L’Eglise en réseau: des encycliques

Par François-Xavier Amherdt
Photo: ©_by_Marcus Stark_pixelio.de
Bien sûr, internet et Twitter n’existaient pas au temps de Jésus et de la rédaction du Nouveau Testament. Pourtant, dès le début, l’Eglise s’est constituée en réseau, comme un web avant l’heure : chaque communauté locale vivait en communion avec toutes les autres. A la période apostolique, c’étaient l’Eglise de Jérusalem, où Jésus était mort, ressuscité et d’où il était monté vers le Père, puis celle de Rome, lieu des tombeaux des colonnes fondatrices que furent Pierre et Paul, qui en assuraient la cohésion.

Et c’est par des encycliques (en grec « une lettre qui fait le tour », en-kuklon) que les apôtres et Paul veillaient à l’unité de la foi. Après la controverse autour de la circoncision et de la loi juive requises, par certains croyants venus du parti des pharisiens comme conditions sine qua non pour entrer dans l’Eglise du Christ, le concile réuni autour de Pierre et de Jacques dans la ville sainte prend une option valable pour tous (Actes 15).

Pour la communiquer, les apôtres et les anciens, d’accord avec l’Eglise tout entière, rédigent une missive comportant les prescriptions retenues : s’abstenir des viandes immolées aux idoles (pour éviter toute ambiguïté vis-à-vis du seul vrai Dieu, Père de Jésus-Christ), du sang et des chairs étouffées (afin de ne pas braquer les judéo-chrétiens) et des unions illégitimes avec des non-croyants (pour favoriser la croissance de la communauté dans la cohésion de foi et de vie quotidienne).

Cette lettre est confiée à des porte-parole reconnus et considérés par les frères, Jude et Silas, envoyés avec Paul et Barnabé à Antioche, lieu d’émergence de la querelle. La circulation de cette encyclique apostolique en Actes 15, 22-29 constitue en quelque sorte une préfiguration du net. Nous voyons d’ailleurs que les épîtres pauliniennes, au-delà de leurs destinataires premiers, étaient répandues dans l’ensemble des communautés primitives que l’Apôtre des nations et d’autres avaient fondées. Ainsi, un problème local et ses voies de résolution devenaient un trésor commun et servaient de points de repère pour tous.

Une Bible féministe

A l’occasion de la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens, rencontre avec la doctorante en théologie protestante Lauriane Savoy, codirectrice du livre « Une bible des femmes ».

Texte et photos par Nicolas Maury8h20, Lauriane Savoy arrive à l’Université après avoir déposé ses enfants à l’école vingt minutes plus tôt. « Je me déplace à vélo quelle que soit la météo. Il suffit d’avoir l’habitude et de s’habiller en fonction », sourit-elle. 

Son trajet pour rejoindre Uni Bastions l’a conduite à proximité du Mur des Réformateurs. Presque un clin d’œil, puisqu’elle prépare une thèse liée à la Réforme. « Je me penche sur l’ouverture du ministère pastoral à la mixité hommes-femmes dans les cantons de Vaud et de Genève », souligne-t-elle. Mais sa recherche ne lui prend pas tout son temps : elle est aussi assistante d’Elisabeth Parmentier, sa directrice de thèse. « La faculté de théologie propose un bachelor et un master à distance via internet. Les étudiants ne doivent venir à Genève que pour passer leurs examens. Dans ce contexte, les assistants sont pas mal sollicités. » 

Si les professeurs préparent, conçoivent et rédigent les cours, les assistants les relisent et corrigent les coquilles éventuelles. « Puis nous les mettons en ligne et envoyons les annonces aux étudiants », indique Lauriane Savoy. Vient ensuite la partie à laquelle elle s’est attelée de bon matin : « la correction des travaux que ceux-ci doivent périodiquement nous rendre… »

La doctorante a codirigé le livre « Une bible des femmes ».
La doctorante a codirigé le livre « Une bible des femmes ».

De confession protestante, la jeune femme évolue dans un domaine lié de très près à l’œcuménisme. Avec Elisabeth Parmentier et Pierrette Daviau, elle a codirigé l’ouvrage collectif « Une bible des femmes », paru chez Labor et Fides en septembre. Venant tout juste de revenir de l’éditeur chez qui elle a réceptionné un nouveau tirage, elle extrait un livre de la pile : « 21 auteures francophones catholiques et protestantes se sont penchées en tant que femmes sur la Bible. Notre idée: mettre en lumière les interprétations qui peuvent être libérantes, à l’opposé des lectures traditionnelles et machistes. Ces dernières, majoritaires durant toute l’histoire du christianisme, ne sont remises en cause que depuis une trentaine d’années. Nous voulons partager cette perspective avec le public le plus large possible. »

Ce qui ne s’avère pas une mince affaire : « Depuis quarante ans, la culture biblique a diminué. La plupart des gens n’ont plus de connaissances des textes mais restent pleins de préjugés. Nous avons voulu montrer qu’en allant au-delà de certains versets – « femmes soyez soumises à vos maris» par exemple –, un message libérateur apparaît. » La mission semble en bonne voie de réalisation. En Suisse, l’ouvrage a déjà dû être réimprimé.

Représentation internationale

Sa pause de midi, la chercheuse la passe généralement avec ses collègues assistants, partageant un repas à la cafétéria de l’Uni ou – en été – dans le parc des Bastions. « C’est décontracté et pas vraiment boulot-boulot. Nos champs d’activités au sein de la faculté sont variés vu nos disciplines différentes. Mais nous nous intéressons à ce que font les autres et l’atmosphère est sympa. » Parfois, la trentenaire s’octroie un moment pour faire du sport. « La course à pied – elle a participé à l’Escalade – et l’aviron sur le Léman. » 

Ayant récemment peaufiné son colloque prédoctoral, la théologienne doit, sur le coup des 15h30, rencontrer le doyen Ghislain Waterlot à propos d’une tâche qu’elle vient d’accomplir pour la faculté. Cet automne, elle a représenté les facultés de théologie de Genève et Lausanne au Forum chrétien francophone à Lyon. « Au départ, il y avait le constat que beaucoup d’Eglises ne participent pas en termes institutionnels au Conseil œcuménique. Cette rencontre réunissant un large panel d’Eglises chrétiennes se veut l’antithèse d’un lieu de controverses. C’est un espace de partage de foi et de discussion, permettant de voir ce qui réunit la diversité des chrétiens. Un œcuménisme vivant. A mon avis, quelque chose de ce type au niveau plus régional aurait tout son sens… »

Ses tâches universitaires terminées, Lauriane Savoy récupère ses enfants à 18h. Quant à ses soirées, elles sont variées. « Le lundi, je chante au chœur de l’Uni. Avec beaucoup de plaisir. Et maintenant que le cycle de conférences lié à la publication du livre touche à sa fin, j’aurai à nouveau plus de temps pour ma famille. »

Une journée bien rythmée

8h: Les enfants sont déposés à l’école
8h20: Arrivée à Uni Bastions
10h30: Récupération du nouveau tirage « Une bible des femmes » chez l’éditeur
12h: Pause déjeuner ou activité sportive
15h30: Réunion avec le doyen
18h: Retrouve ses enfants

En librairie – janvier 2019

Par Calixte Dubosson et la librairie Saint-Augustin

Des livres

evangileL’Evangile à cœur ouvert
Michel-Marie Zanotti-Sortkine

« Le silence qui suit une œuvre de Mozart est encore du Mozart », disait Sacha Guitry. N’en est-il pas ainsi de l’Evangile quand nous le refermons ? Le prêtre Michel-Marie nous invite, par des commentaires savoureux et dynamiques de 500 passages des Evangiles, à prolonger en nous l’écho de la Parole de Dieu pour pouvoir en vivre au quotidien.

Laffont

Acheter pour 35.90 CHFdieuDieu, l’entreprise Google et moi
Thomas Jauffret

Etre dans le monde sans être du monde. Comment l’Eglise peut-elle actualiser ce conseil de l’Evangile dans la société du numérique et de l’intelligence artificielle ? Thomas Jauffret porte un regard lucide en soulignant l’apport inestimable des nouvelles technologies tout en dénonçant l’assujettissement de l’homme à la machine.

Salvator

Acheter pour 32.40 CHFlouisLouis et le bonheur pour tous
Christine Voegel-Turenne

Grâce à la réalité virtuelle, à la procréation assistée et au transhumanisme, Louis, pur produit de son époque, pense trouver le bonheur. Pourtant, des rencontres étonnantes et un désir profond de liberté vont lui révéler les limites de la société hédoniste.

Téqui

Acheter pour 25.40 CHFfamiliusLes familius
Nicolas Doucet

48 planches de la vie ordinaire d’une famille nombreuse qui ne manque pas d’humour. Nicolas Doucet a finement observé les joies et les travers des petits et des grands au sein d’une famille qui s’aime. Une famille pleine de vie qui invite à relativiser les tracas du quotidien par l’humour et la joie d’être ensemble.

Artège BD

Acheter pour 16.70 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

La pêche miraculeuse

La pêche miraculeuse illustre l’évangile de Jean.
La pêche miraculeuse illustre l’évangile de Jean.

Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Claude GadmerLa paroisse d’Onex a accueilli une des mosaïques de Mario Rupnick, prêtre et jésuite d’origine slovène. Par la mosaïque, il nous met en sympathie avec une longue tradition qui remonte aux Byzantins, puis aux Romains. 

La pêche miraculeuse d’Onex illustre manifestement l’évangile de Jean (Ch 21) en mettant en scène la moitié des apôtres dans leur barque prête à succomber à la surcharge. Pierre, comme souvent, sert d’intermédiaire en apportant à Jésus resté sur la berge un poisson. Le pain est dans l’autre main. Venez déjeuner, dit Jésus.

Il y a certes encore beaucoup de merveilles à découvrir dans  notre patrimoine romand ; nous vous en avons fait visiter afin que vous croyiez que la beauté peut servir la foi. Après quatre ans d’existence et quelque 40 œuvres présentées, cette rubrique prend fin avec cette œuvre contemporaine.

Préparer Noël en famille

Bien se préparer pour ne pas passer à côté. Il ne s’agit pas de rêver d’un Noël idéal, mais de le vivre le mieux possible en tenant compte de notre réalité et en mettant l’accent sur le caractère chrétien et familial de cette fête.

Par Bertrand Georges
Photo: Pixabay

Le calendrier de l’Avent.
Le calendrier de l’Avent.

Le calendrier de l’Avent
Bien choisi, il peut être un excellent support pour nous préparer. La contrainte de n’ouvrir qu’une fenêtre par jour rappelle l’importance du temps pour construire ce qui est essentiel. On peut en confectionner un avec une piste d’effort pour chaque jour.

Les cadeaux
Une partie des présents peut être « fait maison » durant l’Avent. Certaines familles nombreuses ou recomposées adoptent le système de l’« ami invisible » : on tire un prénom et on prépare un cadeau pour cette personne, tout en veillant à être attentif et à prier pour elle tout au long de l’Avent. Cette manière de faire approfondit vraiment le lien entre celui qui donne et celui qui reçoit. 

Les messes Borate
Durant l’Avent, de plus en plus de paroisses proposent à nouveau des messes Rorate. Ces liturgies matinales célébrées à la lueur des bougies font des chrétiens des « guetteurs d’aurore » qui attendent dans l’espérance l’avènement du Messie. De nombreux enfants y vont avec leurs parents, avant de rejoindre l’école ou le travail. 

Préparer la crèche
« Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous »1. Nous avons besoin de signes pour intérioriser les temps liturgiques. La crèche constitue un rappel de l’événement annoncé. On attend le retour de la Messe de minuit pour placer l’Enfant Jésus qui vient de naître, puis les bergers avec leurs moutons, et enfin, à l’Epiphanie, les Rois mages. 

Penser aux autres
Osons visiter des personnes seules, des voisins, des malades. On peut leur offrir une partie des friandises confectionnées en famille, ou un CD « Etoile de Noël » 2. Une carte ou un téléphone à des amis ou à des membres de la famille éloignés sont une autre façon de diffuser la joie de Noël. 

Un Noël différent ?
Pourquoi ne pas miser cette année sur une rencontre renouvelée du Sauveur ? On peut le faire au moyen de retraites en ligne que l’on trouve sur internet, ou en rejoignant certaines communautés qui accueillent volontiers pour Noël. Bon temps de l’Avent !

1 Jn 1,14
2 http://push-music.net/les-etoiles-de-noel/

Une étoile de l’Orient

Par Pascal Bovet
Photo: DR« Nous avons vu son étoile en Orient. »  Parole de mages. Ils se sont mis en route, en quête, en recherche.

Orient, comme le lever de soleil quand les ténèbres reculent devant la lumière. Lieu de merveilles, origine des envahisseurs, porte de richesses, mais aussi source de crainte économique. Il séduit et fascine. Mais où commence-t-il ? Au Caucase, au Bosphore ou à l’Elbrouz ? Frontière disputée de toujours. L’Orient, c’est l’autre.

« Nous avons vu son étoile », disent les mages, ignorants des Ecritures et de la tradition juive. Sans parti pris : ils vont chez les Occidentaux.

N’avaient-ils aucune conception religieuse ? Confucius leur était peut-être familier ? Etaient-ils déjà éveillés par le bouddhisme ? Ils viennent intrigués, avec leur questionnement : où est le roi des Juifs… Est-il oriental ou occidental ? Son royaume a-t-il des frontières et des murs ? Est-il de ce monde ?

Juif pieux, Siméon fait le pas de reconnaissance au-delà des frontières : « Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et la gloire d’Israël ton peuple. »

Saint Paul pourra conclure : « En Jésus-Christ, il n’y a plus ni Juifs, ni Grecs… »

Un Pape… orienté!

Par Thierry Schelling
Photo: DR Quand on vient d’Argentine, des chrétiens d’Orient, on connaît d’abord la diaspora. Et Buenos Aires accueille, depuis près de trois siècles, Arméniens, Grecs, mais aussi Russes et catholiques orientaux : melkites, maronites…

Souffrances
« Nous offrons cette messe pour les chrétiens d’Orient, peuple crucifié comme Jésus », déclarait le Pape le 13 février dernier. Il encourage les fidèles à rester sur leurs terres… alors que l’émigration bat son plein, inexorablement. Il répète inlassablement que « le Moyen-Orient sans les chrétiens ne serait plus le Moyen-Orient », se lamentant de l’hémorragie des populations dans l’indifférence internationale.

Soutien
Il leur a écrit une lettre à la veille de Noël 2014 après les avoir visités, Terre sainte en mai et Turquie en novembre. Les mêmes leitmotivs que ses prédécesseurs sont évoqués et les mêmes exhortations aux dialogues œcuménique et interreligieux sont martelées comme modus vivendi : « Il n’y a pas d’autre voie ! » Et puis les Arabes, musulmans et chrétiens, prient Dieu avec le même mot, Allah !

Ces chrétiens, selon Mgr Gollnish, président de L’œuvre d’Orient, demeurent « un des chantiers prioritaires » pour le pape François. Il reçoit les synodes des Eglises chaldéenne, melkite, arménienne, mais aussi l’épiscopat latin œuvrant au Proche et Moyen-Orient arabophone, turcophone et perse. A défaut de pouvoir se rendre en Irak, il crée le patriarche chaldéen Sako cardinal. Il a également ouvert les portes et les bras aux patriarches orthodoxes de ces Eglises orientales à Rome ; son amitié particulière avec celui de Constantinople, Bartholomée, est une clef spirituelle et humaine pour plus de solidarité entre minorités persécutées en Orient.

Suite ?
Et alors, que faire de plus ? La prière joue un rôle fondamental pour François : d’où l’invitation aux Orientaux à Bari, en juillet dernier, à prier pour la paix dans la langue des peuples concernés, par la bouche de leurs patriarches et papes. L’évêque de Rome a eu cette formule : « Ce Proche-Orient, région splendide, [où se trouvent] les racines mêmes de nos âmes… », et cette exhortation : « Cela suffit ! » Quelque chose doit changer !

La pastorale des jeunes en terre laïque

L’abbé Joseph Gay n’a pas 40 ans. Depuis une année, il pilote la pastorale des jeunes du canton de Neuchâtel. Avec peu de moyens, mais beaucoup de conviction.

Par Nicolas Maury
Photos : DR, Nicolas MauryUn sacré défi que celui devant lequel se trouve chaque matin l’abbé Joseph Gay en se réveillant aux alentours de 6h. Depuis environ un an, il gère la pastorale des jeunes de Neuchâtel. Un travail pour lequel il a été nommé à 50 %, l’autre moitié de son temps étant occupée par sa mission de prêtre auxiliaire. « 50 % pour tout un canton, c’est très peu. Tout comme Genève, Neuchâtel est très laïc, avec une séparation claire Eglise-Etat, sans oublier les divisions politiques et sur le terrain entre le haut et le bas… » Autant d’éléments que le jeune prêtre – pas encore 39 ans – voit comme un challenge. « Quand le vicaire épiscopal m’a demandé si j’étais d’accord de le relever, j’ai accepté tout en sachant que je ne peux pas faire de miracles. »

Cette mission lui demande de l’énergie. « Je la puise notamment dans la prière, à laquelle j’accorde un moment important entre 7h et 8h30 chaque matin, avant la messe de 9h que je célèbre en tournus avec mes collègues. »

L’expérience de l’ancien étudiant

Sa nomination ne doit pas grand-chose au hasard. Ayant passé son enfance à Neuchâtel, Joseph Gay a ensuite intégré la Garde suisse pontificale avant d’entrer au Séminaire. D’abord à Ars en France puis à Fribourg, où il a été ordonné prêtre en 2013. « Cela m’a donné l’occasion de rentrer en contact avec le monde étudiant. » Cette expérience, il la met à profit dans son mandat actuel.

« Etre seul dans mon dicastère complique un peu mes journées mais m’évite des séances (rires). Mon rôle n’est pas de créer quelque chose à partir de rien. Si je devais être déplacé ailleurs, cela tomberait à l’eau. Je préfère encourager les initiatives, fournissant un appui moral et logistique. Je peux aussi faire le lien avec les curés dans les paroisses, sans phagocyter le travail déjà fait. »

Poser des bases

Fidèle à ce principe, l’abbé « n’a jamais rien fondé, hormis “ Sursum Corda ”, un groupe de montagne jeunesse. Mais parfois, les jeunes eux-mêmes m’ont demandé d’être leur aumônier. Je fonctionne de la même manière ici. Il faut accepter l’idée de démarrer petit pour qu’ensuite ça s’agrandisse. En posant des bases plutôt qu’en cherchant un résultat immédiat. » Et de donner un exemple : « Les contacts personnalisés sont privilégiés, parce que le côté « groupe » peut parfois être un blocage. Je viens d’effectuer un pèlerinage à Rome avec des confirmés. Au départ, lorsque nous allions prier, ça traînait les pieds. Puis, au cœur de la chrétienté, ayant vu le Pape et ayant croisé Mgr de Raemy, ils ont commencé à ne plus avoir peur de prier le chapelet à haute voix en journée dans une église. Cela leur a donné l’envie de continuer, de se voir ici, à Neuchâtel. Un Doodle a été lancé… »

S’occupant aussi de l’Aumônerie universitaire, Joseph Gay peut compter sur l’appui de ses collègues du vicariat. « Nous nous réunissons le mardi et tissons des synergies. La pastorale de la famille et celle de la santé ont beaucoup à voir avec celle dont je m’occupe. Les responsables de la communication et de la formation sont aussi parties prenantes. Il y a des choses à développer ensemble. Beaucoup de nominations étant récentes, un temps d’adaptation est nécessaire. Mais c’est une bonne équipe. Je suis confiant. »

Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.
Joseph Gay entouré de confirmands à Rome.

Particularisme neuchâtelois

Pour les 50 % consacrés à ses activités de prêtre auxiliaire, Joseph Gay œuvre de concert avec ses homologues. « Funérailles, préparation au mariage, baptêmes… ils en font plus que moi », avoue-t-il humblement. « Mais je participe à la vie de la paroisse, aux kermesses, aux veillées de prière. » Réfléchissant un instant, il souligne : « Ici, le contexte œcuménique est important. En ce moment, je participe à l’organisation d’une table ronde inter-églises qui aura lieu en janvier, sur le thème « Mirage ou Miracle ». La sensibilité de la population neuchâteloise à la question de l’ésotérisme, au secret, au magnétisme est très perceptible. »

A plus courte échéance, il prépare aussi le concert du groupe Hopen, le 23 novembre à 20h30 à la basilique. « Nous voulons créer un ou deux événements comme ça par an. Tous les confirmands et les confirmés sont invités, avec en préambule une rencontre avec Mgr de Raemy qui parlera du Synode. Comme le souligne le pape François, l’idée est de faire confiance aux jeunes, d’être à leur écoute et surtout de répondre à leurs attentes. Ne pas leur dire: pratique d’abord, et après on verra. Tout ça commence par une simple rencontre. »

La communauté arménienne

Par Nicole Andreetta
Photo: Magda GhaliChaque dimanche, le Père Goosan Aljanian célèbre la messe, selon le rite de l’Eglise apostolique arménienne, à Troinex, dans l’église Saint-Hagop (Saint-Jacques). 

Beauté des chants, parfum d’encens, voix puissantes des officiants, la célébration, véritable voyage dans le temps, nous rappelle que l’Arménie institua, en 301, le premier Etat chrétien. 

La communauté arménienne de Suisse compte près de 8000 personnes. Elle s’est constituée par vagues d’arrivées successives. A la fin du XIXe siècle, des familles bourgeoises, fuyant les persécutions du sultan ottoman, s’établirent à Genève. En 1920, le pasteur Kraft-Bonnard créa un orphelinat à Begnins pour accueillir des enfants rescapés du génocide. Dans les années 50, de nombreux Turcs, parmi lesquels des Arméniens, s’expatrièrent pour trouver du travail. Suivirent les Arméniens du Liban, d’Iran et les ressortissants de l’ex-Arménie soviétique. 

C’est après un parcours parsemé d’événements tragiques qu’Areg parvient à retrouver ses racines : « Né à Adana, je suis arrivé à Genève en 2004. Mes parents, activistes pro-kurdes, avaient fui la Turquie et demandé l’asile en Suisse. Nous sommes originaires du Dersim, une région où Arméniens, Kurdes et Alévis ont subi tour à tour tellement d’horreurs qu’une chape de plomb avait recouvert notre histoire familiale. J’ai découvert récemment que j’avais des liens avec la communauté arménienne et la religion chrétienne. »

Au fil des déplacements forcés et des exils successifs, l’identité arménienne s’est complexifiée. Pour Daniel Papazian, membre du Conseil de la Fondation Saint-Grégoire, c’est une opportunité pour davantage d’ouverture.

« Je suis genevois, né à Genève. Mon identité arménienne est toujours présente et je la vis sans conflit ! Il n’y a pas qu’ une vérité, qu’une seule façon de regarder l’autre. Une langue implique une certaine manière de communiquer. En parler plusieurs est un enrichissement et un accès plus facile à la tolérance. »

Il ajoute : « C’est autour de la messe célébrée dans la langue et selon le rite de nos origines que nous nous rencontrons et nous nous retrouvons. »

www.centre-armenien-geneve.ch

En librairie – décembre 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Gabriella Enasoae de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

syrie_l_espoir_vainqueurSyrie, l’espoir vainqueur

Religieuse à Homs, sœur Marie-Rose espère, quand la guerre arrive dans son pays en 2011, qu’elle sera brève. Restée au milieu des siens, elle apporte aide matérielle, réconfort et présence, créant notamment une école abritant et éduquant 300 enfants traumatisés par la guerre. Dans cet ouvrage, elle raconte l’autre Syrie, celle du peuple victime de toutes les violences.

Nouvelle cité

Acheter pour 27.60 CHFravanelLa Vie du Père Jacques Ravanel à la Flatière

La bonté, la disponibilité et la générosité du Père Jacques Ravanel ont touché des milliers de personnes à travers le monde. Reconnu comme un des plus beaux visages de prêtre français de la seconde moitié du XXe siècle, il joua un rôle capital au sein des Foyers de Charité et pour la cause de Marthe Robin. Elisa Giacomotti et Christophe Carmona détaillent sa vie au pied du Mont-Blanc dans cette BD. 

Editions du Signe

Acheter pour 25.50 CHFfuite-egypteLa Fuite en Egypte dans l’art d’Orient et d’Occident

Dans cet ouvrage richement illustré, François Bœspfug et Emanuela Fogliadini expliquent pourquoi l’épisode de la Fuite en Egypte – à travers lequel le Christ a connu l’exil et l’expatriation – fut très fécond sur le plan artistique. Ils détaillent aussi l’évolution de son traitement à travers les siècles et montrent sa brûlante actualité.

Mame

Acheter pour 61.30 CHF24-histoires-de-noel24 histoires de Nöel pour attendre Jésus avec les petits

Ce recueil propose 24 histoires inspirées de l’Evangile et de la tradition de Noël à lire chaque soir pendant l’Avent. Richement illustré par de multiples auteurs, il convient à des enfants à partir de trois ans. 

Mame

Acheter pour 20.70 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Nos chrétiens d’Orient

Par l’actualité proche-orientale, on connaît désormais les Chaldéens, les Assyriens ou les Coptes. Médias et littérature ont prédit leur mort puis leur résurrection… Partagés entre terres d’origine et diasporas, ils se sont aussi installés dans le paysage romand, discrètement. Enquête.

Par Thierry Schelling
Photos: Ciric, DR, Jean-Claude GadmerNejeb et Ephraim sont Syriens et syriaques catholiques. Depuis bientôt trente ans dans l’Ouest lausannois, ils y ont créé foyer et amitiés, de par les liens professionnels et sociaux nourris de leurs affabilité et serviabilité notoires. « J’adore vivre ici, au calme », confie Ephraim. Leur accueil culinaire respire le pays : fetté, kebbé, kousa abondent. « J’adore la raclette !, lance-t-elle entre deux effluves du four. On vient volontiers à la messe le samedi soir, à 18h. Aucun problème pour nous que ce ne soit ni en arabe ni notre rite. L’important, c’est de nourrir sa foi, non ? »

Histoire récente

Orthodoxes ou catholiques principalement (cf. encart), les chrétiens orientaux vivant en Suisse sont plus nombreux dans les agglomérations alémaniques – Zurich, Bâle, Saint-Gall… – qu’en Romandie où les centres importants s’égrènent de Genève à Montreux. C’est au milieu du XIXe siècle que s’implantent les premiers édifices et communautés orthodoxes byzantins 1 – russes, dans ce cas – à Genève et Vevey, mais également les Arméniens (Genève). Les années 60-70 voient arriver d’autres orthodoxes de Roumanie, Serbie, Grèce ; les années 80-90 sont celles des orthodoxes-orientaux : coptes, syriaques, mais aussi les maronites. Dès les années 2000, ce sont les Ethiopiens-Erythréens et les Indiens qui émigrent à leur tour en Europe et jusqu’aux Amériques.

1 On distingue deux « types » d’Eglises orientales : les orthodoxes-byzantines liées aux grands patriarcats de l’orthodoxie – Alexandrie, Constantinople, Moscou – et distincts de Rome depuis 1051, et les orientales-orthodoxes qui se sont séparées avant le XIe siècle, soit Assyrie, Arménie, Ethiopie, coptes d’Egypte ou syriaques de Syrie. Sans oublier l’Inde et son kaléidoscope ecclésiastique, mais de plus récente fondation : dès le XVe siècle !

Service

Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !
Maroun Tarabay, prêtre maronite et heureux grand-père du petit Martin !

Maroun Tarabay, l’un des prêtres maronites opérant dans le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg depuis 1987, est engagé tant au service de sa communauté arabe que du catéchuménat d’adultes vaudois. Il analyse l’actuelle communauté libanaise ainsi : « L’intégration des Libanais dans le tissu social helvétique, leur apport économique et culturel, sont des qualités notoires. [Mais] leur assimilation ambiante au point de perdre leurs racines culturelles et cultuelles m’interpelle. »

Dilemme

Préserver traditions, rites et langues anciennes, certes « constructeurs d’identités », est à la fois un devoir et… un frein : l’acculturation est tout autant de mise pour un Erythréen de rite geez débarquant à Zurich qu’elle l’a été… pour un Gruyérien catholique descendu à Genève dans les années 60 ! Puisque l’émigration orientale-chrétienne est inéluctable, il convient de lui donner une structure stable en diaspora. Un seul exemple, plutôt inattendu : en 2016, le Saint-Siège a érigé à Preston une éparchie (diocèse) pour les syro-malabars 2 vivant en Grande-Bretagne ! De même pour des centres spirituels et intellectuels que sont monastères et instituts d’étude: le Centre orthodoxe de Chambésy (Patriarcat de Constantinople) en 1966, le monastère syriaque de Mor Augin (Saint-Eugène) à Arth Goldau en 1996… 

Cependant, il ne s’agit pas juste de conserver, mais également de changer – un vrai challenge car on parle alors de mariages exogames, de passages aux Eglises évangéliques, voire de l’abandon de la pratique religieuse et ce, en toute liberté… 

2 Chrétiens catholiques d’affiliation chaldéenne originaires du Kerala.

(In)fidélités

Reconnaissable à sa magnifique parure blanc immaculé, Senbentu, vêtue de la zuria (robe brodée) et de son netsella (grand châle couvrant tête et corps), contraste dans la nef de Notre-Dame à Genève, à la messe de 10h : « Pour moi, le dimanche, c’est le jour du Seigneur, alors je m’habille comme au pays et je viens célébrer ! » A la question de savoir pourquoi elle ne rejoint pas une de ses communautés, la réponse fuse : « Trop de politique, pas assez de Dieu ! » On n’en apprendra pas plus d’elle. Son choix est clair et ses enfants l’accompagnent dans la liturgie en rite romain, bien sobre pour une Ethiopienne – « et courte, car à Addis, explique-t-elle, la qedassié (messe) dure 6 heures » !

Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.
Père Alexandru, prêtre de rite byzantin.

L’Orient chrétien, même en Suisse, c’est aussi la réalité d’un clergé marié ! Alexandru Tudor, Diana et sa fille Petra Anastasia ont été nommés ensemble, pour ainsi dire, à Vevey en 2016 : « Je remercie votre épouse et votre fille qui sont partie prenante de votre engagement », lui signifiait Charles Morerod dans sa lettre de nomination. A la question de savoir comment on vit son sacerdoce en étant marié, le Père Alexandru répond : « Notre joie fondamentale est de vivre dans un pays libre selon notre foi et l’Evangile. Nous avons connu la dictature communiste par le passé en Roumanie… » Il n’est pas insensible non plus au contexte œcuménique du diocèse romand : « Pour nous qui sommes d’origine orthodoxe, c’est de pouvoir vivre à petite échelle ici en Suisse romande, dans notre diocèse, l’ouverture, la largeur, l’universalité de l’Eglise catholique, sa catholicité. C’est une chance et une bénédiction de pouvoir vivre cette dimension de l’Eglise qui n’est pas encore évidente pour tous les chrétiens. » La difficulté reste, selon ses mots, « pour moi et ma famille, de s’intégrer dans des structures […] bien en place selon des règles formelles pas toujours évangéliques, ni fraternelles. »

Pour Binoy Cherian, salésien et prêtre indien dans l’UP du Plateau (Genève), le fait d’être birituel – rite romain et rite syro-malabare – lui « est très facile » à vivre ! Car, précise-t-il, « la pluriculturalité est l’image parfaite de l’Eglise universelle contredite par des rites qui essayent de protéger l’ethnicité des peuples ». Et de conclure qu’à Genève, « la pluriculturalité est une réalité, je m’en suis rendu compte, et comme prêtre en UP et comme aumônier de l’Institut Florimont. D’ailleurs, on est unifié par la foi en Jésus-Christ » ! Diversité dans l’unité…

Les chrétiens d’Orient

On appelle « chrétiens d’Orient » les fidèles des Eglises locales comprises dans un arc de cercle allant de l’Ethiopie à l’Inde, et qui sont autocéphales, ou « autogérées » sur le modèle synodal ! Les rites portent le nom, pour certains, d’une grande ville de l’Empire romain : Alexandrie, Constantinople, Antioche ; pour d’autres, de peuples : Arméniens, chaldéens, coptes, ou d’une région : Malabar ou Malankar au Kerala, Inde. Ces rites sont plus anciens que celui de Rome et utilisent un amalgame de langues vernaculaires (arabe, russe, malayalam…) et anciennes (geez, copte, syriaque, grec…), ce qui donne à leurs célébrations un parfum d’ancienneté et d’audiblité… Comme le terme générique de « chrétiens » orientaux ne le sous-entend pas forcément, ils sont aussi de confession… protestante : luthérienne, réformée, évangélique et anglicane ![thb_image image= »3376″]

Comme des mages d’Orient (Matthieu 2, 1-12)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
C’est d’Orient, là où se lève le soleil du matin, que viennent les mages. Ces sages astrologues se laissent conduire par leur bonne étoile, qui les mène vers celui qui est l’astre nouveau, la lumière qui vient nous visiter, dit Zacharie dans son cantique (Luc 1, 78). Ceux qui se trouvaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort sont éblouis par la lumière qui accompagne leurs pas au chemin de la paix (Luc 1, 79).

Les mages apportent de précieux présents, au nombre de trois, l’or pour la royauté du Christ, l’encens pour la divinité du Fils de Dieu et la myrrhe pour le corps de Jésus promis à la crucifixion et à la mise au tombeau. C’est d’ailleurs pour cette raison que la tradition a retenu qu’ils étaient trois et qu’ils méritaient le titre de rois.

Aujourd’hui aussi, les chrétiens orientaux proviennent de la nuit de la guerre et des conflits. Ils ont bien souvent été chassés de leurs pays notamment, de Syrie, d’Irak et des différents Kurdistan. Ils portent avec eux d’inestimables cadeaux : ceux de leur sens de l’hospitalité donnée et reçue ; de leur langue semblable à leurs frères et sœurs de diverses confessions et traditions religieuses ; de leur finesse et de leur culture, mises à mal par l’oppression, les menaces et les bombes. Ils sont riches de l’or de leur délicatesse humaine et de leur recherche de communion, de l’encens de leur patrimoine séculaire et de leur liturgie, de la myrrhe des épreuves traversées et des blessures subies. 

Leur seule présence nous rappelle que l’Eglise catholique est universelle, qu’elle respire en quelque sorte à deux poumons, l’oriental et l’occidental. Comme déjà sa théologie et sa spiritualité se sont forgées grâce au dialogue entre les Pères grecs et latins.

Puissent tous ces réfugiés et migrants pouvoir, comme les savants du premier évangile, être avertis par Dieu et parvenir à rentrer dans leurs terres (Matthieu 2, 12) !

Réponse d’un évêque à Marie Chardonnens

logo_synode4

En vue du Synode des jeunes qui s’est tenu à l’automne 2018, le Pape invitait nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DR20180815_141019Ce mois-ci, pour la dernière édition de cette rubrique, c’est Marie, de Fribourg, 31 ans, jeune mère de famille et enseignante spécialisée, qui a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

J’imagine que la façon d’être chrétien n’est pas pareille pour un jeune du Canada, d’Afrique du Sud ou des Philippines. De ces différentes réalités, comment le Synode a-t-il pu rejoindre chaque communauté ?

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi: »

alain-de-raemyChère Marie,

La façon d’être chrétien est toujours la même. C’est celle de Jésus. De l’amour qui aime aimer. Sans mais, ni si, ni sauf… D’un amour qui n’aime pas ne pas aimer. Mais qui justement pour cela ne peut pas se passer de Jésus, l’Amour incarné. En Lui, je suis aimé. Pas préservé ou avantageusement privilégié. Mais gratuitement aimé pour gratuitement aimer. Sans exception.

Au Canada, en Afrique du Sud ou aux Philippines, cet unique amour est différemment sollicité et défié. Mais partout le chrétien, le vrai, est demandé. Corruption rampante qui fait qu’on y succombe pour s’en sortir, violence choquante qui rend la vengeance presque légitime, villages et villes qui se vident de leur jeunesse qui trop souvent finit noyée en Méditerranée, questions d’identité sexuelle qui nous laissent pantois et sans voix, sociétés individualistes où l’effervescence des réseaux ne change rien à la réalité…

Le synode a montré aux participants que l’amour du Christ est vraiment le seul chemin. Partout. Jusqu’au martyre. Des martyres apparemment si différents et pourtant tous également conséquents. Ces témoignages ignorés, incompris, ridiculisés, discriminés, emprisonnés, persécutés, ou même parfois tués. Mais des témoignages qui peuvent tout changer, aujourd’hui, demain ou même après-demain. L’amour n’est jamais vain. Et il rend heureux. Tout de suite.

On apprend les uns des autres à être chrétien en tout et pour tout. Si seulement la planète interconnectée et super-réseautée que nous connaissons pouvait rendre ce témoignage chrétien partout présent et encore plus fécond ! La jeunesse est ici au premier plan, les « digital natifs » ont vraiment une mission ! Au synode un exemple a été mis en avant : la collaboration qui doit se faire entre chrétiens des pays d’origine et chrétiens des pays d’accueil des migrants. Jeunes, aidez-nous à devenir grands !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

En librairie – novembre 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Gabriella Enasoae de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

thibirineMoines de Tibhirine, heureux ceux qui espèrent

Vaste travail que celui réalisé par Marie-Dominique Minassian, qui a recueilli les journaux spirituels, les homélies, les méditations et les correspondances des moines de Tibhirine. Jamais avant ce livre on ne les a entendus parler ainsi. Et on y découvre qui ils étaient avant de mourir martyrs.

Bayard, Cerf, Abbaye de Bellefontaine

Acheter pour 43.50 CHFfrancoisFrançois

Il aime le foot et les copains, tombe amoureux, rêve de tango et hésite à se faire médecin. Mais un jour de 1954, il se sent appelé à devenir prêtre. Lui, c’est Jorge Bergolio, dont la vie nous est ici contée en bande-dessinée – pas du tout réservée aux seuls enfants –, de sa jeunesse à sa tâche actuelle de Pape.

Les Arènes BD

Acheter pour 32.60 CHFbaudoinBaudoin et Fabiola, l’itinéraire spirituel d’un couple

Chaque couple a son histoire, et quand celui-ci règne sur la Belgique, il appartient aussi à l’Histoire. Dans ce livre, Bernardette Chovelon retrace la vie de Baudoin et Fabiola, depuis leur rencontre jusqu’à ce que le mort les sépare, en nous faisant découvrir leur intimité spirituelle et un lien plus fort que le mariage.

Artège

Acheter pour 22.20 CHFsoifSoif de Dieu, soif de l’homme

La première et la plus grande preuve de la soif de Dieu, c’est qu’il a œuvré dans le but que l’homme revienne à lui. Quant à l’homme, il est soif béante de dons divins. Dans cet ouvrage, l’abbé Vallot nous montre que notre bonheur réside dans la communion de ces deux soifs.

Salvator

Acheter pour 32.40 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Réponse d’un évêque à Victor Chappuis

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRsynodeVictor Chappuis, 22 ans, habitant Genève et entrant en 4e an­née de médecine, a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

Une question plutôt personnelle pour notre évêque des jeunes : n’a-t-il jamais voulu fonder une famille ? Continuer l’œuvre du Seigneur en donnant la vie ?

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyCher Victor,

Fonder une famille. D’après les sondages les plus récents, ce projet de vie garderait tout son attrait. Il reste le rêve d’une grande majorité. Comment aurais-je la prétention de faire exception ! Et pourtant.

J’ai grandi entouré de trois femmes : ma maman et mes deux sœurs, une aînée, l’autre cadette (j’ai bien entendu aussi un père et également un petit frère !). Et il y eut toutes ces jolies filles des écoles mixtes, primaire et secondaire, de cette grande ville sans tabous qu’est Barcelone. Et puis ce fut l’internat en Suisse allemande (de 14 à 19 ans), sans filles en pension, mais quand même une en classe. Ce qui n’empêchait pas d’avoir des contacts à l’extérieur, et à moi de recevoir la visite de Béatrice, une ancienne camarade d’école à Barcelone. Et enfin l’école de recrues, avec les sorties en soirée. Occasion de rencontrer Geneviève, qui m’envoya sa photo. Et une année en faculté de droit à Zurich. Toujours en contact avec Béatrice. Voilà en très, très gros traits, le parcours du jeune adolescent que j’étais au jeune adulte que je devenais.

Et pourtant, ce n’est pas la fondation d’une famille qui me titillait le plus. Je voulais, je devais comprendre pourquoi, l’architecture et le droit ayant finalement été mis de côté, j’avais pour la théologie un tel d’attrait. Qu’est-ce qui se passait en moi, pour être aussi « obsédé » par une envie d’être prêtre, dont aucun exemple ne m’était familier…

En apprenant ensuite à connaître Jésus, en fréquentant les écrits de ses évangélistes, en me confrontant à d’autres jeunes hommes « appelés » et à des jeunes filles amies et confidentes, j’ai peu à peu compris que la manière de vivre de Jésus, déjà incompréhensible à sa culture et à son temps, où seule la fécondité physique était perçue comme bénédiction, que cette manière pouvait devenir la mienne. Je ne l’ai jamais regretté. C’est aussi un combat de fidélité, un peu comme dans le mariage. Mais je continue à y croire. Et j’espère être fécond, Dieu aidant. Mais autrement.

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Des gestes de résurrection (Jean 11)

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Certes, la manière de faire de Jésus face à la mort de Lazare ne constitue pas un « modèle à appliquer tel quel » dans l’accompagnement du deuil. Le Rabbi attend notamment deux jours avant d’aller voir son ami malade (v. 6), alors que les deux sœurs de celui-ci avaient fait appeler le Christ en le suppliant de venir au chevet de leur frère (v. 3). En outre, Jésus affirme aux apôtres se réjouir de ne pas avoir été présent lorsque Lazare s’est éteint : c’est pour leur bien, afin qu’ils croient, ajoute-t-il (v. 15). Car il se situe sur un autre plan, celui de la maladie et du trépas destinés à manifester « la gloire du Père et la glorification du Fils » (v. 4). La mort en effet n’est pas la fin de tout, elle n’est qu’un repos dont le Christ nous réveillera, ainsi qu’il l’a fait pour le frère de Marthe et Marie (v. 11).

Il n’empêche : ceux qui cheminent avec les familles endeuillées sont appelés à poser, à toutes les étapes du deuil, avant, pendant et après la mort, des gestes et des paroles de résurrection :

– une présence réelle, auprès des proches et de la famille, au milieu des pleurs et de la tristesse (v. 17) ;

– une écoute attentive et discrète de la souffrance et des attentes, malgré les éventuels reproches (vv. 21.32) ;

– un désir de consoler, au sens étymologique du latin cum-solus, ne pas laisser seul (v. 28) ;

– une capacité d’entrer en empathie, de se laisser toucher aux entrailles et de pleurer avec ceux qui pleurent en signe de soutien et d’affection vraie (vv. 33.35) ;

– des signes concrets de proximité corporelle et spirituelle (vv. 38-39) ;

– un témoignage d’espérance à travers des paroles vraies, fortes et drues, exprimées
en « je », ouvrant des horizons de solidarité et de lumière (vv. 23.25.26.39.40.42-43).

Certes, nous n’avons pas la puissance remise par le Père au Fils de faire se lever les morts dans l’Esprit. Il n’en reste pas moins que la qualité humaine et la profondeur spirituelle de nos attitudes et de nos propos peuvent être d’une aide effective auprès des endeuillés ; ils nous le disent d’ailleurs : pendant la fin de vie, au moment du décès, lors de la rencontre avec la famille, au cours de la veillée funèbre, de la célébration et de la mise en terre, dans les semaines, les mois et les années qui suivent. Lorsque nous agissons et parlons en celui qui est la Résurrection (v. 25).

Dans l′intimité

Par le chanoine Calixte Dubosson
Photo: Jean-Claude Gadmer« Selon son désir le dernier adieu a eu lieu dans l’intimité de la famille. » Voici une phrase que l’on voit de plus en plus apparaître sur les faire-parts de décès. Si l’on veut jauger l’évolution des mentalités dans nos sociétés dites modernes, il n’y a pas meilleur endroit que les annonces nécrologiques. Jugez plutôt : une famille choisit la crémation, tout le monde suit à 90 %, l’une choisit les visites libres, tout le monde suit à 95 %, l’une met le nom des défunts dans les faire-parts, presque tout le monde se croit obligé d’en faire de même, l’une choisit l’intimité, on en est bientôt à 50 %, et déjà apparaissent ça et là les remerciements à l’Association Exit pour son aide au suicide. 

Que retirer de ce constat ? Au moins cela : en voulant s’affranchir des conformismes d’hier, on tombe dans d’autres, ceux que je viens de citer. C’était mieux avant ? Peut-être que non, mais je pose la question : quand donc les individus et les familles comprendront-ils que ce n’est pas seulement un de ses membres qui s’en va, mais aussi et surtout un membre d’une communauté, d’un village, d’un quartier, à qui on refuse la possibilité de dire au revoir en empêchant des rites séculaires tels que les honneurs ?

Les apôtres de Donatyre

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
Ils sont discrets, sérieux, alignés en demi-cercle, debout sous le Christ trônant  sur l’univers.

Les 12 apôtres de la tradition chrétienne sont souvent représentés, et on en trouve une belle réalisation du siècle dernier en poussant la porte de l’église protestante de Donatyre , près d’Avenches.

L’église d’origine date du XIe siè­cle ; construite sur un sol pétri d’édifices romains, elle porte bien son style « roman ». L’arche du chœur rappelle avec évidence les entrées voûtées du théâtre romain et le demi-cercle du chœur nous conduit à l’endroit de la basilique d’où le délégué de l’empereur prenait les décisions et jugeait la place du roi. 

Mais ici nous sommes en tradition chrétienne : l’église est  dédiée depuis toujours à sainte Thècle, (Domina Thecla-Donatyre) d’Iconium, (actuellement Konia, en Turquie), martyre ou presque du premier siècle et compagne de Paul, selon une tradition. Elle doit se trouver à l’aise au milieu des apôtres.

Cette église relevait des évêques de Lausanne jusqu’à la Réforme de 1536. Le culte réformé l’a peut- être sauvée. Sous  l’influence de Napoléon, la paroisse revient  quelque temps au canton de Fribourg puis devient définitivement vaudoise.

Cette humble église de campagne nous fait connaître une longue histoire religieuse, traversant les cultures et les siècles ; elle mérite l’appellation de « bien culturel d’importance nationale ».

Les saints de nos familles

La Toussaint, ce n’est pas pour fêter les saints que nous connaissons, mais pour tous les autres, les nôtres parfois. Pensons-nous assez à notre famille… élargie?

Par Bertrand Georges
Photo: DR« Je ne sais pas si les extraterrestres existent, disait un prêtre, mais je crois aux êtres « intra-célestes ». » Depuis toujours, les croyants sont reliés avec les habitants d’un autre monde, que l’on nomme joliment « le ciel ». C’est ce que nous appelons « la communion des saints ». 

« Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie », disait saint Dominique. Quant à sainte Thérèse, elle promettait qu’elle « passerait son ciel à faire du bien sur la terre ». D’ailleurs, n’avons-nous pas nous-même recours aux saints dans nos différents besoins ? 

Si nous invoquons les saints des livres, combien plus pouvons-nous le faire avec ceux que nous avons connus, aimés, côtoyés, enfantés, élevés, ceux avec qui nous avons vécu de riches heures ou des moments difficiles, ceux à qui nous avons rendu service, dont nous avons partagé l’amitié ou la vie conjugale. Ils ne sont pas dans les calendriers liturgiques ou représentés par des statues ; pourtant, ceux de nos familles qui ont aimé, cru et espéré sur la terre sont sans doute bienheureux dans le ciel. Et c’est eux que l’Eglise fête à la Toussaint : les inconnus, les non-canonisés d’ici et d’ailleurs. 

Ce que chacun fait de bon dans le Christ porte du fruit pour tous. C’est ainsi que se vit une mystérieuse solidarité, une belle complicité entre le ciel et la terre, entre notre famille d’ici-bas et celle de l’au-delà. Chers grand-papa, fille, petit frère, maman, amis, voisins, collègues tant aimés (ou pas assez)… priez pour nous !

« La Toussaint, c’est la fête des morts vivants », disait, non sans humour, un écrivain 1. En pensant à nos défunts, nous croyons que nous les reverrons. 

De plus, les saints nous montrent la direction : en regardant les saints, je sais qui je serai. Tous saints ! Voilà l’appel qui nous est adressé en ce jour ! Bonne fête !

1 Edmond Prochain, « Jargonnier catholique »

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp