Les philosophes des Lumières se sont montrés très critiques à l’égard de l’Abbé Pluche.
Par Pierre Guillemin | Photo: DR
Ordonné prêtre en 1712, l’Abbé Pluche se tourne vers l’enseignement puis se consacre à la rédaction de son ouvrage le Spectacle de la nature, rédigé en sept volumes, entre 1732 et 1750, qui constitue une initiation aux connaissances en sciences naturelles de l’époque sous forme d’un dialogue entre un enfant, ses parents et son précepteur. Ce livre est l’un des fondements du naturalisme scientifique, c’est-à-dire les « sciences naturelles », à savoir l’inventaire et l’étude des êtres vivants, des minéraux et des végétaux.
C’est le premier best-seller de la littérature francophone : le premier tirage est épuisé peu après sa mise en vente et une réédition est tout de suite lancée.
Au total, on a dénombré pas moins de cinquante-sept éditions ainsi que plus de vingt-cinq traductions.
Mais, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières se sont montrés fort critiques à l’égard de l’Abbé Pluche et ont presque réussi à faire oublier ce best-seller que fut Le Spectacle de la nature et son influence sur l’engouement du public pour les sciences de la nature. Pourquoi ?
Science et simplicité
Le Spectacle de la nature s’inscrit dans cette vogue d’ouvrages du début du XVIIIe siècle « où l’auteur démontrait l’existence de Dieu et la sagesse de sa création, en s’appuyant sur les dernières découvertes de la Science, et particulièrement sur les dernières découvertes microscopiques et l’attraction universelle » (J. Roger, Les Sciences de la vie dans la pensée française du 18e siècle, Paris, Armand Colin, 1963). Ce que ne pouvaient admettre ni Voltaire ni Diderot.
Mais, l’œuvre de l’Abbé Pluche, par son succès même, constitue un danger plus grand pour les Encyclopédistes : celui d’une écriture de la nature qui allie science et simplicité, contemplation de la nature et plaisir.
Ouvrir les yeux du lecteur
Chez l’Abbé Pluche, il s’agit d’ouvrir les yeux pour permettre de voir ce Spectacle de la nature : voir et comprendre sont donc synonymes chez ce tenant de la Science moderne. L’Abbé Pluche réhabilite la notion de curiosité, vision novatrice à l’époque car écrite par un religieux. La préface s’ouvre en effet sur l’idée que « le désir de savoir nous est aussi naturel que la raison ». Il s’agit pour l’Abbé Pluche d’ouvrir les yeux des lecteurs sur les richesses de la nature, afin qu’ils perçoivent « ce que l’éloignement, la petitesse et l’inattention leur dérobaient ».
« La bonté peut être désagréable si elle laisse une piqûre derrière elle. » Katharine Mary Drexel a fait sienne cette maxime enseignée par sa belle-mère. Née dans une famille américaine de philanthropes, la jeune femme apprend au contact de cette femme en lutte contre un cancer en phase terminale, que l’argent des Drexel ne pouvait acheter ni protection contre la douleur, ni contre la mort. Sa vie prend alors un profond tournant.
Par Myriam Bettens | Photo: DR
La vie de Katharine Mary Drexel ne commence pas de la manière la plus simple qui soit. Elle voit le jour à Philadelphie en novembre 1858. Cinq semaines plus tard, sa mère décède. Son père épouse Emma Bouvier. Cette dernière élève « Kate » et ses deux sœurs comme ses propres filles sur un modèle de « féminité chrétienne » et de philanthropie. Elle montre la voie en ouvrant sa maison trois fois par semaine pour venir en aide aux pauvres de Philadelphie. Emma décède en 1883 d’un cancer, suivie de son mari en 1885. Les sœurs Drexel décident d’utiliser les 14 millions de dollars, fortune colossale pour l’époque, pour poursuivre les activités philanthropiques de leurs parents.
Particulièrement sensible au traitement réservé aux Amérindiens, Katharine Mary Drexel cherche à améliorer les possibilités d’éducation dans les réserves de l’Ouest américain. En 1886, elle se rend en Europe pour se former aux dernières techniques d’enseignement. Elle y rencontre le pape Léon XIII et lui demande d’envoyer des religieuses sur le terrain. Le Pape lui propose alors de devenir elle-même missionnaire. En 1887, elle écrit au père James O’Connor, le prêtre de sa famille, pour lui faire part de sa résolution de se consacrer au Christ. L’évêque local suggère la création d’un nouvel ordre au service des Amérindiens et des Afro-Américains. Le 12 février 1891, elle prononce ses vœux en tant que fondatrice des Sœurs du Saint-Sacrement pour les Amérindiens et les Afro-Américains. A sa mort, en 1955, l’ordre dirige 61 écoles, trois maisons de services sociaux et l’Université Xavier de Louisiane, seule université ouverte alors aux Afro-Américains. L’année 1964 marque l’ouverture de sa cause en béatification. Canonisée le 1er octobre 2000, elle est fêtée tous les 3 mars.
Par le chanoine Olivier Roduit | Photos : cath.ch / Raphaël Zbinden, DR
Le chanoine et archiviste Pierre Bourban (1854-1920) avait lu maints textes anciens qui racontaient les origines du monastère agaunois. Ces documents évoquaient des constructions inconnues dont les fondations devaient bien subsister. En 1896, aidé par des étudiants, il commença à creuser dans ce qui était encore la cour de récréation du Collège. Le site du Martolet révéla peu à peu ses trésors archéologiques. Les fondations des anciennes basiliques apparurent, permettant la compréhension des vieux écrits. Bourban eut la surprise de découvrir, réutilisées dans les constructions, des stèles portant des inscriptions latines. Leur étude révéla la présence d’une vie religieuse à l’époque celtique, bien avant Jésus-Christ. On trouve à Agaune des traces du culte de la tribu des Nantuates qui furent colonisés par les Romains et leurs divinités Jupiter, Mercure et autres Nymphes. Celles-ci disparurent avec la christianisation et la construction des quelque dix basiliques qui se succédèrent dès le IVe siècle.
Aujourd’hui, grâce au progrès des sciences archéologiques, historiques, linguistiques et muséographiques, visiteurs et pèlerins peuvent lire et comprendre plus de 2’000 ans d’histoire religieuse vécus sur le site de Saint-Maurice d’Agaune.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Jésus de Nazareth Benoît XVI
Benoît XVI examine la vie de Jésus rapportée dans les Evangiles pour y discerner le Jésus historique. De façon très concrète, il éclaire les questions fondamentales que l’on se pose tous, comme les raisons pour lesquelles ce monde apparaît si imparfait, plein d’injustices ou pourquoi Dieu ne manifeste pas de manière plus évidente son existence. Ce livre se découvre par courts chapitres accessibles qui nourrissent autant la réflexion que la méditation. En cela, il peut tout à fait répondre aux attentes d’un lecteur moderne qui n’est pas féru de théologie, mais veut en savoir davantage.
