La « confession de Saint-Pierre » est une chapelle de la basilique Saint-Pierre qui est, selon la tradition, édifiée sur le tombeau de l’apôtre Pierre.
Par Thierry Schelling | Photos : DR
En février 2022, le pape François écrit une lettre pour le bicentenaire de la naissance du grand archéologue de l’histoire des premiers temps chrétiens, de Rossi, rappelant que la connaissance de l’histoire de l’Eglise est le meilleur antidote contre les extrémismes de tous acabits, et qu’il est du devoir de Rome de préserver son histoire dans la pierre, innombrable et riche.
Catacombes et nécropoles
C’est Pie IX déjà qui avait senti l’importance de sauvegarder les catacombes romaines… C’est lui qui institua une commission d’archéologie sacrée pour prendre soin des lieux anciens liés aux chrétiens de Rome.
Parmi ces lieux, immanquablement, les catacombes et nécropoles, dont… la tombe de Pierre.
Tombe de Pierre : acte 1
Des restes d’ossements humains et animaux, une inscription – un graffiti, plutôt – sont d’abord retrouvés en 1942. Pie XII les fait placer dans sa chambre, en demandant le secret absolu… et de plus amples analyses ! Puis, c’est la découverte de la nécropole sous la basilique, par Kaas, utilisée les tout premiers siècles pour y enterrer aussi des chrétiens… Un journaliste « cafte », et Pie XII doit annoncer publiquement qu’« on a retrouvé la tombe de saint Pierre » alors même que la science n’a pas terminé ses investigations.
Tombe de Pierre : acte 2
En 1953, dans la même nécropole, un autre ensemble d’os est mis à jour, qui se révèlent être ceux d’un homme de 60-70 ans : serait-ce Pierre ? L’archéologue en chef pousse l’enquête plus loin et acquiert la conviction que les os sont bien d’un sexagénaire vieillissant…
En 1968, Paul VI annonce que les reliques sont bien celles de saint Pierre, « de manière convaincante ».
Tombe de Pierre : acte 3
C’est Paul VI qui, en 1968, pourra annoncer que ce sont les reliques de saint Pierre « de manière convaincante ».
Et depuis, l’ostension de ces ossements à la messe de clôture de l’année de la foi (2013) et le cadeau de fragments au patriarche Bartholomée de Constantinople, en signe d’espérance d’une union des deux Eglises (2019) font écho au chant grégorien « Pierre, tu es pierre… » !
Rire, bonheur, joie et découvertes… Quatre mots-clés qui résument parfaitement cette merveilleuse semaine.
Nous avons quitté la Suisse un samedi soir ensoleillé à bord d’un car avec un sympathique chauffeur qui nous a accompagnés durant tout le voyage, afin que nous puissions nous déplacer au sein de la ville.
La préparation au voyage se faisait depuis plus d’un an. Les servants ont participé à diverses sorties organisées par l’UP ainsi que ses animateurs qui ont proposé de chouettes activités pour entrer petit à petit dans l’univers de Rome.
La ville d’Assise
Nous nous sommes réveillés dimanche matin au bas de la colline de la célèbre ville italienne d’Assise, connue pour être le lieu de naissance et de mort de saint François.
Dans cette ville, nous avons été répartis par petits groupes, chacun géré par deux animateurs-accompagnants. Nous avons pu visiter les églises ainsi que la jolie vieille ville. Nous avons partagé ensemble le dîner sur une belle place avant de reprendre la route pour Castel Gandolfo, où nous avons été chaleureusement accueillis par les Focolaris du Centre Mariopoli, notre lieu de résidence durant notre séjour.
Rome
Nous avons partagé quelques activités avec les Focolaris (témoignage, visite des jardins et de la résidence secondaire du Pape), mais nous avons passé le plus clair de notre temps dans la ville de Rome et dans la cité du Vatican. Nous avons visité de célèbres bâtiments comme le Colisée, le Forum romain, la Fontaine de Trevi, le Panthéon, la Basilique Saint-Paul-hors-les-murs, la Basilique Saint-Pierre avec sa coupole et les bâtiments de la Garde suisse. Lors de l’audience papale du mercredi, nous avons eu la chance de nous trouver tout proches du Pape, et d’être pris en photo avec lui (photo de couverture) ! Certains jeunes servants ont eu la chance d’être choisis pour se déplacer sur la place Saint-Pierre avec lui, dans sa papamobile : un moment riche en émotions.
Ces longues journées sont pour sûr inoubliables !
A côté de toutes ces visites, nous avons eu du temps pour nous, mais aussi pour grandir sur notre chemin de foi. Nous avons participé à des messes, prié et chanté dans le car notamment avec l’aide du Père Robert qui nous a accompagnés pendant toute la semaine.
Ce voyage-pèlerinage est une belle récompense pour notre service à l’autel : rire, bonheur, joie et découvertes… Merci à toutes les personnes (fidèles et autorités paroissiales) qui ont permis, par leur soutien, que cette aventure ait lieu.
L’écrivain anglais Chesterton s’émerveille du lien avec le passé.
L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.
Par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF | Photos : cath.ch, DR
Ce numéro de L’Essentiel traite d’archéologie et on m’invite à y écrire…
L’archéologie, comme toute connaissance du passé, est très utile à la compréhension du présent. Elle répond en partie à la question de notre origine. Elle montre le caractère transitoire des réalités humaines : de grandes civilisations n’ont laissé que peu de traces et ce fait nous laisse songeurs sur notre futur et ses incertitudes. Certains pensent d’ailleurs que l’Eglise est en train de s’orienter vers un futur archéologique, ou au moins de devenir un musée de croyances passées.
Certes la foi de l’Eglise n’est pas nouvelle et on en trouve des traces archéologiques. Je trouve personnellement un vrai bonheur dans ce contact vivant avec le passé : notre foi est celle de personnes qui ont vécu longtemps avant nous et elle est aussi celle de personnes qui vivent maintenant dans des régions très différentes. L’écrivain catholique anglais Chesterton, s’émerveillant de ce lien avec un passé qui nous forme, disait qu’« il est évident que la tradition est seulement la démocratie étendue à travers le temps » (Orthodoxie, chapitre 4) : nous intégrons la voix de nos ancêtres dans la foi. Ceci dit notre regard est aussi tourné vers l’avenir, car le même Dieu qui a agi dans le passé agit dans le présent et dans l’avenir, qui pour Lui sont un. En ce sens, notre foi est une archéologie fondamentale : elle répond le plus profondément à la question de notre origine. Nous existons parce que Dieu a créé le monde, parce que Dieu veut que nous soyons avec Lui, parce qu’Il nous aime. Si la foi est une archéologie fondamentale, c’est parce qu’elle répond (à son niveau) à une préoccupation des historiens : quel est le lien entre ces faits ou objets passés et ce qui suit ? Quel est le lien entre un passé lointain, un passé proche, le présent et le futur ? Nous approchons de Pâques. Ce lien est que « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, Il le sera à jamais ». (Hébreux 13, 8)
C’est le week-end du dimanche de la Parole institué par le pape François que je rédige cet éditorial qui porte sur mon expérience du rapport entre Bible et archéologie.
Je ne peux pas du tout me réclamer de compétences archéologiques, même si, dit avec humour, j’aime creuser les choses, aller en profondeur et ai d’ailleurs toujours été intéressé par l’histoire.
En fait, je voudrais revenir avec vous sur un ou deux souvenirs de mes années d’études au séminaire et à l’université.
Un premier souvenir se passe lors d’une retraite d’Avent au Simplon où le prédicateur jésuite avait évoqué le livre des archéologues Israël Finkelstein et Neil Asher Sibermann, la Bible dévoilée. L’historicité de la conquête cananéenne après l’Exode, comme expliquée dans les Ecritures, était clairement relativisée. J’avais été troublé par ces affirmations, à l’instar d’autres critiques produites par les sciences historiques sur ce qui me semblait gravé dans le marbre de la Bible et de mes certitudes… à défaut de l’être dans les pierres découvertes (ou non) par les archéologues…
A contrario, mes études me permirent de suivre un cours de traduction du Grand Rouleau d’Isaïe, un des manuscrits bibliques découverts à Qumrân en 1947. Alors que dans l’imaginaire de beaucoup les manuscrits de la Mer Morte sentaient le mystère et peut-être un peu le soufre, j’ai été très rassuré de ce que j’y découvrais et apprenais. Si tout est moins simple que l’on se représente au premier abord, la fiabilité de notre texte biblique actuel est très largement confirmée. D’autres cours m’ont appris la vraisemblabilité historique de telle ou telle pratique ou coutume décrite dans les Ecritures saintes. Il est également devenu quasi impossible de mettre en doute l’historicité de la personne de Jésus, comme on avait pu le faire dans des universités au XIXe siècle.
Il ne me fallait donc pas être effrayé des résultats des découvertes historiques, même si elles avaient dans un premier temps ébranlé ma foi. Je devais par contre affiner ma lecture de la Bible, en connaissant mieux les différents genres littéraires utilisés (récits d’origine ou récits mythiques, épopées, évangiles…). La non-historicité de certains faits racontés dans la Bible me permit de mieux comprendre que c’est un message de foi qu’elle désirait transmettre, l’expérience de Dieu d’un peuple. Certains événements ont ainsi été relus dans une perspective croyante et amplifiés théologiquement.
C’est ce sens qui vient me rejoindre aujourd’hui et qui me fait vivre !
Pourquoi le prêtre porte-t-il des ornements roses le 4e dimanche de Carême ? Durant les temps du Carême (et de l’Avent), les habits liturgiques sont de couleur violette, symbole de la pénitence et de l’attente. Pour souligner le fait qu’on est proche de Pâques, le blanc de la Résurrection vient déjà atténuer l’austérité du violet, ce qui donne du rose, symbole de la joie à venir.
par Pascal Ortelli
Humour
Madame Durand est une agréable veuve de 38 ans que ses amies poussent à se remarier. – Mais pourquoi diable, voulez-vous toutes que je me remarie ? J’ai un chien, un perroquet et un chat qui me suffisent amplement. – Peut-être, mais cela ne remplace pas un homme ! – C’est bien ce qui vous trompe. Le chien gueule tout le temps, le perroquet jure du matin au soir et le chat passe presque toutes ses nuits dehors !
L’automne dernier, trois jeunes du groupe « Fun et Foi » de la paroisse de la Cathédrale sont allés en pèlerinage à Rome : interview de deux participantes, Bénédicte et Marie.
Par Aline Jacquier, Marie et Bénédicte | Photos : Sophie Zufferey
Dans quel cadre êtes-vous partis à Rome ? Avec le groupe de jeunes « Fun et Foi ». Nous étions trois jeunes : Marie, Bénédicte et Mikaël. Nous étions accompagnés par Sophie, la maman de Mikaël et M. le curé Philippe. Nous profitons de remercier ici toutes les personnes qui nous ont aidés financièrement lors de la vente de gâteaux et de chapelets !
Qu’avez-vous visité ? B. et M. : Les basiliques majeures et des églises (beaucoup), des places et des fontaines (pas mal), le Vatican (sans la coupole malheureusement), la garde suisse (normal), les catacombes Saint-Calixte (sans M. le curé : ouf !), la vielle-ville (avec les longues explications du curé) et les boutiques (énormément !).
Etait-ce la première fois que vous vous rendiez à Rome ? B. : Non c’était la troisième fois. La première fois, c’était dans le cadre du voyage du chœur et la seconde, pour l’anniversaire de mariage de mes grands-parents. M. : J’y étais déjà allée une fois dans le cadre de la préparation à ma confirmation.
Et qu’avez-vous découvert de nouveau ? B. : J’ai beaucoup aimé aller à l’église Saint-Clément en raison des différents étages historiques. M. : J’ai redécouvert certains lieux sous un autre angle car j’ai grandi depuis la première fois que je les avais vus. Et j’ai beaucoup aimé visiter Radio Vatican sous la conduite d’Adélaïde Patrignani, une des journalistes.
Quel fut votre moment préféré ? Pour toutes les deux, le meilleur moment était celui de la glace du soir !
Que retenez-vous de ce pèlerinage ? B. : Comme nous n’avons pas pu visiter la coupole de la basilique Saint-Pierre, M. le curé nous a promis qu’on retournerait à Rome. Je retiens aussi que la ville a été construite sur plusieurs étages. Mais avant tout, ces quelques jours ont renforcé notre amitié ! M. : Pour moi, c’était un superbe pèlerinage. On a tous appris à mieux nous connaître et j’ai eu de la chance de pouvoir faire un voyage en étant aussi bien entourée !
Une anecdote pour terminer ? B. : Un jour, M. le curé nous avait fait le coup de la glace dans le nez. Du coup, le dernier soir, nous avons décidé de lui rendre la pareille. Seulement, lorsque nous avons tapé dans sa glace, il a eu peur et a serré son cornet… je vous laisse imaginer ce qu’il s’est passé : sa glace est tombée par terre. Je ne vous explique pas comme on a ri ! M. : Chaque matin, M. le curé nous donnait une heure de rendez-vous pour le petit-déjeuner. Comme à notre habitude, Bénédicte et moi arrivions très souvent en retard… Le dernier matin, avec Mickaël et Sophie, nous avons décidé d’arriver en avance et de bloquer M. le curé à l’entrée du réfectoire pour qu’il soit en retard… Mais nous n’avons pas eu besoin de le faire car il est arrivé en retard sans notre aide !
PAR DANIÈLE CRETTON-FAVAL | PHOTO: ALPHONSE DARBELLAY
En ce temps-là, comme Jésus marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon appelé Pierre, et son frère André occupés à pêcher. Il leur dit: «Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Aussitôt laissant leurs filets, ils le suivirent, et il les envoya pour que se répande la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre.»
Comme eux, le prêtre s’est senti appelé, un jour, et il a répondu « oui ». Il a fait don de sa vie, qui englobe son avenir, ses facultés, ses joies, ses souffrances, ses rêves de foyer, enfin, l’offrande totale de son soi. Le prêtre accepte cet « Allez » de Jésus avec les scénarios et les défis toujours inconnus de cette vocation au service de Dieu et des autres.
Le prêtre vit aujourd’hui dans une société où les inquiétudes sont nombreuses, avec ce sentiment de ne plus être entendu, lorsqu’il parle d’évangélisation. On pourrait affirmer avec Isaïe : « Qui a cru, Seigneur, en nous entendant parler de toi. » Hélas, souvent, la Bonne Nouvelle se dilue dans les forces incontrôlables dues à la fuite en avant de la mondialisation, de l’économie, des technosciences, des médias, des réseaux sociaux, de la perte de notre culture judéo-chrétienne, qui fut à l’origine de notre démocratie, et résultat : ce tout amalgamé vient nous embrumer le cœur et l’esprit.
Le prêtre, en plus de semer le riche trésor de la Parole avec foi, pour faire croître le Royaume de Dieu ici-bas, doit encore trop souvent avoir des facultés entrepreneuriales pour que la paroisse fonctionne bien dans ses besoins et services matériels qui sont nombreux en ce temps de complexités tout azimut.
Le prêtre, comme le dit notre pape François, est celui qui doit veiller jalousement à ne pas se laisser voler l’enthousiasme missionnaire, la joie de l’Evangile et l’espérance ! Il est chargé de nous arracher au pessimisme ambiant, et nous aider à reprendre conscience des trésors et des ressources contenus et offerts lors de la célébration de l’Eucharistie, par les sacrements et dans les Evangiles. Semer, ressemer sans fin la Parole par l’écrit, par la voix, par la patience, tel est le charisme du prêtre. Servir et encore et toujours servir dans la fidélité à la Parole donnée le jour de l’ordination, dans un combat personnel que la vie impose.
Le prêtre, il est vrai, reçoit la grâce et la miséricorde du Père pour être son disciple, et que Sa Grâce est toute-puissante, mais, j’ose penser quand même que « prêtre » est un sacré job !
Pour conclure : revisitons la prière que sainte Faustine a reçue de Notre Seigneur : « Aujourd’hui, amène-Moi les âmes sacerdotales et religieuses ; immerge-les dans mon Insondable Miséricorde. Elles m’ont donné la force d’endurer ma douloureuse Passion ; c’est par elles, comme par des canaux, que ma Miséricorde et mon Amour se déversent sur l’humanité souffrante. »
PAR L’ ABBÉ LÉONARD BERTELLETTO, CURÉ
PHOTO: RAPHAEL DELALOYE
«Il n’est pas bon que l’homme soit seul» (Ge 2, 18) dit Dieu dans le premier des livres de la Bible, le livre de la Genèse. Selon saint Paul, l’apôtre est «mis à part» pour exercer sa mission. Comment concilier ces deux injonctions de l’Ecriture? L’Eglise latine a tranché depuis longtemps, imposant à ses ministres la loi du célibat sacerdotal. Le prêtre est un homme «seul». Ainsi le veut la Tradition. De plus, la communauté, les confrères, ne sont plus aussi porteurs qu’auparavant.
Souffre-t-il parfois de solitude ? Morale, affective ? Poser la question, c’est y répondre. Une disponibilité plus grande est sans conteste laissée à qui choisit cette façon de vivre. Il y a des prêtres qui ne comptent pas leur temps. Mais d’immenses difficultés surgiront dans l’existence de ces hommes seuls si l’équilibre n’est pas trouvé. L’histoire de l’Eglise est affligée d’incessants problèmes à ce propos, de scandales, même. Ces comportements déviants n’évangélisent personne.
Dans l’Eglise de Rome, on ne sait, on ne veut résoudre ces problèmes récurrents. On préfère que l’Eglise se meurt et se suicide petit à petit plutôt que de réformer ce qui doit l’être. Que restera-t-il de notre Eglise d’ici 20 ans ? J’imagine – mais qui suis-je pour me permettre un avis sur la question – l’existence d’un clergé marié, sur le modèle de celui qui anime les paroisses de l’Eglise d’Orient, ce qui n’empêcherait pas que des prêtres célibataires déploient leur charisme, dans le cadre de communautés fraternelles suivant une règle.
Vivons dans la sérénité et l’harmonie, quel que soit notre état de vie, en cultivant l’essentiel, notre foi en Jésus-Christ, dispensateur de vie et d’amour. Que celui-ci comble chacun !
Par vœu, par choix ou par nécessité, la solitude se vit comme une compagne agréable ou comme une souffrance au quotidien. Que ce soit le jeune en recherche de partenaire pour la vie ou la personne âgée ayant perdu son conjoint, nombreux sont ceux qui expérimentent le silence et l’absence à la place d’une relation suivie et complémentaire. Au moment où ce thème est abordé dans la rubrique «éclairage» de notre magazine, il nous a semblé important de donner la parole aux prêtres qui desservent notre secteur pour qu’ils partagent avec nous quelques réflexions sur leur «solitude».
Par l’Abbé Gildas tchibozo
Dire que le prêtre est seul, cela me dérange un peu ; et pourtant, c’est quelquefois la réalité.
Au sens théologique du terme, il est bien vrai que le prêtre n’est jamais seul. Avant de s’en aller vers son Père, Jésus faisait cette promesse aux disciples: «… Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.» (Mt 28, 20)
Par ailleurs, l’Apôtre Paul affirme dans sa Lettre aux Galates (5, 20): «Si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.» Donc, en réalité, le prêtre ne devrait jamais se sentir seul ou solitaire. Il est sans doute isolé, du fait qu’il incarne une réalité, que je qualifierais de «mystique», qui gêne les gens de notre époque.
Me sentir seul et isolé, oui, cela m’est pourtant arrivé plusieurs fois ! Je donne juste deux témoignages.
Le premier, c’est quand on m’affecte pour aller d’une paroisse à une autre. Là, je me rends compte que je suis seul, et que je dois y aller seul !
Le deuxième témoignage, c’est surtout après les grandes célébrations paroissiales. L’église est remplie de fidèles (à la sortie de la messe, les paroissiens attendent volontiers pour des échanges, ou même pour l’apéro). Mais, quelques minutes après, la paroisse est vide et je me rends compte que je dois retourner seul à la cure, dans ma chambre. Malgré la présence des confrères prêtres, je me sens seul ; et c’est sans doute aussi leur ressenti. Chacun se sent seul face à lui-même. Néanmoins, en reprenant mes esprits, je culpabilise de me laisser gagner par un tel sentiment, alors que j’ai pleinement conscience que le Christ est en moi et il est avec moi de façon permanente, que j’appartiens à un corps sacerdotal, à une famille biologique, et aussi ecclésiale qui m’entourent. Pourtant, je suis seul ! Alors, j’ai compris il y a fort longtemps que la solitude du prêtre ne se trouve pas dans le fait de son état de vie, comme célibataire, mais plutôt dans son état d’être, en tant que configuré au Christ, seul à Gethsémani, seul sur la croix. Depuis lors, je vis ma solitude avec beaucoup de joie, surtout grâce à la bienveillance des paroissiens qui comprennent mes limites humaines.
Par Joseph Voutaz
Pour moi il y a une bonne et une mauvaise solitude.
La mauvaise solitude correspond à l’isolement et à la fatigue. Elle est un cercle vicieux qui me plonge dans l’activisme. Même si je croise du monde, le cœur reste vide. Le remède consiste à prendre du temps en face de Dieu pour lui confier ma vie et mon cœur.
La bonne solitude correspond au ressourcement. Dans mon ministère, je croise tant et tant de visages que j’ai parfois besoin de prendre du recul. Etre seul, prendre du recul, prier, ça fait du bien : Jésus prenait lui même des temps prolongés de prière.
J’ajoute que la vie communautaire (pas toujours facile cependant !) est un cadeau inestimable qui fait que je ne me sens jamais vraiment seul !
Par René-Meinrad Kaelin
En complément des articles de Joseph et de Gildas, qui parlent davantage de leur vécu, je vous donne un regard vertical, spirituel sur la solitude du prêtre.
Par rapport à tant et tant de personnes qui vivent dans une profonde solitude et qui en souffrent tant et plus, je pense que la solitude du prêtre est très différente.
D’abord, elle est CHOISIE : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. » Cette solitude n’est pas stérile… elle nous permet de porter du fruit et d’être écouté-exaucé par le Père.
Cette solitude est HABITéE. Le prêtre, fidèle à son engagement, peut dire comme Jésus : « Je ne suis jamais seul ; le Père est toujours avec Moi. » (Jn 8, 16)
Et il y a la promesse merveilleuse du Christ à Pierre : « Pierre se mit à lui dire ; Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi, quelle sera donc notre part ? » Jésus leur dit : « Je vous le dis en vérité, il n’est personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants et des terres, avec des persécutions et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. » (Mt 17, 27-29)
La promesse : recevoir au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des frères, des sœurs, des mères… des enfants…
Je pense ici, à la communauté qui nous entoure et qui nous porte : la communauté bernardine de ma famille religieuse… la communauté de la famille paroissiale… Il y a aussi toutes les personnes avec lesquelles nous nouons un profond contact par le biais du ministère sacerdotal.
NON NON, je ne suis jamais seul avec le Seigneur, mon Bon Pasteur… !
«La solitude du prêtre…» Vaste sujet, important et ô combien délicat.
Merci aux chroniqueurs(euses) qui vont s’y risquer, dans L’Essentiel de ce mois !
– «La solitude, ça n’existe pas» chantait haut et fort Gilbert Bécaud. Pas d’accord avec toi, l’ami. Désolé.
– «Quand vous butez sur toutes sortes d’épreuves, pensez que c’est une grande joie.» (Jc 1, 2) Là encore, je décroche… Dieu me pardonne!
– «Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel , écrivait une femme de lettres… Là aussi, je peine à avancer!
C’est alors que me tombe du ciel un article de journal, signé de l’abbé Jean-René Fracheboud: «Notre vie passe par d’impressionnantes variations climatiques. Au temps des hautes pressions, peuvent succéder des périodes de basses pressions, des dépressions, le brouillard…»
Et que dire de ces quelques lignes de Guy Gilbert. «Rien n’est plus petit, plus fragile qu’un prêtre: l’isolement affectif, la solitude et un ministère asséchant, peuvent le tuer. Par voie de conséquence, il peut déraper tragiquement…»
Quant au dernier livre de Mgr Daucourt «Prêtres en morceaux», c’est un cadeau du ciel… et je vous le recommande chaudement! Des remèdes à l’isolement du prêtre existent, Dieu merci. Davantage de contacts personnels, l’Eucharistie vécue en profondeur et non célébrée par routine, plus d’humilité. «Le prêtre est serviteur et non sauveur du monde.» (G. Daucourt)
Oui, il faut le savoir, des prêtres souffrent de solitude, pour des raisons diverses.
ALORS dites-leur que vous les aimez, que vous les aimez comme ils sont, rien de plus, rien de moins!
«Nul n’est trop pauvre, pour ne rien avoir à donner ; nul n’est trop riche pour ne rien avoir à recevoir.» (op. ci.)
Un évêque avait dit un jour à ses prêtres: «Faites ce que vous pouvez faire, et ce que vous pouvez faire, essayez de bien le faire.»
Une chose est certaine, et saint Paul nous le rappelle: «Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est en Jésus-Christ notre Seigneur.»
La Vierge et l’Enfant Jésus (basilique du Saint-Valentin à Lausanne) s’inspire des techniques du Moyen-Age. Il n’y a pas de recherche de profondeur : la Vierge et Jésus sont sur le même plan, sans profondeur.
TEXTE ET PHOTO PAR PIERRE GUILLEMIN
L’une des plus grandes inventions mathématiques dans le domaine de l’art et donc dans l’art sacré est certainement la représentation de la perspective.
Les mathématiques, la peinture et le dessin sont étroitement liés non seulement dans leurs fondements théoriques, mais aussi dans leurs applications pratiques. La base des techniques de perspective repose sur deux théorèmes de géométrie fondamentaux : Pythagore et Thalès.
Représentation du réel
Pour mémoire, la connaissance de la perspective ne progresse pas pendant le Moyen-Age, où l’aspect symbolique prédomine sur la représentation du réel. Il n’est donc pas anodin que les artistes italiens des XIVe et XVe siècles (Giotto, Donatello…) utilisent les premiers principes de perspective définis par Leon Battista Alberti (1404-1472) en même temps que le nombre zéro apparaît dans les traités de mathématiques de l’époque. Dans son ouvrage « De Pictura » (1436), Leon Battista Alberti recommande « qu’un peintre soit instruit, autant que possible, dans tous les arts libéraux, mais […] surtout qu’il possède bien la géométrie ».
Léonard de Vinci, dans son « Traité de la peinture » (vers 1500), écrit : « Le jeune homme (l’apprenti peintre) doit d’abord apprendre la perspective, ensuite les proportions de toutes les choses », car « la perspective est bride et gouvernail de la peinture ».
Art et sciences se mêlent alors pour une maîtrise des apparences. L’idée de représenter une scène réaliste prend alors toute sa dimension dans l’art : les personnages sont dans un contexte (paysage, bâtiment, assemblée…) et leur importance se mesure à leur place dans l’espace.
Par perspective, on entend une modélisation calculée du dessin qui permette de « perspicere » : c’est-à-dire de voir au travers.
Invitation à voir autrement
Le mathématicien Johann-Heinrich Lambert (1728-1777) dont l’œuvre mathématique, scientifique et philosophique est considérable, – originaire de Mulhouse, cité-Etat alors rattachée à la Suisse –, pose définitivement dans ses publications les éléments clés de la perspective comme étant à l’intersection entre la géométrie, la pratique du dessin, l’esthétique et la philosophie et qui finalise l’ensemble des recherches sur le sujet. Tous les autres traités parus depuis s’inspirent de son œuvre.
La perspective ne nous surprend donc plus ? Suivant les travaux de Lambert, mathématiquement non, artistiquement oui ! D’où les peintures et vitraux de Chagall, les peintures de Picasso, Dali, entre autres, qui transforment notre vision « naturelle » de la perspective et nous invitent à voir autrement.
«Veillez sur vous-mêmes et sur tout le troupeau.» Cette recommandation de saint Paul (Ac 20, 28) invite les responsables de communauté à prendre soin d’eux-mêmes. Beaucoup de prêtres, aujourd’hui, ressentent une réelle solitude et un découragement face à la mission qui leur est confiée.
PAR CALIXTE DUBOSSON | PHOTOS: PXHERE, DR
« Il est à peine 19h, j’ai cinq heures devant moi avant la messe de minuit. Nous sommes le soir de Noël et je suis seul. Aucun de mes paroissiens n’a songé à m’inviter, pour partager avec sa famille le dîner de Noël. Puis-je le leur reprocher ? Cela ne leur est tout simplement pas venu à l’esprit. Le soir de Noël est un soir réservé à la famille, à l’intimité et je ne suis pas de leur famille. Je ne suis l’intime d’aucun. Pour tous, je suis mis à part, séparé. Ma famille est au loin, je la retrouverai demain pour un goûter chez mes parents. En attendant, je suis un homme seul le soir de Noël. »
Ce témoignage d’un prêtre de mes amis nous invite à considérer d’autres solitudes plus conséquentes et plus dramatiques. L’actualité récente de l’Eglise catholique, en France, mais aussi dans d’autres pays comme l’Inde ou les Etats-Unis, a été marquée par plusieurs suicides de prêtres. Chaque histoire individuelle a des causes parfois intimes et inconnues, mais une prise de conscience progressive émerge dans l’Eglise quant à la nécessité de prêter une attention plus forte aux fragilités psychologiques des prêtres et des religieux, dans un contexte de pression sociale et médiatique qui est une source d’épuisement pour beaucoup.
Pression médiatique
Le dimanche 3 février 2008 au soir, un prêtre de Neuchâtel se donne la mort. Il ne supportait plus la pression médiatique, dit son entourage. Lors de la cérémonie funèbre de la veille à la basilique de Neuchâtel, le beau-frère du défunt prend la parole et accuse ouvertement les médias. Le prêtre, dit-il, a été « poursuivi par cette horde de journalistes, dont il sentait le souffle derrière lui ». Mgr Genoud avait lui aussi accusé les médias dans une émission de la « Télévision suisse romande », « Infrarouge », par ces mots : « Parfois, la rumeur tue ! »
Pression sociale
Il y a bien sûr l’éternel débat sur la possibilité de laisser le choix entre le mariage et le célibat, ce dernier étant vu, selon certains, comme la source de tous les maux. Ce n’est pas l’avis de l’Abbé Vincent Lafargue qui affirme fermement que la grande majorité des prêtres ne sont pas malheureux parce qu’ils sont célibataires, bien au contraire. Selon lui, les médias mettent trop souvent en lumière des cas qui ne sont pas forcément représentatifs. « Pourquoi toujours donner la parole à des prêtres qui le vivent mal ou qui ont quitté l’Eglise pour se marier ? », s’interroge le prêtre valaisan. Si le célibat des prêtres est source d’une grande fécondité dans l’Eglise, « ce choix de vie nous met également dans une grande vulnérabilité », explique un autre confrère. « Ne pas éprouver la tendresse d’une épouse, ne pas voir les enfants de sa propre chair, rentrer chaque soir seul chez soi et se coucher dans un lit vide, aucune main à serrer dans la sienne. Tout cela fait de nous des hommes fragiles. »
La vie d’un prêtre a toujours comporté une forme de solitude. Mais aujourd’hui, avec des églises de campagne quasiment vides et froides, sa figure décriée et ridiculisée dans les médias, une opinion publique indifférente ou défavorable et la crise des vocations, un prêtre se sent souvent plus que seul, il se sent abandonné. L’archevêque d’Oviedo en Espagne, Mgr Jésus Sanz, déplore « la méfiance et le mépris dans lesquels sont parfois tenus les prêtres au sein de la société, où on est passé d’une période où le prêtre était considéré avec respect et vénération, à une étape dans laquelle il ne compte pas et où l’Eglise en général, le curé en particulier, sont à bannir ».
La solitude des prêtres âgés
« N’oubliez pas les sœurs et les prêtres âgés », avait lancé le Pape lors de l’une de ses homélies. Souvent, ces prêtres se sentent inutiles, parce qu’ils n’ont plus de mission. Un de mes confrères m’a confié : « Je ne sers plus à rien. » La plupart d’entre eux attendent le plus tard possible avant de rentrer en communauté ou de rejoindre un EMS et le font parce qu’ils n’ont plus le choix, confrontés notamment à un état de dépendance. C’est difficile pour eux parce qu’ils ont eu une vie enrichissante, stimulante, ont eu beaucoup de contacts au cours de leur ministère et ils se retrouvent isolés. De plus, certains d’entre eux ne peuvent plus célébrer la messe.
Le fléau des agendas complets
La diminution du nombre de prêtres en Occident, ces dernières années, fait qu’ils sont souvent écrasés de travail avec des territoires très grands à parcourir ou plusieurs paroisses. Même s’ils ont des relations chaleureuses avec leurs paroissiens ou leurs collaborateurs, ils peuvent éprouver durement la solitude, lorsque le soir, ils regagnent leur presbytère vide et qu’ils doivent se préparer le repas. La réalité nous montre que cette fatigue, ce stress permanent peuvent mener au découragement, au reniement, à l’abandon. Pourtant, il est possible d’y faire face. Un curé du diocèse de Sion témoigne : « Ce qui me pousse à continuer et à trouver de la joie et de la confiance, ce sont tous les regards échangés, les sourires, les partages, les rencontres. Pour moi, l’important et l’essentiel est de rester en relation avec Dieu et avec les autres. C’est aussi la certitude que c’est Jésus qui conduit son Eglise et donc mon ministère. »
La solitude positive
Pourtant, la solitude fait partie de notre existence. L’expérience montre qu’elle n’est pas toujours négative : nous la recherchons parfois comme un bien précieux, nécessaire pour prendre du recul, réfléchir, prier. Beaucoup de prêtres que j’ai rencontrés m’ont transmis leur joie de retrouver leur cure comme un havre de paix et de repos après des journées harassantes et épuisantes. L’un d’eux m’a même déclaré : « Je suis un privilégié quand je pense aux pères et mères de famille qui rentrent chez eux et qui doivent gérer leur soirée avec les devoirs des enfants à surveiller, partager leur jeu et les mettre au lit après une journée fatigante. » Un autre estime « que la solitude est un espace de silence, de disponibilité, de rencontre, préservé contre l’envahissement du trop-plein. J’aime marcher seul en montagne. J’aime prier seul comme le Christ. J’aime et je recherche cette solitude qui est ma véritable condition devant Dieu ».
Quelques pistes pour mieux gérer la solitude
Les fragilités psychologiques de certains prêtres, souvent liées à des tensions relationnelles et au risque de solitude affective, sont prises en compte d’une façon de plus en plus sérieuse par l’Eglise catholique. Alors que la place de la psychologie dans la formation des prêtres suscitait autrefois une certaine méfiance, elle est aujourd’hui souvent considérée comme une ressource précieuse pour vivre un sacerdoce équilibré et durable. On peut aussi trouver des ressources dans la famille du prêtre, de ses parents, de ses frères et sœurs. Ce sont ceux qui le connaissent le mieux et qui peuvent comprendre ses difficultés. Il y a aussi la paroisse qui doit créer autour de lui une véritable fraternité en l’aidant à trouver les bonnes orientations pour sa communauté. Il y a enfin l’amitié sacerdotale (voir l’encadré) qui est précieuse et que chaque prêtre devrait cultiver par des repas en commun, des rencontres régulières et des loisirs bienfaisants.
Une main secourable
Un prêtre victime d’une dépression a pu retrouver son équilibre et sa joie de vivre grâce à un confrère qui est venu le seconder en paroisse durant sa maladie. Voici ce qu’il écrit : « Cher ami, tu es un prêtre qui m’a permis, avec la prière et l’amitié de tous nos chers paroissiens aux mille visages, à émerger, à retrouver souffle et énergie pour continuer ce ministère qui nous est commun et qui est la plus belle vocation du monde. Tu as été pour moi le bon samaritain. Je t’en suis à jamais reconnaissant. »
Etre seul peut aussi permettre d’offrir des espaces de disponibilités.
Le chœur de l’église de Veyrier accueille une mosaïque réalisée en 1930 par Charles Wasem, un artiste de village. La paroisse étant consacrée à saint Maurice, il peut aller de soi qu’on y trouve une grande représentation du saint. Mais ce n’est pas la seule explication.
En plein Kulturkampf
A la fin du XIXe siècle, la Suisse connaît une période troublée. En 1873, en plein Kulturkampf, un Vicariat apostolique est créé à Genève sans en informer les autorités cantonales. Le conflit atteint un nouveau palier et Mgr Mermillod, évêque auxiliaire du diocèse et Vicaire épiscopal est expulsé par le Conseil Fédéral. En raison des liens d’amitiés qui l’unit à Mgr Mermillod, l’abbé de Saint-Maurice reprend certains de ses engagements. Mgr Bagnoud célèbre ainsi la confirmation de 87 enfants à Veyrier à l’occasion de la Fête-Dieu 1880. En 1883, les relations entre Eglise et Etat s’apaisent et Mgr Mermillod est autorisé à rentrer en Suisse. Il devient évêque de Genève et Lausanne.
Quel est le lien entre cette histoire et la paroisse de Veyrier ? Les archives de la paroisse nous disent : « Avant de partir pour Rome où l’appelaient ses hautes fonctions, le Cardinal Mermillod fit don à la paroisse de Veyrier de la relique de saint Maurice, son patron, ainsi que du reliquaire qui la contient. Mgr Mermillod avait reçu de l’Abbaye de Saint-Maurice, l’année précédente, à l’occasion du 25e anniversaire de son épiscopat, une partie assez considérable du crâne de saint Maurice, de laquelle fut détachée une parcelle qui fut remise par le Cardinal lui-même à M. l’abbé Jacques Chuit 1, le 19 novembre 1890, la veille de son départ pour Rome. »1
Des figures qui interrogent
Saint Maurice est un homme qui a refusé d’obéir aux autorités au nom de sa foi, comme Mgr Mermillod qui a préféré accepter l’exil. Ces deux figures que l’église de Veyrier rassemble nous invitent à nous interroger sur la façon dont nous vivons nos convictions et nos valeurs dans un monde qui les interroge quotidiennement.
1 DUPONT LACHENAL Léon, « Promenades mauriciennes en terres genevoise et savoyarde », in Echos de Saint-Maurice, 1934, tome 33, p. 142-152.
Cette fois-ci, c’est moi qui pose les questions… Et je remporte Fr. 1000.– à la clé (rires) ?
Justement, vous connaissez le principe du jeu : 10 minutes, 10 questions et 10 réponses exactes pour, cette fois-ci, gagner la vie éternelle. Vous êtes prêt ? Ah d’accord. C’est quand même plus cool que Fr. 1000.– cash. Bon, c’est parti (rires) !
Blague à part, depuis MC Terkuit, vous avez parcouru du chemin. Vous êtes aujourd’hui, entre autres, devenu ambassadeur de Comundo pour la Suisse romande ? Je fais partie de la commission culturelle de la Tour-de-Peilz depuis une année. C’est là que j’ai rencontré Philippe Neyroud, le directeur du Bureau pour la Suisse romande de Comundo. Il m’a approché à la fin d’une séance pour me parler de l’activité de l’ONG. Ils étaient alors à la recherche d’ambassadeurs pour la Suisse romande et m’a demandé de le mettre en contact avec de potentiels candidats. Suite à ses recherches, infructueuses, il me demande si cela me dirait d’occuper cette fonction. J’y ai réfléchi et répondu positivement !
Quels sont les autres noms que vous lui avez proposés ? Roger Federer (rires)… Plus sérieusement, des amis journalistes par exemple. En tant qu’humoriste, je ne savais pas si je pouvais avoir une vraie « pertinence » dans ce secteur-là. Je me suis ensuite dit que j’étais finalement plus que mon métier.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager avec Comundo ? Le projet de base me plaisait. En plus, la perspective d’aider les gens à mon échelle, d’une manière ou d’une autre, c’est encore mieux. S’il était possible d’avoir un impact en proposant ce que je sais faire, en prêtant mon image et mon imagination, alors je me suis dit que je pouvais être utile à ces gens-là. Et autant le faire !
Vous avez aussi donné la réplique dans la série La Vie de J.-C. sur la RTS. Quel est votre rapport à Dieu et à la foi ? C’est un rapport assez particulier. Mes parents ont divorcé lorsque j’étais assez jeune et au moment du divorce, ma maman a commencé à fréquenter une église. J’étais jeune et ce n’était pas quelque chose qui m’intéressait, donc je passais plus de temps devant le lieu de culte à jouer avec les autres enfants qu’à l’intérieur… La religion est une chose à laquelle je m’intéresse sans pour autant l’étudier ou la pratiquer. A vrai dire… je n’ai pas une croyance profonde en Dieu… J’ai le droit de dire ça ou pas (rires) ?
Peut-on vous considérer comme un apôtre du rire ? Ouh là là (rires). Je crois que ce n’est pas à moi de dire si je suis un apôtre du rire. En tout cas, je pratique la religion de l’humour, donc on peut peut-être me considérer comme un apôtre et certainement comme un pratiquant (rires).
Si vous aviez l’occasion de rencontrer Dieu lors d’un de vos spectacles, que lui diriez-vous ? Bah déjà : « Tu aurais dû me dire que tu venais, je t’aurais mis sur la guest list » (rires). Je lui demanderais si ma place sur cette planète est de faire rire les gens, de proposer des bulles de respiration à des personnes qui en ont peut-être besoin. Et si c’est le cas, je lui dirai juste merci !
(Auto) bio express
Yoann Provenzano est né à Vevey.
Je m’appelle Yoann, je suis né le 7 janvier 1992 à Vevey. J’ai 30 ans, un Bachelor en anglais et en français, avec quelques crédits en théologie (rires). Cela fait dix ans que je fais de l’humour et maintenant six que j’en ai fait mon métier à temps complet et surtout que je peux en vivre ! Je suis actuellement en préparation d’une tournée pour mon spectacle et j’invite toutes les lectrices et tous les lecteurs de L’Essentiel à venir me voir !
Plus d’informations sur Comundo et le rôle de Yoann Provenzano en tant qu’ambassadeur sur www.comundo.org/ambassadeur
J’aime ma solitude. J’ai besoin du silence qui imbibe l’atmosphère de ma cure après une journée occupée par et pour autrui. Et même en plein centre-ville, j’y respire le calme (double vitrage oblige), j’y apaise les tensions dues au ministère – je me rêve des fois bibliothécaire, c’est moins em…bêtant que certaines gens ! J’y rends grâce à Dieu pour toutes ces histoires sacrées que sont les Monique, Robert, Françoise, Maya, Inès, Liliane, Réjane, Laura, Chrystophe, etc., qui réjouissent ma vie sacerdotale !
J’y écoute beaucoup : l’Evangile du jour, les entrelignes de ma Tribune de Genève, une revue d’histoire, le Bon à savoir, pour me garder ancrer dans la réalité du monde.
Et puis j’aime et suis aimé ouvertement (pourquoi se cacher ?) : Selma, Hoda, André (mes ami.e.s de cœur), Kinan, Dana, Naya, Yara, Cédric, Monique, Claude (ma famille). Elles et ils m’équilibrent : chez eux, chez elles, je suis juste « Thierry », sans titre ni salamalec. Juste moi.
Ma vocation est rivée au Christ qui vit en moi, par Son Esprit que je discerne présent et agissant lorsque je fais ma relecture de journée (en me douchant ou me brossant les dents).
Oui, j’aime ma solitude : seul mais pas esseulé, plutôt social et donc solitaire parfois, par choix.
François l’a rappelé aux séminaristes étudiant à Rome, reçus en octobre 2022 : « La vie chrétienne est un perpétuel cheminement, où l’on tombe et se relève », a-t-il confié. « Il n’y a pas de plan de marche », continue-t-il, « que des conseils à donner et à recevoir », de son confesseur et d’un ou d’une accompagnatrice spirituelle.
Sage proximité
Et le Pape de rappeler que l’une des proximités qu’il encourage est celle entre prêtres… qui n’est jamais acquise et souvent délaissée pour la critique facile et lâche (dans le dos des confrères à peine rencontrés)…
Mais davantage, « restez connectés au Peuple de Dieu, pour sentir – et être même dérangés ! – par l’odeur des brebis ! », recommande-t-il.
Il prévient cependant ceux qui se préparent à être ordonnés, ainsi que leurs formateurs, de veiller aux addictions possibles : au téléphone portable, à l’alcool et même – il n’y va pas avec le dos de la cuillère – à la pornographie ! « Cela affaiblit le cœur de prêtre », assure-t-il. « Eliminez le lien, si possible, sur votre portable ! », enjoint-il.
C’est l’intimité avec le Christ qui va parer au risque de solitude et du remplissage malsain qu’elle peut causer : « Si le prêtre marche sur le chemin de Jésus, le Seigneur sera proche de lui à la fin », assure le Pape.
Solitude féconde
C’est la « solitude du juste », comme il l’appelle, qui reste la récompense en fin de vie pour un prêtre qui aura été « père jusqu’au bout ». Cette « solitude évangélique » nécessite que le prêtre veille à ne pas grandir amer vis-à-vis des gens et du monde. Cette amertume isole le prêtre graduellement : « Ne vous isolez jamais ! Jamais ! » et « Méfiez-vous de vous-mêmes », a-t-il exhorté au clergé de Rome en 2020.
En substance, le Pape invite chaque prêtre à considérer le Chemin de Croix, comme il est médité dans les églises, comme le paradigme du chemin d’un prêtre.
Des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse.Rencontre avec Killian Bianchi, jeune Sédunois de 24 ans, passionné et engagé.
ENTRETIEN: JOËLLE CARRON PHOTO: DR
Killian, tu es le premier jeune à être devenu JB (Jeune Bénévole en Eglise), lors du lancement de ce label diocésain, il y a quatre ans. La première volée « JB 3 » (dès 18 ans), dont tu fais partie, se termine bientôt. Tu encouragerais d’autres jeunes à s’y lancer ? L’aventure JB, c’est extraordinaire ! On y grandit, on apprend. Les JB, c’est valoriser ses compétences, les découvrir et les développer ; mais aussi approfondir sa foi grâce à la Bible et à la théologie. Cette expérience unique a changé ma vie.
Etre chrétien, en tant que jeune, on doit l’assumer, comme un petit coming out. Et en même temps, c’est tellement beau ! On peut faire comprendre la Parole de Dieu de mille et une manières, une bonne nouvelle dans ce qu’on fait.
J’aimerais continuer. Coacher des JB 2 (dès 16 ans). Me mettre au service de l’autre et continuer mes engagements JB sur ma paroisse Saint-Guérin (Sion).
Depuis novembre 2020, tu es aussi conseiller général de la Ville de Sion. Mon engagement politique est complémentaire à ma foi. Il vient de mes tripes et met en jeu des valeurs importantes pour moi : l’intégration, la solidarité, l’égalité, la défense des droits des minorités. J’ai commencé par m’engager comme membre du comité des Jeunesses socialistes du Valais romand, puis suis devenu vice-président du PS sédunois. Ma présence au Conseil général me permet de représenter la population et de porter la voix de ceux qu’on écoute peu.
Tu es responsable des finances de La Maisonnée, une structure qui accueille des femmes et des enfants en difficultés financières, psychiques et/ou sociales. Quel rapport avec ta foi ? L’association La Maisonnée est d’identité ecclésiale, même si nous accueillons des femmes de toutes origines et convictions. Notre appel de chrétien est de nous mettre au service de l’autre, de manière très concrète ; ainsi nous offrons à ces mamans et enfants sécurité, logement et accompagnement. L’intuition de La Maisonnée est née au festival Theomania… Si ce n’est pas ça la grâce de Dieu ! Depuis sa création, Il est avec nous à chaque étape de la maison, chaque fois que nous avons osé espérer. Et notamment en termes de financement ! Il nous donne aussi toujours la force, la motivation de continuer.
Tes lieux, tes espaces de ressourcement ? Les gens… Et le chant. Je suis passionné de musique. La reprise prochaine des répétitions du Chœur des Jeunes est une joie énorme, avec des jeunes magnifiques.
Le message de Killian : « La joie vient du don », une phrase de Mère Teresa !
Pourquoi la chandeleur est-elle appelée « fête des crêpes » ? 40 jours après Noël, la Chandeleur ou fête des chandelles commémore la présentation de Jésus au Temple. A l’issue de ce rituel juif, Syméon, en prophète, voit en cet enfant « la lumière des nations ». Le symbole de la lumière est au cœur de la célébration. Quant aux crêpes, cela provient d’une tradition agricole où on avait coutume, au début février, d’utiliser le surplus de farine pour cuisiner des crêpes, symboles de prospérité des récoltes à venir.
par Pascal Ortelli
Humour
Oin-Oin exerçait le métier de vétérinaire. Une nuit, il fit un rêve qui réveilla sa femme. « Qu’est-ce qui t’arrive, lui dit-elle, tu as crié quelque chose qui m’a réveillée. Si je me souviens bien, tu as dit tout fort : « Justine. » « Ah oui, répondit Oin-Oin, c’est le nom d’une vache malade que je ne pourrai certainement pas sauver. » Le soir même, Oin-Oin revient à la maison. Sa femme est furieuse. « Est-ce qu’il y a du courrier pour moi ? » lui dit Oin-Oin. « Non, répondit sèchement sa femme. Ah si, la vache malade, Justine. – Ouais, quoi alors ? – Elle a téléphoné !
Il y a solitude et solitude. Quand Jésus dit aux apôtres, de retour de mission : « Venez vous-mêmes à l’écart, dans un lieu désert et reposez-vous un peu » (Marc 6, 31), c’est d’un isolement bénéfique de ressourcement, auprès du Père, qu’il leur parle.
Car, aujourd’hui encore pour les agents pastoraux laïcs ou ordonnés, les sollicitations peuvent s’avérer si nombreuses qu’ils se sentent littéralement « mangés » et que, comme les disciples de l’époque, ils ne trouvent même plus le temps de s’asseoir pour partager le repas et de se reposer. Le risque de l’épuisement guette alors, avec l’impression de « brûler » toutes ses énergies apostoliques (le « burn-out »).
Le Fils de l’homme leur en donne lui-même l’exemple, puisqu’il n’hésite pas à se retirer en barque dans un espace à part (6, 32). Mais les foules le devancent, si bien qu’en débarquant, il voit une populace si nombreuse qu’il en a pitié et que, pris aux entrailles, il multiplie pour elle l’enseignement et les pains, tellement elle ressemble à un troupeau sans berger (6, 34).
D’ailleurs le Christ, après avoir rassasié et nourri la multitude et fait embarquer à nouveau les douze, s’isole à son tour et gravit la montagne pour y prier (6, 45-47). Sans des temps de face à face avec la Trinité Sainte, « des moments prolongés d’adoration, de rencontre priante avec la Parole, de dialogue sincère avec le Seigneur, affirme le pape François, les tâches [de l’évangélisation] se vident facilement de sens, nous nous affaiblissons à cause de la fatigue et des difficultés, et la ferveur s’éteint » (La joie de l’Evangile, no 262). Ne consacre-t-il pas lui-même une heure par jour à l’oraison ?
Ce dont par contre peuvent souffrir les agents pastoraux, c’est au contraire d’une mise de côté qui les prive des relations interpersonnelles indispensables pour leur équilibre personnel. Le ministère ne se tisse-t-il pas de partages missionnaires avec des groupes et des assemblées de toutes sortes et d’échanges profonds avec des ami(e)s, des confidents et un accompagnateur spirituel ?
Il s’agit donc de bien doser les réalités entre fréquentation intime de l’Esprit dans le secret de sa chambre et contacts vivifiants avec des personnes de confiance.
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