Tous à la même adresse

Tous les mardis de 11h30 à 15h30, l’équipe du Café du Parvis accueille tous ses invités. « Bienvenue chez toi ! »

« N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges ! » (He 13, 2) Mais celui-là, il n’avait pas l’air d’un ange lorsqu’il est venu aborder mon collègue pasteur !

Par Roselyne Righetti avec Pascal Tornay | Photo : DR

Il ne faisait pas chaud, ce jeudi soir, avant le souper hebdomadaire de la Pastorale de la rue. Le gars avait entendu parler d’accueil de pèlerins dans la paroisse, alors il s’est lancé : « Je fais le pèlerinage de Compostelle, je peux dormir ici ? » Et mon collègue de piquer un fou rire: «Ah ! ce n’est pas le bon pèlerinage, par ici c’est la Via Francigena !» Il se trompait certes de pèlerinage, le petit gars bien valaisan mais sans domicile fixe, mais pas de lieu d’accueil. Ces lieux où l’on se rencontre parce qu’on est à la croisée de toutes les vies, même de celles sans destination. Ces vies qui pèlerinent dans le vide, qui font du sur place, là où elles devraient être à la maison ! 

Déjà presque deux ans que nos paroisses se sont laissées bousculer, qu’elles ont ouvert leurs portes comme on ouvre grand ses bras pour montrer qu’on aime grand comme ça ! Du coup l’accueil, c’est du solide et la solidarité pousse au fil de l’accueil de ses anges pas très nets…

On ne peut pas dire que la Pastorale de la Rue œcuménique soit la « maison d’accueil » d’un seul type d’habitants. Non, car en elle tout le monde peut se trouver et se retrouver. Pour nos compagnons de rue qui sont justement sans demeure paisible, elle est comme une Maison, celle où l’on peut entrer, où l’on peut revenir ou que l’on peut quitter selon le mouvement de sa vie. Un lieu de vie, un lieu cadeau de la Vie quand parfois au-dedant tout s’essouffle et se brise, et que ce besoin simple de rentrer et de trouver quelqu’un se fait sentir.

Ensemble, protestants et catholiques, c’est mieux : pour ne pas louper les anges ! Ou comme mon collègue Pascal Tornay dit : « Ma mission c’est de me tenir sur le Seuil pour inviter à passer à l’intérieur. » Et le mardi, on les voit arriver au Café du Parvis comme les oiseaux du ciel : les uns hésitants, les autres en vieux habitués, d’autres culottés ! Ils ont la grâce et la légèreté de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Douceur d’une solidarité qui effleure comme une caresse, qui n’écrase pas d’une charité toute-puissante. 

Quel est le sens de ce temps d’accueil ? Eclats de joie, éclats de rire parce qu’on est tous, durant quelques heures, à la même adresse ! Le gars qui ne pèlerinait pas dans le bon sens est venu voir à l’intérieur du Café du Parvis. Il a visité notre petit oratoire dans les catacombes de la Maison de la Visitation. Je lui ai expliqué que là on célèbre deux fois par mois et que tout le monde est invité. Fasciné, son regard bouleversé, il a dit : « Là, je suis bien. En dessous du bruit de là-haut dessus, et cette autre chose… Oui, le spirituel ! »

On peut faire beaucoup pour ceux qui nous semblent pauvres, faibles, fragiles, mais dans une Pastorale de la rue, ce qui compte vraiment, c’est ce que l’on est les uns pour les autres. Et là, tout peut se retourner. C’est une conversion de nos positions les plus arrêtées : là où on se sentait au-dessus, plus fort que…, voilà que c’est l’ange d’à-côté qui nous met à la bonne place, juste côte à côte, la main dans la main ! Et ce n’est plus « bienvenue chez moi », mais c’est « bienvenue chez toi » ! 

Prière 

Par Auteur anonyme

Seigneur, quand j’aurai faim, donne-moi quelqu’un à nourrir ! 
Quand j’aurai soif, donne-moi quelqu’un à abreuver ! 
Et quand j’aurai froid, quelqu’un à vêtir ! 
Quand je serai dans la tristesse, donne-moi quelqu’un à relever ! 
Quand mon fardeau me pèsera, charge-moi de celui des autres ! 
Et quand j’aurai besoin de tendresse, que l’on fasse appel à la mienne ! 
Que ta volonté soit ma nourriture, ta grâce ma force et ton amour mon repos ! 
Que toute ma vie soit offrande toujours tendue vers toi, ô Père ! 
Jusqu’au jour où il te plaira de la reprendre ! 
Amen.

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