Pape. Et de rappeler que le « Je vous salue, Marie » se conclut par « Priez pour nous… aujourd’hui et à l’heure de notre mort. » Ou de se tourner vers saint Joseph appelé jadis « patron d’une bonne mort ». 

En effet, Benoît XV s’y référa dans son motu proprio Bonum sane de juillet 1920. Cherchait-il à panser les incommensurables plaies laissées en Europe (notamment) par la Première Guerre mondiale et ses 40 millions de morts ? Tant faire se peut…

1 Pie VII avait présidé en 1802 les obsèques de son prédécesseur Pie VI, mort en exil, mais certes, pas « pape émérite »…

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