75 ans après leur découverte du printemps 1947, les manuscrits de la mer Morte continuent de mobiliser de nombreuses équipes de chercheurs dans le monde. Une recherche fructueuse puisque l’étude des textes, l’archéologie et l’interprétation du site de Qumrân, avec l’appui des nouvelles technologies, livrent ainsi de nouveaux enseignements. Le Monde de la Bible a demandé à des chercheurs d’universités européennes et américaines de nous révéler ce que l’on avait appris de nouveau sur les fameuses grottes, sur le texte du maître de Justice, sur ce que disent les textes araméens ou ce que l’intelligence artificielle a pu nous apprendre du monde des scribes de Qumrân.
Un Carême pour mieux aimer Don Montfort de Lassus Saint-Geniès
Ce carnet à usage très pratique s’adresse à tous ceux, femmes ou hommes, qui souhaitent utiliser le temps de Carême pour progresser dans l’amour de Dieu et des autres. Il ne propose pas de méthode, n’invite pas à la « performance », mais s’attache plus humblement à mettre le lecteur en condition pour poser des gestes de charité ou améliorer son comportement quotidien. Pendant 40 jours, il propose des extraits de la parole de Dieu, des méditations, des prières, des suggestions concrètes d’attention aux autres et offre des balises pour faire le point régulièrement sur son engagement. Un compagnon fidèle et sérieux pour cheminer vers plus de liberté intérieure.
Carlo est né en Italie. Il aime le foot, les animaux, ses amis et c’est un mordu d’informatique. Il est fasciné par les églises, par la Vierge Marie et son plus grand désir est de recevoir l’Eucharistie ! Il monte des sites internet pour les paroisses. A 15 ans, il est frappé par une leucémie foudroyante. Il ne se plaint de rien. « Le bonheur, c’est d’avoir le regard tourné vers Dieu. La tristesse, c’est d’avoir le regard tourné vers soi-même. » Il meurt le 12 octobre 2006. Cette BD permettra à beaucoup de jeunes de trouver en lui une lumière dans le monde actuel.
L’archéologie biblique consiste en l’étude du passé de la Terre Sainte (actuels Palestine, Israël, Liban, Syrie, Jordanie) et plus généralement de tous les territoires concernés par la Bible. Aujourd’hui, cette discipline se veut objective et les recherches sont effectuées sans préjugé.
Par Pierre Guillemin | Photos : Jean-Claude Gadmer, DR, Flickr
L’archéologie biblique pratiquée dès la seconde moitié du XIXe siècle partait des textes bibliques pour orienter les recherches. Mais en agissant ainsi les archéologues préorientaient leurs recherches introduisant un biais, c’est-à-dire un potentiel manque d’objectivité, dans leur démarche.
De nos jours, les fouilles et recherches sont effectuées sans préjugé, sans lecture préalable des textes, afin de préserver le plus possible l’objectivité de la démarche scientifique. Ce n’est qu’une fois le travail des archéologues réalisé que l’on pourra comparer les conclusions scientifiques avec les textes religieux.
Dans le cas de la Chrétienté, où l’on parle alors d’archéologie chrétienne, le but est de vérifier les vérités essentielles de l’Ancien et du Nouveau Testament par la découverte de vestiges matériels des populations anciennes en cherchant, en fouillant les sols et en faisant les investigations et conclusions scientifiques qui s’imposent, sans interférer avec les textes bibliques ou des Evangiles.
Si l’archéologie, et en particulier l’archéologie chrétienne, se veut scientifique, elle s’appuie sur une démarche précise basée sur les quatre règles fondamentales suivantes (communes à toutes les disciplines scientifiques) : la neutralité, la prise en compte des échecs, le doute et l’expérience pratique confirmant la théorie.
Mais cette démarche qui modèle nos esprits cartésiens n’est pas nouvelle. C’est celle de saint Thomas !
Visites papales
Rappelons-nous : lorsque Jésus ressuscite, Thomas l’Apôtre refuse de croire avant d’avoir vu les preuves de la Crucifixion : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous et si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas. » Jésus répond : « Avance ici ton doigt et regarde mes mains ; avance aussi ta main et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais sois croyant », puis « parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! » (Jean, 24-29).
Parmi les archéologues les plus connus ayant participé significativement à cette archéologie chrétienne, citons le père Michele Piccirillo (1944-2008), franciscain membre des frères Mineurs de la Custodie de Terre Sainte. Il est lié aux découvertes archéologiques du Mont Nébo, la montagne jordanienne d’où Moïse contempla la Terre Promise. Le 9 mars 2000, preuve de la reconnaissance du travail des archéologues et en particulier du père Michele Piccirillo, le pape Jean-Paul II visite le mont Nébo, au cours de son pèlerinage en Terre Sainte, suivi le 9 mai 2009 par le pape Benoît XVI au cours de son voyage apostolique dans la même région. Ces deux visites papales avalisent le travail des scientifiques et leur donnent leur valeur sacrée.
Jean-Paul II a visité le mont Nébo en mars 2000, en compagnie de Michele Piccirillo.
Citons deux exemples significatifs du travail des archéologues et de l’application d’une démarche scientifique à l’archéologie chrétienne.
La maison dite de Jésus à Nazareth
La demeure se situe sur le flanc d’une colline rocailleuse de Nazareth (Israël). Elle est érigée de murs de pierres et de mortier et, d’après les travaux de datation, remonterait au premier siècle de notre ère. Cette maison n’est pas une découverte récente. Elle est connue depuis 1880 par les sœurs du couvent de Nazareth, mais le lieu fait l’objet de nouvelles fouilles depuis 2006. Est-ce la maison où a grandi Jésus ? Les données archéologiques actuelles ne permettent pas de l’affirmer, mais on peut au moins dire que, si Jésus a bien vécu à Nazareth, il a habité dans une maison similaire.
De nombreux objets ont été trouvés sur le site : des morceaux de pots brisés, un volant de fuseau (pour filer la laine et autres fibres de tissu) et des récipients de calcaire. Ces différents indices laissent penser qu’une famille juive y vivait.
Une église a été érigée sur ce lieu, deux siècles après Jésus Christ. Elle porte le nom d’« église de la Nutrition ». L’étude des textes historiques montre que l’édifice fut abandonné vers le VIIIe siècle et tombait en ruine. Les Croisés, arrivés en Terre Sainte au XIIe siècle, ont alors entrepris de le restaurer. Ce qui laisse à penser que Byzantins et Croisés accordaient une importance très grande à ce site.
Mais venant s’ajouter aux conclusions, un document de 670 corrobore le fait qu’il s’agit de la maison de Jésus. Son auteur, l’abbé Adomnan, du monastère écossais de l’île d’Iona (nord-ouest de l’Ecosse), se fonde sur le pèlerinage de l’évêque gaulois Arculfe (pèlerinage de neuf mois réalisé plusieurs années auparavant) qui mentionne une église « là où il y avait la maison dans laquelle le Seigneur a été nourri dans son enfance ».
Mais la recherche historique et scientifique ne peut prouver l’existence d’un évêque gaulois du nom d’Arculfe…
Le tombeau du Christ est situé au cœur de l’église du Saint-Sépulcre.
Le tombeau de Jésus – le Saint Sépulcre
Fin octobre 2016, pour la première fois depuis au moins deux siècles, le tombeau du Christ, situé au cœur de l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, a été ouvert.
Un phénomène inexpliqué s’est alors produit : lorsque la plaque de marbre posée au-dessus du tombeau présumé de Jésus a été déplacée, tous les appareils servant à mesurer la résonance électromagnétique du sol sont tombés en panne (principe de la résonance électromagnétique : en plaçant un objet dans un champ magnétique et en l’excitant avec une onde de fréquence adéquate, on peut connaître, grâce au signal qu’émet cet objet en retour, des détails sur sa composition chimique).
Une fois les appareils scientifiques remis en marche, les investigations effectuées sur le site confirment que les restes des pierres calcaires vénérées par des millions de fidèles comme l’un des lieux les plus saints du christianisme est bien le même site que celui découvert par les délégations de l’empereur romain Constantin, il y a près de 1700 ans.
Le mortier prélevé entre les amas de calcaire à la surface du tombeau et la dalle en marbre qui le recouvre a été daté aux environs de 345 après Jésus-Christ. Selon les récits historiques, le tombeau a été mis au jour par les Romains et recouvert en 326 de notre ère.
Selon des récits de pèlerins, le revêtement de marbre aurait été installé en 1555 au plus tard, et plus probablement au milieu du XIVe siècle.
Quand le tombeau a été ouvert, dans la nuit du 26 octobre 2016, les scientifiques ont été surpris par ce qu’ils ont découvert sous le revêtement en marbre : un autre revêtement en marbre, beaucoup plus ancien et gravé d’une croix, visiblement endommagé et reposant directement sur le tombeau originel en calcaire.
Les nouveaux résultats révèlent que la dalle de marbre inférieure a probablement été cimentée au milieu du IVe siècle sous les ordres de l’empereur Constantin, provoquant la surprise des historiens spécialisés dans l’histoire de ce monument sacré.
Principe fondamental
Les découvertes archéologiques constituent la meilleure source d’informations physiques sur la vie et l’époque des anciennes civilisations. L’archéologie biblique moderne cherche sans préjugé, sans idée préconçue, en respectant ce principe scientifique fondamental : « L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. »
L’église Saint-Joseph de Nazareth est construite sur les vestiges de l’église de la Nutrition érigée sur ceux d’une maison où aurait pu habiter Jésus.
Par Fabienne Gigon, représentante de l’évêque à Genève | Photo : cath.ch
Chère Lectrice, cher Lecteur,
L’artiste Stromae a l’art de surprendre par la dichotomie entre sa musique aux accents pop et les paroles, qu’il compose et chante. Il relève en effet des réalités humaines difficiles, jeux de mots et rimes à l’appui, sur un rythme allant et définitivement dansant.
Le tube n’est pas nouveau, cependant voilà qu’une fois de plus, j’écoute les paroles émanant de ma radio et suis bouleversée de toutes les situations et personnes évoquées par le titre « Santé ».
Démarrant par une sorte de chassé-croisé entre le monde de la nuit dont profitent les noceurs et les personnes qui y travaillent – au service, au vestiaire, … – le chanteur nous emmène ensuite visiter les employés de nettoyage et de la vente au bar, énonçant certaines réactions hautaines auxquels ils doivent faire face. A chaque fois est scandé le refrain « Célébrons ceux qui ne célèbrent pas, j’aimerais lever mon verre à ceux qui n’en ont pas ». Dans la suite de la chanson, il étend encore son énumération aux professions aux horaires irréguliers et de nuit, et à ceux qui ne peuvent, pour diverses raisons, dormir la nuit, et n’ont donc « pas le cœur aux célébrations ».
Que l’on apprécie ou non cette musique, là n’est pas la question. Je salue le courage de l’artiste, qu’on a souvent comparé à Jacques Brel – d’ailleurs lui aussi belge – d’oser des paroles vraies, de dépeindre les travers de notre société, et ce à contre-courant des couplets faciles si souvent dans nos oreilles – celles de la génération X et suivantes en tout cas –. C’est sans doute le son innovant de sa musique qui marque son succès à large échelle. Certaines personnes se déhanchant en boîte de nuit sur son rythme enjoué n’en écouteront peut-être jamais les paroles. Qu’importe, certains le feront et réfléchiront peut-être à la manière dont ils abordent le personnel et quelle reconnaissance ils leur offrent. Stromae joue sa part dans l’avènement d’un monde meilleur. Cela force mon admiration, et m’élance en action de grâce face au Seigneur qui donne soif de justice et les charismes pour y travailler. Oui, heureux les assoiffés de justice, car ils seront rassasiés (Mt 5, 6) !
Quant à moi, je me réjouis que « nos célébrations » permettent toujours un temps pour prier pour le monde – grâce aux prières universelles notamment – et formule un souhait de prendre plus souvent dans ma prière personnelle ces situations difficiles toutes proches de mon quotidien.
Avec l’artiste, je lève mon verre (tisane d’allaitement dans mon cas !) à vous toutes et tous ainsi qu’à ceux qui en sont privés. Par la prière, en passant par la musique et la danse aussi, à votre santé !
PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO: ALPHONSE DARBELLAY
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André occupés à pêcher. Il leur dit: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent, et il les envoya pour que se répande la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.»
Comme eux, le prêtre s’est senti appelé, un jour, et il a répondu « oui ». Il a fait don de sa vie, qui englobe son avenir, ses facultés, ses joies, ses souffrances, ses rêves de foyer, enfin, l’offrande totale de son soi. Le prêtre accepte cet « Allez » de Jésus avec les scénarios et les défis toujours inconnus de cette vocation au service de Dieu et des autres.
Le prêtre vit aujourd’hui dans une société où les inquiétudes sont nombreuses, avec ce sentiment de ne plus être entendu, lorsqu’il parle d’évangélisation. On pourrait affirmer avec Isaïe : « Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler de toi. » Hélas, souvent, la Bonne Nouvelle se dilue dans les forces incontrôlables dues à la fuite en avant de la mondialisation, de l’économie, des technosciences, des médias, des réseaux sociaux, de la perte de notre culture judéo-chrétienne, qui fut à l’origine de notre démocratie, et résultat : ce tout amalgamé vient nous embrumer le cœur et l’esprit.
Le prêtre, en plus de semer le riche trésor de la Parole avec foi, pour faire croître le Royaume de Dieu ici-bas, doit encore trop souvent avoir des facultés entrepreneuriales pour que la paroisse fonctionne bien dans ses besoins et services matériels qui sont nombreux en ce temps de complexités tout azimut.
Le prêtre, comme le dit notre pape François, est celui qui doit veiller jalousement à ne pas se laisser voler l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Evangile et l’espérance ! Il est chargé de nous arracher au pessimisme ambiant, et nous aider à reprendre conscience des trésors et des ressources contenus et offerts lors de la célébration de l’Eucharistie, par les sacrements et dans les Evangiles. Semer, ressemer sans fin la Parole par l’écrit, par la voix, par la patience, tel est le charisme du prêtre. Servir et encore et toujours servir dans la fidélité à la Parole donnée le jour de l’ordination, dans un combat personnel que la vie impose.
Le prêtre, il est vrai, reçoit la grâce et la miséricorde du Père pour être son disciple, et que Sa Grâce est toute-puissante, mais, j’ose penser quand même que « prêtre » est un sacré job !
Pour conclure : revisitons la prière que sainte Faustine a reçue de Notre Seigneur : « Aujourd’hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses ; immerge-les dans mon Insondable Miséricorde. Elles m’ont donné la force d’endurer ma douloureuse Passion ; c’est par elles, comme par des canaux, que ma Miséricorde et mon Amour se déversent sur l’humanité souffrante. »
PAR L’ ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE
«Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Ge 2, 18) dit Dieu dans le premier des livres de la Bible, le livre de la Genèse. Selon saint Paul, l’apôtre est «mis à part» pour exercer sa mission. Comment concilier ces deux injonctions de l’Ecriture? L’Eglise latine a tranché depuis longtemps, imposant à ses ministres la loi du célibat sacerdotal. Le prêtre est un homme «seul». Ainsi le veut la Tradition. De plus, la communauté, les confrères, ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant.
Souffre-t-il parfois de solitude ? Morale, affective ? Poser la question, c’est y répondre. Une disponibilité plus grande est sans conteste laissée à qui choisit cette façon de vivre. Il y a des prêtres qui ne comptent pas leur temps. Mais d’immenses difficultés surgiront dans l’existence de ces hommes seuls si l’équilibre n’est pas trouvé. L’histoire de l’Eglise est affligée d’incessants problèmes à ce propos, de scandales, même. Ces comportements déviants n’évangélisent personne.
Dans l’Eglise de Rome, on ne sait, on ne veut résoudre ces problèmes récurrents. On préfère que l’Eglise se meurt et se suicide petit à petit plutôt que de réformer ce qui doit l’être. Que restera-t-il de notre Eglise d’ici 20 ans ? J’imagine – mais qui suis-je pour me permettre un avis sur la question – l’existence d’un clergé marié, sur le modèle de celui qui anime les paroisses de l’Eglise d’Orient, ce qui n’empêcherait pas que des prêtres célibataires déploient leur charisme, dans le cadre de communautés fraternelles suivant une règle.
Vivons dans la sérénité et l’harmonie, quel que soit notre état de vie, en cultivant l’essentiel, notre foi en Jésus-Christ, dispensateur de vie et d’amour. Que celui-ci comble chacun !
Par vœu, par choix ou par nécessité, la solitude se vit comme une compagne agréable ou comme une souffrance au quotidien. Que ce soit le jeune en recherche de partenaire pour la vie ou la personne âgée ayant perdu son conjoint, nombreux sont ceux qui expérimentent le silence et l’absence à la place d’une relation suivie et complémentaire. Au moment où ce thème est abordé dans la rubrique «éclairage» de notre magazine, il nous a semblé important de donner la parole aux prêtres qui desservent notre secteur pour qu’ils partagent avec nous quelques réflexions sur leur «solitude».
Par l’Abbé Gildas tchibozo
Dire que le prêtre est seul, cela me dérange un peu ; et pourtant, c’est quelquefois la réalité.
Au sens théologique du terme, il est bien vrai que le prêtre n’est jamais seul. Avant de s’en aller vers son Père, Jésus faisait cette promesse aux disciples: «… Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)
Par ailleurs, l’Apôtre Paul affirme dans sa Lettre aux Galates (5, 20): «Si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Donc, en réalité, le prêtre ne devrait jamais se sentir seul ou solitaire. Il est sans doute isolé, du fait qu’il incarne une réalité, que je qualifierais de «mystique», qui gêne les gens de notre époque.
Me sentir seul et isolé, oui, cela m’est pourtant arrivé plusieurs fois ! Je donne juste deux témoignages.
Le premier, c’est quand on m’affecte pour aller d’une paroisse à une autre. Là, je me rends compte que je suis seul, et que je dois y aller seul !
Le deuxième témoignage, c’est surtout après les grandes célébrations paroissiales. L’église est remplie de fidèles (à la sortie de la messe, les paroissiens attendent volontiers pour des échanges, ou même pour l’apéro). Mais, quelques minutes après, la paroisse est vide et je me rends compte que je dois retourner seul à la cure, dans ma chambre. Malgré la présence des confrères prêtres, je me sens seul ; et c’est sans doute aussi leur ressenti. Chacun se sent seul face à lui-même. Néanmoins, en reprenant mes esprits, je culpabilise de me laisser gagner par un tel sentiment, alors que j’ai pleinement conscience que le Christ est en moi et il est avec moi de façon permanente, que j’appartiens à un corps sacerdotal, à une famille biologique, et aussi ecclésiale qui m’entourent. Pourtant, je suis seul ! Alors, j’ai compris il y a fort longtemps que la solitude du prêtre ne se trouve pas dans le fait de son état de vie, comme célibataire, mais plutôt dans son état d’être, en tant que configuré au Christ, seul à Gethsémani, seul sur la croix. Depuis lors, je vis ma solitude avec beaucoup de joie, surtout grâce à la bienveillance des paroissiens qui comprennent mes limites humaines.
Par Joseph Voutaz
Pour moi il y a une bonne et une mauvaise solitude.
La mauvaise solitude correspond à l’isolement et à la fatigue. Elle est un cercle vicieux qui me plonge dans l’activisme. Même si je croise du monde, le cœur reste vide. Le remède consiste à prendre du temps en face de Dieu pour lui confier ma vie et mon cœur.
La bonne solitude correspond au ressourcement. Dans mon ministère, je croise tant et tant de visages que j’ai parfois besoin de prendre du recul. Etre seul, prendre du recul, prier, ça fait du bien : Jésus prenait lui même des temps prolongés de prière.
J’ajoute que la vie communautaire (pas toujours facile cependant !) est un cadeau inestimable qui fait que je ne me sens jamais vraiment seul !
Par René-Meinrad Kaelin
En complément des articles de Joseph et de Gildas, qui parlent davantage de leur vécu, je vous donne un regard vertical, spirituel sur la solitude du prêtre.
Par rapport à tant et tant de personnes qui vivent dans une profonde solitude et qui en souffrent tant et plus, je pense que la solitude du prêtre est très différente.
D’abord, elle est CHOISIE : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. » Cette solitude n’est pas stérile… elle nous permet de porter du fruit et d’être écouté-exaucé par le Père.
Cette solitude est HABITéE. Le prêtre, fidèle à son engagement, peut dire comme Jésus : « Je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec Moi. » (Jn 8, 16)
Et il y a la promesse merveilleuse du Christ à Pierre : « Pierre se mit à lui dire ; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mt 17, 27-29)
La promesse : recevoir au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des frères, des sœurs, des mères… des enfants…
Je pense ici, à la communauté qui nous entoure et qui nous porte : la communauté bernardine de ma famille religieuse… la communauté de la famille paroissiale… Il y a aussi toutes les personnes avec lesquelles nous nouons un profond contact par le biais du ministère sacerdotal.
NON NON, je ne suis jamais seul avec le Seigneur, mon Bon Pasteur… !
«La solitude du prêtre…» Vaste sujet, important et ô combien délicat.
Merci aux chroniqueurs(euses) qui vont s’y risquer, dans L’Essentiel de ce mois !
– «La solitude, ça n’existe pas» chantait haut et fort Gilbert Bécaud. Pas d’accord avec toi, l’ami. Désolé.
– «Quand vous butez sur toutes sortes d’épreuves, pensez que c’est une grande joie.» (Jc 1, 2) Là encore, je décroche… Dieu me pardonne!
– «Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel , écrivait une femme de lettres… Là aussi, je peine à avancer!
C’est alors que me tombe du ciel un article de journal, signé de l’abbé Jean-René Fracheboud: «Notre vie passe par d’impressionnantes variations climatiques. Au temps des hautes pressions, peuvent succéder des périodes de basses pressions, des dépressions, le brouillard…»
Et que dire de ces quelques lignes de Guy Gilbert. «Rien n’est plus petit, plus fragile qu’un prêtre: l’isolement affectif, la solitude et un ministère asséchant, peuvent le tuer. Par voie de conséquence, il peut déraper tragiquement…»
Quant au dernier livre de Mgr Daucourt «Prêtres en morceaux», c’est un cadeau du ciel… et je vous le recommande chaudement! Des remèdes à l’isolement du prêtre existent, Dieu merci. Davantage de contacts personnels, l’Eucharistie vécue en profondeur et non célébrée par routine, plus d’humilité. «Le prêtre est serviteur et non sauveur du monde.» (G. Daucourt)
Oui, il faut le savoir, des prêtres souffrent de solitude, pour des raisons diverses.
ALORS dites-leur que vous les aimez, que vous les aimez comme ils sont, rien de plus, rien de moins!
«Nul n’est trop pauvre, pour ne rien avoir à donner ; nul n’est trop riche pour ne rien avoir à recevoir.» (op. ci.)
Un évêque avait dit un jour à ses prêtres: «Faites ce que vous pouvez faire, et ce que vous pouvez faire, essayez de bien le faire.»
Une chose est certaine, et saint Paul nous le rappelle: «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.»
Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse.Rencontre avec Killian Bianchi, jeune Sédunois de 24 ans, passionné et engagé.
ENTRETIEN: JOËLLE CARRON PHOTO: DR
Killian, tu es le premier jeune à être devenu JB (Jeune Bénévole en Eglise), lors du lancement de ce label diocésain, il y a quatre ans. La première volée « JB 3 » (dès 18 ans), dont tu fais partie, se termine bientôt. Tu encouragerais d’autres jeunes à s’y lancer ? L’aventure JB, c’est extraordinaire ! On y grandit, on apprend. Les JB, c’est valoriser ses compétences, les découvrir et les développer ; mais aussi approfondir sa foi grâce à la Bible et à la théologie. Cette expérience unique a changé ma vie.
Etre chrétien, en tant que jeune, on doit l’assumer, comme un petit coming out. Et en même temps, c’est tellement beau ! On peut faire comprendre la Parole de Dieu de mille et une manières, une bonne nouvelle dans ce qu’on fait.
J’aimerais continuer. Coacher des JB 2 (dès 16 ans). Me mettre au service de l’autre et continuer mes engagements JB sur ma paroisse Saint-Guérin (Sion).
Depuis novembre 2020, tu es aussi conseiller général de la Ville de Sion. Mon engagement politique est complémentaire à ma foi. Il vient de mes tripes et met en jeu des valeurs importantes pour moi : l’intégration, la solidarité, l’égalité, la défense des droits des minorités. J’ai commencé par m’engager comme membre du comité des Jeunesses socialistes du Valais romand, puis suis devenu vice-président du PS sédunois. Ma présence au Conseil général me permet de représenter la population et de porter la voix de ceux qu’on écoute peu.
Tu es responsable des finances de La Maisonnée, une structure qui accueille des femmes et des enfants en difficultés financières, psychiques et/ou sociales. Quel rapport avec ta foi ? L’association La Maisonnée est d’identité ecclésiale, même si nous accueillons des femmes de toutes origines et convictions. Notre appel de chrétien est de nous mettre au service de l’autre, de manière très concrète ; ainsi nous offrons à ces mamans et enfants sécurité, logement et accompagnement. L’intuition de La Maisonnée est née au festival Theomania… Si ce n’est pas ça la grâce de Dieu ! Depuis sa création, Il est avec nous à chaque étape de la maison, chaque fois que nous avons osé espérer. Et notamment en termes de financement ! Il nous donne aussi toujours la force, la motivation de continuer.
Tes lieux, tes espaces de ressourcement ? Les gens… Et le chant. Je suis passionné de musique. La reprise prochaine des répétitions du Chœur des Jeunes est une joie énorme, avec des jeunes magnifiques.
Le message de Killian : « La joie vient du don », une phrase de Mère Teresa !
Pourquoi la chandeleur est-elle appelée « fête des crêpes » ? 40 jours après Noël, la Chandeleur ou fête des chandelles commémore la présentation de Jésus au Temple. A l’issue de ce rituel juif, Syméon, en prophète, voit en cet enfant « la lumière des nations ». Le symbole de la lumière est au cœur de la célébration. Quant aux crêpes, cela provient d’une tradition agricole où on avait coutume, au début février, d’utiliser le surplus de farine pour cuisiner des crêpes, symboles de prospérité des récoltes à venir.
par Pascal Ortelli
Humour
Oin-Oin exerçait le métier de vétérinaire. Une nuit, il fit un rêve qui réveilla sa femme. « Qu’est-ce qui t’arrive, lui dit-elle, tu as crié quelque chose qui m’a réveillée. Si je me souviens bien, tu as dit tout fort : « Justine. » « Ah oui, répondit Oin-Oin, c’est le nom d’une vache malade que je ne pourrai certainement pas sauver. » Le soir même, Oin-Oin revient à la maison. Sa femme est furieuse. « Est-ce qu’il y a du courrier pour moi ? » lui dit Oin-Oin. « Non, répondit sèchement sa femme. Ah si, la vache malade, Justine. – Ouais, quoi alors ? – Elle a téléphoné !
Il y a solitude et solitude. Quand Jésus dit aux apôtres, de retour de mission : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31), c’est d’un isolement bénéfique de ressourcement, auprès du Père, qu’il leur parle.
Car, aujourd’hui encore pour les agents pastoraux laïcs ou ordonnés, les sollicitations peuvent s’avérer si nombreuses qu’ils se sentent littéralement « mangés » et que, comme les disciples de l’époque, ils ne trouvent même plus le temps de s’asseoir pour partager le repas et de se reposer. Le risque de l’épuisement guette alors, avec l’impression de « brûler » toutes ses énergies apostoliques (le « burn-out »).
Le Fils de l’homme leur en donne lui-même l’exemple, puisqu’il n’hésite pas à se retirer en barque dans un espace à part (6, 32). Mais les foules le devancent, si bien qu’en débarquant, il voit une populace si nombreuse qu’il en a pitié et que, pris aux entrailles, il multiplie pour elle l’enseignement et les pains, tellement elle ressemble à un troupeau sans berger (6, 34).
D’ailleurs le Christ, après avoir rassasié et nourri la multitude et fait embarquer à nouveau les douze, s’isole à son tour et gravit la montagne pour y prier (6, 45-47). Sans des temps de face à face avec la Trinité Sainte, « des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, affirme le pape François, les tâches [de l’évangélisation] se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint » (La joie de l’Evangile, no 262). Ne consacre-t-il pas lui-même une heure par jour à l’oraison ?
Ce dont par contre peuvent souffrir les agents pastoraux, c’est au contraire d’une mise de côté qui les prive des relations interpersonnelles indispensables pour leur équilibre personnel. Le ministère ne se tisse-t-il pas de partages missionnaires avec des groupes et des assemblées de toutes sortes et d’échanges profonds avec des ami(e)s, des confidents et un accompagnateur spirituel ?
Il s’agit donc de bien doser les réalités entre fréquentation intime de l’Esprit dans le secret de sa chambre et contacts vivifiants avec des personnes de confiance.
Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin
Des livres
Confidences de prêtres Jean-Marie d’Hébrail
Qui sont nos prêtres ? Qu’est-ce qui les anime ? Comment ont-ils reçu et accueilli ce mystérieux appel à la vocation ? Qu’ont-ils dans le cœur ? Quelles sont leurs joies et leurs souffrances aujourd’hui ? Afin de le découvrir, Jean-Marin d’Hébrail s’est adressé à plusieurs dizaines d’entre eux, en leur posant quelques questions simples, les mêmes à chacun, et en les laissant s’exprimer, une fois n’est pas coutume, sur eux-mêmes. Et l’on découvre, au fil des pages, des témoignages émouvants, des traits parfois communs autant que des histoires originales. Mais surtout des cœurs immensément ouverts à une joie profonde qui ne lasse pas de désigner Celui à qui ils ont consacré leur vie.
On ne naît pas prêtre. On le devient. C’est un chemin ardu, semé d’écueils. La vocation peut devenir une impasse. Le service, un poids. Les prêtres sont des frères comme les autres. Il arrive aussi qu’un prêtre se brise. Qu’il rencontre la difficulté, connaisse la rupture, doive faire face à un désarroi qui le mine de l’intérieur et sape une à une les relations qui le fondent : avec son évêque, avec ses frères dans le sacerdoce, avec ses collaborateurs laïcs, avec ses amis. Et avec Dieu lui-même. Il s’éprouve alors comme en morceaux. Comment peut-il faire pour retrouver son unité, son intégrité, son identité ? Ce livre aborde quelques pistes pour y répondre.
Ecouter Thérèse en parler et la suivre pas à pas, de son enfance à son dernier souffle, voici le chemin que Véronique Gay-Crosier nous propose d’emprunter à sa suite. Comprendre comment, dans cette courte vie, de sa toute petite enfance à son départ pour le ciel, à vingt-quatre ans, la jeune Thérèse a révolutionné la conception de la sainteté par son cheminement intérieur ; par quelle innovation de charité elle a pu transfigurer la vertu et la mortification en véritable amour ; par quel regard sur les fautes, l’abandon et la faiblesse humaine, elle en fait des occasions de croissance et d’union à Dieu.
Cœur enflammé Une vie de Saint Philippe Néri Florent Jacques et MariaMaris
Qui est ce prêtre surprenant qui arpente les rues de Rome en lançant des plaisanteries aux passants et emmène son chat à la messe ? A son contact, des cardinaux aux habits de luxe se retrouvent lavant les pieds des indigents et des étudiants fêtards lâchent leurs bouteilles pour adorer le Saint Sacrement ! Doté d’un sens de l’humour improbable, véritable amoureux de Dieu, Philippe Néri reste, encore aujourd’hui, un personnage inspirant pour les chercheurs de Dieu en tout genre. Cette BD nous invite à mieux le connaître et à l’aimer.
L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.
PAR DOROTHÉE THÉVENAZ GYGAX, REPRÉSENTANTE DE L’ÉVÊQUE POUR L’ÉCOLOGIE DU DIOCÈSE DE LGF PHOTOS: DIOCÈSE LGF, DR
L’écologie intégrale, telle que l’a définie le pape François dans son encyclique Laudato Si’, reconnaît que tous les aspects du monde naturel sont interconnectés. En tant qu’êtres humains, nos actions ont donc un impact considérable sur le vivant. Le Pape nous appelle à un changement radical de nos modes de vie et de nos systèmes économiques afin de faire face à la crise climatique et la perte de la biodiversité auxquelles notre planète est confrontée.
L’un des aspects essentiels de ce changement est la nécessité de réformer notre système alimentaire industriel actuel. Ce dernier repose sur la production à grande échelle de monocultures et l’utilisation intensive d’intrants chimiques qui dégradent l’environnement. En outre, les systèmes agricoles et alimentaires sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre.
Une alternative que promeut la prochaine campagne œcuménique d’Action de Carême et de l’EPER est l’agroécologie. Cette approche globale offre une transition vers des systèmes alimentaires durables et équitables. L’agroécologie garantit une production d’aliments sains, qui préserve la fertilité des sols, favorise la diversité biologique des semences et nécessite peu de ressources naturelles. Elle vise à optimiser les interactions entre l’être humain et son environnement, à privilégier les circuits courts. Sur le plan social, l’agroécologie renforce l’autonomie et la souveraineté des acteurs agricoles.
En soutenant une agriculture paysanne de proximité, des méthodes agricoles durables et en privilégiant la variété de nos aliments, nous favorisons la transition vers des modèles économiques qui encouragent la solidarité et le respect des ressources naturelles.
Tour à tour, les prêtres du secteur pastoral s’adressent directement aux lecteurs et confient leur méditation sur un thème de leur choix. C’est le curé de la paroisse de Crans-Montana que nous écoutons ce mois-ci; il fait écho au thème choisi par l’équipe romande de rédaction du bulletin L’Essentiel.
PAR L’ABBÉ ALEXANDRE BARRAS
Lors d’une conversation, au début de mon ministère, j’avais abordé le thème et l’importance de prier pour les prêtres. A mon grand étonnement une personne m’avait répondu : « On n’a pas besoin de prier pour les prêtres ! » J’avais rétorqué de l’importance de cette dernière pour notre vie spirituelle et humaine. Etre porté par la prière des fidèles donne un élan à notre engagement sacerdotal. On sent que nous sommes utiles et nécessaires à vous tous. Ne l’oubliez pas, nous sommes comme vous avec nos joies, nos peines, nos questions, nos fatigues… Etre serviteur du Seigneur n’enlève en rien l’humain en nous. Voilà pourquoi nous pouvons souffrir de solitude, d’abattement, de tristesse. Comme tout un chacun les années passent et amènent leur lot quotidien et nous changeons aussi sur la vision de la vie, du ministère, de la foi, sur les hommes et les femmes de notre temps. Pour cela nous essayons d’être toujours plus greffés sur le Christ. Une intimité à renouveler chaque jour comme le oui des fiancés donné et reçu le jour de leurs noces. Le prêtre doit cultiver sans cesse cet amour de Dieu et organiser sa vie en veillant à ce que tous les éléments humains, spirituels forment un tout harmonieux évitant ainsi des manques ou des vides qui peuvent être dangereux pour lui-même. Nos prédécesseurs étaient ancrés dans leur village et connaissaient tout le monde. Ils se retrouvaient à tous les événements heureux ou malheureux du village. Aujourd’hui, malheureusement, ce n’est plus le cas dû à la déchristianisation galopante et de l’indifférence généralisée sur le fait religieux.
Nos évêques ne devraient-ils pas prendre exemple sur Notre Seigneur Jésus Christ qui envoya deux par deux ses disciples en mission et pas un par un ?
J’ai eu cette grâce de pouvoir toujours compter, et encore aujourd’hui, sur des familles, des personnes qui étaient là pour moi. Elles m’apportent leurs visions du monde. Elles me bousculent par des questions et des interrogations sur l’Eglise et tous les thèmes d’actualité. Elles sont là pour partager un moment de joie et d’amitié.
Alors chers fidèles pensez à prier pour nous les prêtres. Invitez-nous pour un verre ou un moment de rencontre ça fait du bien pour nous et certainement pour vous aussi. Salve
La « Petite Mère Noire », plus connue sous le nom de Joséphine Bakhita, a vécu bien des tourments avant d’être élevée au rang de sainte. Canonisée en l’an 2000 par le pape Jean-Paul II, la Soudanaise est devenue la première sainte africaine non martyre et symbolise, à bien des égards, le destin de tout un continent.
PAR MYRIAM BETTENS | PHOTO: DR
Bakhita. Traduisez : « La chanceuse ». Un euphémisme pour celle qui a été arrachée à la chaleur de son foyer à l’âge de sept ans (vers 1877) par des négriers pour être vendue comme esclave.
Le choc est tel qu’elle en oublie son nom de naissance et sa langue maternelle. Renommée Bakhita par ses geôliers, elle passe de main en main jusqu’à atterrir chez le consul italien de Khartoum. Celui-ci la traite avec bienveillance et lui donne le prénom de Joséphine.
Education catholique
Poussé par les prémisses d’une révolution, le fonctionnaire rentre en Italie. La jeune fille le suit. Au port de Souakin, le consul retrouve l’une de ses connaissances, le commerçant Augusto Michieli accompagné de son épouse, à qui il offre Bakhita. L’esclave soudanaise rejoint alors la Vénétie avec ses nouveaux maîtres.
En moins d’un an, la famille multiplie les allers-retours entre l’Italie et le Soudan. Alors que Maria Michieli se rend une nouvelle fois à Souakin, elle confie Bakhita et sa fille aux sœurs canossiennes, qui dirigent un institut à Venise.
C’est là que commence l’éducation catholique de l’esclave, sous l’œil bienveillant de la sœur supérieure. Bakhita découvre Dieu, à qui elle vouera le reste de son existence.
Patronne du Soudan
Au bout de neuf mois, Maria Michieli fait son retour avec la ferme intention de récupérer sa propriété. Pour la première fois de sa vie, l’esclave ose dire « non ». A l’issue d’un procès retentissant au cours duquel Maria Michieli veut faire valoir ses droits, un procureur prononce l’affranchissement de la Soudanaise. En Italie, l’esclavage n’existe plus. Nous sommes en novembre 1889, Bakhita a vingt ans, elle est libre. L’année suivante, celle que tout Venise surnomme la Madre moretta est baptisée, confirmée puis reçoit la communion.
En 1895, à Vérone, elle prend l’habit des sœur canossiennes et reçoit la médaille de l’ordre des filles de la Charité. Béatifiée le 17 mai 1992, Jean-Paul II la déclare trois ans plus tard, patronne du Soudan, avant d’instruire son procès en canonisation en octobre 2000. Elle est fêtée le 9 février.
La Vierge et l’Enfant Jésus (basilique du Saint-Valentin à Lausanne) s’inspire des techniques du Moyen-Age. Il n’y a pas de recherche de profondeur : la Vierge et Jésus sont sur le même plan, sans profondeur.
TEXTE ET PHOTO PAR PIERRE GUILLEMIN
L’une des plus grandes inventions mathématiques dans le domaine de l’art et donc dans l’art sacré est certainement la représentation de la perspective.
Les mathématiques, la peinture et le dessin sont étroitement liés non seulement dans leurs fondements théoriques, mais aussi dans leurs applications pratiques. La base des techniques de perspective repose sur deux théorèmes de géométrie fondamentaux : Pythagore et Thalès.
Représentation du réel
Pour mémoire, la connaissance de la perspective ne progresse pas pendant le Moyen-Age, où l’aspect symbolique prédomine sur la représentation du réel. Il n’est donc pas anodin que les artistes italiens des XIVe et XVe siècles (Giotto, Donatello…) utilisent les premiers principes de perspective définis par Leon Battista Alberti (1404-1472) en même temps que le nombre zéro apparaît dans les traités de mathématiques de l’époque. Dans son ouvrage « De Pictura » (1436), Leon Battista Alberti recommande « qu’un peintre soit instruit, autant que possible, dans tous les arts libéraux, mais […] surtout qu’il possède bien la géométrie ».
Léonard de Vinci, dans son « Traité de la peinture » (vers 1500), écrit : « Le jeune homme (l’apprenti peintre) doit d’abord apprendre la perspective, ensuite les proportions de toutes les choses », car « la perspective est bride et gouvernail de la peinture ».
Art et sciences se mêlent alors pour une maîtrise des apparences. L’idée de représenter une scène réaliste prend alors toute sa dimension dans l’art : les personnages sont dans un contexte (paysage, bâtiment, assemblée…) et leur importance se mesure à leur place dans l’espace.
Par perspective, on entend une modélisation calculée du dessin qui permette de « perspicere » : c’est-à-dire de voir au travers.
Invitation à voir autrement
Le mathématicien Johann-Heinrich Lambert (1728-1777) dont l’œuvre mathématique, scientifique et philosophique est considérable, – originaire de Mulhouse, cité-Etat alors rattachée à la Suisse –, pose définitivement dans ses publications les éléments clés de la perspective comme étant à l’intersection entre la géométrie, la pratique du dessin, l’esthétique et la philosophie et qui finalise l’ensemble des recherches sur le sujet. Tous les autres traités parus depuis s’inspirent de son œuvre.
La perspective ne nous surprend donc plus ? Suivant les travaux de Lambert, mathématiquement non, artistiquement oui ! D’où les peintures et vitraux de Chagall, les peintures de Picasso, Dali, entre autres, qui transforment notre vision « naturelle » de la perspective et nous invitent à voir autrement.
«Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau.» Cette recommandation de saint Paul (Ac 20, 28) invite les responsables de communauté à prendre soin d’eux-mêmes. Beaucoup de prêtres, aujourd’hui, ressentent une réelle solitude et un découragement face à la mission qui leur est confiée.
PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS: PXHERE, DR
« Il est à peine 19h, j’ai cinq heures devant moi avant la messe de minuit. Nous sommes le soir de Noël et je suis seul. Aucun de mes paroissiens n’a songé à m’inviter, pour partager avec sa famille le dîner de Noël. Puis-je le leur reprocher ? Cela ne leur est tout simplement pas venu à l’esprit. Le soir de Noël est un soir réservé à la famille, à l’intimité et je ne suis pas de leur famille. Je ne suis l’intime d’aucun. Pour tous, je suis mis à part, séparé. Ma famille est au loin, je la retrouverai demain pour un goûter chez mes parents. En attendant, je suis un homme seul le soir de Noël. »
Ce témoignage d’un prêtre de mes amis nous invite à considérer d’autres solitudes plus conséquentes et plus dramatiques. L’actualité récente de l’Eglise catholique, en France, mais aussi dans d’autres pays comme l’Inde ou les Etats-Unis, a été marquée par plusieurs suicides de prêtres. Chaque histoire individuelle a des causes parfois intimes et inconnues, mais une prise de conscience progressive émerge dans l’Eglise quant à la nécessité de prêter une attention plus forte aux fragilités psychologiques des prêtres et des religieux, dans un contexte de pression sociale et médiatique qui est une source d’épuisement pour beaucoup.
Pression médiatique
Le dimanche 3 février 2008 au soir, un prêtre de Neuchâtel se donne la mort. Il ne supportait plus la pression médiatique, dit son entourage. Lors de la cérémonie funèbre de la veille à la basilique de Neuchâtel, le beau-frère du défunt prend la parole et accuse ouvertement les médias. Le prêtre, dit-il, a été « poursuivi par cette horde de journalistes, dont il sentait le souffle derrière lui ». Mgr Genoud avait lui aussi accusé les médias dans une émission de la « Télévision suisse romande », « Infrarouge », par ces mots : « Parfois, la rumeur tue ! »
Pression sociale
Il y a bien sûr l’éternel débat sur la possibilité de laisser le choix entre le mariage et le célibat, ce dernier étant vu, selon certains, comme la source de tous les maux. Ce n’est pas l’avis de l’Abbé Vincent Lafargue qui affirme fermement que la grande majorité des prêtres ne sont pas malheureux parce qu’ils sont célibataires, bien au contraire. Selon lui, les médias mettent trop souvent en lumière des cas qui ne sont pas forcément représentatifs. « Pourquoi toujours donner la parole à des prêtres qui le vivent mal ou qui ont quitté l’Eglise pour se marier ? », s’interroge le prêtre valaisan. Si le célibat des prêtres est source d’une grande fécondité dans l’Eglise, « ce choix de vie nous met également dans une grande vulnérabilité », explique un autre confrère. « Ne pas éprouver la tendresse d’une épouse, ne pas voir les enfants de sa propre chair, rentrer chaque soir seul chez soi et se coucher dans un lit vide, aucune main à serrer dans la sienne. Tout cela fait de nous des hommes fragiles. »
La vie d’un prêtre a toujours comporté une forme de solitude. Mais aujourd’hui, avec des églises de campagne quasiment vides et froides, sa figure décriée et ridiculisée dans les médias, une opinion publique indifférente ou défavorable et la crise des vocations, un prêtre se sent souvent plus que seul, il se sent abandonné. L’archevêque d’Oviedo en Espagne, Mgr Jésus Sanz, déplore « la méfiance et le mépris dans lesquels sont parfois tenus les prêtres au sein de la société, où on est passé d’une période où le prêtre était considéré avec respect et vénération, à une étape dans laquelle il ne compte pas et où l’Eglise en général, le curé en particulier, sont à bannir ».
La solitude des prêtres âgés
« N’oubliez pas les sœurs et les prêtres âgés », avait lancé le Pape lors de l’une de ses homélies. Souvent, ces prêtres se sentent inutiles, parce qu’ils n’ont plus de mission. Un de mes confrères m’a confié : « Je ne sers plus à rien. » La plupart d’entre eux attendent le plus tard possible avant de rentrer en communauté ou de rejoindre un EMS et le font parce qu’ils n’ont plus le choix, confrontés notamment à un état de dépendance. C’est difficile pour eux parce qu’ils ont eu une vie enrichissante, stimulante, ont eu beaucoup de contacts au cours de leur ministère et ils se retrouvent isolés. De plus, certains d’entre eux ne peuvent plus célébrer la messe.
Le fléau des agendas complets
La diminution du nombre de prêtres en Occident, ces dernières années, fait qu’ils sont souvent écrasés de travail avec des territoires très grands à parcourir ou plusieurs paroisses. Même s’ils ont des relations chaleureuses avec leurs paroissiens ou leurs collaborateurs, ils peuvent éprouver durement la solitude, lorsque le soir, ils regagnent leur presbytère vide et qu’ils doivent se préparer le repas. La réalité nous montre que cette fatigue, ce stress permanent peuvent mener au découragement, au reniement, à l’abandon. Pourtant, il est possible d’y faire face. Un curé du diocèse de Sion témoigne : « Ce qui me pousse à continuer et à trouver de la joie et de la confiance, ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages, les rencontres. Pour moi, l’important et l’essentiel est de rester en relation avec Dieu et avec les autres. C’est aussi la certitude que c’est Jésus qui conduit son Eglise et donc mon ministère. »
La solitude positive
Pourtant, la solitude fait partie de notre existence. L’expérience montre qu’elle n’est pas toujours négative : nous la recherchons parfois comme un bien précieux, nécessaire pour prendre du recul, réfléchir, prier. Beaucoup de prêtres que j’ai rencontrés m’ont transmis leur joie de retrouver leur cure comme un havre de paix et de repos après des journées harassantes et épuisantes. L’un d’eux m’a même déclaré : « Je suis un privilégié quand je pense aux pères et mères de famille qui rentrent chez eux et qui doivent gérer leur soirée avec les devoirs des enfants à surveiller, partager leur jeu et les mettre au lit après une journée fatigante. » Un autre estime « que la solitude est un espace de silence, de disponibilité, de rencontre, préservé contre l’envahissement du trop-plein. J’aime marcher seul en montagne. J’aime prier seul comme le Christ. J’aime et je recherche cette solitude qui est ma véritable condition devant Dieu ».
Quelques pistes pour mieux gérer la solitude
Les fragilités psychologiques de certains prêtres, souvent liées à des tensions relationnelles et au risque de solitude affective, sont prises en compte d’une façon de plus en plus sérieuse par l’Eglise catholique. Alors que la place de la psychologie dans la formation des prêtres suscitait autrefois une certaine méfiance, elle est aujourd’hui souvent considérée comme une ressource précieuse pour vivre un sacerdoce équilibré et durable. On peut aussi trouver des ressources dans la famille du prêtre, de ses parents, de ses frères et sœurs. Ce sont ceux qui le connaissent le mieux et qui peuvent comprendre ses difficultés. Il y a aussi la paroisse qui doit créer autour de lui une véritable fraternité en l’aidant à trouver les bonnes orientations pour sa communauté. Il y a enfin l’amitié sacerdotale (voir l’encadré) qui est précieuse et que chaque prêtre devrait cultiver par des repas en commun, des rencontres régulières et des loisirs bienfaisants.
Une main secourable
Un prêtre victime d’une dépression a pu retrouver son équilibre et sa joie de vivre grâce à un confrère qui est venu le seconder en paroisse durant sa maladie. Voici ce qu’il écrit : « Cher ami, tu es un prêtre qui m’a permis, avec la prière et l’amitié de tous nos chers paroissiens aux mille visages, à émerger, à retrouver souffle et énergie pour continuer ce ministère qui nous est commun et qui est la plus belle vocation du monde. Tu as été pour moi le bon samaritain. Je t’en suis à jamais reconnaissant. »
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