La médaille de saint Benoît

« La piété populaire est un trésor pour l’Eglise », affirme le pape François. L’Essentiel décrypte cette année ce qui se cache derrière les principales médailles que nous portons. Regard sur la médaille de saint Benoît, qui remonte au Moyen-Age et est utilisée pour se protéger des embuches des démons.

Par Pascal Ortelli | Photos : DR

En librairie – janvier 2024

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

Le management… selon Jésus
Florian Mantione – Hervé Ponsot

Qui a dit que, dans l’Evangile, il n’était question que de religion ? Incroyable mais vrai, c’est également un excellent manuel de management ! Voici le livre qu’il nous fallait pour réconcilier l’attaché-case avec l’encensoir, l’homme d’affaires et le prêtre. Le livre qui nous fait comprendre, à la relecture de la vie de Jésus, son rôle de leader et l’efficacité de son discours et de sa stratégie pour convertir le monde.

Editions du Cerf

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Ces idées chrétiennes qui ont bouleversé le monde
Jean-François Chemain

La vieille Europe, la chrétienté, est-elle en train de mourir après avoir rempli sa mission d’ensemencer le monde du christianisme ? On peut s’interroger sur la nécessité d’un tel pessimisme. L’Occident se trouve désormais au banc des accusés. A l’extérieur, on conteste son hégémonie, invoquant des griefs présents et passés. A l’intérieur, les uns, surenchérissant sur le monde, exigent qu’il fasse repentance de ce qu’il a été – conquérant, dominateur, homogénéisateur… tandis que d’autres, nostalgiques de la « chrétienté », lui font grief de ce qu’il ne serait plus assez « chrétien ». A l’heure du doute, Jean-François Chemain livre ici une réflexion puissante et originale sur les apports civilisationnels du christianisme et la légitimité de leur devenir.

Editions Artège

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Madeleine Delbrêl
Elisabeth de Lambilly

Madeleine Delbrêl, née dans une famille peu croyante, perd la foi à 15 ans. Elle rencontrera à nouveau le Christ grâce à des amis chrétiens et, à 20 ans, est « éblouie par Dieu », lors d’un passage en l’église Saint-Dominique de Paris. Sa conversion la pousse à s’engager dans le scoutisme puis à travailler comme assistante sociale auprès des plus pauvres, annonçant la Bonne Nouvelle de l’Evangile dans les banlieues rouges de la capitale. Avec des amies, elle fonde une communauté qui s’attache à rencontrer les gens où ils vivent, devenir leur ami, les recevoir chez soi, s’entraider. Une biographie qui se lit comme un roman, pour nourrir l’âme des jeunes et moins jeunes.

Editions Emmanuel Jeunesse

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Les plus beaux Récits de la Bible
Katleen Long Bostrom

Ce n’est pas toujours aisé d’initier les enfants à la Bible. Ce livre est l’outil idéal, car il narre, à l’aide d’une langue simple et de magnifiques images, 17 histoires fameuses tirées de l’Ancien et du Nouveau Testament.

Editions Bayard Soleil

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Réalisme et mesure

Par Paul H. Dembinski
Photo: cath.ch

L’activité financière au sens étroit du terme recouvre les transactions intertemporelles, celles qui font le pont entre aujourd’hui et demain à l’instar d’un crédit, d’un contrat d’assurance ou d’un investissement boursier ou immobilier. Dans chacun de ces cas, la somme payée ou reçue aujourd’hui est connue, alors que la valeur future de l’actif est incertaine. C’est la raison pour laquelle l’activité financière est parfois qualifiée, de manière imagée, de « commerce de promesses ». Ainsi, comme toute promesse, la finance repose sur la confiance. Sans confiance, pas de finance.

L’attitude chrétienne, en finance, exige de toutes les parties, comme préalable à la confiance, une bonne dose de prudence et de circonspection. Le vendeur de services doit faire attention à ne pas promettre plus qu’on ne peut raisonnablement attendre, alors que l’acheteur doit veiller à ne pas céder au chant des sirènes – aussi doux soit-il – et ne pas se dessaisir de son bon sens. Prudence et circonspection impliquent donc l’humilité et la capacité de renoncer à ce qui apparaît comme trop beau pour être vrai. En un mot – du réalisme et de la mesure. Tout un programme.

Etre à contre-courant… signe du temps ?

Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : DR

Chère Lectrice, cher Lecteur, 

Il n’y a que les poissons morts qui vont dans le sens du courant.

Ce proverbe chinois, tel que je l’ai retenu, était à choix comme thème de dissertations lors de mon collège. Il fait corps avec moi depuis. Nul souvenir des arguments de mes thèse et antithèse de l’époque… pourtant l’interpellation demeure. Comment être « un vivant » dans notre monde ?

Je pense à ce passage énigmatique de l’évangile de Luc où Jésus « passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 30). Il va littéralement à contre-courant de cette foule voulant le jeter en bas d’un escarpement. Quand et comment le Seigneur nous invite-t-il à l’imiter ?

Toujours dans l’association d’idées émerge cette injonction de la constitution pastorale Gaudium et Spes (« Joie et espoir », 1965, art. 4) « l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée, à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. » Le discernement des signes des temps est demandé par Jésus lui-même (Mt 16, 2-3 ; Lc 12, 54-57) et les évangiles nous montrent le caractère subversif de la Bonne nouvelle, de la Parole de Dieu. 

En écho encore, cette formule de la célébration eucharistique juste avant la communion, prononcée par l’assemblée et le prêtre : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Elles reprennent les paroles du soldat de l’évangile de Matthieu (Mt 8, 5-11) : l’humilité et la confiance de ce centurion romain ne sont-elles pas un exemple de contre-courant total ? Comment cette parole offerte par la liturgie, dimanche après dimanche, jour après jour, peut-elle nous fortifier à oser un contre-courant en examinant les signes du temps ?

En ce début d’année, je demande au Seigneur, pour son Eglise, le discernement, afin de participer à la lecture du temps présent et aller par les voies qu’Il souhaite, sans crainte de ne pas se conformer à « l’air du temps ». Je sollicite la grâce de sa Parole pour guérir tout ce qui empêche d’en être des témoins vivants et d’annoncer sa présence, son royaume déjà de ce monde.

Puisse-t-Il, en cette année qui s’ouvre devant nous, nous bénir et nous faire don de ses grâces afin de poser nos pas dans ceux du Christ qui nous précède. 

Meilleurs vœux pour vos proches et vous !

Finance chrétienne

Les dons : une source de financement pour l’Eglise. Qui prendra soin de ne pas blesser autrui par son action financière.

La finance chrétienne catholique encadre des opérations de nature bancaire et financière par des principes moraux directement issus de l’interprétation des textes religieux chrétiens (Ancien et Nouveau Testament) et de la doctrine de l’Eglise catholique romaine (Doctrine sociale de l’Eglise).

Par Pierre Guillemin | Photos : DR, Flickr, PxHere

Le Vatican dispose d’un Conseil pontifical Justice et Paix.

Si l’on cherche le fil directeur de la pensée chrétienne appliquée à la finance, ce sera la volonté constante de ne pas blesser autrui par son action financière directe (l’usure par exemple) ou indirecte (environnement, pollution, conditions de travail…).

Le taux d’intérêt

Les taux d’intérêt sont les piliers de la vie économique : ils affectent l’ensemble des agents économiques comme les entreprises, les banques, les administrations et les individus. 

Historiquement, le crédit à intérêt est présent dès 3000 ans av. J.-C. : on retrouve trace de telles pratiques dans la civilisation sumérienne. Les taux d’intérêt sont de 33.3 % pour les prêts en grains et 20-25 % pour les prêts en argent-métal. Mais à cette époque, la monnaie n’existe pas encore, on pratique alors l’échange de marchandises, le troc comme base des transactions.

Dès 325 après J.-C., le premier Concile de l’Eglise chrétienne interdit le prêt à intérêt en se référant au texte du Deutéronome 23 : 19-20 : « Tu n’exigeras de ton frère aucun intérêt ni sur l’argent, ni sur les denrées, ni sur aucune chose qui se prête à intérêt. Tu pourras tirer un intérêt de l’étranger, mais tu n’en tireras point de ton frère, afin que l’Eternel, ton Dieu, te bénisse dans tout ce que tu entreprendras au pays dont tu vas prendre possession. » Ce texte pose un problème au point de vue économique en ne rendant pas égaux les acteurs économiques : on crée ainsi une distorsion entre chrétiens et non-chrétiens, juifs et non-juifs très illustrative du comportement des populations du Moyen Age. Les banquiers lombards contournent la règle en instituant des « contrats de change » et des « contrats de société ». 

Conscients des déviations de la règle et des blocages qui en résultent, Luther, Calvin et Zwingli légitiment les prêts à intérêt au XVIe siècle donnant un avantage considérable aux pays protestants en favorisant le financement des entreprises et des projets économiques leur permettant ainsi de grandir, de se fortifier et de développer plus vite de nouveaux produits et technologies. Au XVIIIe siècle, les pays catholiques lèveront petit à petit cette réprobation morale sur le sujet, mais la culture de ces pays reste encore de nos jours très marquée par cette notion d’argent « péché ».

Pourtant, les Evangiles abordent cette question de l’emprunt d’une manière claire et sans en nier l’existence, bien au contraire. Par exemple, la parabole des talents souligne l’importance d’employer les ressources de manière productive et responsable. 

« Son maître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que j’amasse où je n’ai pas vanné ; il te fallait donc remettre mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui est à moi avec un intérêt. » Matthieu 25 : 26-27

D’une préférence à l’autre

Les théories économiques justifient l’existence de l’intérêt. En économie néo-classique, par exemple (fin XIXe et XXe siècles), les agents ont une prédilection pour le présent : ils préfèrent consommer immédiatement plutôt que dans un futur toujours incertain. De ce fait, l’intérêt représente la rémunération pour ne pas consommer immédiatement. En économie keynésienne1, le taux d’intérêt exprime la préférence pour la liquidité : les agents peuvent conserver leur épargne soit sous forme de dépôts monétaires non rémunérés, soit sous forme d’actifs rémunérés. Il faut donc offrir un intérêt positif aux agents qui acceptent de détenir une partie de leur épargne sous une forme moins liquide, notamment en obligations permettant un financement des entreprises.

L’avertissement de saint Paul

Pourtant, la véritable question ne vient pas tant du taux d’intérêt en lui-même, mais de l’exagération qui découle d’une situation jugée avantageuse par les agents économiques aujourd’hui et demain, car elle conduit, du fait d’un excès de confiance, à l’usure et au surendettement et finit par des krachs économiques et financiers (parmi les plus récents : 1929, 1987, 2001-2002, 2008, 2022). D’un point de vue académique, cette exagération a fait l’objet de nombreuses études comportementales et mathématiques : citons les travaux du Professeur Didier Sornette, à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zürich, qui démontre, par la modélisation mathématique, que tout système physique, économique, démographique lié à une notion de croissance, génère des situations extrêmes (exagération) et finit inévitablement par subir des chocs, parfois brutaux, qui font « éclater la bulle ».

Saint Paul nous met en garde contre cette exagération dans sa lettre aux Romains 13 : 7-8 : « Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt ; le tribut à qui vous devez le tribut ; la crainte à qui vous devez la crainte; l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. »

Saint Paul met ainsi l’accent sur les responsabilités des chrétiens envers les autres, au sens le plus large du terme, encourageant l’évitement de l’endettement et le respect des engagements financiers. Ce verset souligne l’importance de l’amour envers son prochain, considéré comme une dette constante et éternelle. Il rappelle également la nécessité de remplir ses obligations financières, comme payer les impôts et éviter de s’endetter.

L’éthique chrétienne du financement

La finance et ses acteurs doivent avant tout se préoccuper de l’objet de leurs actions. De nombreuses déclarations, articles et livres sur le sujet ont été publiés ces dernières années et notamment par les Conseils Pontificaux 2.

En 1996, le Conseil Pontifical Cor Unum écrivait : « La destination universelle des biens implique que l’argent, le pouvoir et la réputation soient recherchés comme des moyens pour : a) Construire des moyens de production de biens et de services qui puissent avoir une réelle utilité sociale et promouvoir le bien commun. b) Partager avec les plus défavorisés, qui incarnent aux yeux de tous les hommes de bonne volonté le besoin de bien commun : ils sont en effet les témoins vivants de la carence de ce bien. Mieux encore, pour les chrétiens, ils sont les enfants chéris de Dieu qui, par eux et en eux, vient nous visiter. […]. »

En juin 2013, le Conseil pontifical Justice et Paix publiait une note intitulée Postures chrétiennes face à la finance dans laquelle il écrivait : « La finance n’est plus organisée autour des défis à relever pour faire avancer le bien commun en favorisant des projets réels et socialement bénéfiques, mais repose sur la logique d’un marché d’actifs perçus comme autant de produits à commercialiser, d’un risque qu’il faut réduire à zéro et du plus grand profit individuel sur le court terme. […] Les choix financiers sont-ils au service d’une dynamique globale ou de notre seule promotion, du bien commun ou de notre seul intérêt privé ? »

Ethique et morale

Enfin dans son livre intitulé Finance catholique, Antoine Cuny de la Verryère présente sept principes financiers catholiques (« princificats ») : prohibition du court-termisme, prohibition des investissements non vertueux, obligation de privilégier l’épargne vertueuse, prohibition des profits injustes, obligation de partage des profits, obligation de transparence, obligation d’exemplarité financière. « La finance chrétienne est une finance éthique qui cumule, à la fois, les critères de la finance durable ou « finance ISR » (ISR = Investissement Socialement Responsable) et ceux de la finance solidaire. En outre, elle ajoute d’autres critères éthiques spécifiques à la religion chrétienne. »

Les questions soulevées par la « finance chrétienne » sont complexes mais, dans tous les cas, il s’agit d’abord de répondre à toute forme d’exagération génératrice de crises et d’appauvrissement. Dans cette optique, concluons avec Clives Staples Lewis : « On ne peut pas rendre les hommes bons par la loi et sans hommes bons, on ne peut pas avoir une bonne société. C’est pourquoi nous devons poursuivre en réfléchissant à la seconde chose : la moralité à l’intérieur de l’individu. »

1 D’après John Maynard Keynes (1883-1946), économiste britannique considéré comme le fondateur de la macroéconomie moderne.

2 Les conseils pontificaux sont devenus des dicastères en 2022 avec la nouvelle constitution de la Curie romaine Praedicate Evangelium.

La bourse de New York, symbole de l’excès de confiance, fut au centre de plusieurs krachs financiers.

Une individualité catho-compatible

Marie-Laure Durand était invitée à Genève dans le cadre de la formation des agents pastoraux de l’ECR.

Aujourd’hui, le concept de gouvernance fait débat, aussi au sein de l’Eglise. Récemment de passage à Genève, la théologienne Marie-Laure Durand a proposé quelques pistes pour repenser la gouvernance en Eglise, à la lumière de la Bible, lors d’une conférence organisée par l’Eglise catholique à Genève (ECR). 

Marie-Laure Durand.

Texte et photos par Myriam Bettens

Depuis une cinquantaine d’années, la société a évolué d’une masse homogène vers une communauté d’individus. Cette émancipation change radicalement la dynamique du pouvoir et la façon de l’exercer. Elle soulève également de nombreuses questions et pose de nombreux défis à ceux qui étaient communément considérés comme la hiérarchie. A ce propos, Marie-Laure Durand souligne l’importance de la prise en compte des singularités de chaque individu pour « faire communauté ». Elle rappelle encore la « catho-compatibilité » de cette compréhension de l’individuation en revenant à la Bible. 

« La singularité est un processus anthropologiquement biblique, car il n’y a de révélation que dans une situation particulière de préoccupations ». Autrement dit, il n’y a de révélation dans la Bible qu’à partir de la singularité. « Lorsque les gens acceptent d’avoir leurs problèmes, leurs questionnements identitaires, alors la révélation peut avoir lieu. C’est parce que Moïse ne sait pas s’il est juif ou égyptien que Dieu se révèle à lui ». L’enseignante à l’Institut catholique de la Méditerranée (Marseille) estime qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur de cette singularité, « au contraire il faut s’appuyer dessus. La participation n’est jamais en contradiction avec la synodalité. Ce que l’Eglise a mis en mouvement n’est qu’un retour à la Tradition ». La théologienne a tenté de rassurer son auditoire sur la possibilité, malgré tout délicate, de gouverner des individus. Néanmoins, un changement de paradigme s’impose où la gouvernance ne serait plus un rapport de force entre imposant et subissant, mais l’adhésion entre un proposant et un acceptant. La construction de décisions demandera, certes, plus de temps et de patience, mais ouvrira une porte où l’opposition entre singularité et vivre-ensemble n’aurait plus lieu d’être. 

Toutefois, un participant à la conférence s’étonne des propositions de l’oratrice. « Les pistes que vous proposez sont déjà connues depuis le pape Léon XIII dans le Rerum Novarum. Pourquoi sont-elles restées confinées à un cercle très restreint ? ». Celle-ci répond que l’Eglise a fait des choix en préférant insister sur la Doctrine morale aux dépens de la Doctrine sociale, car « ces questions-là doivent être sous-tendues par des mises en œuvre pratiques en termes de gouvernance. Or, ce que l’on vivait dans la pratique risquait de contredire les concepts. » Face à ce constat, la théologienne propose de sortir d’un mode de pensée où transcendantalité rime encore trop souvent avec gouvernance, pour se tourner vers une vraie prise en compte de la communauté dans une manière de gouverner plus horizontale.

Le roi déçu… et déchu

Dans Le roi déçu : l’exercice compliqué de la gouvernance (Cerf, 2021), Marie-Laure Durand relit la parabole matthéenne de l’invitation à la noce (Mt 22, 1-14). Dans cette version, le roi veut fêter le mariage de son fils, or il ne se contente pas de lancer les invitations, mais force des inconnus à participer aux festivités et envoie même ses troupes exécuter les invités récalcitrants. L’auteure propose dans ce petit ouvrage (83 p.) une relecture de cette parabole sur le plan de la gouvernance des organisations et les dégâts causés par un exercice trop vertical du pouvoir. Celui-ci ne laissant aucunement la possibilité de s’exprimer librement et brise, de fait, tous les liens de confiance.

Les talents à faire fructifier

La parabole des talents, vue par Andreï Mironov.

Par François-Xavier Amherdt | Photo: DR

La plupart du temps, quand nous entendons parler de la « parabole des talents », nous pensons spontanément aux qualités dont les uns seraient dotés (les talentueux) plus que les autres. Or, à l’époque, un talent équivalait à une importante somme d’argent que le maître de la parabole remet à ses serviteurs, afin qu’ils en tirent ample profit et la lui rendent avec des bénéfices. En effet, les questions financières sont omniprésentes dans l’Evangile, car c’est souvent le nerf de la guerre : la survie individuelle et la subsistance collective en dépendent.

Si les richesses constituent un danger (cf. Matthieu 19, 23-26), si nous ne pouvons pas servir à la fois Dieu et l’argent (cf. Matthieu 7, 24), et si Jésus nous invite à nous en détacher pour pouvoir le suivre, comme il le demande au jeune homme fortuné (Matthieu 19, 16-22.27-30), l’essentiel est de les faire fructifier dans l’honnêteté pour le bien commun. Peu importe combien de talents nous recevons, ce qui compte, c’est que nous soyons créatifs et pleins d’allant avec ce dont nous disposons. D’ailleurs, les deux premiers serviteurs se voient attribuer la même récompense, alors qu’entre eux, la différence de mise de départ est importante (5 et 2 talents). Cela vaut pour la gestion intelligente, habile et respectueuse des capitaux économiques, politiques et sociétaux, mais aussi pour les biens ecclésiaux. Cela concerne surtout le trésor du Royaume, là où se trouve notre cœur (cf. Matthieu 7, 19-21).

Si nous désirons que le Seigneur nous dise un jour : « Viens, entre dans la joie de ton maître » et nous étreigne pour l’éternité, il convient que nous prenions des risques pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. Le seul reproche qui est fait au troisième serviteur, c’est d’avoir méconnu le visage de son patron et d’avoir eu peur en enterrant son petit magot sous terre. Il l’aurait mis en jeu et se serait donné corps et âme à sa tâche, envers Dieu, ses frères et sœurs et lui-même, avec son unique talent, il aurait aussi vu les portes du ciel s’ouvrir à deux battants devant lui. Donnons-nous donc aux autres sans retenue !

Fin des privilèges

Par Thierry Schelling | Photo : DR

En mars 2023, un tremblement de terre a secoué les parois des palais pontificaux du Vatican. Passée inaperçue sauf dans la presse spécialisée, la mesure est de taille et pourtant si… ordinaire : les cardinaux et autres chefs de dicastères de la Curie romaine devront payer un… loyer !

Ainsi en a décidé François, par le Secrétariat à l’Economie de l’organisme curial. Un rescrit du Préfet, l’Espagnol Maximino Caballero, a ordonné la fin de l’utilisation gratuite des biens immobiliers du Saint-Siège (logements) « pour faire face aux engagements croissants que l’accomplissement du service à l’Eglise universelle et aux nécessiteux exige dans un contexte économique comme celui d’aujourd’hui, d’une gravité particulière », précise le décret.

Comme tout le monde

Désormais, prélats et laïcs engagés par la Curie Romaine et qui logent dans les nombreux édifices appartenant au Saint-Siège, devront s’acquitter d’un loyer, comme tout locataire. Cela ne concerne pas les religieuses et religieux qui eux demeurent dans les maisons des Ordres auxquels ils appartiennent.

Solidarité

En 2021, suite au Covid, le Pape avait réduit le salaire des responsables curiaux, car le budget du Saint-Siège avait été grevé par la pandémie. Le Pape décrit cette mesure comme un « sacrifice extraordinaire ». A noter que le Pape, lui, n’a aucun salaire, mais chaque année fait acte de charité lors de la quête dite « du Denier de Saint-Pierre », qui lui permet d’envoyer de l’argent auprès des nécessiteux du monde entier par l’entremise de son (nouveau) Dicastère du Service de la Charité (l’ancienne Aumônerie Apostolique).

Il y a 10 ans, le pape François était mandaté par les Cardinaux qui l’élurent d’assainir les finances du Saint-Siège et de la Cité du Vatican ; cette mesure est un point (presque) final à cette réussite de mandat. Comme quoi, quand on veut, on peut : il n’y a pas de petites économies…

Un nouveau logo pour le diocèse de Sion

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion, est l’auteur de cette carte blanche. 

Par Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion | Photo : cath.ch

A partir de janvier 2024, le diocèse de Sion introduit une nouvelle identité visuelle : un nouveau logo et une nouvelle charte graphique.

Le logo reprend les éléments de la vision pastorale diocésaine : « Ensemble en chemin pour annoncer l’amour de Dieu… C’est cela la joie de l’Evangile. »

Valère et Tourbillon représentent l’ancrage territorial. 
La croix invite à lever les yeux. Elle est en mouvement vers l’extérieur et donne un nouvel élan à ce symbole.
Le cercle ouvert manifeste l’unité du diocèse et son ouverture aux autres. Il est signe de communion.

Le bleu évoque visuellement la sérénité, la confiance, couleur de l’eau, du ciel et de la Vierge Marie.
Le jaune manifeste la joie qu’il y a à connaître le Christ, soleil, vie et lumière. 

Le logo est un élément d’identité important pour un diocèse. Il sera progressivement introduit dans les communications, les supports écrits et visuels du diocèse. 
Le logo est accompagné d’un ensemble de déclinaisons, notamment pour les services diocésains qui sont invités à l’employer progressivement. Il permet ainsi de mieux rendre compte des propositions diocésaines, tout en les rassemblant et en les fédérant.
Les paroisses qui n’ont pas de logo pourront également utiliser le logo diocésain. Les organisateurs d’évènements d’Eglise, pèlerinages, conférences ou autres manifestations reconnus par le diocèse sont invités, s’ils le souhaitent, à employer le logo diocésain. Cette utilisation illustrera un lien mutuel entre l’évènement et le diocèse. D’une part, l’évènement pourra se réclamer du soutien moral du diocèse. D’autre part, le diocèse exercera un droit de regard sur l’évènement et son contenu, afin d’en vérifier la cohérence avec les orientations pastorales diocésaines. Toute utilisation de l’identité graphique diocésaine, et en particulier du logo, devra donc au préalable être validée par le Service diocésain de la communication ou l’autorité diocésaine.

Jeux, jeunes et humour – janvier 2024

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi au début la messe, le prêtre dit : « Le Seigneur soit avec vous » ? *
Après le baiser de l’autel, symbole du Christ point de jonction entre Dieu et les hommes, et le signe de croix, le prêtre prononce cette formule au début ainsi qu’à trois reprises au cœur de la célébration. Il s’agit d’une très ancienne bénédiction rappelant que Dieu vient demeurer en nous.
La réponse de l’assemblée « Et avec votre Esprit » rappelle en quelque sorte le rôle du prêtre : « Que l’Esprit qui t’a été donné le jour de ton ordination soit avec toi et agisse en toi pour que tu accomplisses bien ton ministère ! »

Par Pascal Ortelli

* Nous vous proposons cette année de décrypter la messe, en lien avec le livre de Pascal Desthieux : Au cœur de la messe. Tout savoir sur la célébration, illustrations Hélène VDB, Editions Saint-Augustin.

Humour

Un touriste arrive à Paris et s’adresse à un passant : 
Sprechen Sie deutsch ? 
– Non, répond le Parisien.
Do you speak English ?
– Non, non.
Voce fala portugues ?
– Non.
Hablas espagnol ?
– Non, non, désolé Monsieur, je ne parle que le français.

Le touriste s’éloigne. Notre Parisien se tourne vers son ami et lui dit : « Tu vois, il sait quatre langues, mais ça ne lui sert à rien ! »

Par Calixte Dubosson

Missionnaire du continent numérique

Pour le missionnaire du web, le meilleur communicant reste le Christ.

Le continent sur lequel évolue ce missionnaire hors norme est… numérique. Cofondateur de l’association Lights in the Dark, Jean-Baptiste Maillard veut évangéliser internet. Pour cela, il prend la communication religieuse sur le web à bras de corps. Une conversion…à triple sens.

Par Myriam Bettens
Photos : Jean-Claude Gadmer

Qu’est-ce que l’évangélisation du « continent numérique » implique concrètement ?
Cela implique d’aller à la rencontre des personnes qui vont sur Internet en mettant en contact des e-missionnaires et les internautes. Ce n’est pas seulement être présent sur le web, mais à l’écoute des aspirations, questions et préoccupations de ceux qui sont loin de l’Eglise, de la foi et même de Dieu. D’ailleurs, les papes ont toujours parlé de l’importance d’utiliser les nouvelles technologies pour annoncer que nous sommes aimés de Dieu.

Elle est également source d’une triple conversion…
En effet, il y a les conversions à proprement parler, mais aussi celles des e-missionnaires que nous sommes. Sans un cœur brûlant d’amour pour Dieu, pas d’évangélisation. Impossible de transmettre l’essence de ce que nous n’avons pas nous-mêmes expérimenté. Nous avons mis en place une plateforme pour les personnes dépendantes à la pornographie. Ce n’est pas un sujet dont nous avons spontanément envie de parler. Nous devons donc nous « convertir » à plus de compassion et d’écoute pour ces personnes. L’évangélisation se trouve aussi sur ces terrains-là. Outre cela, il y a aussi une conversion à la culture du numérique à mener. Les mots ont une importance et le « jargon catho » est à oublier !

Pourquoi avoir choisi spécifiquement ce terrain de mission ?
J’ai commencé à évangéliser sur Internet avec l’avènement du numérique, en 1994. Je me suis vite rendu compte que les gens étaient intéressés par Dieu. Ils avaient plein de questions. Internet pour atteindre les gens fonctionnait ! Pourtant, j’étais loin d’imaginer qu’un jour, je monterai avec d’autres amis, une mission à part entière pour investir ce continent numérique et envoyer des e-missionnaires.

Aujourd’hui nous avons des « communicants » dans tous les domaines. Savons-nous pour autant mieux communiquer ?
Non ! Le meilleur communicant que nous n’ayons jamais eu, c’était le Christ. Tant que nous ne sommes pas à l’école de Jésus, on ne communique pas encore assez bien. Comme on le voit avec la Samaritaine, à qui Il commence par demander à boire, Il est toujours dans la posture de Celui à qui on peut apporter quelque chose et non le contraire. Jésus était à l’écoute des questions et préoccupations des gens. On doit s’en inspirer non pas pour devenir des pros de la communication, mais pour rejoindre l’autre dans ce qu’il est et vit.

On pense souvent que l’évangélisation via le numérique est plutôt l’apanage des évangéliques, à tort ?
C’est vrai qu’ils avaient, et ont peut-être encore, une grande longueur d’avance sur nous. Ils ont toujours eu comme principe de garder la rencontre au cœur d’internet et on ne parle pas de rencontre virtuelle. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à l’évangélisation sur Internet, en 2011, je m’étais rendu dans les bureaux de TopChrétien, en région parisienne [un précurseur dans l’évangélisation sur internet, ndlr.]. Ils m’avaient expliqué qu’ils travaillaient avec 400 églises partenaires, cela afin de rediriger les personnes rencontrées virtuellement vers des chrétiens de communautés locales. L’Eglise dit depuis plus de vingt ans que la rencontre doit être au cœur de tout processus d’évangélisation, mais c’est aux chrétiens de mettre cela en œuvre. De ce côté, les évangéliques nous interpellent et cela doit nous encourager à aller de l’avant !

Vous avez le code du Li-Fi ?

Le Li-Fi (ou Light Fidelity) est une technologie de communication sans fil reposant sur l’utilisation de la lumière visible pour coder et transmettre des données. 

L’association Lights in the Dark repose sur la lumière de l’Evangile pour décoder et transmettre un message de Vie. Fondée en 2015, elle trouve son nom dans la prophétie d’Isaïe (9, 3) : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. » Ses e-missionnaires sont une présence qui « écoute, dialogue, encourage » (cf. pape François) à travers un chat mutualisé à des plateformes thématiques. Quant à son cofondateur, Jean-Baptiste Maillard, il est marié, père de trois enfants et également coauteur du livre Evangéliser sur Internet, mode d’emploi (EDB 2019).

«Mon aîné voulait devenir pape»

A travers cette nouvelle rubrique, partons à la rencontre des femmes et des hommes laïques engagés dans les diverses paroisses de Suisse romande. Fabienne Bingler, secrétaire/comptable de la paroisse francophone du Sacré-Cœur de Bâle, ouvre le chemin.

Par Nicolas Maury | Photo : DR

Quand on lui demande quelle est sa fonction, Fabienne Bingler répond du tac au tac : « Je ne fais pas seulement le secrétariat et la compta, mais m’occupe de plein de choses : l’ouverture de l’église, le rangement de la sacristie. Même la Putzfrau ! » Pour preuve, à l’heure de l’interview, elle bataille avec un chauffage récalcitrant…

L’emploi de la langue de Goethe ne doit rien au hasard. Son employeur est la Paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle, qui compte près de 400 fidèles et trouve son origine dans l’exode de population de 1871 : « Souvent, des jeunes venus à Bâle pour échapper à l’enrôlement dans l’armée prussienne. Il y avait aussi des cheminots alsaciens, ainsi que des Jurassiens et des Valaisans voulant un enseignement religieux dans leur langue. »

Parfaitement bilingue, Fabienne se rappelle très bien la manière dont elle a été embauchée. « C’était deux ans après la naissance de mon premier garçon. Je cherchais un job et j’ai postulé. Etre catholique était un prérequis. Mais ce qui a fait la différence c’est ma souplesse professionnelle. » 

Avouant volontiers être croyante, son métier est, pour elle, un reflet de sa foi en Dieu. « J’ai essayé de la transmettre à mes enfants. Ma mère et moi leur apprenions à prier. Comme je travaillais pour la paroisse, nous allions peut-être un peu plus souvent à la messe que les autres. A l’époque, mon aîné voulait devenir pape. A l’école, quand il dessinait, il mettait des croix partout. Quand la maitresse lui a demandé pourquoi, il a expliqué que c’est parce que je travaillais dans une église. »

La Française d’origine ne dément pas avoir un caractère bien trempé. « Il faut parfois avoir de la patience avec les paroissiens qui pensent que, vu que nous travaillons pour l’Eglise, nous devons être là en permanence. Mon mari n’est pas ravi quand, le dimanche matin, nous sommes dérangés par un téléphone impromptu. Mais j’essaye d’être de bonne humeur et de montrer mes bons côtés. Même mon curé en est souvent étonné (rire) ! »

Fabienne Bingler, 55 ans, secrétaire et aide-comptable depuis mars 2006 à la paroisse française du Sacré-Cœur de Bâle. Maman de deux garçons de 19 et 13 ans.

Retrouvez l’ensemble des textes et des vidéos de la rubrique sur le site : https://presse.saint-augustin.ch/ecclesioscope/

La joie de l’Evangile

Par Thierry Schelling | Photo : DR

Le premier texte que publie François est La joie de l’Evangile.

Le premier texte que publie le pape François en 2013 s’intitule « La joie de l’Evangile ». A lire et relire, car on y trouve toujours de quoi, même 10 ans après, alimenter sa pastorale, sa prière et sa réflexion chrétiennes.

Il a remis au centre de l’agir chrétien ce qu’il décrit comme « notre programme de vie », sans cosmétique.

Ecouter avant de prêcher

D’ailleurs, il a rappelé combien de fois la Parole de Dieu doit d’abord s’écouter dans le silence, « c’est une question de vie » ! Et c’est ainsi qu’à partir de son écoute attentive, voire de sa réécoute régulière, « elle doit faire son chemin en nous » et rejoindre enfin les mains pour mettre en forme ce qui a été médité. De fait, la Parole de Dieu « forme et transforme », conclut-il.

Dimanche de la Parole

D’où l’idée d’instaurer, en 2019, le Dimanche de la Parole célébrée le 3e dimanche du Temps ordinaire, soit le dimanche qui tombe dans la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens. Même si chaque dimanche est celui aussi de la Parole, un dimanche spécifiquement dédié à l’Ecriture proclamée est bienvenu, alors que bien des fidèles sont plus enclins à écouter (et critiquer !) l’homélie et à recevoir coûte que coûte l’eucharistie, faisant presque l’impasse sur la première (et indispensable) partie de la Messe, la table de la Parole justement.

Accessibilité

Régulièrement, à la fin d’un Angélus dominical, le pape François fait distribuer sur la Place Saint-Pierre un exemplaire des Evangiles, joignant ainsi l’admonestation (Lisez l’Evangile !) au côté pratique d’en recevoir un à glisser dans sa poche. D’ailleurs, lectrice, lecteur, en avez-vous un dans la vôtre ?

Mosaïques des quatre évangélistes prises à la Basilique de Lisieux

Texte et photos par Véronique Denis 

Nous connaissons bien les noms des quatre évangélistes : Matthieu, Marc, Luc et Jean. Tous racontent à leur manière les paroles et les actions de Jésus durant sa vie publique. 

Les différences entre ces quatre évangiles sont dues au fait que chaque auteur avait des intentions particulières et s’adressait à un public précis.

Marc n’évoque pas du tout la naissance de Jésus. Les premiers mots de son Evangile nous font aller droit au but : « Commencement de l’Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu. »1 D’entrée, Marc nous convoque à accueillir la Parole comme une Bonne Nouvelle.

L’Evangile de Jean est le plus tardif (écrit dans les années 90-100). L’objectif de Jean n’est pas de décrire les événements de la vie du Christ, mais d’en faire une réflexion sur ce qu’il a compris de la vie de Celui qu’il a contemplé à la Croix et à la Résurrection. C’est pour cela que le 4e Evangile évoque des grands discours (sur le pain de Vie, sur la vie et la résurrection, sur la glorification du Fils, etc.) et ouvre son évangile par le Prologue qui est en fait une méditation sur la personne de Jésus, le Verbe de Dieu fait chair. 

Arrêtons-nous maintenant aux évangiles de Matthieu et de Luc qui évoquent la nativité, mais avec deux perspectives bien différentes. 

Luc, médecin, est sensible à l’humanité de Jésus qui se fait proche des petits, des humbles, des malades, des femmes, des veuves et des enfants. En plus, Luc est aussi historien : il veut insérer Jésus dans l’histoire humaine. C’est pour cela qu’il situe la naissance de Jésus dans le temps en évoquant le recensement décrété par César Auguste, à l’époque du gouverneur Quirinius en Syrie.2 En plus, il prépare la venue de Jésus sur la terre des hommes en évoquant l’Annonce de l’Ange Gabriel à la jeune fille, Marie, promise en mariage à Joseph. Ensuite, Luc détaille la naissance Jésus, la visite des bergers.

Matthieu est juif et il écrit son évangile pour des juifs convertis au christianisme. Son évangile est rempli de citations des prophètes, des écrits de l’Ancienne Alliance. L’intention de Matthieu est donc d’insérer Jésus dans l’Histoire du Peuple d’Israël. Il ouvre son évangile en citant toutes les généalogies d’Abraham à Joseph. D’autre part, Matthieu met l’accent sur les péripéties qui ont marqué la naissance de Jésus (visite des mages, fuite en Egypte) en accordant une importance plus grande à Joseph qu’à Marie.

Quatre récits, quatre regards différents sur la vie du Christ à accueillir pour nous laisser transformer par cette Parole qui est une Parole vivante qui ouvre un avenir, une espérance. Que la Parole de Dieu nous accompagne et donne du sens à notre vie.

1 De la Traduction Œcuménique de la Bible : Mc 1, 1. 
2 Cf. Lc 2, 1-2. 

Changer de culture?

Chaque mois, L’Essentiel propose à un ou une représentant(e) d’un diocèse suisse de s’exprimer sur un sujet
de son choix. Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano, est l’auteur de cette carte blanche.

Par Mgr Alain de Raemy, administrateur apostolique du diocèse de Lugano et Évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg | Photos : DR

Changer de culture ? C’est la revendication maintes fois entendue suite à la révélation de trop nombreux abus et de leur trop fréquente mauvaise gestion dans l’Eglise.

Nous savons combien la culture évolue à travers les siècles.

En Europe, les questions sexuelles ne sont plus abordées aujourd’hui comme il y a 50 ans. L’autorité des parents n’est plus exercée comme à l’époque de nos grands-parents. 

Mais nous savons aussi combien les cultures sont diverses dans l’Eglise. Un jeune catholique vietnamien n’a pas les mêmes rapports avec ses parents qu’un jeune Suisse allemand. Une religieuse camerounaise ne vit pas l’autorité dans sa congrégation de la même façon qu’une religieuse en France. 

Nous serons toujours les femmes et les hommes de notre temps, marqués par ce temps. 

Certaines caractéristiques culturelles facilitent et stimulent même l’exercice des vertus évangéliques. D’autres rendent leur pratique plus difficile, voire héroïque !

Trop souvent, les chrétiens se sont adaptés, ma foi, aux conditionnements de leur milieu. Les moyens utilisés ou les formes de pensée n’ont pas toujours été passés au crible de l’Evangile.

S’il y a un changement constant à opérer dans l’Eglise, c’est bien celui que demande l’Evangile. Nous n’avons pas à suivre les modes de ce temps, mais l’Evangile de tout temps, à temps et à contre-temps.

Que le Christ qui n’est pas de ce monde nous guide en ce monde. Il est notre seule boussole. Fixons les yeux sur Lui. Et partout où c’est nécessaire, changeons nos cultures avec Lui.

S’il y a un changement constant à opérer dans l’Eglise, c’est bien celui que demande l’Evangile.

Les symboles des quatre évangélistes

ParJean-Christophe Crettenand
Illustrations : Léa Crettenand
Photos : Alessandra Arlettaz (Fully), Monique Cheseaux (Saillon) et l’abbé Bruno Sartoretti (Isérables)

Les symboles des quatre évangélistes sont des représentations traditionnelles associées à chacun des quatre auteurs des Evangiles du Nouveau Testament. Ces symboles sont très souvent utilisés dans l’art chrétien pour identifier et différencier les évangélistes.

L’ange est associé à saint Matthieu. Il représente l’humanité de Jésus-Christ. Ce symbole est dérivé de la vision d’Ezéchiel dans l’Ancien Testament, où il décrit des créatures ailées ayant l’apparence d’un homme.

Le lion est le symbole de saint Marc. Il représente la puissance et la royauté de Jésus-Christ. Le Lion est souvent lié à la manière énergique et directe dont l’Evangile selon Marc présente Jésus.

Le taureau (ou le bœuf) est associé à saint Luc. Ce symbole évoque le caractère sacrificiel de Jésus-Christ, représentant également le service et la force. L’Evangile selon Luc met l’accent sur la compassion et la nature sacrificielle de Jésus.

L’aigle est le symbole de saint Jean. Il est souvent associé à la spiritualité et à la divinité de Jésus-Christ. L’Evangile selon Jean est considéré comme plus mystique et théologique que les autres, d’où l’association avec l’aigle, symbole de la hauteur et de la contemplation

Ces symboles ont été utilisés depuis l’Antiquité pour identifier les évangélistes et leurs écrits. Ils sont également souvent représentés dans l’art chrétien, que ce soit dans des manuscrits enluminés, des vitraux, des icônes ou des sculptures, pour rappeler les différentes perspectives et thématiques de chaque Evangile. Dans nos paroisses on en trouve quelques représentations à Isérables (église paroissiale), Fully (église paroissiale) ou encore à Saillon (chapelle Saint Laurent).

En l’église d’Isérables, les évangélistes sont rassemblés dans le chœur et le symbole de chacun figure aux pieds de la représentation du saint, à la droite de saint Matthieu et à la gauche de saint Marc, saint Luc et saint Jean.
En l’église de Fully, il faut lever les yeux pour apercevoir les évangélistes figurés par leur symbole tenant chacun un livre ouvert sur lequel il est possible de lire leur nom en latin. Le lion de Marc (MARCUS) et le taureau de Luc (LUCAS) font plus de deux fois la taille de l’aigle de Jean (YOHANNES) et de l’ange de Matthieu (MATTHAEUS).
En la chapelle Saint Laurent à Saillon, il faut également lever les yeux. On aperçoit alors les quatre évangélistes, chacun sur son nuage, accompagné de son symbole, sur sa gauche. Chacun est coiffé d’une auréole figurée de façon unique, mais ceci est une autre histoire…

Jeux, jeunes et humour – décembre 2023

Par Marie-Claude Follonier

Question jeune

Pourquoi dire de Marie qu’elle est l’Immaculée Conception ?
Comme un fruit anticipé du pardon accordé par Jésus sur la croix, nous croyons que Marie, du fait qu’elle a enfanté le Sauveur, a été préservée du péché originel dès sa naissance. C’est par ce nom qu’elle s’est fait connaitre à Bernadette Soubirous lorsqu’elle lui est apparue à Lourdes en 1858, soit quatre ans après que le pape a proclamé, sous forme de dogme, cette vérité de foi comme incontestable.

par Pascal Ortelli

Humour

Un dimanche avant la messe, un paroissien croise M. le Curé et s’aperçoit qu’il a un pansement sur la joue. Le desservant lui explique que pendant qu’il se rasait, il s’était concentré sur l’homélie qu’il allait prononcer et qu’il n’avait pu éviter de se couper. Après la messe, le même paroissien va trouver le curé dans la sacristie. « Si je peux Un dimanche matin, à l’heure de commencer la messe, M. le Curé s’aperçoit qu’il y a un seul fidèle. Il s’avance vers lui et propose de supprimer la messe et d’avancer l’apéro. Le paroissien, qui était un paysan, lui rétorqua que même s’il n’avait qu’une vache à la maison, il lui donnait à manger. Le curé, furieux, lui servit une liturgie qui dura plus d’une heure avec homélie, credo chanté et j’en passe. Le paroissien le remercia et se permit une petite remarque : « M. le Curé, quand je n’ai qu’une vache à la maison, je ne lui donne pas à manger tout le char de foin ! »

par Calixte Dubosson

La voix du Peuple

Raphaël Pomey est à la tête de son propre média, Le Peuple.

Journaliste remuant et réactionnaire, Raphaël Pomey est l’une des voix du conservatisme en Suisse romande. Si la controverse ne lui fait jamais peur, il prône aussi un sens de l’amitié qui transcende les barrières religieuses… et idéologiques.

Par Myriam Bettens
Photos : Jean-Claude Gadmer

Vous vous êtes converti au catholicisme relativement tard après avoir navigué dans le protestantisme et l’évangélisme. Pourquoi ce choix ?
La question religieuse a toujours été dans un coin de ma tête, mais plutôt sous l’angle de la révolte. Lors de mes études de philosophie, j’ai lu, entre autres, saint Thomas et saint Bonaventure. De fil en aiguille, je trouvais que le catholicisme était esthétiquement supérieur. Cette esthétique nous immergeait dans la « longue histoire ». Par contre, je ne renie pas l’héritage protestant de ma famille. Au contraire, je le défends.

Vous vous dites conservateur. Pensez-vous que l’Eglise est (ou devrait être) un des derniers bastions du maintien des « valeurs » ?
C’est une question d’équilibre. Même si je suis conservateur de sensibilité, la position naturelle de l’Eglise est en dehors de l’axe gauche-droite. Prenons la Doctrine sociale de l’Eglise. Elle peut être considérée à droite dans ce qu’elle défend la propriété privée et de la même manière à gauche, car elle prône la redistribution des richesses.

L’Eglise s’engage-t-elle dans trop de combats qui ne sont, a priori, pas de son ressort ?
Aucune réalité de cette terre ne doit échapper à l’Eglise, car je pense qu’elle a un enseignement à donner sur l’ensemble du vivant. Le problème n’est pas de s’engager, mais la manière de le faire. Typiquement, l’engagement très marqué sur les questions écologiques n’est pas un mauvais combat, mais c’est le résultat qui me gêne. C’est une sorte de concentré de sens commun militant.

Le discours de l’Eglise est-il devenu trop politique ?
Oui, absolument, alors qu’il y a une recherche nécessaire d’unité. Il est clair que j’incarne plutôt un pôle qu’on classe généralement à droite. Mon but est avant tout de réorienter, surtout de dire : « Attention, là, vous laissez des gens sur le bas-côté. » Paradoxalement, si je suis plutôt vu comme un combattant, je recherche avant tout l’unité. Je demande que l’Eglise surplombe ces questions-là, car c’est là que doit être son positionnement naturel.

D’ailleurs, vous vous montrez critique vis-à-vis du pontificat actuel…
Je représente clairement une génération qui n’est pas à l’aise avec ce pontificat. C’est un Pape qui enthousiasme énormément de gens en dehors du catholicisme et dont l’engouement, chez les catholiques, provient essentiellement d’une génération qui va mourir. Entre deux, il y a quantité de gens qui ne se reconnaissent plus. Ce que je ressens comme malaise avec ce pontificat, ce n’est pas tellement sa trop grande ouverture, mais plutôt sa fermeture vis-à-vis de personnes qui souhaitent rester fidèles au catéchisme.

On parle souvent du journalisme comme d’un « contre-pouvoir », est-ce l’optique de votre journal (Le Peuple) ?Ce qui est problématique avec cette notion, c’est que l’on postule un pouvoir médiatique, forcément à gauche et radical. Je souhaite avant tout représenter une sensibilité qui a peu voix au chapitre. Les gens qui me lisent se retrouvent dans un héritage culturel qu’ils n’ont pas envie d’abandonner. Autant à droite qu’à gauche. Par contre, il y a parfois des attentes excessives, car certaines personnes considèrent qu’un journal qu’elles perçoivent comme un contre-pouvoir devrait nécessairement prendre le contre-pied, alors que mon vœu premier est d’amener au dialogue.

Le rédacteur en chef s’est converti au catholicisme sur le tard.

Le poids des mots

Raphaël Pomey est philosophe et journaliste de formation à la tête de son propre média, Le Peuple. Il est également devenu vice-champion du monde de Kettlebell, une discipline soviétique proche de l’haltérophilie, en 2017. Entre le nom de son journal et le sport qu’il pratiquait à haut niveau, tout cela sonne bien soviétique. De quoi se demander si le journaliste n’est en réalité pas plutôt de gauche. « C’est une question que je me pose très souvent », glisse-t-il avec un sourire. Par contre, « vous êtes les premiers à me poser la question ! ». Néanmoins, il confie avoir choisi le nom de son journal en référence aux premiers mots de la Constitution. Quant à la sympathie qu’il éprouve pour la gauche, il observe qu’il est impossible de « construire une société sans la notion de bien commun ».

La Remise des clefs, mosaïque de Gino Severini, église Saint-Pierre, Fribourg

Pierre est appelé à mener à bien la mission reçue du Christ.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Dans le chœur de l’église Saint-Pierre, à Fribourg, se trouve une mosaïque de Gino Severini. 

Au centre, le Christ remet les clefs du Royaume des cieux à saint Pierre. Dans l’Evangile, le Christ dit : « Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » (Matthieu 16, 18-19)

Tout autour, sont représentés des symboles représentant les évangélistes. L’homme ailé pour Matthieu, le lion pour saint Marc, le bœuf pour saint Luc et l’aigle pour saint Jean. Au sommet, se trouvent le trône et la tiare évoquant la papauté. Le phylactère indique : « Tu es Petrus », soit « Tu es Pierre ».

La scène en bas à gauche ne semble pas faire partie de la vie de Simon-Pierre. Ce miracle de l’eau jaillissant du rocher évoque plutôt l’Exode et Moïse. 

Pour quelle raison Gino Severini a-t-il choisi cet épisode ? En l’absence d’explications de l’artiste, nous ne savons pas avec précision ce qu’il a voulu nous dire de Pierre. Nous pouvons toutefois tenter une interprétation, bien sûr personnelle.

En bas à droite, des hommes tirent un filet. Cela peut évoquer la pêche miraculeuse. Les disciples qui n’avaient rien pris de toute la nuit lancent à nouveau leurs filets à l’invitation de Jésus et le poisson surabonde. 

Les deux miracles se répondent : l’un évoque le Seigneur présent au milieu du peuple qui donne l’eau pour étancher la soif ; l’autre figure Jésus, l’Emmanuel – Dieu parmi nous – qui nourrit. Aujourd’hui, Dieu est aussi présent par sa Parole (que rappellent les symboles des évangélistes).

Pierre est appelé à mener à bien la mission reçue du Christ, comme Moïse qui a guidé le peuple vers la liberté, comme Jésus qui accompagne les disciples vers leur appel spécifique (devenir pêcheurs d’hommes). 

L’engagement par le scoutisme

Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Rencontre avec le Valaisan Baptiste Clerc. 

Baptiste Clerc. 

Par Baptiste Clerc | Photo : DR

Cela fait déjà bien des années que le scoutisme a été fondé, mais le nombre de scouts dans le monde ne cesse de croître. Le secret ? Proposer des activités en plein air, mais aussi grandir dans la foi, prendre des responsabilités et se débrouiller face à la nature.

J’ai commencé le scoutisme à l’âge de huit ans, au sein du grand mouvement des Scouts d’Europe. Cette association est présente dans une vingtaine de pays et est reliée à l’Eglise catholique.

J’ai commencé mon chemin aux louveteaux, avec la toute première sizaine du Valais. Les louveteaux sont dans l’imaginaire du livre de la jungle. Puis, à l’âge de 11 ans, je suis monté chez les éclaireurs, dans la patrouille de la Mouette. Entouré de jeunes entre 12 et 17 ans, j’ai appris à écouter et à recevoir les conseils des autres pour pouvoir progresser.

Quelques mois après mon entrée, j’ai été invité à prononcer ma promesse. J’ai pu ensuite placer sur mon chapeau ma croix scoute. Nous la portons tous comme le Christ qui a aussi porté sa croix.

Après plusieurs années d’apprentissage, de rire, de constructions, de rassemblements, de jeux… j’ai succédé à mon ancien chef et j’ai accepté de prendre la tête de la patrouille pour la faire vivre et grandir toujours plus sous l’exemple et le chemin de mes prédécesseurs.

En étant chef et gardien d’une patrouille, on peut rencontrer quelques difficultés. Durant une grande marche, je méditais sur un texte de Baden Powell qui disait : « Le sel est âcre quand on le goûte à part ; mais c’est le parfait assaisonnement qui donne aux mets toute leur saveur. Ainsi, les difficultés sont-elles le sel de la vie. »

Pour chaque épreuve, problème, obstacle à passer, je me rappelle cette citation qui nous montre que pour grandir, il nous faut ce sel de vie, ces difficultés.

Oui, le scoutisme, c’est savoir sortir du confort, de la routine, mais surtout pouvoir se décharger des soucis de la ville, de grandir avec ses frères et d’établir le règne du Christ dans le monde qui nous entoure.

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