Nés sous une mauvaise étoile

Statue de Stanisława dans son uniforme de détenue à l’église Sainte-Anne du quartier Wilanów de Varsovie.

La cause en béatification de la Polonaise Stanisława Leszczyńska a été ouverte en 1992. Celle-ci est toujours pendante malgré trois mille miracles à son actif… Rencontre posthume avec celle que l’on surnommait « l’Ange de bonté ».

Par Myriam Bettens | Photo : Jacques Lanciault

Entre 1942 et 1944, plus d’un million de femmes, d’hommes et d’enfants ont perdu la vie entre les barbelés du camp d’Auschwitz-Birkenau. Malgré l’omniprésence de la mort, Stanisława Leszczyńska a tenté d’y préserver la vie. Née en 1896 dans la banlieue de Łódź, la jeune femme exerce la profession de sage-femme. En septembre 1939, les nazis envahissent la Pologne. Sous les fenêtres de l’appartement de la famille Leszczyńska s’étend le ghetto de Łódź où près de 160’000 Juifs s’entassent. 

Aiguillonnée par sa foi catholique et la vision d’horreur qui s’offre à elle chaque jour, Stanisława s’engage dans la résistance. La Gestapo veille. Ses deux fils sont envoyés dans des camps de travail ; elle et sa fille à Auschwitz ; son mari en réchappe, mais meurt lors de l’insurrection de Varsovie. 

Dans un tube de dentifrice

Avant sa déportation, la Polonaise a la présence d’esprit d’emporter son diplôme de sage-femme dissimulé dans un tube de dentifrice. Le matricule 41335 est assigné à l’infirmerie grâce à ses connaissances médicales, puis à la « maternité ». De nombreuses déportées arrivent au camp déjà enceintes et essaient de cacher la grossesse. Le protocole nazi requiert que la mère et l’enfant soient envoyés aux crématoires – souvent sans passer par la chambre à gaz. Mais aussi parce que le docteur Mengele s’intéresse de près à leur condition pour mener ses expériences. 

Face à Mengele

La sage-femme tient tête à « l’Ange de la mort ». Il accepte que les bébés et les parturientes ne soient pas systématiquement éliminés. Maigre consolation pour Stanisława qui estime que sur les 3000 accouchements qu’elle a réalisés, près de 2500 nouveau-nés n’ont pas survécu, victimes de la faim, du froid ou de la noyade. 

Quelques centaines d’autres sont enlevés pour être « germanisés », mais là encore, elle trouve un stratagème en tatouant les bébés du matricule de leur mère dans l’espoir qu’ils se retrouvent après la guerre. 

Ce mois de novembre, l’Eglise commémore, lors de la Toussaint, les saints, connus et inconnus, comme Stanisława. Le monde, quant à lui, célèbre l’anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant par la journée mondiale de l’enfance.

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