Regard sur Marie

Par Marc Passera
Photos: DRmarieMarie occupe une place importante dans la vie des chrétiens. Au long des siècles diverses formes de dévotion mariale sont apparues et ont accompagné de nombreuses communautés. Je garde un souvenir ému d’une paroisse des montagnes de Calabre qui, n’ayant plus de prêtre se retrouvait quotidiennement pour la récitation du chapelet. La foi en Christ y était vécue en profondeur, enracinée de manière solide et éclairant la dureté de la vie. Mais j’ai éprouvé des réserves devant certaines manifestations de spiritualité où Marie apparaissait sans Jésus et vénérée à la manière d’une déesse provoquant parfois une exubérance malsaine. J’ai été choqué par la prière lue dans un sanctuaire qui demandait à Marie « de nous libérer du bras vengeur de son Fils »… Je sais aussi que le thème est délicat dans le dialogue avec la Réforme, même si la lecture du texte rédigé par le Groupe des Dombes 1 m’a aidé à mieux situer la question et à apprécier l’effort d’une approche commune. Dans son exhortation apostolique Marialis cultus, Paul VI avait déjà offert de précieuses indications et insisté sur la dimension « biblique, liturgique, œcuménique et anthropologique du culte marial » 2.

C’est qu’il s’agit d’un thème difficile pour les théologiens. Certains ont recherché le moindre signe se référant à Marie dans le texte biblique, chez les Pères et dans la Tradition de l’Eglise, mais pour ne développer qu’une dimension dogmatique ou apologétique et parfois polémique. D’autres, la mettant en relation exclusive au mystère du Christ risquent de la réduire à pur symbole. On sait que Vatican II, reprenant une longue réflexion médiévale 3 a conclu son document sur l’Eglise par un chapitre sur « La bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu dans le mystère du Christ et de l’Eglise » 4). Mais pour les théologiens catholiques, il sera difficile d’insérer Marie dans leur réflexion sur l’Eglise. On assiste toutefois, de nos jours, à un nouvel élan qui cherche à dire la foi au féminin et qui pose sur Marie un regard nouveau.

C’est petit à petit que Marie va prendre sa place dans la vie de l’Eglise. Bien sûr, il y a la Marie des Evangiles, en Luc surtout. Jean la nomme toujours Mère. Il y a la Marie des Apocryphes 5. Il y a aussi les expressions d’une foi qui éprouve le besoin de se dire de manière commune et qui cherchera les mots que les grands Conciles feront siens, comme quand à Ephèse en 431 elle est proclamée Théotokos. Mais il y a surtout la foi d’un peuple croyant, le sensum fidei ou sensum fidelium qui se sent proche d’elle parce qu’il sait qu’elle est proche de lui.

En effet, c’est en Marie que le Verbe par qui « tout est venu à l’existence » (Jn 1, 3) « s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14). Elle a écouté le Verbe-Parole, elle l’a accueilli et mis au monde. Désormais, Dieu se rend visible sous les traits d’un enfant qui grandit et d’un homme qui donne sa vie. Le « Dieu que personne n’a jamais vu » (Jn 1, 18) n’est pas une idée, il est l’un de nous. Cela, c’est l’œuvre de l’Esprit. Marie est Mère parce que fécondée par le Père. Elle « retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19) allant ainsi au cœur du mystère. L’expérience que vit Marie est unique, mais elle est aussi invitation à s’inscrire dans ce dynamisme de maternité. C’est ce que vit Joseph qui accueille Marie et ce que le Père accomplit en elle. Comme Paul, il peut dire « je tombe à genoux devant le Père, de qui toute paternité au ciel et sur la terre tient son nom » (Eph 3, 14-15). Vrai homme, Jésus donne à tous de vivre de la vie de Dieu. En complicité avec Marie et en chantant avec elle le Magnificat, c’est le mystère qu’exprime la véritable dévotion mariale.

1 GROUPE DE DOMBES, Marie dans le dessein de Dieu et la communion des saints, Paris, 1999
2 Cf. Exhortation apostolique Marialis cultus, publiée le 2 février 1974, section 2
3 Cf. entre autres de LUBAC, Henri, Méditation sur l’Eglise, Paris 1953 qui jouera un rôle important à Vatican II
4 LG 8
5 NORELLI, Enrico, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, 2009 

Communier en EMS

Fernande Mouchet

Propos recueillis par Frédéric Monnin
Photo: Frédéric Monnin
A la paroisse Saint-Paul, Fernande Mouchet est un colosse, une de ces colonnes qui soutiennent les voûtes. Elle a toutefois dû se faire à l’idée, il y a près d’une année, que les pieds d’argile guettent jusqu’aux colosses les plus solides… Elle qui fut, en 1975, l’une des premières laïques genevoises à recevoir mandat de Mgr Mamie d’aider à la distribution de l’Eucharistie à domicile.

Aujourd’hui, c’est elle qui reçoit la communion à domicile : « C’est une joie d’ouvrir ma porte à Jésus, qui se tient à la porte et qui frappe pour entrer dans le cœur de chacun. C’est à chaque fois un grand moment de partage. D’abord j’ai eu le privilège de rendre ce service, et maintenant j’en suis bénéficiaire. C’est une grâce de l’avoir fait à l’époque, et c’en est une de le recevoir à présent. Quand les problèmes sérieux de santé ont rendu les déplacements dominicaux difficiles, j’ai dû me priver de communion pendant plusieurs mois, et le Christ m’a beaucoup manqué. Il m’a fallu prendre mon courage à deux mains pour demander une visite. »

J’irai la (re)voir un jour

Frédéric Monnin
Photos: DR
frederic_monin_2018Jamais je n’aurais imaginé écrire ce qui suit lorsque j’ai promis cet édito pour le matin du Mardi saint… Introduire L’Essentiel de mai en évoquant l’incendie de Notre-Dame de Paris, la veille au soir, c’est encore trop chaud pour contenir mes larmes. 

On a beaucoup parlé de nombreux événements, heureux ou malheureux, qui ont fait de Notre-Dame de Paris un lieu de références pour tous les Français. Mais, à l’heure où j’écris, pas de ceci : « … Prenant la très sainte et glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre Royaume, nous lui consacrons particulièrement notre Personne, notre Etat, notre Couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une si sainte conduite, et défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que soit qu’il souffre le fléau de la guerre, ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. » Cette consécration de la France à la Vierge Marie fut promulguée par Louis XIII le 10 février 1638.

Ce matin ressemble au soir de Gethsémani, la cathédrale de Paris semblable au Temple et son rideau déchiré. Les pierres ont crié de douleur dans la fournaise et pourtant, le mois qui s’annonce vient nous rappeler que la Vierge veille sur d’autres pierres, vivantes celles-là : l’Eglise, fille aînée comprise…

Qui, parmi les lecteurs de L’Essentiel, n’a un jour franchi la porte de Notre-Dame, pénétrant ce lieu qui élève autant l’âme que le regard ? Aujourd’hui, comme une allégorie du fiat de Marie, il nous appartient de faire vivre son OUI à la hauteur de nos épaules, et le travail ne manque pas ! A ceux qui évoluent dans la Nuit, nous avons à faire entrevoir une part du ciel sur la terre. Il est étonnant, et rassurant, de voir à quel point une société déchristianisée pleure aussi sincèrement la perte (temporaire, espérons-le) de ce vaisseau de pierre. Mais les pierres ne sont pas éternelles. Et le jour viendra, où elles seront devenues inutiles… et nous ?

576px-incendie_notre_dame_de_paris2

L’Assemblée générale extraordinaire du 4 avril 2019 a voté en faveur d’un projet immobilier important !

Texte et photo par Pascal VoideLes paroissiens et paroissiennes de la paroisse Chêne-Thônex ont plébiscité ce soir-là le projet de construction soumis, au nom du Conseil de paroisse, par ses président et vice-président, M. Pascal Voide et M. Laurent Pierroz : la réalisation d’une nouvelle cure et des locaux pour les activités pastorales dans le bâtiment Saint-François à rénover, d’un bâtiment mixte – à la place de la cure existante – comprenant une grande salle polyvalente avec une cuisine semi-professionnelle et quatre appartements à caractère social, ainsi qu’un immeuble locatif de 24 logements avec son parking. Le résultat du vote est un OUI avec 121 voix, trois non et trois abstentions. Un apéritif dînatoire festif et chaleureux clôtura la soirée. 

Vous trouverez plus d’informations et de détails dans l’édition de juin de L’Essentiel.

«Les martyrs de Tibhirine et l’Algérie»

Mercredi 29 mai 2019

Par Marie-Dominique Minassian
Photo: DRLes moines de Tibhirine ont été connus en 2010 grâce au film Des hommes et des dieux. Ce film a permis de découvrir ce qu’ils vivaient dans ce pays jusqu’à leur enlèvement et leur mort tragique en mai 1996. Ils ont été béatifiés avec douze autres martyrs de l’Eglise d’Algérie le 8 décembre dernier à Oran, une première en terre d’Islam.

Le testament spirituel de Christian de Chergé, constitue à lui seul un texte majeur. Le pape François les cite aussi en exemple : « La sanctification est un cheminement communautaire, à faire deux à deux. […] Souvenons-nous du récent témoignage des moines trappistes de Tibhirine (Algérie), qui se sont préparés ensemble au martyre » (Gaudete et exsultate 141).

Nous nous mettrons donc à l’écoute de leur expérience pour y découvrir des ressources pour nous aujourd’hui.

Conférence proposée par Marie-Dominique Minassian, le mercredi 29 mai 2019, à 20h dans la salle paroissiale au sous-sol de l’église Saint-Paul. Entrée libre, collecte.

Tous les chemins… »

Par Frédéric Monnin

Mardi 19 février 2019, Rome, île Tibérine… La petite troupe de pèlerins de Saint-Paul pénètre dans la basilique Saint-Barthélemy. Cette église, dont la Communauté Sant’Egidio a la charge, est devenue le mémorial des « nouveaux martyrs » à la demande de saint Jean-Paul II en 1999, en vue du Grand Jubilé.

A la visite de ce sanctuaire, on aperçoit une grande icône derrière l’Autel Majeur. Elle représente des martyrs des XXe et XXIe siècles, choisis parmi quelque 12’000 dossiers. Une icône malheureusement loin d’être achevée, on a toutes les raisons de le craindre…

Dans les chapelles latérales, des reliques et objets ayant appartenu aux martyrs dont il est fait mémoire ici. Citons Oscar Romero, Jacques Hamel, Maximilien Kolbe, Jerzy Popiełuszko et, attirant mon regard plus que les autres, une lettre de Christian de Chergé. Il est très difficile d’expliquer par des mots cette « marée montante » d’émotion mêlée de gravité et enrobée de larmes, à la vue de ces reliques ayant appartenu à des témoins que nous avons connus, des gens de notre temps, emportés par des idéologies perverses ou perverties. Que ceux qui prétendent que le Diable n’existe pas viennent ici, et qu’ils voient ! Le martyre des femmes et des hommes honorés en ce lieu vaut toutes les dissertations sur le sujet. Ne dit-Il pas, un certain jeudi soir « Aimez-vous les uns les autres comme JE vous ai aimés » ? cqfd

Année de confirmation, le parcours des jeunes et les témoins qui les accompagnent

Par Anne-Marie Colandrea
Photo: Eva Bleeker
Depuis 2 années scolaires, les jeunes des paroisses Sainte-Thérèse et Saint-Joseph se préparent à recevoir le sacrement de confirmation. En deux ans, nous voyons les adolescents grandir, s’ouvrir à travers leur questionnement, faire part de leur doute et de leur enthousiasme. Quoi qu’il en soit, il y a une vraie recherche : apprendre et approfondir leur foi, l’enraciner dans leur réalité et face à leurs attentes. Il en ressort également un vrai désir de convivialité, un désir de recevoir et de se donner et aussi de se sentir chrétiens « ensemble ». Le défi pour parachever ce cheminement, fut de leur proposer un week-end à Taizé en fin de vacances de Pâques : nos jeunes comme leurs aînés dans la foi – de jeunes adultes, témoins qui les accompagnent et sans qui ce parcours ne tiendrait pas – ont répondus présents.  

Je laisse la parole Eva : « J’ai 21 ans et je suis en formation pour être enseignante à l’école primaire. Je suis actuellement engagée dans une formation qui s’appelle Kairos et qui prépare 2 retraites dans l’année organisées par des jeunes pour des confirmands. Je suis aussi engagée depuis 1 an et demi maintenant auprès des confirmands de Sainte-Thérèse – Saint-Joseph. J’ai donc eu l’opportunité de les voir grandir et surtout, grandir dans leur foi. Nous discutions souvent en petits groupes autour de différentes thématiques et je repars toujours de ces échanges avec plein de nouvelles pistes pour vivre ma propre foi. C’est incroyable de voir toute la simplicité et le potentiel qu’ont ces jeunes adolescents. Ça a été pour moi une année très riche. Comme on me l’a souvent dit, on reçoit beaucoup plus lorsque l’on donne et c’est vrai ! Tous ces jeunes m’ont énormément donné.  Dimanche dernier nous avons eu la rencontre avec le vicaire Pascal Desthieux, qui confirmera nos jeunes le 12 mai, et nous nous sommes ensuite rendus à la journée des confirmands organisée par la pastorale des jeunes pour le canton. C’était une journée formidable. Les jeunes ont pu discuter avec Pascal et ils ont créé des liens encore plus forts tout au long de la journée. » 

