« Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom,je suis au milieu d’eux. »
(Math 18, 20)
Par Nicole Andreetta Photo: DRLe baptême est une démarche qui concerne, en général, de tout petits enfants. Il représente l’entrée dans la communauté chrétienne. Il arrive régulièrement que des jeunes gens ou des adultes demandent également à recevoir ce sacrement. Et parfois même des enfants en âge de scolarité expriment eux-mêmes le souhait d’être baptisés. Ces derniers suivent alors un parcours de catéchèse adapté à leur situation.
Elisabeth Beaud est responsable de la pastorale du baptême pour les enfants en âge de scolarité dans l’UP Notre-Dame à Fribourg : « Pour notre UP, cela représente, en moyenne, huit enfants par année. A Fribourg, les cours de catéchèse ont lieu dans le cadre de l’école. Il est possible d’y assister sans avoir reçu le baptême. C’est souvent au moment où ses camarades se préparent à la première communion que, tout à coup, l’enfant demande lui-même à être baptisé. Il ressent le besoin d’appartenir à un groupe, une communauté. Il en parle d’abord à ses parents et son catéchiste me contacte ensuite. »
Les enfants suivent un temps de préparation durant une année, à raison d’une rencontre une fois par mois.
« Les enfants sont très assidus, souligne Elisabeth. Nous leur faisons signer une sorte de contrat qui les engage. Pour différentes raisons, les parents n’ont pas fait baptiser leur enfant, cela peut aussi réveiller quelque chose en eux. Certains assistent aux rencontres, on les sent présents. »
Et Elisabeth termine par cette jolie histoire : « Il y avait dans une classe un jeune garçon, appelons-le Sébastien, assez bagarreur qui n’était pas très aimé de ses camarades. Un de ses copains, voulant mettre en pratique ce qu’on lui avait dit sur l’amour du prochain, lui fait la proposition de venir au cours de catéchèse. Sébastien accepte. Il assiste à une première rencontre, puis à la suivante… et finit par intégrer le groupe. Un jour, il décide de demander le baptême. Ses parents n’imaginaient pas qu’il ferait cette démarche, mais soutiennent sa demande. Certains de ses amis du cours de catéchèse étaient présents lors de la célébration. Depuis, Sébastien est également devenu servant de messe. »
Par François-Xavier Amherdt
Photo: pixabay.comNon seulement Jésus laisse venir à lui les petits enfants qu’on lui amène : il les embrasse, les bénit et leur impose les mains (Marc 10, 16) ; il provoque ce faisant la réaction courroucée et outragée des disciples (« ils le rabrouèrent », v. 13b) qui ne comprennent pas qu’on vienne importuner le Maître avec des êtres non encore admis officiellement dans la communauté (la majorité religieuse était à 12 ans pour les filles et à 13 ans pour les garçons). Mais en plus, le Christ se fâche contre les apôtres et fait des petits les modèles de ceux qui désirent entrer dans le Royaume.
La spiritualité des enfants se fonde aussi sur cette double dimension : ils ont libre accès au Père qui reconnaît leur profonde dignité, notamment par la renaissance du baptême. « Tu es mon fils, ma fille bien-aimé(e). En toi je mets tout mon amour », dit la voix venue du ciel sur chaque nouveau baptisé, comme pour Jésus au Jourdain (Marc 1, 11). La grâce surnaturelle jointe à la constitution naturelle « ontologique » des petits, les révèle comme « capables de Dieu » (capax Dei, en latin), c’est-à-dire aptes spontanément à s’ouvrir à la Transcendance, à percevoir la profondeur de la réalité au-delà des apparences, et à habiter la sphère spirituelle de l’Esprit. Leurs anges gardiens, leurs saints patrons, leurs parrains et marraines et leurs familles y veillent.
D’autre part, les petits montrent aux adultes le chemin à suivre par leur attitude et leur manière d’être profonde. Comme Jésus le proclame : « Quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. » (v. 15) C’est ce que la petite Thérèse de Lisieux appelle « la petite voie de l’amour et de l’enfance spirituelle ».
Le Royaume ne se gagne pas à coups de mérites ni de performances, fussent-elles religieuses. Il se reçoit dans l’abandon, à l’exemple d’un bambin qui se laisse prendre sur le cœur de ses parents. Pour aller au ciel, dit Thérèse, mon ascenseur, ce sont les bras de Jésus. Il ne s’agit pas de faire des œuvres POUR Dieu, mais de se laisser faire PAR Dieu.
C’était la première année que j’enseignais le catéchisme. J’avais devant moi un groupe d’enfants d’une dizaine d’années. Nous étions plongés dans la lecture d’un récit tiré du livre de l’Exode, la traversée de la mer Rouge par les Hébreux.
Je m’appliquais à suivre à la lettre le déroulement du cours proposé par le programme de catéchèse. Je m’étais lancée dans une explication un peu scientifique de ce fameux miracle, mais qui m’apparaissait cohérente et rationnelle, lorsqu’un jeune garçon m’interrompit :« Mais alors, il sert à quoi, Dieu, si tu expliques tout ? »
Sa question m’interpella fortement. Je venais de recevoir une belle leçon. Quel que soit notre désir de bien faire et de chercher à résoudre des problèmes, il ne faut jamais oublier de laisser de la place pour l’inexplicable. Voilà un enseignement que je n’ai jamais oublié !
J’ai, depuis, suivi différentes formations bibliques et théologiques.
Je travaille depuis 15 ans comme aumônière auprès des demandeurs d’asile.
J’ai toujours gardé au fond de mon cœur les paroles de cet enfant. Face aux nombreuses situations que je rencontre où je me sens bien impuissante, elles représentent pour moi une belle source d’espérance.
Spécialiste en communication, Claire Jonard a intégré la communauté du Saint-Bernard. Elle gèrenotamment la Pastorale jeunesse en Suisse romande.
Par Nicolas Maury Photos: François Perraudin, Nicolas Maury« Ici le Christ est adoré et nourri. » Ces paroles résonnent de manière particulière aux oreilles de Claire Jonard. Vierge consacrée, la quadragénaire belge a guidé pendant une dizaine d’années nombre de ses compatriotes sur le chemin du col du Saint-Bernard. « Il y a vingt ans, j’ai senti que Dieu m’appelait. Découvrant ma vocation grâce à mon évêque, j’y ai répondu. Dieu est venu la confirmer. » Ce moment décisif s’est déroulé à 2473 mètres d’altitude. « Quand je venais à l’hospice animer des retraites et des vacances, j’ai compris le charisme du lieu. Cela a complété ce que je vivais en Belgique. Le Seigneur m’a conduite à rejoindre la communauté du Saint-Bernard. »
Aujourd’hui, Claire vit dans la maison que la communauté possède à Martigny. « Arrivée en Suisse début 2017, je suis encore en train de chercher la forme exacte de l’appartenance et du cheminement que cela pourrait prendre. C’est à conjuguer avec ma vocation de vierge consacrée », avoue-t-elle. Ce qui ne l’a pas empêchée de rapidement assumer des responsabilités, en Valais et au-delà. Son quotidien, elle le partage entre sa fonction de chargée de projet pour la Pastorale jeunesse en Suisse romande et de coordinatrice du Centre romand des vocations d’une part, et d’animatrice pastorale à Bagnes avec rayonnement sur Martigny et Orsières d’autre part.
Le Synode en point d’orgue
« Ma journée commence à 7h15 par la prière des laudes, suivie du petit déjeuner avec la communauté. Ce moment est l’occasion de prendre des nouvelles de chacun. Nous ne sommes pas tous présents en permanence dans la maison de Martigny », sourit la jeune femme. Qui s’attache ensuite à répondre à son double mandat professionnel. Ses instruments : son ordinateur et son téléphone portable. « Mes deux temps partiels, je les conjugue plutôt sur la durée que sur 24 heures. En général, le matin est réservé à faire avancer les dossiers. »
De courriels en téléphones, le Synode des jeunes l’occupe en priorité cet automne. Forte de sa précédente expérience professionnelle – elle fut responsable des services de communication des vicariats de Bruxelles et du Brabant wallon ainsi que porte-parole de la Conférence épiscopale en Belgique –, elle supervise la campagne de prière liée à cet événement. Sans oublier la réalisation de clips vidéos liés aux vocations. « Ce synode est un événement extraordinaire. Il n’y en a jamais eu sur un thème liant jeunesse, foi et discernement qui tient très à cœur au Saint-Père. Je ne pense pas que quelque chose de similaire se reproduise ces cent prochaines années. La particularité, c’est que les jeunes sont appelés à être protagonistes, comme durant la phase de préparation. Tout cela donnera une ligne pour la pastorale des 30 à 40 ans à venir. Sans oublier que l’Esprit Saint va souffler sur le Synode. Participer à tout ça, c’est avoir le cœur qui bat au rythme de la mission de l’Eglise mondiale. »
En parallèle, elle tourne une partie de son attention vers janvier 2019 et les JMJ de Panama.« C’est tout soudain ! Je prends des contacts avec le diocèse de Bocas del Toro où les Suisses se rendront. Je serai aussi de la partie. »
L’après-midi, Claire Jonard le consacre davantage aux rencontres et rendez-vous. « A Bagnes, nous tentons de cibler les besoins, les rêves et les appels plutôt que de nous limiter à remplir le cahier des charges administratif. Tout ça dans une ambiance ouverte et informelle. »
Son travail met souvent Claire en contact avec la jeunesse, notamment en vue des JMJ de 2019 à Panama.
Missionnaire du XXIe siècle
Sa passion pour la communication, elle la fait vivre via les réseaux sociaux. « C’est en montant des projets avec les jeunes que j’ai appris à être efficace pour eux. Il est important que les chrétiens soient présents sur ce type de médias. Ce n’est pas parce qu’on est catholique qu’on doit faire des choses de manière amateure. » Entre l’établissement d’un calendrier de publication, la planification à moyen et à long terme et la génération de buzz, Claire sait exactement quelles sont les méthodes à adopter : « Les missionnaires qui partaient en Afrique devaient apprendre le langage et la culture locale avant de mener à bien leur tâche. Ici, c’est pareil. Il faut d’abord donner le goût aux jeunes de rejoindre l’une ou l’autre activité d’Eglise. Ce n’est pas à travers les réseaux sociaux que l’on explique comment approfondir un Evangile, mais c’est là qu’on peut dire : Venez et Voyez. »
Un chef-d’œuvre de style baroque, attribué à Pierre Ardieu de Bulle, vers 1670.
La dévotion à Marie est aussi ancienne que l’Eglise ; ses douleurs annoncées par le prophète Siméon ont été rapidement mises en évidence, d’où parfois un culte marial doloriste.
Appelée également Notre Dame de miséricorde, ou encore Notre Dame de grâce, elle a été honorée en Suisse romande sous ces vocables, à côté de titres plus glorieux comme Notre Dame de l’Assomption.
En l’église des Augustins, aujourd’hui paroisse Saint-Maurice en basse-ville de Fribourg, on peut admirer un chef-d’œuvre de style baroque, un temps où on ne se privait pas d’exprimer ses sentiments, joyeux ou peinés. La statue sculptée en bois polychrome représente Marie portant sur ses genoux non plus le « petit Jésus » mais le Seigneur et Sauveur après sa mort. Et avant la résurrection. Malgré le côté dramatique de la scène souligné par les sept épées transperçant le cœur de Marie, les visages restent empreints de dignité. C’est un Christ pacifié que Marie reçoit en retour de son oui, un oui qui va jusque-là.
Premier avatar : ce que nous en voyons aujourd’hui n’est qu’une moitié de l’œuvre ; la Madoneoriginale était encadrée de deux personnages qui ont été détachés et qui ornent maintenant une chapelle de la Singine.
L’auteur est disputé : certains l’attribuent au sculpteur Jean-François Reyff, grand artiste baroque à l’œuvre à Fribourg. Mais l’histoire nous fait faire un détour par Bulle, en lien avec la chapelle des Capucins, dédiée à la même Notre Dame de Compassion. Et de là on soutient que l’auteur en est un sculpteur bullois, Pierre Ardieu (vers 1670). Le déménagement de Bulle à Fribourg semble être l’effet d’un don de la part du préfet de Bulle, originaire de la basse-ville de Fribourg, après avoir installé les Capucins à Bulle.
Qu’est-il arrivé à la statue pour qu’elle ait perdu ses deux personnages accompagnant Marie ? L’histoire est trop longue et incertaine pour être ici racontée.
Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Pierre CoutazA l’entrée de Saint-Maurice, en provenance de Martigny, à peine avez-vous quitté l’autoroute qu’un giratoire vous oblige à contourner la grande croix qui en occupe le centre.
Créée par l’artiste agaunois Jean-Pierre Coutaz, une croix découpée en quatre parties, couvrant ainsi les quatre points cardinaux, étend ses bras en signe d’accueil.
Une croix un peu particulière, on l’a dit, tréflée car ses quatre bras égaux se terminent par un découpage en forme de trèfle évoquant à son tour une croix.
On fait remonter cette forme de croix à celle que portaient les chevaliers de Saint-Maurice au Moyen Age. Elle rappelle la croix de Jérusalem, carrée et portant également à ses extrémités un élément décoratif, dit « béquille » ou « tau ».
Le découpage et la perspective changeante font apparaître progressivement l’ensemble de la croix, suivant votre point de vue que vous n’avez pas le temps d’apprécier… vous roulez !
Image donc fugace, sur la voie publique, mais qui invite à prendre plus de temps dans un des lieux plus propices à la prière.
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRD’un côté, l’apôtre Paul exhorte les chrétiens à participer à la vie de la cité (la « polis », en grec), et donc à la « politique » au sens noble (Romains 13, 1). La foi est « politique » et nous pousse à faire de la « politique », contrairement à ce que préconisent certains partis et penseurs qui aimeraient en cantonner l’exercice dans la sphère privée et individuelle. L’Evangile a des incidences communautaires essentielles, dans le domaine de la justice sociale, de la solidarité, du bien commun et de la subsidiarité.
Que les baptisés s’engagent donc en politique, au nom de leur foi, soit en tant que citoyens en participant à la démocratie et à toutes les votations-élections, soit en assumant une responsabilité ou une charge ! Il s’agit ainsi de respecter les lois et les autorités en faisant le bien, dans la mesure où les gouvernements authentiques ne s’attribuent pas à eux-mêmes le pouvoir, mais le reçoivent du peuple, et en fin de compte de Dieu lui-même qui veut le bonheur de tous.
Cependant, si les responsables politiques ne jouent pas leur rôle et cherchent leurs intérêts propres plutôt que celui de la population, comme c’est trop souvent le cas dans les multiples régimes autoritaires, totalitaires ou gangrenés par la corruption, les chrétiens citoyens sont, « par motif de conscience » (verset 5), tenus de s’élever contre les législations et les pratiques injustes qui oppriment les minorités et ne respectent pas la « loi naturelle » inscrite par Dieu en tout être. Car les baptisés sont citoyens des cieux et appelés à obéir à Dieu, qui parle dans le sanctuaire de leur cœur, plutôt qu’aux instances étatiques, quand les deux perspectives entrent en conflit (Philippiens 3, 20-21).
La « laïcité ouverte », inspirée du Nouveau Testament et du Magistère ecclésial, est là pour garantir le droit de chaque communauté religieuse de vivre selon ses convictions, en paix avec les autres au sein de l’espace public.
« Dans le silence, nous nous préparons intérieurement à nous engager plus à fond pour le respect des êtres humains. Notre silence veut rejoindre les personnes en situation irrégulière, ceux qui font la loi et ceux qui la font appliquer. »
Texte et photopar Nicole AndreettaLes Cercles de silence s’élèvent contre les atteintes à l’humanité des étrangers en situation irrégulière, particulièrement contre leur enfermement dans des centres de détention administrative.
Le premier Cercle s’est formé à Toulouse en automne 2007, sur l’initiative du frère franciscain Alain Richard. Depuis, dans plus d’une centaine de villes françaises, une fois par mois, des personnes de tous horizons se rassemblent en cercle dans un espace public et gardent le silence pendant une heure. Des pancartes renseignent les passants sur le but de cette démarche. Deux ou trois personnes distribuent des flyers avec des informations supplémentaires.
En Suisse, les Cercles de silence ont fait leur apparition en 2011. Celui de Genève se réunit 5 à 6 fois par an.
Agnès, alerte octogénaire y participe été comme hiver : « L’accueil en Europe n’est pas du tout à la mesure de ce que nous pourrions offrir. Je suis révoltée contre les personnes qui, se justifiant derrière les lois, ne cherchent pas à comprendre ce que signifie fuir un pays en guerre. Quand jepense à tous les morts engloutis dans les flots de la Méditerranée, je me dis que participer au Cercle, c’est vraiment peu de chose ! Mais c’est au moins quelque chose que je peux faire. »
Se mettre à l’écoute Le silence donne la possibilité de se mettre à l’écoute de sa propre conscience : « Que faisons-nous subir à nos semblables ? Quelle part de responsabilité nous appartient ? Jusqu’où va notre désir de justice ? »
Le silence unit les personnes au-delà des idéologies ou des croyances. Vécu ainsi collectivement, il permet de réaliser que tous partagent la même humanité et que son non-respect porte atteinte à chacun et chacune.
Selon une des organisatrices : « En six ans, la situation ne s’est pas améliorée. C’est vraiment un engagement sur le long terme. Les réactions positives des passants, leurs questions et leurs paroles de soutien nous encouragent à poursuivre cette démarche. »
Le prochain Cercle de silence de Genève se déroulerale samedi 13 octobre 2018entre 12h et 13h à Plainpalais,arrêt Cirque, tram 15
Par Thierry Schelling Photo: DRL’histoire de l’Eglise est une très bonne catéchèse, on l’oublie souvent ! Par exemple, à étudier les écrits des papes sur tel ou tel sujet, au fil du temps, on y découvre des changements, parfois radicaux, de prise de position qui témoignent du souffle de l’e / Esprit… C’est le cas pour la liberté religieuse ! Certes, il y a toujours un contexte ; mais pas seulement : on s’appuye sur le même Evangile pour étayer les propos pontificaux parfois des plus contrastés !
En cent ans… Pie IX, dans son Syllabus (chapitre 3), dénonce comme anathème quiconque déclare qu’ « il est libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il aura réputée vraie d’après la lumière de la raison ». Dignitatis humanae (Concile Vatican II) affirmera « que la personne humaine a droit à la liberté religieuse », un droit à reconnaître « de telle manière qu’il constitue un droit civil ».
Et François n’en démord pas : son discours devant l’Independance Mall à Philadelphie (septembre 2015), intitulé « Rencontre pour la liberté religieuse avec la communauté hispanique et d’autres immigrés », réaffirme que la liberté religieuse est « un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins qui ont des croyances religieuses différentes de la nôtre. L’idéal du dialogue interreligieux, où tous les hommes et toutes les femmes de différentes traditions religieuses peuvent dialoguer sans se quereller, cela, la liberté religieuse l’assure. »
Un risque Mais avec un risque : au nom des droits humains, des formes modernes de colonisations idéologiques se voient instaurées, celles des plus forts et des plus riches sur les plus faibles et les plus pauvres. François, par background, formation et parce que jésuite sud-américain, ne pouvait éviter de le répéter dans chaque pays visité aux périphéries du monde : Turquie, Albanie, Corée, Sri-Lanka… Fondamentalisme et laïcisme (y) sont les deux expressions erronées qui trahissent la liberté religieuse comme droit à l’égalité dans le respect de la diversité. « Ma liberté s’arrête où commence la tienne », reprendrait-il certainement, mais en y ajoutant « et ensemble, comme dans un polyèdre, tenons-nous la main pour agir mieux et plus… librement ! »
Par Pascal Ortelli Photo: DRLes relations entre l’Eglise et l’Etat n’ont pas toujours été au beau fixe. En France, lors des lois de séparation de 1905, nombreux criaient : « A bas la calotte ! » Qui s’en souvient ? Aujourd’hui, c’est plutôt le discours d’Emmanuel Macron prononcé en avril dernier au Collège des Bernardins qui fait remuer les esprits. Le président français tente de réparer les pots cassés. Non sans redonner un certain droit de cité à l’Eglise : « Je suis ici, dit-il, pour vous demander solennellement de ne pas vous sentir aux marches de la République, mais de retrouver le goût et le sel du rôle que vous y avez joué. »
Au-delà de la manœuvre politique de séduction, il y a un réel appel. A réentendre, aussi du côté catholique. Car si l’Eglise et l’Etat sont de nature et de finalité différente, ils partagent une mission commune. Celle « de mettre les mains dans la glaise du réel, de se confronter tous les jours à ce que le temporel a de plus temporel », rappelle Macron. Nous l’oublions parfois dans le repli de nos sacristies… Or, pour un chrétien, c’est la réalité même de l’Incarnation – et donc de notre foi et de notre salut – qui se joue là. Laïcs de tous pays, n’ayons donc pas peur de mettre les mains à la pâte, pour le bien de la Cité terrestre et céleste.
Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
Un nouvel art d’aimer
Fondatrice du mouvement des Focolari, Chiaria Lubich, tout en étant catholique, a su rejoindre les aspirations de personnes d’autres religions animées d’un authentique désir de fraternité. Dans la nouvelle édition enrichie d’une biographie de cet ouvrage, elle montre qu’au quotidien, les relations avec tous peuvent se simplifier et prendre de la profondeur. Les clefs : aimer concrètement chaque personne et rejoindre l’autre dans ce qu’il vit.
Dans son deuxième livre, Geneviève de Simone-Cornet propose une réflexion sur l’amitié. Qui est née de sa propre expérience. Dans cette méditation, qui n’est ni une autobiographie ni une confession mais qui en reprend des éléments, elle raconte comment, après une amitié brisée, elle trouve asile à l’abbaye d’Orval en Belgique. Entre silence et solitude, elle tente de comprendre les raisons de la brouille et retisse par les mots le lien rompu.
Jeune Hollandaise juive au au tempérament de feu, Etty Hillesium meurt à Auschwitz à 29 ans. Elle laisse derrière elle une correspondance et un journal qui témoignent d’une fulgurante évolution intérieure au milieu de l’horreur des camps. Convoquant autour de ce personnage des voix de la littérature et de la psychologie, Cécilia Dutter met à la portée de tous ces écrits pour répondre à une interrogation fondamentale : comment vivre une expérience plus libre et plus belle.
Recteur du séminaire orthodoxe russe de Paris, Alexandre Siniakov raconte dans ce recueil le chemin qui, commençant dans un village cosaque de la Russie encore soviétique des années 1890, le conduit à découvrir l’Evangile et décider d’y consacrer sa vie. Dans ces pages qui le suivent des steppes du Caucase à la France des écrivains qu’il lisait en secret, il retrace son parcours spirituel et intellectuel. Ce livre a reçu le prix du livre de spiritualité 2018.
Sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte du Seigneur… Non pas des super-pouvoirs, mais des dons «sur-naturels» offerts par l’Esprit Saint pour affronter les défis de la rentrée. Et ce aussi bien dans la cour de récréation qu’en famille ou au travail.
Par Bertrand Georges Photo: DR
Jésus répand continuellement l’Esprit Saint sur l’Eglise.
L’Esprit Saint se joint à notre esprit, il ne s’y substitue pas. Il n’agit donc pas en court-circuitant notre volonté mais en la dynamisant. On pourrait dire que les « sept dons de l’Amour de Dieu » sont à l’âme ce que les voiles sont à la barque : ils permettent au vent de l’Esprit de s’y engouffrer pour la faire avancer plus vite. Concrètement ces dons activent la foi, l’espérance et la charité dans les situations qui tissent notre quotidien, que ce soit à la maison, à l’école, au travail ou encore dans nos engagements ecclésiaux.
Le don de piété nous établit dans une profonde communion avec Dieu.
Le don de conseil nous permet de discerner en toute situation ce qui est juste et quelle attitude avoir envers ceux qui nous entourent.
Le don d’intelligence nous aide à mieux comprendre la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise.
Le don de crainte nous garde dans un tel amour de Dieu que l’on craint de l’offenser. Il nous aide aussi à mieux prendre conscience de notre petitesse et de sa majesté.
Le don de science nous éclaire afin de mieux nous connaître et mieux connaître les autres.
Le don de force nous renforce dans notre décision de faire le bien et de renoncer au mal.
Le don de sagesse nous conduit à nous unir à la volonté de Dieu, à aimer ce que Dieu aime et donc, ceux que Dieu aime. Utile en famille !
L’Esprit Saint n’a pas été donné une fois pour toutes à la Pentecôte. Jésus le répand continuellement sur l’Eglise. « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité. » 1 A nous de l’accueillir. Comment ? Par le désir et la prière. « Viens Esprit Saint » est une belle invocation qui peut devenir comme un réflexe du cœur dans chaque situation que nous rencontrons.
Bonne rentrée, dans la joie, la force et la douceur de l’Esprit !
En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.
Par Vincent Lafargue Photos: LDD, DREdwige Larivé, 22 ans, habitant les Plans-sur-Bex (VD), étudie la médecine et est également animatrice dans les camps vocations de Suisse romande. Edwige a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :
« En tant qu’étudiante en médecine, je serai confrontée dans mon travail à de nombreuses questions éthiques telles que le recours à « Exit » ici en Suisse. Cet acte nous paraît parfois justifié dans des situations où les patients vivent une souffrance invivable qui est parfois la conséquence de traitements que nous-mêmes leur avons recommandés et sans lesquels ils seraient partis plus tôt mais peut-être moins souffrants. Dans ces situations, sommes-nous censés juger seulement en âme et conscience d’accepter ou non le recours à « Exit » ? »
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:
L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy, répond ainsi:
Chère Edwige,
Pour tout ce qui concerne la vie, notre foi en Dieu est déterminante. Si on ne croit pas en Dieu, alors oui, on peut estimer être « les seuls maîtres à bord ».
Pour nous chrétiens : seul Dieu est Dieu et la vie vient de lui. Elle est sacrée. Nous n’avons aucun droit de décision sur elle. Nous ne sommes pas Dieu, et donc pas non plus notre propre dieu. Nous n’avons pas à juger de la valeur d’une vie… serait-ce la nôtre ! Nous ne l’avons pas inventée, nous l’avons reçue. Et nous sommes si mauvais juges… Nous avons donc l’obligation d’accueillir, de respecter, de protéger, et aussi de soigner et de soulager les souffrances de toute vie humaine. Nous n’avons pas le droit de la violenter ou de la violer…, encore moins de la supprimer, et pas non plus de la laisser souffrir !
Mais offrir la possibilité du suicide, c’est communiquer clairement que nous acceptons l’éventualité de renoncer à continuer d’aider, que nous serions soulagés que le souffrant disparaisse avec sa souffrance. Et nous prenons ainsi la place de Dieu, en maîtres et juges de la valeur d’une vie.
Et n’oublions pas que tout suicide laisse des traces dans la conscience des autres, et des proches en particulier… Tous peuvent se sentir coresponsables et le vivre comme un déni à leur affection. C’est presque comme de leur claquer la porte…
Ta profession sera de sauver des vies, dans tous les sens du terme sauver, aussi en laissant partir une personne en paix quand son corps perd toutes ses ressources. Donc sans la prolonger avec acharnement, en jouant là aussi à l’apprenti-sorcier…
Chère Edwige, si tu pouvais t’investir dans les soins palliatifs ! Les possibilités de mieux soulager les souffrances ne sont de loin pas toutes appliquées ni même découvertes. Il est plus facile d’achever que d’aider…
Que Dieu nous garde dans le respect sacré de la vie de toute personne, à commencer par la nôtre, conscients que cela a des implications à chaque moment, et pas seulement au début et à la fin !
Par Nicolas Maury
Photos: Jean-Claude Gadmer, Philippe D’Andrès,Casal / Nouvelliste, LDD« En Romandie, la laïcité est un principe de respect mutuel des sphères d’activité de l’Etat et des Eglises ou autres communautés religieuses, avec la prise en compte de la liberté de conscience de chaque citoyen », explique Pierre Gauye, membre du Conseil de fondation du Centre intercantonal d’information sur les croyances. « Au-delà des différences cantonales, chaque institution conserve sa liberté d’action et la culture religieuse est enseignée dans les écoles. »
Ces dernières années, le thème de la laïcité est surtout apparu sur le devant de la scène en termes polémiques. Ainsi, en mai 2015, la Direction de l’enseignement obligatoire de Genève a considéré que le fait que les enfants doivent participer au spectacle « L’Arche de Noé » violait la Constitution. « Un épisode tragicomique », selon le vicaire épiscopal genevois Pascal Desthieux : « Ceux qui ontexigé l’arrêt du spectacle car il parlait de Dieu auraient dû se renseigner sur l’histoire de Noé. Les personnes mises en cause ont dû présenter des excuses, ce qui a provoqué une indignation dans la population. Cela dit, à Genève, la religion majoritaire est le groupe des sans-religion. Cette évolution est inévitable… »
A Neuchâtel, – qui se dit aussi ouvertement laïque –, une controverse est née à Noël 2015 après une décision de la Municipalité de retirer la crèche placée sous le sapin de la ville. « Il y a eu maintes réactions de chrétiens, mais le dialogue est resté positif. La Municipalité a proposé de déplacer la crèche », se rappelle le vicaire épiscopal neuchâtelois Pietro Guerini.
A Neuchâtel en 2015, la crèche posée sous le sapin de la ville a dû être déplacée.
Commentant ces épisodes, Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de LGF, s’en réfère au sens de l’histoire : « Les manières de faire d’un temps ne peuvent pas toujours être celles du temps suivant. Mais les fêtes et traditions issues de l’histoire religieuse d’une région n’ont pas besoin d’être effacées pour faire place aux nouvelles convictions. Une évolution allant dans ce sens serait un mensonge. Et un mensonge ne contribue pas à la vérité des relations. »
Dialogue sain
Hormis ces aléas, un dialogue sain semble être la règle entre Eglise et Etat dans le diocèse LFG, comme le relèvent les différents vicaires épiscopaux en place. A Fribourg l’abbé Jean Glasson parle « d’un fonctionnement dans la reconnaissance mutuelle des compétences propres », tandis qu’à Neuchâtel l’abbé Pietro Guerini évoque «un esprit d’écoute dans des secteurs tels qu’institutions sociales, hôpitaux, prisons, aumôneries de rue et célébrations ». Sur Vaud, l’abbé Christophe Godel souligne quant à lui « des discussions constructives » et à Genève, l’abbé Pascal Desthieux relève un respect réciproque dans la cohésion sociale : « A part quelques trublions qui estiment que l’Etat laïque devrait ignorer complètement les religions, l’apport des communautés religieuses est reconnu et apprécié. »
Reste que le sujet est brûlant au bout du lac, puisque le canton vient de se doter d’une loi sur la laïcité. Pascal Desthieux pose le contexte : «Il y a une stricte séparation Eglise / Etat. Pour définir comment celui-ci pourrait intervenir sur des sujets religieux, le Grand Conseil a été mandaté pour élaborer une loi sur la laïcité. » Ce travail de plus de deux ans a abouti à un rapport de 800 pages. Fin avril, après trois sessions animées, le parlement a voté la nouvelle loi qui a débouché sur des référendums. « J’ai suivi le processus avec intérêt. Nous sommes intervenus avec l’Eglise protestante et l’Eglise catholique chrétienne sous de multiples formes. » Un article en particulier a causé quelques soucis, celui relatif à la limitation dans le temps de la perception de la contribution ecclésiastique volontaire. « Les personnes indiquant qu’elles sont catholiques romaines dans leur déclaration d’impôt reçoivent une proposition de contribution. Nombre d’entre elles soutiennent l’Eglise de cette façon. Nous avons apprécié qu’une limitation à 10 ans soit abrogée par les députés. »
Relations… financières
Ces propos mettent l’accent sur un élément clef du dossier : les finances. Pierre Gauye confirme : « L’Eglise catholique romaine et l’Eglise évangélique réformée (seules ou avec d’autres communautés) sont reconnues comme personnes morales de droit public ou comme parties à des concordats avec l’Etat pour la perception d’impôts volontaires. »
Là aussi, chaque canton agit de manière différente. « Sur Vaud, la Fédération des paroisses catholiques du canton reçoit une part du salaire versé par l’Etat pour un nombre de prêtres catholiques proportionnel à celui des pasteurs protestants », synthétise Mgr de Raemy. « Ces salaires proviennent des impôts, sans que cela soit spécifié dans la déclaration des contribuables. » Christophe Godel complète : « La Constitution vaudoise reconnaît que la personne humaine a une dimension spirituelle. Les deux Eglises officielles (EERV et ECVD) ont la compétence pour s’en occuper. C’est pour cela que l’Etat les soutient, attendant qu’elles contribuent à la transmission des valeurs et à la paix. »
Neuchâtel connaît une situation à la fois similaire et différente. « L’Etat reconnaît l’Eglise catholique romaine, l’Eglise réformée évangélique et l’Eglise catholique chrétienne comme des institutions d’intérêt public. Selon un concordat, elles se mettent à sa disposition pour la dimension spirituelle de la vie humaine et sa valeur pour la vie sociale », détaille Pietro Guerini. Mgr de Raemy ajoute : « L’Etat récolte un impôt libre auprès des contribuables catholiques pour leurs Eglises respectives mais ne soutient directement que certaines de leurs œuvres sociales. »
Reste Fribourg, où les impôts ecclésiastiques sont prélevés par les communes auprès des personnes morales et physiques déclarées catholiques. « Une personne physique doit déposer une déclaration de sortie d’Eglise pour ne pas les payer. La loi de 1990 a octroyé aux corporations ecclésiastiques une très large autonomie pour leur permettre d’accomplir leurs tâches. »
Les risques de l’ignorance
Elargissant le propos, Mgr de Raemy dessine les contours de l’évolution actuelle des relations Eglise-Etat. « Plutôt saine, sans confusions ni collusions, elle rejoint le conseil du Christ : rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Par contre, l’ignorance religieuse de certaines élites politiques pourrait être inquiétante. On se méfie plus facilement de ce que l’on ne connaît pas ou pas bien. Cette ignorance correspond au niveau de l’instruction religieuse dans nos familles et dans nos écoles. » Et de conclure : « La laïcité, c’est l’absence de dictature religieuse et la garantie du respect de la conscience de chacun. Mais elle peut devenir une idéologie religieuse quand elle veut cacher ou bannir le fait religieux qui a contribué et contribue encore à la culture. »
Le cas valaisan
Pierre-Yves Maillard
Vicaire épiscopal valaisan, l’abbé Pierre-Yves Maillard distingue dans l’absolu trois types de rapports entre l’Eglise et l’Etat. « Le premier, à la limite de la théocratie, veut lier en tout Eglise et Etat. Il n’est pas chrétien, même si dans l’histoire de l’Eglise, on y est parfois tombé. » A l’autre extrême, il repère une volonté « reléguant le spirituel dans la sphère totalement privée. Ce n’est pas chrétien non plus. » Le juste milieu, il le définit par l’Evangile : « Vous êtes dans le monde et pas du monde. C’est propre au christianisme que d’autoriser et promouvoir l’autorité du temporel ! »
Cette ligne de crête définit selon lui la situation valaisanne, notamment dans le cadre de la Constituante. « L’évêque a écrit deux messages à ce sujet. Un invitant les fidèles à s’engager pour définir une nouvelle constitution. L’autre demandant aux prêtres de ne pas s’impliquer à titre personnel pour des raisons canoniques, pastorales et d’emploi du temps. »
La foi catholique est encore bien présente en Valais. « De l’éthique à la culture en passant par l’art, l’Eglise peut intervenir dans les débats. Des conventions ont été passées en 2015 et 2016 en lien avec la place de la religion dans les écoles et dans les aumôneries d’hôpitaux. Notre situation globale est assez favorable. » Et ce, même si une polémique est née autour de la décision du Conseil d’Etat de ne plus assister à la Fête-Dieu à Sion. « Les réactions ont montré que les Valaisans restent attachés à l’expression du lien entre autorités civiles et religieuses. »
Photographe incontournable dans le milieu catholique, Jean-Claude Gadmer a vécu la venue du Pape à Palexpo en première ligne.
Par Nicolas Maury Photos: Bernard Hallet, Nicolas MauryAu cœur du pool des photographes du Vatican, Jean-Claude Gadmer a l’œil vissé à son appareil. Depuis l’autel monté dans Palexpo, il suit avec attention l’arrivée de François dans sa papamobile. « Quand il est entré, il y avait une énergie phénoménale dans la halle », se remémore celui qui a été mandaté par le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg-Neuchâtel pour couvrir la venue du pontife le 21 juin dernier. « Lui était emporté par cette foule. En le voyant, on comprenait bien qu’il avait vécu une longue journée, quittant Rome le matin, puis assurant ses obligations au COE. Le temps qu’il arrive sur scène, nous sentions qu’il avait perdu un peu d’influx. »
L’œil exercé de Jean-Claude Gadmer ne le trompe pas. D’autant que lui-même fonctionne à l’adrénaline, étant sur le pont depuis la veille. Voire même avant. « Lors d’un événement comme celui-là, tu veux être bon. Le restituer dans sa simplicité et sa rigueur. Quinze jours plus tôt, je faisais des scénarios. Evidemment, tout change sur le moment. Alors tu oublies de manger, mais tu t’hydrates quand même un peu. La tension est permanente. Quelque part, c’est un avantage. Sinon, tu passerais à côté de plein de choses. »
Figure connue
La moustache fournie, le Genevois est bien connu dans le milieu de la presse catholique. « Je suis un peu perçu comme le photographe de l’Eglise, vu mes collaborations avec de nombreuses publications, livres ou revues. Je séjourne aussi régulièrement à Rome. J’ai ainsi fait deux voyages avec Jean-Paul II, au Bénin et au Bengladesh. Alors sur le terrain, les gens sont un peu rassurés, notamment par le fait que je travaille de manière assez discrète. » Guère étonnant dès lors que le diocèse ait fait appel à lui. « Je suis arrivé déjà le mercredi 20 juin pour faire des plans liés aux décors, aux derniers travaux sur l’autel et prendre mon accréditation. Et puis il y avait la question des contrôles. Nous avions entendu plein de rumeurs. Je ne suis finalement pas entré par la porte principale, mais par celle des VIP. Je n’ai eu aucun problème, car j’avais le badge rouge permettant de circuler partout. »
Le jour J, Jean-Claude Gadmer est sur place dès 7h30. « Je voulais assister à la messe des bénévoles à 8h30, mais elle n’a pas eu lieu. Je tenais cependant à avoir des clichés de ces 300 volontaires sans qui rien n’aurait été possible. J’en ai aussi profité pour photographier les stands, les portiques d’entrée et le hall. Et bien sûr l’arrivée des fidèles. » Depuis le départ, il savait qu’il ne serait pas de la partie au COE. « Cela ne me dérangeait pas. Mon cahier des charges en journée, c’était Palexpo et l’ambiance. »
Alors que l’arrivée du Pape se précise, le reporter rejoint le pool des photographes du Vatican sur l’autel pour immortaliser l’arrivée du Saint-Père. « Il y avait là mes collègues d’agence attachés à Rome. Nous avions tous des 500 millimètres, de sacrés tromblons ! Puis nous avons suivi la procession d’entrée depuis le bas de la scène. J’y suis resté cinq à dix minutes. » Il rejoint ensuite le carré de ses collègues suisses au milieu de la salle. « Le problème, c’est qu’il n’y avait pas de podium. Quand les fidèles étaient debout, on ne voyait quasiment rien. C’était un peu la grogne parmi mes confrères. » Mais le ton reste courtois. « Nous étions relativement peu nombreux. Pas comme à Rome où il y a parfois des bousculades. »
Rencontre mémorable
]Le moment de la journée qui a le plus marqué Jean-Claude Gadmer reste sur le point de se produire. « A l’issue de la cérémonie, j’ai participé à la rencontre entre le Pape et les évêques. Avec nous, il n’y avait que le photographe officiel du Vatican. C’était un moment privilégié. Tout le monde avait l’impression que François revivait. Il n’y avait plus de fatigue, mais de l’écoute et de la disponibilité. Ce Pape s’intéresse vraiment aux gens. Il les questionne. Il a un côté plus humain que certains de ses prédécesseurs, qui parfois regardaient déjà la personne suivante en touchant la main de celle qu’ils venaient de rencontrer. Je suis toujours impressionné quand je le vois dans ces moments. »
Le 21 juin, Jean-Claude ne s’est pas entretenu directement avec François. Sans regret. « J’avais eu l’occasion de le saluer à Sainte-Marthe et de lui parler lorsque j’avais accompagné à Rome Daniel Pittet qui le connaît bien. Je lui avais dit que son pontificat était un bienfait pour l’Eglise. Il m’a répondu en me demandant de prier pour lui. » Et de conclure : « François, c’est un sacré Pape ! »
Jean Glasson a pris ses fonctions il y a un peu moins d’un an. Regard sur le quotidien du vicaire épiscopal de Fribourg, qui aime parcourir le monde durant son temps libre.
Par Nicolas Maury Photos: Alain Volery, DRIl le confirme volontiers, il est plutôt matinal. Du genre à se lever aux aurores – « normalement à 6h » – pour prendre du temps pour lui. « Je prie le Bréviaire, à commencer par Laudes et Lectures. Si je n’ai pas d’autre messe dans la journée, j’en concélèbre une avec la communauté du Séminaire où je réside. Enfin, je prie une demi-heure en silence. » Ce rituel, Jean Glasson le respecte « quasiment tous les jours, sauf quand j’ai déjà des rendez-vous à 7h », sourit-il.
Tout commence par… une fondue
Depuis dix mois, il a pris ses fonctions en tant que vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg. Une nomination qu’il a acceptée après mûre réflexion. « Un jour de novembre 2016, l’évêque me propose de partager une fondue avec lui. Je me suis dit : “ Quelle chance pour les fidèles et les prêtres qu’il soit aussi proche des gens ! ” A la fin du repas il me glisse que Mgr Remy Berchier va arrêter sa mission et qu’il pense à moi pour le remplacer. Je n’avais rien vu venir. » D’où une hésitation certaine. « J’ai d’abord donné plein d’arguments contre, citant plusieurs curés plus à même que moi de remplir la fonction. J’ai relevé que j’étais heureux en paroisse à Estavayer, et que je ne savais pas comment j’allais vivre ma vocation dans un cadre plus administratif, mais aussi dans un contexte fribourgeois à la fois riche et complexe… »
Demandant conseil à trois amis prêtres, Jean Glasson finit par donner son accord. « Cela n’a été rendu officiel qu’après Pâques et j’ai commencé en septembre, en même temps que mon homologue pour la partie alémanique, Pascal Marquard. »
Des appuis précieux
Parmi les interrogations initiales du nouveau vicaire figurait en bonne place la manière dont il allait organiser sa vie. « J’ai repris l’agenda de mon prédécesseur, tout en déterminant d’emblée que j’allais tâcher de garder le lundi pour moi. » En parallèle, il tente de ne pas fixer de rendez-vous avant 8h30, voire 9h. « Après mon temps fort spirituel matinal, j’arrive au bureau aux alentours de 8h, traite mes mails et peaufine mes dossiers. » Il peut compter sur deux appuis précieux, son adjoint Louis Both et sa secrétaire Elisabeth Bertschy. « Comme je suis son quatrième vicaire épiscopal, on peut dire qu’elle connaît la musique… »
Commencent ensuite les séances qui constituent la majeure partie de son quotidien. Entretiens personnels avec des prêtres, des laïques, des agents pastoraux, des membres du Conseil exécutif, des religieux et des religieuses… « Ils viennent me parler de leurs soucis, de leurs espérances, de leur mission. C’est très varié. » Deux fois par mois, Jean Glasson participe aussi au Conseil épiscopal. « L’évêque est le chef et c’est lui qui a le dernier mot. Mes collègues vicaires et moi sommes là pour l’épauler et mettre en œuvre ce qui a été décidé. Nous faisons aussi beaucoup de coordination liée aux problèmes de fond : les lignes, la vision et la stratégie. » Et d’avouer que l’un des éléments qui a fait pencher la balance lorsqu’il a accepté la tâche, « c’est que mes homologues ont tous entre 40 et 50 ans. La génération Jean-Paul II. Sur l’essentiel, il y a un accord, même si chacun a sa personnalité. D’où un climat de dialogue, d’écoute et de collaboration. Les maîtres mots sont communion, discernement et impulsion ».
Son agenda passablement chargé oblige le vicaire épiscopal à faire des choix. « Mes repas, je les prends parfois au Séminaire, mais plus souvent avec mes collaborateurs. Quand je vois que le calendrier se remplit, j’essaye toutefois de me ménager du temps libre. » Qu’il aime consacrer à sa famille, à son cercle d’amis – « certains sont en Eglise, d’autres pas » – et à ses loisirs. Et puis il y a la lecture – romans historiques notamment – et la musique. « J’aime le rock des années 50 : Elvis, Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis. Je l’écoute surtout en voiture. »
De la montagne à la mer
La nature garde une place à part. « Le dimanche soir et le lundi, j’aime faire des marches en montagne. Pour moi, Dieu est dans les grands espaces. » Une certitude qui l’incite à voyager, de l’Australie à l’Amérique du Sud en passant par le Kirghizistan, l’Inde, le Canada, Israël, le Liban et l’Afrique… « J’aime rencontrer les gens, découvrir les civilisations. » Mais cet été, son programme est plus… luxueux. « Avec quelques confrères, nous avons opté pour une croisière en Méditerranée. Vivre et voyager sur une immense ville flottante m’intéresse. Je suis fasciné par le fait qu’autant de monde puisse séjourner sur un bateau, même s’il est très grand. »
Quand on lui demande s’il va garder son col romain durant cette escapade, le regard de Jean Glasson se fait rieur. « Je me suis posé la question et… je n’en sais rien ! D’habitude, quand je suis en ville, je le porte. Ça peut favoriser les contacts. A bord, je verrai sur le moment ! »
Une escapade au Kirghizistan où le vicaire explore les grands espaces.
Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRIl y a le mont Sinaï au sommet duquel le Seigneur donne les Tables de la Loi à Moïse au terme de 40 jours de face-à-face (Exode 19-24). Puis la montagne sur laquelle le Jésus de Matthieu, nouveau Moïse, prononce son premier discours (5-7) et livre la Loi nouvelle inscrite dans les cœurs. C’est le roc sur lequel bâtir la maison de notre avenir spirituel.
Il y a aussi le mont de l’Horeb, vers lequel la plus grande figure du prophétisme, Elie, chemine 40 jours pour fuir la vengeance de la reine païenne Jezabel : il y reçoit la manifestation du Seigneur dans le « bruit d’un silence ténu » (1 Rois 19, 12). Puis la très haute montagne vers laquelle le Diable conduit le Christ à la troisième tentation, en lui promettant la gloire des royaumes du monde (Matthieu 4, 8-10). Le Fils reste indéfectiblement attaché au Père et fait de la volonté de celui-ci sa nourriture quotidienne.
Il y a encore la montagne de la Transfiguration (Matthieu 17, 1-8) sur laquelle Jésus « retrouve » Moïse et Elie pour accomplir la Loi et les Prophètes : il y anticipe par son visage lumineux et ses vêtements d’une blancheur éclatante le matin de Pâques, au point que les apôtres Pierre, Jacques et Jean qui l’accompagnent aimeraient s’y installer. Et également le mont des Oliviers à Gethsémani, où le Seigneur connaît l’agonie avant d’entrer dans sa Passion (Matthieu 26, 36-46).
Plus haut, plus près des cieux Enfin, il y a la montagne de la Résurrection, où Jésus vivant précède les apôtres pour les envoyer en mission jusqu’au bout du monde. C’est du haut de la Galilée où il les attend qu’il leur confie son enseignement et ses trésors de grâce : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28, 26-20)
Il y en aurait bien d’autres : la Bible ne cesse de nous inviter à prendre de la hauteur. Pour y rencontrer le Père et le prier (Matthieu 14, 23), plus haut, plus près des cieux, tournés vers notre patrie définitive.
Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice
Des livres
Quelle spiritualité pour le XXIe siècle
Depuis plusieurs décennies, l’attrait pour la méditation et la spiritualité ne cesse de croître et les religions semblent bien loin de l’effacement qui leur semblait destiné. En parallèle se multiplient les repliements identitaires où le religieux et le politique s’entremêlent. Dans ce nouveau livre, William Clapier nourrit son itinéraire personnel de ce constat pour étayer la dimension spirituelle de la valeur humaine.
Légitimité des prêtres pour parler de sexualité ; relations avant le mariage ; divorce plutôt que mariage malheureux… Dans cet échange organisé autour de ce type de questions par Arthur Herlin, Mgr Emmanuel Gobilliard (évêque auxiliaire de Lyon) et la sexologue Thérèse Hargot confrontent leur point de vue. Si la seconde offre une vision décomplexée et franche, le premier montre que l’Eglise peut parler de tout sans tabou.
Albin Michel
Acheter pour 31.50 CHFLes tribulations d’Aliénor en milieu étudiant (et parfois hostile)
Vingt ans, un regard noisette et une mèche brune, Aliénor est accro aussi bien à son paquet de cigarettes qu’à son portable. Capricieuse mais généreuse, elle est aussi une catho décomplexée. Dans le roman qui met en scène cette jeune femme, l’auteure Elisabeth Lucas nous entraîne au cœur d’aventures familiales, amicales ou amoureuses. Un voyage initiatique pétillant qui conduit à la maturité.
Pour Alain Noël, fondateur des Presses de la Renaissance, être chrétien ne revient pas simplement à adhérer à une croyance ou à un mode de vie. C’est plutôt avoir l’âme « génétiquement modifiée » par l’action de Dieu. Au-delà d’un rite d’appartenance à un groupe religieux, le baptême opère une transformation radicale. Constatant que de nombreux points fondamentaux de la vie spirituelle sont méconnus de maints croyants, l’auteur propose d’effectuer une cartographie du génome chrétien.
Franchir un col : angoisse ou ressourcement ? A la belle saison, beaucoup empruntent une route alpine, parfois dans les embouteillages. Qu’en est-il des personnes qui ont choisi de prendre de la hauteur pour s’y arrêter ? Halte aux hospices du Grand-Saint-Bernard et du Simplon ; l’hospitalité pour tous reste de mise.
Par Pascal Ortelli
Photos: Congrégation du Grand-Saint-Bernard, Antoine Salina, Astrid Belperroud« Ici le Christ est adoré et nourri ! » La devise pluriséculaire des chanoines du Grand-Saint-Bernard exprime aujourd’hui encore leur volonté d’accueillir inconditionnellement l’hôte et le pèlerin. S’il vous plaît, ne parlez pas de touristes et encore moins de clients : ce sont bien les seuls mots mis à l’index là-haut. Car « même si on y vient en touriste, on en repart en pèlerin », comme le rappelle le chanoine Frédéric Gaillard. Pas besoin de montrer patte blanche à la porte d’entrée, qui d’ailleurs au Grand-Saint-Bernard n’a même pas de serrure !
Au centre le prieur Jean-Michel Lonfat, entouré à gauche de Frédéric Gaillard et à droite par Raphaël Duchoud et Anne-Marie Maillard.
Libre pour progresser à son rythme
« Ici, relève Justine Luisier qui y a travaillé, il y a une qualité d’accueil que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs. Tu te sens comme à la maison, respecté dans ta foi et libre de vivre comme tu le souhaites. » Ce sentiment de liberté interroge, alors que le lieu est plus confiné que l’hospice du Simplon. Justine le connaît bien aussi, puisqu’elle anime les camps-réflexions organisés par l’aumônerie du Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice.
Le Simplon parle par lui-même aux jeunes. Beaucoup y vivent leurs premières expériences en hospice. Les élèves y font peut-être l’expérience d’une rencontre avec un grand R, soutenue par la discrète présence des chanoines. S’ils sont bien là, ils ne se font pas envahissants, ce qui est apprécié des élèves qui se sentent respectés dans leur cheminement.
La vie en hospice, entre confirmands et familles
Même constat pour Astrid Belperroud, animatrice pastorale à l’UP Renens-Bussigny. Elle y emmène les confirmands qu’elle prépare. Là, ils y découvrent… le credo qu’ils connaissent peu, alors qu’à cet âge, il importe de donner du sens à ce à quoi l’on croit. La vie en hospice y contribue. C’est faire une expérience hors de son quotidien, prendre du temps pour rencontrer Dieu et renforcer les liens de camaraderie. Cette halte sur les hauteurs représente « une aide précieuse sur le chemin de la confirmation ». Il se vit là, à coup sûr, quelque chose du rite de passage. Aux retrouvailles, on se remémore volontiers les souvenirs d’une sortie neige, d’une veillée ou d’une nuit agitée.
L’hospice du Simplon offre aussi la possibilité pour les familles de vivre un temps de vacances avec d’autres. Rachel et François Muheim y sont montés deux hivers avec leurs trois enfants, depuis Fribourg. Ils y ont particulièrement apprécié l’agencement des journées : le matin, les enfants sont pris en charge par une équipe d’animateurs, ce qui permet au couple de se retrouver et de se reposer. Si la dimension spirituelle est bien présente, elle n’est pas non plus écrasante.
La volonté est d’accueillir tout le monde, sans distinction.
La spiritualité de la montagne : un appel prophétique
Au vu du nombre et de la diversité des groupes qui y séjournent, la mission des hospices semble aujourd’hui couler de source. Il n’en fut pas toujours ainsi. Avec la route carrossable et le tunnel, le passage du col ne représente plus un péril. La tâche des chanoines n’est plus dès lors d’accompagner physiquement les voyageurs avec les chiens, la soutane et les skis en bois, comme le veut l’image d’Epinal. Que faire des hospices ?
La Congrégation prend acte de cette évolution. Elle reconnaît très vite que la portion du monde qui lui est confiée pour l’évangélisation est celle « des voyageurs, des touristes, des alpinistes et des skieurs » (décret du chapitre général de 1959). C’est alors que retentit l’appel prophétique de Gratien Volluz, chanoine et guide de montagne, pionnier dans le développement d’une authentique spiritualité de la montagne avec les activités que nous connaissons aujourd’hui encore : pèlerinages alpins, vacances en famille au Simplon, randonnées spirituelles, camps montagne et prières… La montagne devient un terrain privilégié pour vivre une authentique expérience spirituelle.
Quand l’hospitalité se vit dans l’audace et l’adoration
L’hospitalité prend alors des formes nouvelles, tout en restant fidèle à son ingrédient de base : l’écoute. « Nous avons deux oreilles et une seule bouche », souligne malicieusement Frédéric Gaillard qui passe de nombreuses heures au téléphone, entre deux relevés météos. « Ça aussi, c’est de l’accueil ! » Pour Jean-Michel Lonfat, prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, l’un des rares prêtres à parler le langage des signes, l’accueil se vit aussi par l’accompagnement des personnes sourdes-malentendantes et aveugles-malvoyantes. Car, comme le rappelle le prévôt Jean-Michel Girard, la volonté de saint Bernard était d’accueillir tout le monde sans distinction. Ce service humain comporte un message : « Chaque personne est infiniment précieuse, quels que soient son origine, sa religion, sa condition sociale, sa raison de voyager et ses projets. » Si jusqu’en 1940, on offrait gratuitement un lit et une soupe à chaque hôte – même aux contrebandiers ! –, les chanoines ont aujourd’hui à cœur de poursuivre cette mission d’hospitalité pour tous. Le thé, symbole de bienvenue, est encore offert gratuitement.
Faire tourner la baraque
Si leur écoute et leur disponibilité sont sans pareil, le travail ne manque pas pour arriver à maintenir ces maisons ouvertes toute l’année. La communauté peut alors compter sur les précieux services de la maisonnée et de bénévoles. Clotilde Perraudin, une jeune du Val de Bagnes, a travaillé six mois au Grand-Saint-Bernard, dans ce lieu qu’elle connaissait déjà bien. La vie religieuse partagée, tout comme le regard bienveillant porté tant par la communauté que par les hôtes, lui a fait du bien, tout en renforçant son estime de soi. Elle, qui pourtant n’aimait pas faire le ménage, a trouvé que là, ça faisait sens pour… l’hospitalité qui se cultive jusque dans les fleurs. Le chanoine Raphaël Duchoud y entretient en effet une véritable pépinière, à plus de 2400 mètres d’altitude !
L’hospitalité s’incarne certes par des gestes très concrets. Toutefois, comme le relève Anne-Marie Maillard, oblate de la Congrégation, elle s’ancre avant tout dans une reconnaissance bien plus profonde, au risque sinon de ne pas tenir. « Ici comme ailleurs, nous ne pouvons pas accueillir en vérité ni aimer les autres si nous ne nous reconnaissons pas d’abord comme accueillis et aimés par le Seigneur. » Ainsi, prendre de la hauteur et vivre sur les cols, c’est peut-être d’abord reconnaître, consciemment ou non, un appel et… y répondre.
La Congrégation du Grand-Saint-Bernard fut fondée au XIe siècle.
Prendre de la hauteur avec 82-4000 solidaires
But: rendre les sommets accessibles.
Hugues Chardonnet, guide de montagne, diacre et médecin français, a parlé de son association 82-4000 solidaires lors du week-end pastoral des 17 et 18 février derniers à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Son association s’est donné pour mission de rendre les sommets accessibles aux personnes les plus démunies, car, de par les difficultés qu’elles ont surmontées sur leur chemin de vie, ce sont elles qui nous apprennent à vivre. « Ce qui anime nos nombreux bénévoles, c’est de voir redescendre les participants avec la banane. L’expérience de la beauté est nécessaire, tu aides ces personnes à construire leur vie autour d’une nouvelle passion. » (http://824000.org/)
Osons la bienveillance avec les pèlerinages alpins
Un temps de partage et de découverte, en portant un regard aimant, compréhensif et sans jugement sur soi et sur l’autre. Une marche de Ferret à l’hospice du Grand-Saint-Bernard pour rompre avec les rythmes effrénés du quotidien. Un pèlerinage qui a choisi une fois encore de favoriser les rencontres intergénérationnelles, en donnant une place privilégiée aux enfants et aux ados.
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