Ecoutons le pape François dans sa catéchèse sur les sacrements : « le terme même de «  Confirmation  » nous rappelle que ce sacrement fait croître la grâce baptismale : il nous unit plus fermement au Christ ; il porte à son achèvement notre lien avec l’Eglise ; il nous accorde une force spéciale de l’Esprit Saint. […] C’est pour cela qu’il est important de veiller à ce que nos enfants, nos adolescents, reçoivent ce sacrement. Nous nous préoccupons tous de les faire baptiser, et c’est bien, mais peut-être que nous ne nous préoccupons pas assez de les préparer à la confirmation. De cette façon, ils vont rester à mi-chemin et ils ne recevront pas l’Esprit Saint qui est si important dans la vie chrétienne, parce qu’il nous donne la force d’avancer. […]  La confirmation, comme tous les sacrements, n’est pas l’œuvre des hommes, mais de Dieu, qui prend soin de notre vie en nous modelant à l’image de son Fils, pour nous rendre capables d’aimer comme lui. Dieu fait cela en répandant en nous son Esprit Saint, dont l’action envahit toute la personne et toute sa vie ». 

Accompagnons de nos prières nos jeunes confirmands, et aussi leurs jeunes témoins ! 

Evêque du Togo en visite à Chêne

Visite de Mgr Isaac Jogues Agbemenya Kodjo Gaglo, évêque du diocèse d’Aného au Togo à la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne).

Par Karin Ducret
Photo: Pascal Voide, Karin Ducret
Mgr Isaac Jogues Agbemenya Kodjo Gaglo, évêque du diocèse d’Aného au Togo,  a effectué un voyage de visite pastorale aux cinq prêtres togolais en mission en Suisse romande. A cette occasion il a rencontré, en absence de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, l’abbé Jean Glasson, vicaire épiscopal de Fribourg, et l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal de Genève. 

Mgr Isaac Gaglo a été ordonné prêtre le 9 août 1985 par le pape saint Jean-Paul II à Kara lors de son voyage apostolique au Togo. Il a été nommé troisième évêque du diocèse d’Aného le 3 décembre 2007 par le pape Benoît XVI et a été sacré le 2 février 2008. L’abbé Joël Akagbo, prêtre diocésain de Hahotoë, du diocèse d’Aného, prêtre « fidei donum » 1, a été prêtre auxiliaire pendant 2 ans à l’UP Champel/Eaux-Vive et est depuis septembre 2017 le prêtre répondant de la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne).

Pascal Voide, le président du Conseil de paroisse, ainsi que Sabrina Faraone, responsable en catéchèse, ont invité Mgr Isaac Gaglo et le vicaire épiscopal, l’abbé Pascal Desthieux, à partager un repas festif avec l’abbé Joël et des membres du Conseil de paroisse. C’était l’occasion de remercier l’évêque pour ce déplacement à Chêne-Bourg et lui présenter la paroisse.  

Le lendemain, une messe concélébrée par Mgr Gaglo, l’abbé Bonaventuro Lawson, en mission en France sur la paroisse de Marboz et l’abbé Joël, a réuni des fidèles de la paroisse Chêne-Thônex dans la chapelle de Saint-François de Sales. Les paroissiens et paroissiennes ont réservé un accueil chaleureux aux célébrants. La prédication profonde et éclairante de l’évêque a été beaucoup appréciée par l’assistance. Puis un « café festif » permettait au dignitaire de faire la connaissance des paroissiens et paroissiennes qui en ont profité pour s’approcher de l’évêque africain pour le remercier de sa présence et de poser des questions… 

Le diocèse d’Aného se trouve dans la Région Maritime du Togo en Afrique Occidentale avec une superficie de 2 715 km2 et une population estimée à 989 983 habitants, dont environ 29 % de catholiques. Le diocèse compte 33 paroisses et  133 prêtres diocésains, dont 27 à l’extérieur pour études ou autres missions, et plus de 300 catéchistes bénévoles. Les enfants et les jeunes en âge de scolarisation représentent plus de 70 % de sa population. Quatre groupes ethniques et linguistiques peuplent le territoire ecclésiastique d’Aného à savoir : le Mina, le Guin, l’Ewe et le Ouatchi. Les langues liturgiques et catéchétiques sont le français, l’ewe et le mina.

1 « fidei donum » = « don de la foi » Une encyclique en 1957 du pape Pie XII demande aux évêques d’autoriser leurs prêtres diocésains à répondre aux appels de la mission, notamment en Afrique, tout en restant attachés à leur diocèse d’origine et d’y revenir après plusieurs années. Le mouvement s’est maintenant inversé !

«Je ne sers à rien»

Par Marc Passera« … Je ne sers plus à rien… » Combien de fois l’ai-je entendu ! Spécialement dans les homes ou de la bouche de gens qui avaient été particulièrement actifs toute leur vie. Et combien je comprends ce sentiment… Mais à quoi tient notre vie ?

On le sait, il y a des âges dans la vie. Et on ne fait pas les mêmes choses à 20 ans et à 80. Mais si l’on voit bien ce qu’on ne peut plus faire, voit-on assez, avec l’âge qui avance, ce que l’on peut vivre, alors que cela nous était impossible avant.

J’aime ce que Paul écrit aux Corinthiens : « Nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. » (2 Cor 4, 16) Et Paul en dit la raison : « Celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus. » (2 Cor 4, 14)

Marthe avait partagé à Jésus sa conviction devant la mort de son frère Lazare : « Je sais qu’il ressuscitera au dernier jour. » (Jn 11, 24) Jésus l’invite à un regard plus profond : « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jn 11, 26) C’est maintenant qu’il s’agit de vivre en ressuscités.

Il est des regards désabusés qui s’inscrivent dans une « logique de mort », il est des situations difficiles où se manifeste l’élan de la Résurrection. Thomas est comme mort quand il dit « si je ne vois pas… » (Jn 20, 25) Mais quand, le premier, il proclame la foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28) n’est-il pas lui-même ressuscité ? Et Marie de Magdala, et les disciples d’Emmaüs, et les autres…

Comment vivre le mystère de la résurrection quand on sent nos forces nous quitter, quand plus personne ne fait appel à nos compétences, quand on a besoin d’aide ?  Jésus invite à un chemin étonnant : « naître à nouveau, naître d’en-haut » (Jn 3, 3). L’objection de Nicodème, on la connaît : « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? » (Jn 3, 4) Jésus ne lui répond pas ; il répète son invitation. Et si Nicodème a osé l’accueillir il aura été le premier à s’émerveiller d’une fécondité inattendue. Une fécondité que les petits-enfants retrouvent chez leurs grands-parents, qui réjouit les visiteurs de homes, qui brille sur le visage des personnes âgées. 

Il y a là un signe de la victoire du Ressuscité, de la vie plus forte que tout vieillissement !

Il n’y a pas d’âge pour faire fructifier ses talents

photo-p11

 

Par Anne-Marie Colandrea
Photo: DR
En syntonie avec le thème central de ce no de L’Essentiel, je suis allée à la rencontre de bénévoles « retraités » engagés dans notre Unité pastorale Champel/Eaux-Vives. 

A Saint Joseph, il y a tout spécialement le groupe de l’accueil composé de personnes qui offrent de leur temps, leur sourire et une écoute. Elles accueillent et informent les fidèles comme les personnes de passage qui viennent se recueillir dans notre église au cœur de l’animation des Eaux-Vives. Cette présence est un plus pour une paroisse, elle aide aussi à créer des liens de bienveillance au sein de la communauté. 

Le groupe accueil est toujours en quête de nouvelles disponibilités, n’hésitez pas à le rejoindre. 

A Sainte-Thérèse, se retrouve, environ une fois par mois, le Mouvement des retraités chrétiens (MCR) qui fête, cette année à Genève, ses 55 ans. Les participants sont invités à partager leurs expériences, à approfondir la Parole de Dieu et à prier ensemble, accompagnés par le curé de la paroisse. Chaque année, un livret indique un thème comme fil conducteur des réflexions et des échanges. Certains paroissiens souhaitent aller plus loin dans leur témoignage et offrent de leur temps en paroisse, en aumônerie auprès d’EMS, ou encore en visitant les personnes seules sur le territoire de la paroisse. 

Oreille indiscrète du côté des Aînés du MCR…

Par Isabelle Valticos

Le Mouvement des Chrétiens retraités (MCR) se réunit cette année autour du thème « Vivre ». Il nous paraît intéressant de faire partager leurs regards bienveillants et optimistes sur la Vie ; leurs réflexions glanées çà et là durant une séance nous permettent de mieux réaliser pourquoi le mot « Aîné-e » est souvent associé à celui de « Sagesse ». Nous vous laissons découvrir, pêle-mêle, ce que le sujet «le temps du grand âge» a inspiré à nos participants :

– « si on pense à sa fin de vie, cela permet de mieux vivre le temps présent » ;

– « ce n’est pas parce qu’on arrive au grand âge qu’on n’a plus rien à réaliser  même si on court moins vite et que les articulations se rappellent à notre bon souvenir » ;

– « à ce moment de vie, on ne triche plus » ;

– « même si on devient dépendant, la prière offerte et partagée garde tout son sens, elle prend d’ailleurs une place toute particulière dans cette période de vie » ;

– « l’acceptation de ce corps qui vieillit est bénéfique, elle encourage à parler de sa fin de vie, exprimer ses souhaits, envisager son testament de vie et bien réfléchir sur les valeurs qu’on désire léguer à nos petits ou arrière-petits-enfants » ;

– « Ecrire ses dernières volontés rend sereine la personne concernée et évite de poser par la suite des problèmes aux enfants » ;

– « il est nécessaire d’aider ceux qui ont également atteint le grand âge et qui parce que non-croyants n’ont plus d’espérance ».

Grâce aux réflexions profondes de chacun et chacune, cette séance fut une belle leçon de vie et presqu’une bouffée de jeunesse !

Les aîné(e)s s’engagent

Alexander Trunz

trunz-alexTexte et photo par Frédéric Monnin

Issu d’une famille catholique st-galloise, je me suis engagé en Eglise dès ma jeunesse. Arrivé en Suisse romande, j’ai eu l’occasion de faire l’expérience d’un « compagnonnage chrétien » au sein de la famille Kolping – du nom du prêtre allemand, Adolph Kolping (1813-1865) – où j’ai été très actif.

Mes activités professionnelles m’ont conduit à parcourir la planète, et je me suis efforcé à chaque « escale » de m’investir dans la vie de l’Eglise locale. 

Une fois fixé à Genève, j’ai eu l’occasion de m’investir à la paroisse St-Boniface, la paroisse de langue allemande, mais lorsque ma première fille est née, j’ai pris la décision de pratiquer à St-Paul, offrant ainsi à mes enfants une formation catéchétique en français. Mon engagement à St-Paul a facilité mon intégration à une communauté vivante, et c’est d’ailleurs lors d’une fête paroissiale que j’ai été abordé par une des catéchistes de mes filles pour que j’intègre le Conseil de communauté. Cela a été d’autant plus facile pour moi de répondre positivement que je me suis toujours senti spirituellement proche des Dominicains.

Vous avez dit Aumonière?

francoiserimePar Pierre Moser
Photo : DR

La cloche vient de sonner 18 coups. Un coup pour chaque année passée au service de l’établissement médico-social de la Terrassière. Eh oui, Françoise Rime-Fontané officie depuis déjà près de deux décennies à La Terrassière… Ayant commencé comme volontaire pour aider les personnes âgées à se rendre à la messe du dimanche, elle a, dès le début, orienté son action vers la pastorale. Poursuivant sa voie dans la mise en œuvre de sa foi, elle a accepté en 2013 la mission que Mgr Farine lui a confiée, à savoir la responsabilité de l’aumônerie catholique de La Terrassière. Membre de la pastorale de la santé, Françoise est toujours restée troubadour, aimant faire sourire, voire même rire les gens autour d’elle. Son passé de musicienne en témoigne pour elle. Comme elle le dit elle-même : elle est riche, très riche, d’un million de bisous. De ceux qu’elle a donné certes, mais aussi de ceux qu’elle a reçus. De la mièvrerie ? Pas chez Françoise, car malgré son tempérament bohème, elle a toujours pris avec grand sérieux son témoignage. Par une formation continue à la recherche de la vérité, mais aussi par sa propre méditation. Dans sa tâche de ministre de l’eucharistie, elle a fait sienne la parole du centurion de Luc (Lc 7 : 7), en la modifiant un peu : « Je ne suis pas digne de te recevoir ni de te donner, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Merci Françoise d’aimer ces personnes âgées, car c’est un peu pour nous qui ne les aimons pas assez.

Que fait une aînée de 77 ans à la communication de la paroisse Chêne-Thônex ?

p5-karin-ducretPar Karin Ducret
Photo: Marion B.

Oui, comment suis-je arrivée à cette tâche de communication ?

Par curiosité, par passion de savoir ce qui se passe… et de le transmettre !

Originaire d’Autriche, j’habite Genève depuis 1965 et ai notamment un diplôme en sciences po et une formation de bibliothécaire-documentaliste. Venue à Thônex à ma retraite, je suis arrivée à la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) en septembre 2010. Assez vite j’ai demandé de pouvoir faire partie du Conseil de communauté et me suis lancée avec entrain pour participer au développement du nouveau site Web de notre paroisse que j’ai alimenté pendant 4 ans. Je participais aussi aux Tables rondes sur la Communication au Vicariat où j’ai rencontré en 2011 Dominique-Anne Puenzieux, directrice générale des Editions Saint-Augustin et rédactrice en chef du magazine paroissial L’Essentiel. Elle m’a demandé si je ne voulais pas faire partie de l’équipe de rédaction du magazine. Complètement inconsciente, car germanophone – même si je parle bien le français – et ne connaissant pas encore bien le fonctionnement de ma nouvelle paroisse, j’ai dit oui ! Curiosité, passion… Les débuts étaient assez durs, mes contributions encore bien hésitantes mais les réunions de rédactions, une fois par mois, instructives, m’aidaient à « oser » écrire et 8 ans ont passé – et je fais toujours partie de la « rédaction locale » du magazine L’Essentiel… en espérant satisfaire mes lecteurs et lectrices… 

Le fils prodigue autrement

Par Pierre Moser
Photo: DR

La conférence traitait du retour de l’Enfant prodigue.
La conférence traitait du retour de l’Enfant prodigue.

Pâques approche à grands pas. Nous retrouverons donc, lors de ce dernier dimanche de mars, quatrième dimanche de Carême, la parabole du père miséricordieux, appelée auparavant du fils prodigue. Lors de notre réunion des quatre conseils (protestants et catholiques de Champel et des Eaux-Vives) qui s’est tenue le 7 février 2019, nous avons pu assister à une conférence du Docteur Enrico Norelli sur ce passage de l’évangile de Luc (Lc 15). Cette relecture fut d’une richesse telle que j’ai eu envie d’en partager avec vous quelques pistes de réflexion ; j’espère qu’Enrico Norelli me pardonnera si j’ai trahi sa pensée par le manque d’exhaustivité dont j’aurais pu faire preuve.

Jésus choque son auditoire. Pour le mesurer, il faut effacer la couche d’anachronie que deux mille ans de chrétienté ont apporté à ce texte. Depuis le père qui cède à la requête de son fils jusqu’au manque de respect du fils pour son père, dans une société patriarcale à l’extrême, rien n’est acceptable dans l’attitude des deux principaux protagonistes. En acceptant, le père a mis en danger le patrimoine de la famille, a manqué d’autorité et s’est par cela montré un mauvais chef de famille. Le fils, lui, est déjà indigne dans son non-respect de l’autorité, dans sa volonté de ne pas assumer les vieux jours de son père. Il dénie également à son frère son futur rôle de chef de famille de son frère ainé. Bref tout est fait pour que les personnages « sympathiques » soient ceux qui respectent la loi.

Le respect de la loi et des traditions devrait être source de bonheur. Et pourtant, tous ces personnages respirent l’amertume : les scribes et les pharisiens maugréent, le frère aîné est en colère et l’assistance est choquée. Les seuls à exprimer la joie ce sont le père et le fils cadet, le premier parce qu’il a par deux fois pris le risque d’aimer sans condition, l’autre parce qu’il a su prendre le risque de retourner chez son père quitte à travailler comme un serviteur. La loi n’est donc joie que si elle permet d’oser aimer sans condition. Plus on approfondi cette réflexion, plus on se rend compte que les évangiles ne décrivent pas un mode de vie, mais plutôt une attitude qui peut s’appliquer à n’importe quelle civilisation. L’esprit de la lettre au lieu de la lettre.

Un dernier mot sur l’absence de la mère. Si elle avait été présente dans la parabole, c’est elle qui aurait pris le rôle de l’amour sans condition envers le cadet. Pour Luc, la femme, n’ayant pas de regard sur la succession, n’aurait pas pu aller jusqu’au bout de cet amour. C’est donc le père qui remplit les deux rôles. Un peu comme Dieu en somme… Merci Professeur.

Un président et une vice-présidente

Le Conseil de Communauté (CC) de la paroisse Saint-Pierre (Thônex) et Saint-François de Sales (Chêne) a élu un président et une vice-présidente pour guider ses actions pastorales.

Photos: Pascal Voide, Michel Valticos

Vincent Habiyambere et Isabelle Valticos se présentent eux-mêmes : 

Vincent

vincentMarié depuis 37 ans avec Immaculée,  catéchiste depuis des années dans notre paroisse, nous avons trois enfants et deux petits-enfants. D’origine rwandaise, nous sommes naturalisés suisse ayant vécu dans ce pays depuis 1992.

Dans mon village, j’habitais à 500 mètres de ma paroisse qui était dirigée par un curé d’origine belge qui a formé des jeunes à servir la messe. Cela fut pour moi une occasion unique de piété. A l’âge de 13 ans, le petit servant de messe a rejoint l’internat au petit séminaire, où j’ai reçu une formation équilibrée entre les cours des math-sciences et de langues, dont le latin – qui m’a permis de comprendre la messe que j’avais toujours suivie en latin – et les prières matinales suivies de messes quotidiennes à 6h30, l’Angélus à midi, vêpres et complies le soir. J’ai fini le petit séminaire à l’âge de 20 ans, prêt pour le grand séminaire et à devenir prêtre comme mon curé, mais Dieu m’appela pour soigner le corps des hommes. C’est ainsi que je suis devenu médecin. Après des années d’expériences au Rwanda, en Belgique et aux Etats-Unis, je suis venu travailler à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1992.

Comment contribuer à la vie de notre paroisse ? Avant de rejoindre le Conseil de Communauté (CC) en décembre 2018, je suis membre du Conseil de Paroisse (CP) depuis plusieurs années déjà. Le CC organise et coordonne les activités pastorales qui font l’âme et la chair d’une paroisse.  Les deux conseils étant interdépendants dans une paroisse, la participation aux deux facilite leur collaboration en renforçant la communication entre eux. 

Frère Michel Fontaine op., curé modérateur, et l’abbé Joël Akagbo, prêtre responsable de la paroisse Chêne-Thônex ont insufflé un nouveau dynamisme au CC renouvelé. Ce conseil travaillera avec des principes clairs, en équipe et par concertations préalables concernant les trois missions pastorales du CC : Liturgie-Formation-Accueil. Avec joie et détermination  j’accepte la tâche de continuer ce chemin tracé comme président du CC. 

Isabelle

isabelleD’origine française, je suis arrivée à Genève en 1969 après avoir passé neuf ans en Afrique (Congo Léopoldville, Niger et Togo) avec nos parents médecins (papa à l’OMS et maman, pédiatre en dispensaire). Suite à une scolarité au lycée d’Annemasse, j’ai obtenu une licence en Sciences économiques à la Sorbonne et ma rencontre avec Michel, devenu mon époux en 1980, m’a détournée de mon projet de faire du journalisme de terrain pour me consacrer à nos trois enfants tout en pratiquant des boulots de secrétariat à mi-temps. J’ai ainsi travaillé à la SGS (Société Générale de Surveillance), avec Bertrand Piccard, notre aventurier solaire et à l’IUED (Institut Universitaire d’Etudes du développement). J’ai donné des cours de catéchisme pendant une dizaine d’années et le temps passant, je me suis tournée vers le Mouvement des Chrétiens Retraités dont je coanime le groupe à Chêne-Thônex depuis 8 ans. Je suis l’heureuse grand-mère de deux charmantes frimousses, d’autres devraient  suivre prochainement ! En souvenir du poème de Léopold S. Senghor que nous récitions enfants « toi, Afrique qui nous a portés sur ton dos », c’est donc comme un joli clin d’œil que me fait ce Continent aujourd’hui avec ma participation au Conseil de Communauté présidé par Vincent Habiyambere, sous l’œil bienveillant et rieur de notre Abbé Joël Akagbo…

Charité… mode d’emploi

Par Pierre Moser
Photo: DR
Comment faire pour supprimer la misère ? Comment procéder pour que les pauvres ne soient plus pauvres ? Autant de questions pour lesquelles ce numéro essaie d’apporter des pistes de réflexion. A notre niveau local, quelles sont les actions que nous pourrions entreprendre pour apporter, si ce ne sont des solutions, du moins des ébauches. Car, oui, la misère ne sévit pas qu’à l’autre bout de la terre, elle détruit aussi des vies à nos portes. « Il y aura toujours des pauvres avec vous » (Mt 26 : 11), pour cette raison qu’il y aura toujours des hommes avides et durs qui recherchent moins la possession que la puissance 1 ? Cette affirmation de Bernanos me paraît pour le moins excessive. Le modèle libéral a certes atteint ses limites lors des dernières crises financières : il s’est montré incapable d’autorégulation. De même la charité dite ordonnée, à savoir les différents organismes d’état en charge d’un mieux vivre ensemble sont insuffisants voire débordés. En parallèle, certaines notions comme le respect du grand envers le petit n’existe pas ou plus. L’individualisme forcené de nos sociétés permet à des injustices sociales de plus en plus criardes de se faire jour : écarts salariaux, de richesse, de pouvoir, etc.

L’exemple à suivre est peut-être à observer dans des pays de peu ou pas d’état comme le Liban et la Grèce entre autres. Le pays du Cèdre, avec des recettes publiques annuelles d’environ 16 milliards de dollars (en comparaison, Genève seule encaisse chaque année plus de 9 milliards de dollars), ce pays géographiquement petit accueille à lui seul plus d’un million de réfugiés syriens. Seule l’Allemagne peut se vanter d’en avoir fait presque autant parmi nos pays d’Occident étatisés. Pour information, Genève a accordé l’asile a environ 3000 demandeurs en 2017 2.

Ces quelques chiffres pour démontrer que la charité organisée est beaucoup moins efficace que la charité spontanée. Et c’est nous, c’est vous, au quotidien. Par l’adoption d’une d’attitude et non d’organisations ou de moyens. Aux échelons universels comme locaux. En effet, ce n’est pas par le manque de respect mentionné plus haut que nous allons y parvenir, mais par des initiatives telle que le Goût de l’Autre, qui consiste à organiser des repas gratuits dans nos paroisses (actuellement Chêne-Thônex, Champel et Eaux-Vives) à des gens démunis bien de chez nous.

Notre Eglise se doit de pallier les manques de nos états, car elle n’a qu’une seule limite, celle de votre générosité face à l’adversité. Pas de frais de fonctionnement indécents, pas de contraintes budgétaires, en tout cas dans la générosité, pas de position politique à défendre. Que dis-je notre Eglise… nos Eglises, car dans ce domaine l’œcuménisme est pleinement efficace.

1 Georges Bernanos – Journal d’un curé de campagne (1936).
2 Source : Secrétariat d’Etat aux Migrations 2017.

Conférence/Information/Echange: «Les abus dans l’Eglise…»

Le 20 août 2018, le pape François s’exprimait ainsi : « L’ampleur et la gravité des faits exigent que nous réagissions de manière globale et communautaire. » C’est ainsi qu’il s’est adressé à chacune et chacun de nous directement dans une lettre.1

Il nous entraîne ainsi dans une nouvelle approche de cette crise fondamentale que traverse l’Eglise : identification claire des causes et surtout exigence d’une conversion profonde en revisitant les fondamentaux de la foi, de la Bonne Nouvelle et du sens premier de ce qu’est l’Eglise.

C’est pour cela qu’il nous est apparu important de proposer parmi d’autres initiatives, un temps de parole, de réflexion, de clarification et de compréhension pour participer à ce travail de conversion dans un esprit de justice, de vérité, de responsabilité et d’humilité. 

Dans le cadre de l’Unité pastorale La Seymaz, le Centre Saint-Paul-Saint-Dominique vous invite le jeudi 28 mars 2019 à 20h dans la salle paroissiale de l’église Saint-Paul à une conférence/information/échange sur le thème « Les abus dans l’Eglise… » donnée par le frère Michel Fontaine OP, Curé modérateur. Pour tout renseignement complémentaire : secrétariat de la paroisse Saint-Paul, Av. Saint-Paul 6, 1223 Cologny, tél. 022 707 40 40, fax 022 707 40 41.

1 Lettre du pape François au peuple de Dieu, texte intégral disponible sur le site internet du Vatican www.vatican.va

Accompagner et témoigner

Par Virginie et Olivier Hours
Photo: DRLorsque nous sommes arrivés à Genève il y a presque quatre ans, nous sommes allés nous présenter au curé modérateur d’alors de l’UP Saint Joseph/Sainte Thérèse. C’est lui qui – bien inspiré – nous suggère de nous engager dans la préparation au mariage. Cela résonne instantanément chez nous, et nous voilà embarqués dans cinq journées de formation très riches à Lausanne. 

Concrètement, chaque rencontre se déroule sur deux journées et réunit entre 5 et 7 couples. Nous commençons par la lecture du texte sur la maison qui est construite sur le roc car la majorité d’entre eux habitent ensemble depuis déjà de nombreuses années. C’est donc l’occasion pour eux de faire le point. Nous tâchons de varier le rythme : enseignements, partages à deux, discussions tous ensemble, vidéos, témoignages. Dans l’ensemble, les couples nous semblent avides de partager et d’entendre sur les différents aspects de la vie quotidienne et ce qui fait grandir notre couple depuis plus de 20 ans. Ils sont souvent étonnés par le contenu du week-end et les sujets parfois pratiques qui sont abordés (l’argent, les relations avec les parents, etc.), comme les questions fondamentales : comment transmettre la foi aux enfants ou encore saisir ce qu’elle apporte dans la vie de la famille. 

Nous ne voulons donner ni conseils, ni exemples, juste de la bienveillance pour écouter les chemins de vie de chaque couple, les faire réfléchir sur leur projet de vie (et les quatre piliers de leur couple) et se réjouir de leur engagement. Une vie à deux aujourd’hui signifie plus de 50 années de vie commune selon les statistiques !

Ce qui nous frappe le plus également, c’est la diversité des couples : multiculturels, de religions différentes, etc. Et paradoxalement, c’est à chaque fois l’occasion de prendre du temps pour nous.… Tout le monde y gagne !

La pauvreté en Suisse

Par Marc PasseraOn le sait, la Suisse est un pays riche et démocratique ! Mais à y regarder de plus près, c’est moins simple. Nous ne pouvons passer à côté de certaines formes de pauvreté qui nous rejoignent parfois comme une agression. Et nous savons que certains de nos concitoyens ont de la peine à joindre les deux bouts et ont besoin d’aide. Nous devinons aussi que notre culture de la discrétion pousse beaucoup de pauvres à ne pas en faire état. Parce qu’à la pauvreté peut s’ajouter la honte et la dévalorisation de soi : comment peut-on être pauvre dans un pays riche et démocratique ?

Mais Jésus n’a-t-il pas dit : « Heureux vous les pauvres ? » (Lc 6, 20) Oui ! Mais où se situe ce bonheur ? Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on est heureux ! Mais « car le Royaume de Dieu est à vous ». Jésus ne souhaite à personne d’être pauvre, mais il affirme que la pauvreté n’est pas un obstacle à vivre la réalité du Royaume. S’agirait-il alors d’une invitation à supporter la pauvreté en sachant que l’on sera riche au ciel ? Ce serait ne pas comprendre de quel Royaume parle Jésus et ne pas l’entendre quand il dit : « Le Royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17, 21) Le Royaume est là parce que le Christ est au milieu de nous, la béatitude peut être vécue jusque dans la pauvreté, parce que le Christ est là !

Oui, mais aujourd’hui… Le Christ n’est-t-il pas au milieu de nous ? Et comment manifeste-t-il sa présence ? « Vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » (I Cor 12, 27) C’est par son corps qu’il se manifeste et qu’il agit aujourd’hui. Et ce corps, c’est nous ! C’est lui le bon samaritain de la parabole (Lc 10, 30-35), mais il nous appelle à agir aujourd’hui « par lui, avec lui et en lui ».

Etre attentif à la pauvreté et être solidaire est signe d’humanité, mais c’est aussi une attitude spirituelle. Au fond, devant Dieu ne sommes-nous pas tous pauvres ? Mais le Christ, « lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Cor 8, 9).

Facile de parler de la pauvreté et de la solidarité, mais ce ne sont que des mots tant que l’on n’y découvre pas un appel.
Y répondre, c’est vivre la réalité du Royaume et être heureux !

Silence… on prie

Par Pierre Moser
Photo: Bruno Rotival
gan001430_31a_maCe mois de mars 2019, Champel se fera l’écho des ordres contemplatifs et de leur culture du silence. Les œuvres photographiques de Bruno Rotival et Karine Sicard Bouvatier vous seront présentées, durant tout le mois de mars ; deux expositions exceptionnelles de ferveur, de piété et de recueillement. A cheval sur deux événements de l’année liturgique, la semaine de prière pour l’unité des chrétiens ainsi que la journée mondiale de prière, nos deux paroisses, catholique et protestante, vous présenteront l’œuvre susmentionnée en deux thèmes différents : « le choix du silence » en l’église de Sainte-Thérèse et les « Diaconesses de Reuilly, livre ouvert » dans le cadre du temple de Champel.

Les expositions
A Sainte-Thérèse vous pourrez admirer l’exposition « le choix du silence ». Le fruit de 40 années passées à côtoyer nombre d’ordres contemplatifs. Des images qui nous font pénétrer au plus profond de l’âme de ces résidents de la prière, de leur lieu de culte à leur cellule. Bruno Rotival, l’artiste, a réussi à gagner la confiance, à entrer dans ces lieux normalement interdits aux non-religieux comme la Grande Chartreuse. Le choix du silence est d’ailleurs également le titre d’un livre qui vous propose également ces œuvres.

Le temple de Champel, lui, accueille l’exposition concernant les « Diaconesses de Reuilly, livre ouvert ». Ces œuvres nous révèlent un phénomène assez peu connu : une forme de renoncement à laquelle les Eglises réformées ne nous avaient pas habitués. Et pourtant, « ce qui nous manque, à nous protestants, à notre pauvre Eglise, c’est, après la foi qui contient toute chose, l’esprit de renoncement sans lequel il ne peut y avoir discipline, accord, activité d’ensemble, œuvres persévérantes et générales… »1. Une démarche originale de la photographe Karine Sicard Bouvatier à travers le silence dans la vie spirituelle de la communauté.

Les artistes
L’itinéraire de Bruno Rotival le conduit depuis 1976 à courir les monastères à la recherche de cette étincelle de spiritualité insaisissable. Sans ostentation ni affichage religieux, Bruno Rotival témoigne avec une grâce et une sensibilité immense de la vie quotidienne des hommes et des femmes qui font vivre les monastères. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages illustrant son travail et a déjà réalisé de nombreuses expositions à travers le monde.

Karine Sicard Bouvatier, photographe et enseignante en histoire de la photographie de mode, résident à Paris. Après une longue expérience en communication en France et à l’international, elle a choisi la photographie, grande passion pour donner à voir, dire, transmettre des messages et des émotions. En un mot la relation à autrui.

1 Pasteur Marcel Manoël, président de la fondation des Diaconesses de Reuilly depuis 2010.

Domuni… déjà 20 ans d’existence!

Par Frère Michel Fontaine, op (professeur)
Photo: DRUne formation universitaire en ligne, en philosophie, sciences sociales, histoire, histoire de l’art et théologie
Domuni, institut universitaire privé d’enseignement supérieur, dispense des enseignements à distance, philosophiques, théologiques et de sciences sociales, dans la Tradition multiséculaire de l’Ordre des Dominicains, en bénéficiant d’un vaste réseau de centres universitaires partenaires, universités catholiques ou autres.

Une grande souplesse dans l’organisation des études à distance
Domuni s’adapte aux besoins de formation des étudiants. L’université Domuni propose plus de 500 cours de formation par correspondance, entièrement téléchargeables. L’enseignement à distance, via Internet, est organisé pour favoriser la plus grande flexibilité possible par rapport à l’espace (on peut étudier en tout lieu, donc à domicile) et par rapport au temps (chacun-e a son propre rythme). 

L’étudiant est accompagné par un tuteur et entre dans une communauté d’étude et de recherche. Pour chaque cours en ligne, l’apprenant peut dialoguer avec l’enseignant via un forum et bénéficier, quand il le souhaite, d’une visioconférence avec son tuteur.

Avec un diplôme, un certificat ou non selon votre choix
On peut donc s’inscrire pour un contenu – une année académique – et disposer de plusieurs années pour le valider.

Toutes les formations sont des formations en ligne. Celles qui sont diplômantes conduisent à des diplômes reconnus (bachelor, licence, master, doctorat), diplôme de l’Etat français ou diplôme belge. 

Les examens ont lieu par écrit, physiquement présent, dans un institut d’études proche géographiquement du lieu de résidence de l’étudiant.

Des formations courtes permettent une spécialisation ou une réorientation : CAS (Certificate of Advanced Studies), DAS (Diploma of Advanced Studies) ou MAS (Master of Advanced Studies). Ces formations courtes permettent d’acquérir de nouvelles compétences. Il est aussi possible de choisir des cours à la carte et d’avancer cours par cours.

Contacts pour tout renseignement :
au + 33 (0)970 407 256, ou par mail à info@domuni.eu

Un nouveau Prieur au Couvent des Dominicains

Les frères du couvent de Genève, avec le nouveau Prieur Philippe Jeannin (3e depuis la gauche).

 

Depuis l’automne dernier, le Couvent des Dominicains de Genève a un nouveau Prieur 1, en la personne de frère Philippe Jeannin. Nombreux sont celles et ceux qui ont en mémoire ce visage qui les accueillait chaque dimanche sur France 2, alors qu’il était producteur du Jour du Seigneur de 2006 à 2012. Echange avec un natif de Franche-Comté pour qui venir à Genève s’apparente plus à changer de quartier que de pays.

Propos recueillis par Frédéric Monnin
Photo: DR
Frère Philippe, comment s’est passée votre nomination au Couvent de Genève ?
Le jour où le Provincial m’a contacté pour me dire qu’il cherchait un Prieur à Genève, je lui ai aussitôt répondu que je n’étais pas très disponible, car je travaille à mi-temps au Mont Sainte-Odile 2, j’ai encore des engagements à Paris et je ne voulais pas que les frères, que je remercie en outre d’avoir pensé à moi, puissent me faire ensuite le reproche de ne pas être suffisamment présent. Et puis, après réflexion, j’ai dit oui, parce que je suis déjà venu à Genève à plusieurs reprises, mais aussi parce que je connaissais déjà la plupart des frères et que c’était leur rendre service. 

Vous étiez donc déjà en connexion avec les frères avant votre nomination ?
Oui. Lorsque j’étais directeur général du Pèlerinage du Rosaire, j’ai lancé l’antenne suisse du pèlerinage, d’abord avec Jean-Bernard Dousse, puis avec Paul-Bernard Hodel et enfin avec Michel Fontaine. Je voyais donc ce dernier très régulièrement. Tous les autres, ou presque, j’ai eu l’occasion de les côtoyer depuis des années, jusqu’au plus éloigné géographiquement, puisque j’avais à l’époque rencontré frère Zdzislaw à Saint-Pétersbourg à l’occasion d’une messe télévisée.

Comment voyez-vous le futur, dans votre mission au sein du couvent de Genève ?
Je le vois comme un accompagnement. Il y a quelques années, un projet communautaire a été adopté, qui vise à mettre en commun des énergies pour offrir à la communauté genevoise un espace d’accueil, de célébration et de formation : le centre Saint-Paul/Saint-Dominique. Bien évidemment, il faut comprendre ce projet comme un maillon de l’Eglise diocésaine. Une paroisse administrée par une communauté religieuse constitue une richesse indéniable, mais c’est aussi une autre manière de faire, et c’est important de l’avoir toujours à l’esprit. A Saint-Paul, il y a un riche historique qui plaide en faveur de ce resserrement des liens entre paroisse et couvent. Combien de frères, depuis plus de 50 ans maintenant, sont passés par le presbytère ! Les Dominicains sont attachés à Saint-Paul, et les fidèles sont attachés aux Dominicains. Il nous faut donc trouver la meilleure des manières de conjuguer ces paramètres. C’est à cet édifice je vais essayer d’apporter ma pierre, en qualité de Prieur.

1 Un Prieur n’est pas celui qui, dans une communauté religieuse, prie (Dieu merci !). Du latin Prior, comparatif de Primus, le titre de Prieur a été préféré, dans nombre de congrégations religieuses, au titre d’Abbé. Si l’Abbé est Père (Abba) de sa communauté, le Prieur est, quant à lui, le tout premier parmi ses frères.

2 Le Mont Sainte-Odile fêtera en 2020 le Jubilé des 1300 ans de la mort de la Sainte Patronne de l’Alsace. 

2019: bicentenaire du rattachement de Genève au diocèse de Lausanne

Le billet de Pascal Desthieux, vicaire épiscopal
Photo: DR
On me demande encore si la création d’un diocèse de Genève est toujours d’actualité. Je répondrais : en tout cas pas cette année, puisque nous allons commémorer le deux-centième anniversaire du rattachement de la partie suisse du diocèse de Genève à celui de Lausanne.

Un peu d’histoire. Le diocèse de Genève est fondé au IVe siècle, quand Genève acquiert la stature d’une civitas, ville stratégique pour franchir le Rhône. Les fouilles ont montré que vers 380, il y avait déjà tout un groupe épiscopal comprenant deux cathédrales, un baptistère et une résidence épiscopale.

Le diocèse de Genève, qui compte jusqu’à 500 paroisses, s’étire entre les lacs du Léman et du Bourget, de l’Aubonne jusqu’à Aix-les-Bains. 

Après la Réforme, l’évêque quitte la ville pour Annecy. Saint François de Sales est le plus illustre des évêques de Genève en exil. Le diocèse de Genève continue d’exister comme tel jusqu’en 1801. Napoléon impose alors de nouveaux diocèses ; il fusionne les quatre diocèses de Chambéry, Genève, Maurienne et Tarentaise, ainsi qu’une partie du diocèse de Belley, pour former un nouveau diocèse de Chambéry et Genève (qui comprend les départements du Léman et du Mont-Blanc).

A la suite des défaites militaires de Napoléon, les Français se retirent de Suisse, au profit des Autrichiens qui laissent Genève choisir de rejoindre la Confédération helvétique. Les autorités genevoises demandent de rattacher le nouveau canton suisse au diocèse de Lausanne. Le 18 septembre 1819, le pape Pie VII fait part au Directoire fédéral du transfert de juridiction. Quelques années plus tard, le titre de Genève est détaché de Chambéry pour être attribué à l’évêque de Lausanne, et un nouveau diocèse d’Annecy est créé. (Ce n’est qu’en 1924 que le titre de Fribourg, où l’évêque de Lausanne et Genève réside, sera ajouté).

En 2019, le re-création du diocèse de Genève n’est plus d’actualité. Nous allons plutôt célébrer ce bi-centenaire en intensifiant les liens avec l’ensemble du diocèse, entre autres par la session pastorale diocésaine qui se tiendra… à Genève !

Bonne et heureuse année 2019 !

Pour approfondir cette histoire passionnante : Edmond Ganter, « L’Eglise catholique de Genève, Seize siècles d’histoire », 1986.

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp