Un Etat d’engagement

Par Pascal Ortelli
Photo: DRLes relations entre l’Eglise et l’Etat n’ont pas toujours été au beau fixe. En France, lors des lois de séparation de 1905, nombreux criaient : « A bas la calotte ! » Qui s’en souvient ? Aujourd’hui, c’est plutôt le discours d’Emmanuel Macron prononcé en avril dernier au Collège des Bernardins qui fait remuer les esprits. Le président français tente de réparer les pots cassés. Non sans redonner un certain droit de cité à l’Eglise : « Je suis ici, dit-il, pour vous demander solennellement de ne pas vous sentir aux marches de la République, mais de retrouver le goût et le sel du rôle que vous y avez joué. »

Au-delà de la manœuvre politique de séduction, il y a un réel appel. A réentendre, aussi du côté catholique. Car si l’Eglise et l’Etat sont de nature et de finalité différente, ils partagent une mission commune. Celle « de mettre les mains dans la glaise du réel, de se confronter tous les jours à ce que le temporel a de plus temporel », rappelle Macron. Nous l’oublions parfois dans le repli de nos sacristies… Or, pour un chrétien, c’est la réalité même de l’Incarnation – et donc de notre foi et de notre salut – qui se joue là. Laïcs de tous pays, n’ayons donc pas peur de mettre les mains à la pâte, pour le bien de la Cité terrestre et céleste.

En librairie – septembre 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

nouvel_art_aimerUn nouvel art d’aimer

Fondatrice du mouvement des Focolari, Chiaria Lubich, tout en étant catholique, a su rejoindre les aspirations de personnes d’autres religions animées d’un authentique désir de fraternité. Dans la nouvelle édition enrichie d’une biographie de cet ouvrage, elle montre qu’au quotidien, les relations avec tous peuvent se simplifier et prendre de la profondeur. Les clefs : aimer concrètement chaque personne et rejoindre l’autre dans ce qu’il vit.

Nouvelle cité

Acheter pour 24.40 CHF

mais-il-y-a-la-lumiereMais il y a la lumière

Dans son deuxième livre, Geneviève de Simone-Cornet propose une réflexion sur l’amitié. Qui est née de sa propre expérience. Dans cette méditation, qui n’est ni une autobiographie ni une confession mais qui en reprend des éléments, elle raconte comment, après une amitié brisée, elle trouve asile à l’abbaye d’Orval en Belgique. Entre silence et solitude, elle tente de comprendre les raisons de la brouille et retisse par les mots le lien rompu.

Salvator

Acheter pour 23.60 CHFvivre-libre-avec-etty-hillesumVivre libre avec Etty Hillesum

Jeune Hollandaise juive au au tempérament de feu, Etty Hillesium meurt à Auschwitz à 29 ans. Elle laisse derrière elle une correspondance et un journal qui témoignent d’une fulgurante évolution intérieure au milieu de l’horreur des camps. Convoquant autour de ce personnage des voix de la littérature et de la psychologie, Cécilia Dutter met à la portée de tous ces écrits pour répondre à une interrogation fondamentale : comment vivre une expérience plus libre et plus belle. 

Taillandier 

Acheter pour 22.20 CHFcomme_leclairComme l’éclair part de l’Orient

Recteur du séminaire orthodoxe russe de Paris, Alexandre Siniakov raconte dans ce recueil le chemin qui, commençant dans un village cosaque de la Russie encore soviétique des années 1890, le conduit à découvrir l’Evangile et décider d’y consacrer sa vie. Dans ces pages qui le suivent des steppes du Caucase à la France des écrivains qu’il lisait en secret, il retrace son parcours spirituel et intellectuel. Ce livre a reçu le prix du livre de spiritualité 2018.

Salvator

Acheter pour 30.60 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Esprit de famille

Sagesse, intelligence, conseil, force, science, piété et crainte du Seigneur… Non pas des super-pouvoirs, mais des dons «sur-naturels» offerts par l’Esprit Saint pour affronter les défis de la rentrée. Et ce aussi bien dans la cour de récréation qu’en famille ou au travail.

Par Bertrand Georges
Photo: DR

Jésus répand continuellement l’Esprit Saint sur l’Eglise.
Jésus répand continuellement l’Esprit Saint sur l’Eglise.

L’Esprit Saint se joint à notre esprit, il ne s’y substitue pas. Il n’agit donc pas en court-circuitant notre volonté mais en la dynamisant. On pourrait dire que les « sept dons de l’Amour de Dieu » sont à l’âme ce que les voiles sont à la barque : ils permettent au vent de l’Esprit de s’y engouffrer pour la faire avancer plus vite. Concrètement ces dons activent la foi, l’espérance et la charité dans les situations qui tissent notre quotidien, que ce soit à la maison, à l’école, au travail ou encore dans nos engagements ecclésiaux. 

Le don de piété nous établit dans une profonde communion avec Dieu.   

Le don de conseil nous permet de discerner en toute situation ce qui est juste et quelle attitude avoir envers ceux qui nous entourent. 

Le don d’intelligence nous aide à mieux comprendre la Parole de Dieu et l’enseignement de l’Eglise.

Le don de crainte nous garde dans un tel amour de Dieu que l’on craint de l’offenser. Il nous aide aussi à mieux prendre conscience de notre petitesse et de sa majesté. 

Le don de science nous éclaire afin de mieux nous connaître et mieux connaître les autres.

Le don de force nous renforce dans notre décision de faire le bien et de renoncer au mal.

Le don de sagesse nous conduit à nous unir à la volonté de Dieu, à aimer ce que Dieu aime et donc, ceux que Dieu aime. Utile en famille !

L’Esprit Saint n’a pas été donné une fois pour toutes à la Pentecôte. Jésus le répand continuellement sur l’Eglise. « Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : lEsprit de vérité. » 1 A nous de l’accueillir. Comment ? Par le désir et la prière. « Viens Esprit Saint » est une belle invocation qui peut devenir comme un réflexe du cœur dans chaque situation que nous rencontrons. 

Bonne rentrée, dans la joie, la force et la douceur de l’Esprit !

1 Jn 14, 16-17

 

Réponse d’un évêque à Edwige Larivé

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRphoto-edwige-lariveEdwige Larivé, 22 ans, habitant les Plans-sur-Bex (VD), étudie la médecine et est également animatrice dans les camps vocations de Suisse romande. Edwige a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

« En tant qu’étudiante en médecine, je serai confrontée dans mon travail à de nombreuses questions éthiques telles que le recours à «  Exit  » ici en Suisse. Cet acte nous paraît parfois justifié dans des situations où les patients vivent une souffrance invivable qui est parfois la conséquence de traitements que nous-mêmes leur avons recommandés et sans lesquels ils seraient partis plus tôt mais peut-être moins souffrants. Dans ces situations, sommes-nous censés juger seulement en âme et conscience d’accepter ou non le recours à «  Exit  » ? »

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyL’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy, répond ainsi:

Chère Edwige,

Pour tout ce qui concerne la vie, notre foi en Dieu est déterminante. Si on ne croit pas en Dieu, alors oui, on peut estimer être « les seuls maîtres à bord ».

Pour nous chrétiens : seul Dieu est Dieu et la vie vient de lui. Elle est sacrée. Nous n’avons aucun droit de décision sur elle. Nous ne sommes pas Dieu, et donc pas non plus notre propre dieu. Nous n’avons pas à juger de la valeur d’une vie… serait-ce la nôtre ! Nous ne l’avons pas inventée, nous l’avons reçue. Et nous sommes si mauvais juges… Nous avons donc l’obligation d’accueillir, de respecter, de protéger, et aussi de soigner et de soulager les souffrances de toute vie humaine. Nous n’avons pas le droit de la violenter ou de la violer…, encore moins de la supprimer, et pas non plus de la laisser souffrir !

Mais offrir la possibilité du suicide, c’est communiquer clairement que nous acceptons l’éventualité de renoncer à continuer d’aider, que nous serions soulagés que le souffrant disparaisse avec sa souffrance. Et nous prenons ainsi la place de Dieu, en maîtres et juges de la valeur d’une vie.

Et n’oublions pas que tout suicide laisse des traces dans la conscience des autres, et des proches en particulier… Tous peuvent se sentir coresponsables et le vivre comme un déni à leur affection. C’est presque comme de leur claquer la porte…

Ta profession sera de sauver des vies, dans tous les sens du terme sauver, aussi en laissant partir une personne en paix quand son corps perd toutes ses ressources. Donc sans la prolonger avec acharnement, en jouant là aussi à l’apprenti-sorcier…

Chère Edwige, si tu pouvais t’investir dans les soins palliatifs ! Les possibilités de mieux soulager les souffrances ne sont de loin pas toutes appliquées ni même découvertes. Il est plus facile d’achever que d’aider…

Que Dieu nous garde dans le respect sacré de la vie de toute personne, à commencer par la nôtre, conscients que cela a des implications à chaque moment, et pas seulement au début et à la fin !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Etat et laïcité

Par Nicolas Maury
Photos: Jean-Claude Gadmer, Philippe D’Andrès, 
Casal / Nouvelliste, LDD« En Romandie, la laïcité est un principe de respect mutuel des sphères d’activité de l’Etat et des Eglises ou autres communautés religieuses, avec la prise en compte de la liberté de conscience de chaque citoyen », explique Pierre Gauye, membre du Conseil de fondation du Centre intercantonal d’information sur les croyances. « Au-delà des différences cantonales, chaque institution conserve sa liberté d’action et la culture religieuse est enseignée dans les écoles. » 

Ces dernières années, le thème de la laïcité est surtout apparu sur le devant de la scène en termes polémiques. Ainsi, en mai 2015, la Direction de l’enseignement obligatoire de Genève a considéré que le fait que les enfants doivent participer au spectacle « L’Arche de Noé » violait la Constitution. « Un épisode tragicomique », selon le vicaire épiscopal genevois Pascal Desthieux : « Ceux qui ont  exigé l’arrêt du spectacle car il parlait de Dieu auraient dû se renseigner sur l’histoire de Noé. Les personnes mises en cause ont dû présenter des excuses, ce qui a provoqué une indignation dans la population. Cela dit, à Genève, la religion majoritaire est le groupe des sans-religion. Cette évolution est inévitable… » 

A Neuchâtel, – qui se dit aussi ouvertement laïque –, une controverse est née à Noël 2015 après une décision de la Municipalité de retirer la crèche placée sous le sapin de la ville. « Il y a eu maintes réactions de chrétiens, mais le dialogue est resté positif. La Municipalité a proposé de déplacer la crèche », se rappelle le vicaire épiscopal neuchâtelois Pietro Guerini.

A Neuchâtel en 2015, la crèche posée sous le sapin de la ville a dû être déplacée.
A Neuchâtel en 2015, la crèche posée sous le sapin de la ville a dû être déplacée.

Commentant ces épisodes, Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire de LGF, s’en réfère au sens de l’histoire : « Les manières de faire d’un temps ne peuvent pas toujours être celles du temps suivant. Mais les fêtes et traditions issues de l’histoire religieuse d’une région n’ont pas besoin d’être effacées pour faire place aux nouvelles convictions. Une évolution allant dans ce sens serait un mensonge. Et un mensonge ne contribue pas à la vérité des relations. »

Dialogue sain

Hormis ces aléas, un dialogue sain semble être la règle entre Eglise et Etat dans le diocèse LFG, comme le relèvent les différents vicaires épiscopaux en place. A Fribourg l’abbé Jean Glasson parle « d’un fonctionnement dans la reconnaissance mutuelle des compétences propres », tandis qu’à Neuchâtel l’abbé Pietro Guerini évoque «un esprit d’écoute dans des secteurs tels qu’institutions sociales, hôpitaux, prisons, aumôneries de rue et célébrations ». Sur Vaud, l’abbé Christophe Godel souligne quant à lui « des discussions constructives » et à Genève, l’abbé Pascal Desthieux relève un respect réciproque dans la cohésion sociale : « A part quelques trublions qui estiment que l’Etat laïque devrait ignorer complètement les religions, l’apport des communautés religieuses est reconnu et apprécié. »

Reste que le sujet est brûlant au bout du lac, puisque le canton vient de se doter d’une loi sur la laïcité. Pascal Desthieux pose le contexte : «Il y a une stricte séparation Eglise / Etat. Pour définir comment celui-ci pourrait intervenir sur des sujets religieux, le Grand Conseil a été mandaté pour élaborer une loi sur la laïcité. » Ce travail de plus de deux ans a abouti à un rapport de 800 pages. Fin avril, après trois sessions animées, le parlement a voté la nouvelle loi qui a débouché sur des référendums. « J’ai suivi le processus avec intérêt. Nous sommes intervenus avec l’Eglise protestante et l’Eglise catholique chrétienne sous de multiples formes. » Un article en particulier a causé quelques soucis, celui relatif à la limitation dans le temps de la perception de la contribution ecclésiastique volontaire. « Les personnes indiquant qu’elles sont catholiques romaines dans leur déclaration d’impôt reçoivent une proposition de contribution. Nombre d’entre elles soutiennent l’Eglise de cette façon. Nous avons apprécié qu’une limitation à 10 ans soit abrogée par les députés. »

Relations… financières

Ces propos mettent l’accent sur un élément clef du dossier : les finances. Pierre Gauye confirme : « L’Eglise catholique romaine et l’Eglise évangélique réformée (seules ou avec d’autres communautés) sont reconnues comme personnes morales de droit public ou comme parties à des concordats avec l’Etat pour la perception d’impôts volontaires. »

Là aussi, chaque canton agit de manière différente. « Sur Vaud, la Fédération des paroisses catholiques du canton reçoit une part du salaire versé par l’Etat pour un nombre de prêtres catholiques proportionnel à celui des pasteurs protestants », synthétise Mgr de Raemy. « Ces salaires proviennent des impôts, sans que cela soit spécifié dans la déclaration des contribuables. » Christophe Godel complète : « La Constitution vaudoise reconnaît que la personne humaine a une dimension spirituelle. Les deux Eglises officielles (EERV et ECVD) ont la compétence pour s’en occuper. C’est pour cela que l’Etat les soutient, attendant qu’elles contribuent à la transmission des valeurs et à la paix. »

Neuchâtel connaît une situation à la fois similaire et différente. « L’Etat reconnaît l’Eglise catholique romaine, l’Eglise réformée évangélique et l’Eglise catholique chrétienne comme des institutions d’intérêt public. Selon un concordat, elles se mettent à sa disposition pour la dimension spirituelle de la vie humaine et sa valeur pour la vie sociale », détaille Pietro Guerini. Mgr de Raemy ajoute : « L’Etat récolte un impôt libre auprès des contribuables catholiques pour leurs Eglises respectives mais ne soutient directement que certaines de leurs œuvres sociales. »    

Reste Fribourg, où les impôts ecclésiastiques sont prélevés par les communes auprès des personnes morales et physiques déclarées catholiques. « Une personne physique doit déposer une déclaration de sortie d’Eglise pour ne pas les payer. La loi de 1990 a octroyé aux corporations ecclésiastiques une très large autonomie pour leur permettre d’accomplir leurs tâches. »

Les risques de l’ignorance

Elargissant le propos, Mgr de Raemy dessine les contours de l’évolution actuelle des relations Eglise-Etat. « Plutôt saine, sans confusions ni collusions, elle rejoint le conseil du Christ : rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Par contre, l’ignorance religieuse de certaines élites politiques pourrait être inquiétante. On se méfie plus facilement de ce que l’on ne connaît pas ou pas bien. Cette ignorance correspond au niveau de l’instruction religieuse dans nos familles et dans nos écoles. » Et de conclure : « La laïcité, c’est l’absence de dictature religieuse et la garantie du respect de la conscience de chacun. Mais elle peut devenir une idéologie religieuse quand elle veut cacher ou bannir le fait religieux qui a contribué et contribue encore à la culture. »

Le cas valaisan

Pierre-Yves Maillard
Pierre-Yves Maillard

Vicaire épiscopal valaisan, l’abbé Pierre-Yves Maillard distingue dans l’absolu trois types de rapports entre l’Eglise et l’Etat. « Le premier, à la limite de la théocratie, veut lier en tout Eglise et Etat. Il n’est pas chrétien, même si dans l’histoire de l’Eglise, on y est parfois tombé. » A l’autre extrême, il repère une volonté « reléguant le spirituel dans la sphère totalement privée. Ce n’est pas chrétien non plus. » Le juste milieu, il le définit par l’Evangile : « Vous êtes dans le monde et pas du monde. C’est propre au christianisme que d’autoriser et promouvoir l’autorité du temporel ! »

Cette ligne de crête définit selon lui la situation valaisanne, notamment dans le cadre de la Constituante. « L’évêque a écrit deux messages à ce sujet. Un invitant les fidèles à s’engager pour définir une nouvelle constitution. L’autre demandant aux prêtres de ne pas s’impliquer à titre personnel pour des raisons canoniques, pastorales et d’emploi du temps. » 

La foi catholique est encore bien présente en Valais. « De l’éthique à la culture en passant par l’art, l’Eglise peut intervenir dans les débats. Des conventions ont été passées en 2015 et 2016 en lien avec la place de la religion dans les écoles et dans les aumôneries d’hôpitaux. Notre situation globale est assez favorable. » Et ce, même si une polémique est née autour de la décision du Conseil d’Etat de ne plus assister à la Fête-Dieu à Sion. « Les réactions ont montré que les Valaisans restent attachés à l’expression du lien entre autorités civiles et religieuses. »

Le Pape dans l’objectif

Photographe incontournable dans le milieu catholique, Jean-Claude Gadmer a vécu la venue du Pape à Palexpo en première ligne.

Par Nicolas Maury
Photos: Bernard Hallet, Nicolas MauryAu cœur du pool des photographes du Vatican, Jean-Claude Gadmer a l’œil vissé à son appareil. Depuis l’autel monté dans Palexpo, il suit avec attention l’arrivée de François dans sa papamobile. « Quand il est entré, il y avait une énergie phénoménale dans la halle », se remémore celui qui a été mandaté par le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg-Neuchâtel pour couvrir la venue du pontife le 21 juin dernier. « Lui était emporté par cette foule. En le voyant, on comprenait bien qu’il avait vécu une longue journée, quittant Rome le matin, puis assurant ses obligations au COE. Le temps qu’il arrive sur scène, nous sentions qu’il avait perdu un peu d’influx. » 

L’œil exercé de Jean-Claude Gadmer ne le trompe pas. D’autant que lui-même fonctionne à l’adrénaline, étant sur le pont depuis la veille. Voire même avant. « Lors d’un événement comme celui-là, tu veux être bon. Le restituer dans sa simplicité et sa rigueur. Quinze jours plus tôt, je faisais des scénarios. Evidemment, tout change sur le moment. Alors tu oublies de manger, mais tu t’hydrates quand même un peu. La tension est permanente. Quelque part, c’est un avantage. Sinon, tu passerais à côté de plein de choses. »

Figure connue

La moustache fournie, le Genevois est bien connu dans le milieu de la presse catholique. « Je suis un peu perçu comme le photographe de l’Eglise, vu mes collaborations avec de nombreuses publications, livres ou revues. Je séjourne aussi régulièrement à Rome. J’ai ainsi fait deux voyages avec Jean-Paul II, au Bénin et au Bengladesh. Alors sur le terrain, les gens sont un peu rassurés, notamment par le fait que je travaille de manière assez discrète. » Guère étonnant dès lors que le diocèse ait fait appel à lui. « Je suis arrivé déjà le mercredi 20 juin pour faire des plans liés aux décors, aux derniers travaux sur l’autel et prendre mon accréditation. Et puis il y avait la question des contrôles. Nous avions entendu plein de rumeurs. Je ne suis finalement pas entré par la porte principale, mais par celle des VIP. Je n’ai eu aucun problème, car j’avais le badge rouge permettant de circuler partout. » 

Le jour J, Jean-Claude Gadmer est sur place dès 7h30. « Je voulais assister à la messe des bénévoles à 8h30, mais elle n’a pas eu lieu. Je tenais cependant à avoir des clichés de ces 300 volontaires sans qui rien n’aurait été possible. J’en ai aussi profité pour photographier les stands, les portiques d’entrée et le hall. Et bien sûr l’arrivée des fidèles. » Depuis le départ, il savait qu’il ne serait pas de la partie au COE. « Cela ne me dérangeait pas. Mon cahier des charges en journée, c’était Palexpo et l’ambiance. » 

Alors que l’arrivée du Pape se précise, le reporter rejoint le pool des photographes du Vatican sur l’autel pour immortaliser l’arrivée du Saint-Père. « Il y avait là mes collègues d’agence attachés à Rome. Nous avions tous des 500 millimètres, de sacrés tromblons ! Puis nous avons suivi la procession d’entrée depuis le bas de la scène. J’y suis resté cinq à dix minutes. » Il rejoint ensuite le carré de ses collègues suisses au milieu de la salle. « Le problème, c’est qu’il n’y avait pas de podium. Quand les fidèles étaient debout, on ne voyait quasiment rien. C’était un peu la grogne parmi mes confrères. » Mais le ton reste courtois. « Nous étions relativement peu nombreux. Pas comme à Rome où il y a parfois des bousculades. »

Rencontre mémorable

]Le moment de la journée qui a le plus marqué Jean-Claude Gadmer reste sur le point de se produire. « A l’issue de la cérémonie, j’ai participé à la rencontre entre le Pape et les évêques. Avec nous, il n’y avait que le photographe officiel du Vatican. C’était un moment privilégié. Tout le monde avait l’impression que François revivait. Il n’y avait plus de fatigue, mais de l’écoute et de la disponibilité. Ce Pape s’intéresse vraiment aux gens. Il les questionne. Il a un côté plus humain que certains de ses prédécesseurs, qui parfois regardaient déjà la personne suivante en touchant la main de celle qu’ils venaient de rencontrer. Je suis toujours impressionné quand je le vois dans ces moments. » 

Le 21 juin, Jean-Claude ne s’est pas entretenu directement avec François. Sans regret. « J’avais eu l’occasion de le saluer à Sainte-Marthe et de lui parler lorsque j’avais accompagné à Rome Daniel Pittet qui le connaît bien. Je lui avais dit que son pontificat était un bienfait pour l’Eglise. Il m’a répondu en me demandant de prier pour lui. » Et de conclure : « François, c’est un sacré Pape ! »

La rapidité est de rigueur pour ne rien manquer.
La rapidité est de rigueur pour ne rien manquer.

Jean Glasson, vicaire et globe-trotter

Jean Glasson a pris ses fonctions il y a un peu moins d’un an. Regard sur le quotidien du vicaire épiscopal de Fribourg, qui aime parcourir le monde durant son temps libre.

Par Nicolas Maury
Photos: Alain Volery, DRIl le confirme volontiers, il est plutôt matinal. Du genre à se lever aux aurores – « normalement à 6h » – pour prendre du temps pour lui. « Je prie le Bréviaire, à commencer par Laudes et Lectures. Si je n’ai pas d’autre messe dans la journée, j’en concélèbre une avec la communauté du Séminaire où je réside. Enfin, je prie une demi-heure en silence. » Ce rituel, Jean Glasson le respecte « quasiment tous les jours, sauf quand j’ai déjà des rendez-vous à 7h », sourit-il. 

Tout commence par… une fondue

Depuis dix mois, il a pris ses fonctions en tant que vicaire épiscopal pour le canton de Fribourg. Une nomination qu’il a acceptée après mûre réflexion. « Un jour de novembre 2016, l’évêque me propose de partager une fondue avec lui. Je me suis dit : “ Quelle chance pour les fidèles et les prêtres qu’il soit aussi proche des gens ! ” A la fin du repas il me glisse que Mgr Remy Berchier va arrêter sa mission et qu’il pense à moi pour le remplacer. Je n’avais rien vu venir. » D’où une hésitation certaine. « J’ai d’abord donné plein d’arguments contre, citant plusieurs curés plus à même que moi de remplir la fonction. J’ai relevé que j’étais heureux en paroisse à Estavayer, et que je ne savais pas comment j’allais vivre ma vocation dans un cadre plus administratif, mais aussi dans un contexte fribourgeois à la fois riche et complexe… »

Demandant conseil à trois amis prêtres, Jean Glasson finit par donner son accord. « Cela n’a été rendu officiel qu’après Pâques et j’ai commencé en septembre, en même temps que mon homologue pour la partie alémanique, Pascal Marquard. »

Des appuis précieux

Parmi les interrogations initiales du nouveau vicaire figurait en bonne place la manière dont il allait organiser sa vie. « J’ai repris l’agenda de mon prédécesseur, tout en déterminant d’emblée que j’allais tâcher de garder le lundi pour moi. » En parallèle, il tente de ne pas fixer de rendez-vous avant 8h30, voire 9h. « Après mon temps fort spirituel matinal, j’arrive au bureau aux alentours de 8h, traite mes mails et peaufine mes dossiers. » Il peut compter sur deux appuis précieux, son adjoint Louis Both et sa secrétaire Elisabeth Bertschy. « Comme je suis son quatrième vicaire épiscopal, on peut dire qu’elle connaît la musique… »

Commencent ensuite les séances qui constituent la majeure partie de son quotidien. Entretiens per­sonnels avec des prêtres, des laïques, des agents pastoraux, des membres du Conseil exécutif, des religieux et des religieuses… « Ils viennent me parler de leurs soucis, de leurs espérances, de leur mission. C’est très varié. » Deux fois par mois, Jean Glasson participe aussi au Conseil épiscopal. « L’évêque est le chef et c’est lui qui a le dernier mot. Mes collègues vicaires et moi sommes là pour l’épauler et mettre en œuvre ce qui a été décidé. Nous faisons aussi beaucoup de coordination liée aux problèmes de fond : les lignes, la vision et la stratégie. » Et d’avouer que l’un des éléments qui a fait pencher la balance lorsqu’il a accepté la tâche, « c’est que mes homologues ont tous entre 40 et 50 ans. La génération Jean-Paul II. Sur l’essentiel, il y a un accord, même si chacun a sa personnalité. D’où un climat de dialogue, d’écoute et de collaboration. Les maîtres mots sont communion, discernement et impulsion ».

Son agenda passablement chargé oblige le vicaire épiscopal à faire des choix. « Mes repas, je les prends parfois au Séminaire, mais plus souvent avec mes collaborateurs. Quand je vois que le calendrier se remplit, j’essaye toutefois de me ménager du temps libre. » Qu’il aime consacrer à sa famille, à son cercle d’amis – « certains sont en Eglise, d’autres pas » – et à ses loisirs. Et puis il y a la lecture – romans historiques notamment – et la musique. « J’aime le rock des années 50 : Elvis, Eddie Cochran, Jerry Lee Lewis. Je l’écoute surtout en voiture. »

De la montagne à la mer

La nature garde une place à part. « Le dimanche soir et le lundi, j’aime faire des marches en montagne. Pour moi, Dieu est dans les grands espaces. » Une certitude qui l’incite à voyager, de l’Australie à l’Amérique du Sud en passant par le Kirghizistan, l’Inde, le Canada, Israël, le Liban et l’Afrique… « J’aime rencontrer les gens, découvrir les civilisations. » Mais cet été, son programme est plus… luxueux. « Avec quelques confrères, nous avons opté pour une croisière en Méditerranée. Vivre et voyager sur une immense ville flottante m’intéresse. Je suis fasciné par le fait qu’autant de monde puisse séjourner sur un bateau, même s’il est très grand. »

Quand on lui demande s’il va garder son col romain durant cette escapade, le regard de Jean Glasson se fait rieur. « Je me suis posé la question et… je n’en sais rien ! D’habitude, quand je suis en ville, je le porte. Ça peut favoriser les contacts. A bord, je verrai sur le moment ! »

Une escapade au Kirghizistan où le vicaire explore les grands espaces.
Une escapade au Kirghizistan où le vicaire explore les grands espaces.

Découverte des réalités du Rwanda.
Découverte des réalités du Rwanda.

Que de montagnes dans la Bible!

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Il y a le mont Sinaï au sommet duquel le Seigneur donne les Tables de la Loi à Moïse au terme de 40 jours de face-à-face (Exode 19-24). Puis la montagne sur laquelle le Jésus de Matthieu, nouveau Moïse, prononce son premier discours (5-7) et livre la Loi nouvelle inscrite dans les cœurs. C’est le roc sur lequel bâtir la maison de notre avenir spirituel. 

Il y a aussi le mont de l’Horeb, vers lequel la plus grande figure du prophétisme, Elie, chemine 40 jours pour fuir la vengeance de la reine païenne Jezabel : il y reçoit la manifestation du Seigneur dans le « bruit d’un silence ténu » (1 Rois 19, 12). Puis la très haute montagne vers laquelle le Diable conduit le Christ à la troisième tentation, en lui promettant la gloire des royaumes du monde (Matthieu 4, 8-10). Le Fils reste indéfectiblement attaché au Père et fait de la volonté de celui-ci sa nourriture quotidienne.

Il y a encore la montagne de la Transfiguration (Matthieu 17, 1-8) sur laquelle Jésus « retrouve » Moïse et Elie pour accomplir la Loi et les Prophètes : il y anticipe par son visage lumineux et ses vêtements d’une blancheur éclatante le matin de Pâques, au point que les apôtres Pierre, Jacques et Jean qui l’accompagnent aimeraient s’y installer. Et également le mont des Oliviers à Gethsémani, où le Seigneur connaît l’agonie avant d’entrer dans sa Passion (Matthieu 26, 36-46).

Plus haut, plus près des cieux
Enfin, il y a la montagne de la Résurrection, où Jésus vivant précède les apôtres pour les envoyer en mission jusqu’au bout du monde. C’est du haut de la Galilée où il les attend qu’il leur confie son enseignement et ses trésors de grâce : « Allez, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » (Matthieu 28, 26-20)

Il y en aurait bien d’autres : la Bible ne cesse de nous inviter à prendre de la hauteur. Pour y rencontrer le Père et le prier (Matthieu 14, 23), plus haut, plus près des cieux, tournés vers notre patrie définitive.

En librairie – juillet-août 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

quelle-spiritualiteQuelle spiritualité pour le XXIe siècle

Depuis plusieurs décennies, l’attrait pour la méditation et la spiritualité ne cesse de croître et les religions semblent bien loin de l’effacement qui leur semblait destiné. En parallèle se multiplient les repliements identitaires où le religieux et le politique s’entremêlent.
Dans ce nouveau livre, William Clapier nourrit son itinéraire personnel de ce constat pour étayer la dimension spirituelle de la valeur humaine.

Presses de la Renaissance

Acheter pour 30.90 CHFaime-ce-que-tu-veuxAime ce que tu veux, fais-le!

Légitimité des prêtres pour parler de sexualité ; relations avant le mariage ; divorce plutôt que mariage malheureux… Dans cet échange organisé autour de ce type de questions par Arthur Herlin, Mgr Emmanuel Gobilliard (évêque auxiliaire de Lyon) et la sexologue Thérèse Hargot confrontent leur point de vue. Si la seconde offre une vision décomplexée et franche, le premier montre que l’Eglise peut parler de tout sans tabou. 

Albin Michel

Acheter pour 31.50 CHFtribulationsLes tribulations d’Aliénor en milieu étudiant (et parfois hostile)

Vingt ans, un regard noisette et une mèche brune, Aliénor est accro aussi bien à son paquet de cigarettes qu’à son portable. Capricieuse mais généreuse, elle est aussi une catho décomplexée. Dans le roman qui met en scène cette jeune femme, l’auteure Elisabeth Lucas nous entraîne au cœur d’aventures familiales, amicales ou amoureuses. Un voyage initiatique pétillant qui conduit à la maturité.

Quasar

Acheter pour 24.00 CHFadnL’ADN du chrétien, l’Esprit Saint au secours de nos vies 

Pour Alain Noël, fondateur des Presses de la Renaissance, être chrétien ne revient pas simplement à adhérer à une croyance ou à un mode de vie. C’est plutôt avoir l’âme « génétiquement modifiée » par l’action de Dieu. Au-delà d’un rite d’appartenance à un groupe religieux, le baptême opère une transformation radicale. Constatant que de nombreux points fondamentaux de la vie spirituelle sont méconnus de maints croyants, l’auteur propose d’effectuer une cartographie du génome chrétien. 

Mame

Acheter pour 23.80 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Prendre de la hauteur

Franchir un col : angoisse ou ressourcement ? A la belle saison, beaucoup empruntent une route alpine, parfois dans les embouteillages. Qu’en est-il des personnes qui ont choisi de prendre de la hauteur pour s’y arrêter ? Halte aux hospices du Grand-Saint-Bernard et du Simplon ; l’hospitalité pour tous reste de mise.

Par Pascal Ortelli
Photos: Congrégation du Grand-Saint-Bernard, Antoine Salina, Astrid Belperroud
« Ici le Christ est adoré et nourri ! » La devise pluriséculaire des chanoines du Grand-Saint-Bernard exprime aujourd’hui encore leur volonté d’accueillir inconditionnellement l’hôte et le pèlerin. S’il vous plaît, ne parlez pas de touristes et encore moins de clients : ce sont bien les seuls mots mis à l’index là-haut. Car « même si on y vient en touriste, on en repart en pèlerin », comme le rappelle le chanoine Frédéric Gaillard. Pas besoin de montrer patte blanche à la porte d’entrée, qui d’ailleurs au Grand-Saint-Bernard n’a même pas de serrure !

Au centre le prieur Jean-Michel Lonfat, entouré à gauche de Frédéric Gaillard et à droite par Raphaël Duchoud et Anne-Marie Maillard.
Au centre le prieur Jean-Michel Lonfat, entouré à gauche de Frédéric Gaillard et à droite par Raphaël Duchoud et Anne-Marie Maillard.

Libre pour progresser à son rythme

« Ici, relève Justine Luisier qui y a travaillé, il y a une qualité d’accueil que je n’ai retrouvée nulle part ailleurs. Tu te sens comme à la maison, respecté dans ta foi et libre de vivre comme tu le souhaites. » Ce sentiment de liberté interroge, alors que le lieu est plus confiné que l’hospice du Simplon. Justine le connaît bien aussi, puisqu’elle anime les camps-réflexions organisés par l’aumônerie du Collège de l’Abbaye de Saint-Maurice.

Le Simplon parle par lui-même aux jeunes. Beaucoup y vivent leurs premières expériences en hospice. Les élèves y font peut-être l’expérience d’une rencontre avec un grand R, soutenue par la discrète présence des chanoines. S’ils sont bien là, ils ne se font pas envahissants, ce qui est apprécié des élèves qui se sentent respectés dans leur cheminement. 

La vie en hospice, entre confirmands et familles

Même constat pour Astrid Belperroud, animatrice pastorale à l’UP Renens-Bussigny. Elle y emmène les confirmands qu’elle prépare. Là, ils y découvrent… le credo qu’ils connaissent peu, alors qu’à cet âge, il importe de donner du sens à ce à quoi l’on croit. La vie en hospice y contribue. C’est faire une expérience hors de son quotidien, prendre du temps pour rencontrer Dieu et renforcer les liens de camaraderie. Cette halte sur les hauteurs représente « une aide précieuse sur le chemin de la confirmation ». Il se vit là, à coup sûr, quelque chose du rite de passage. Aux retrouvailles, on se remémore volontiers les souvenirs d’une sortie neige, d’une veillée ou d’une nuit agitée.

L’hospice du Simplon offre aussi la possibilité pour les familles de vivre un temps de vacances avec d’autres. Rachel et François Muheim y sont montés deux hivers avec leurs trois enfants, depuis Fribourg. Ils y ont particulièrement apprécié l’agencement des journées : le matin, les enfants sont pris en charge par une équipe d’animateurs, ce qui permet au couple de se retrouver et de se reposer. Si la dimension spirituelle est bien présente, elle n’est pas non plus écrasante. 

La volonté est d’accueillir tout le monde, sans distinction.
La volonté est d’accueillir tout le monde, sans distinction.

La spiritualité de la montagne : un appel prophétique

Au vu du nombre et de la diversité des groupes qui y séjournent, la mission des hospices semble aujourd’hui couler de source. Il n’en fut pas toujours ainsi. Avec la route carrossable et le tunnel, le passage du col ne représente plus un péril. La tâche des chanoines n’est plus dès lors d’accompagner physiquement les voyageurs avec les chiens, la soutane et les skis en bois, comme le veut l’image d’Epinal. Que faire des hospices ?

La Congrégation prend acte de cette évolution. Elle reconnaît très vite que la portion du monde qui lui est confiée pour l’évangélisation est celle « des voyageurs, des touristes, des alpinistes et des skieurs » (décret du chapitre général de 1959). C’est alors que retentit l’appel prophétique de Gratien Volluz, chanoine et guide de montagne, pionnier dans le développement d’une authentique spiritualité de la montagne avec les activités que nous connaissons aujourd’hui encore : pèlerinages alpins, vacances en famille au Simplon, randonnées spirituelles, camps montagne et prières… La montagne devient un terrain privilégié pour vivre une authentique expérience spirituelle.

Quand l’hospitalité se vit dans l’audace et l’adoration

L’hospitalité prend alors des formes nouvelles, tout en restant fidèle à son ingrédient de base : l’écoute. « Nous avons deux oreilles et une seule bouche », souligne malicieusement Frédéric Gaillard qui passe de nombreuses heures au téléphone, entre deux relevés météos. « Ça aussi, c’est de l’accueil ! » Pour Jean-Michel Lonfat, prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard, l’un des rares prêtres à parler le langage des signes, l’accueil se vit aussi par l’accompagnement des personnes sourdes-malentendantes et aveugles-malvoyantes. Car, comme le rappelle le prévôt Jean-Michel Girard, la volonté de saint Bernard était d’accueillir tout le monde sans distinction. Ce service humain comporte un message : « Chaque personne est infiniment précieuse, quels que soient son origine, sa religion, sa condition sociale, sa raison de voyager et ses projets. » Si jusqu’en 1940, on offrait gratuitement un lit et une soupe à chaque hôte – même aux contrebandiers ! –, les chanoines ont aujourd’hui à cœur de poursuivre cette mission d’hospitalité pour tous. Le thé, symbole de bienvenue, est encore offert gratuitement.

Faire tourner la baraque

Si leur écoute et leur disponibilité sont sans pareil, le travail ne manque pas pour arriver à maintenir ces maisons ouvertes toute l’année. La communauté peut alors compter sur les précieux services de la maisonnée et de bénévoles. Clotilde Perraudin, une jeune du Val de Bagnes, a travaillé six mois au Grand-Saint-Bernard, dans ce lieu qu’elle connaissait déjà bien. La vie religieuse partagée, tout comme le regard bienveillant porté tant par la communauté que par les hôtes, lui a fait du bien, tout en renforçant son estime de soi. Elle, qui pourtant n’aimait pas faire le ménage, a trouvé que là, ça faisait sens pour… l’hospitalité qui se cultive jusque dans les fleurs. Le chanoine Raphaël Duchoud y entretient en effet une véritable pépinière, à plus de 2400 mètres d’altitude !

L’hospitalité s’incarne certes par des gestes très concrets. Toutefois, comme le relève Anne-Marie Maillard, oblate de la Congrégation, elle s’ancre avant tout dans une reconnaissance bien plus profonde, au risque sinon de ne pas tenir. « Ici comme ailleurs, nous ne pouvons pas accueillir en vérité ni aimer les autres si nous ne nous reconnaissons pas d’abord comme accueillis et aimés par le Seigneur. » Ainsi, prendre de la hauteur et vivre sur les cols, c’est peut-être d’abord reconnaître, consciemment ou non, un appel et… y répondre.

La Congrégation du Grand-Saint-Bernard fut fondée au XIe siècle.
La Congrégation du Grand-Saint-Bernard fut fondée au XIe siècle.

Prendre de la hauteur avec 82-4000 solidaires

But: rendre les sommets accessibles.
But: rendre les sommets accessibles.

Hugues Chardonnet, guide de montagne, diacre et médecin français, a parlé de son association 82-4000 solidaires lors du week-end pastoral des 17 et 18 février derniers à l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Son association s’est donné pour mission de rendre les sommets accessibles aux personnes les plus démunies, car, de par les difficultés qu’elles ont surmontées sur leur chemin de vie, ce sont elles qui nous apprennent à vivre. « Ce qui anime nos nombreux bénévoles, c’est de voir redescendre les participants avec la banane. L’expérience de la beauté est nécessaire, tu aides ces personnes à construire leur vie autour d’une nouvelle passion. » (http://824000.org/)

Osons la bienveillance avec les pèlerinages alpins

Un temps de partage et de découverte, en portant un regard aimant, compréhensif et sans jugement sur soi et sur l’autre. Une marche de Ferret à l’hospice du Grand-Saint-Bernard pour rompre avec les rythmes effrénés du quotidien. Un pèlerinage qui a choisi une fois encore de favoriser les rencontres intergénérationnelles, en donnant une place privilégiée aux enfants et aux ados.

Plus d’infos sur les activités d’été au Grand-Saint-Bernard sous :
www.gsbernard.com/fr/agenda-fr

et pour les vacances chrétiennes en famille au Simplon sous :
gsbernard.ch/simplon/familles

Réponse d’un évêque à Floriane Eigenheer

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRsynode_florianeFloriane Eigenheer, 28 ans, habitant Martigny (VS), vient de recevoir le baptême et la confirmation. La jeune femme a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

« Dans l’exhortation apostolique ″Gaudete et Exsultate″, ce qui est mis en avant est l’appel à la sainteté. Le fait d’être saint, selon le Pape (réagir avec douceur, savoir pleurer avec les autres, garder le cœur pur de tout ce qui souille l’amour, semer la paix autour de soi), est pour moi un code de bonne conduite humain. Pourquoi cet appel à la sainteté ne s’adresse-t-il qu’aux chrétiens ? Pourquoi ne pas l’étendre à tous les humains, pliant ainsi une des barrières nous séparant des autres religions ? »

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyChère Floriane,

L’exhortation du Pape à vivre la sainteté dans le monde actuel est-elle un simple code de bonne conduite humain ? Oui et non.

En lisant cette exhortation, on a vite compris qu’il s’agit d’imiter Jésus et de se fier à son enseignement. Inviter à cela, c’est de fait aussi de l’évangélisation. Dans ce sens oui, on peut dire que c’est une sorte de « code de bonne conduite » proposé à tous les hommes et pas seulement aux chrétiens. Ce texte ne commence d’ailleurs pas par l’habituel « aux évêques, aux prêtres et aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs » et on n’y a pas non plus simplement ajouté « et à tous les hommes de bonne volonté ». Le texte commence abruptement sans s’adresser à personne en particulier. On peut dès lors dire que c’est une invitation « à qui que ce soit » à y lire et à y voir la chance de sa vie et de la vie du monde !

Mais d’autre part, quand on touche à Jésus et à son message, on touche à plus que de l’humain. Vivre l’amour de l’ennemi, par exemple, fait sauter le code humain. Croire que l’Esprit Saint le rend possible, c’est un acte de foi, ce n’est plus de la simple éthique. Aimer Jésus et à cause de cela changer de vie n’est pas l’adhésion à un simple code de bonne conduite humain. Le Pape le dit et répète : l’Eglise n’est jamais une simple ONG. Elle part de Jésus et conduit à Jésus. Cela change tout.

Mais une chose est sûre. Dieu est pour tous. Il a un seul projet pour toute l’humanité. Ce projet s’accomplit pleinement quand on se réfère explicitement à Jésus et quand on célèbre les sacrements qui nous transforment. C’est l’Eglise. Mais Dieu s’active chez tous. Son unique projet s’infiltre d’une manière ou d’une autre dans tous les cœurs. C’est pourquoi les frontières de l’Eglise traversent le cœur de chaque homme. Ce qui y est accueilli de Dieu (consciemment ou non) est déjà son projet « Eglise » en cours, ce qui est refusé de Dieu n’est pas « Eglise ». Il n’y a donc pas de barrières qui nous séparent les uns des autres. Il n’y a que ce qui, en chacun, chrétien ou pas, unit, oui ou non, à l’unique projet de Dieu pour tous.

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Les icônes du Simplon

Par Pascal Bovet
Photo: Hospice du Simplon
Si le bâtiment de l’hospice du Simplon, construit vers 1830, donne une impression d’austérité, peut-être imposée par le cadre montagneux, sa chapelle comporte un ensemble d’icônes de grande taille, de composition contemporaine. 

L’ensemble laisse voir, autour du Christ sereinement en croix et les dominant, les protecteurs de l’hospice et des religieux qui en ont la charge, les chanoines du Grand-Saint-Bernard. A gauche du Christ donc, saint Bernard de Mont-Joux, passé maître dans la maîtrise du démon, et saint Nicolas de Myre, très populaire en Italie voisine et qui a un pied à terre magnifique à Bari. Vénéré et fêté comme protecteur des enfants, il se fait ici protecteur des voyageurs.

Et à droite, saint Augustin et sa mère sainte Monique ont charge de veiller sur les religieux qui s’occupent du logis.

La croix ne correspond pas à nos coutumières représentations ; sa forme et son style nous viennent  de la tradition byzantine, transmise par l’Italie. Cette forme de croix a été mise à la mode par Cimabue, au début de la Renaissance, et rendue populaire par le mouvement franciscain.

La couleur est sobre, le corps et le visage sont dépourvus de vie, mais pas outragés : point d’outils de la Passion, ni de pleureuses.  C’est déjà un Christ « pascal ».  De ses bras étendus, il fonde une famille chrétienne originale dont Marie est la mère et Jean le fils bien-aimé.

Jouons ensemble!

On joue beaucoup aujourd’hui, mais souvent tout seul, face à son écran. Jouer ensemble, voilà un ferment d’unité familiale! Diane et Vivien, un couple ludophile, proposent trois jeux modernes à tester cet été.

Propos recueillis par Bertrand Georges
Photo: DR

DIXIT, un jeu pour rêver

dixit3-12 joueurs | 30min | 8+ ans

Rien de tel pour s’initier au jeu de société moderne que Dixit ! Pour vivre un moment de poésie, laissez-vous inspirer par les sublimes illustrations des cartes et faites travailler votre imagination. Chaque tour, un joueur désigné conteur choisit secrètement une carte de sa main et énonce une phrase ou un mot qu’elle lui inspire. Les autres joueurs remettent au conteur leur carte qui y correspond le mieux. Une fois les cartes dévoilées, tous votent pour celle qu’ils pensent être celle du conteur. Saurez-vous orienter les joueurs sans donner des indices trop évidents ?

MÖLKKY, pour profiter du plein air

molkkyPour les journées ensoleillées, pourquoi ne pas essayer le célèbre et très apprécié Mölkky ? Douze quilles numérotées à renverser à l’aide d’un gourdin, pour marquer 50 points. Faites tomber la quille numéro 11 seule et vous marquerez 11 points, mais renversez les quilles 11 et 9 et vous ne ferez que 2 points. Et si vous dépassez les 50 points, vous retomberez à 25 ! Une alternative originale et tout terrain à la pétanque.

KINGDOMINO, pour ceux qui aiment la stratégie

kingdomino2-4 joueurs | 20min | 6+ ans

Avec Kingdomino, vous découvrirez le plaisir d’un jeu stratégique, dès 6 ans ! Chacun devra construire un royaume autour de son château avec des tuiles et en suivant la même règle qu’aux dominos : pour poser une tuile, elle doit avoir au moins une face identique à sa voisine. Un jeu facile à comprendre, rapide et avec un matériel agréable, qui ravira petits et grands !Alors jouons ! Goûtons au plaisir d’être ensemble ! Donner du temps, c’est une manière d’aimer qui dit à l’autre combien il est important pour nous. Et ça construit la famille. Bonnes vacances !

Le Foyer Abraham

« Qu’on apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds et vous vous étendrez sous l’arbre. » (Gn 18, 4)

Par Nicole Andreetta
Photos : Anne-laure Gausseron
« Du bonheur ! » s’exclame Cla­rissa, 9 ans, lorsqu’on lui de­mande ce qu’elle trouve au Foyer Abraham. « Un bon goûter et jouer au ballon dans la cour ! » ajoute son amie Serena. Jean-Marie, un retraité qui leur vient en aide pour leurs devoirs, hoche la tête en souriant.

Situé au cœur du Vieux Martigny, le Foyer Abraham accueille, chaque mercredi après-midi, jusqu’à 50 enfants et une vingtaine de femmes. Le 90% d’entre eux sont des requérants d’asile et des réfugiés.

Des bénévoles venus de divers horizons les reçoivent et proposent différentes activités : conversation française, soutien scolaire, jeux, bricolages, informatique…

Sandy habite Verbier, elle ex­plique : « Mes petits-enfants habitent San Francisco, je les vois rarement. Ici, je peux être une grand-mère. »

Thomas, 24 ans, s’est engagé après un voyage en Suède : « Par le biais de couch surfing, je logeais chez une dame qui hébergeait deux jeunes réfugiés afghans. Nous avons sympathisé. Leur parcours de vie m’a impressionné. De retour en Suisse, j’ai voulu faire quelque chose pour les requérants d’asile. Je travaille comme boucher à 50%. J’ai beaucoup de temps libre ! Outre les mercredis que je passe ici, je suis aussi présent au Café du Parvis, un espace destiné plus particulièrement aux hommes. »

La responsable du lieu est Anne-Laure Gausseron. Oblate consacrée, elle appartient à la Congrégation du Grand-Saint-Bernard. L’hospitalité, c’est dans sa nature !

« L’exil est une expérience très dure. Il est nécessaire d’accueillir avec douceur ceux qui l’ont vécue… et sans les juger. Nos activités ne sont que des moyens pour entrer en relation. La priorité est donnée à la joie de la rencontre… qui peut engendrer de petits miracles. »

Anne-Laure organise également, pour les familles et les mineurs non accompagnés, des semaines de vacances et des sorties à la journée. 

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Mer ou montagne?

Par Thierry Schelling
Photo: DR
Pour les vacances, vous êtes plutôt mer ou montagne ? Le pape François semble privilégier… le statu quo : rester à Rome, alors que Jean-Paul II ou Benoît XVI affectionnaient un chalet dans le Val d’Aoste ou les Dolomites et leurs nombreux sentiers de promenade.

Mais sous sa plume, François aime la géographie biblique, et particulièrement la montagne. Lors de l’angélus du 16 mars 2014, il décryptait l’épisode de la Transfiguration – sur une montagne, donc – en ces termes : « Je voudrais (y) souligner deux éléments significatifs, que je synthétise en deux mots : montée et descente. Nous avons besoin d’aller à l’écart, de monter sur la montagne dans un espace de silence, pour nous trouver nous-mêmes et mieux percevoir la voix du Seigneur. C’est ce que nous faisons dans la prière. Mais nous ne pouvons pas rester là ! La rencontre avec Dieu dans la prière nous pousse à nouveau à “descendre de la montagne” et à retourner en bas, dans la plaine, où nous rencontrons tant de frères qui ploient sous les peines, les maladies, les injustices, l’ignorance, la pauvreté matérielle et spirituelle. A ces frères qui sont en difficulté, nous sommes appelés à apporter les fruits de l’expérience que nous avons faite avec Dieu, en partageant la grâce reçue. »

Symbole fort
Déjà dans son dernier message pour le Carême 2013, Benoît XVI avait mis en avant la montagne comme symbole fort : « L’existence chrétienne consiste en une ascension continue du mont de la rencontre avec Dieu pour ensuite redescendre, en portant l’amour et la force qui en dérivent, de manière à servir nos frères et sœurs avec le même amour que Dieu. » (no 3) Et le pape Ratzinger de s’appliquer tout spécialement à suivre cette invitation à grimper sur la montagne à l’aube de sa démission…

Les papes, plutôt montagne que mer…

N’oubliez pas l’hospitalité…

Par Nicole Andreetta
Photo: Congrégation du Grand-Saint-Bernard
Depuis la nuit des temps, dans l’imaginaire collectif, les montagnes sont représentées comme des contrées mystérieuses et dangereuses.

Autrefois, pour permettre aux voyageurs exténués de reprendre des forces en toute sécurité, des lieux d’accueil, appelés hospices, ont été édifiés le long des chemins alpins. Un bol de soupe avalé et le corps reposé, chacun reprenait ensuite sa route, réconforté.

Aujourd’hui, certaines régions montagneuses situées entre la France et l’Italie se révèlent particulièrement inhospitalières. Non pas à cause des dangers naturels comme la neige, le froid ou le brouillard. Mais parce qu’une véritable « chasse à l’homme » s’est mise en place pour empêcher des migrants à la recherche d’un peu de protection de franchir la frontière.

Ainsi, le 9 mai dernier, une jeune Nigériane qui tentait d’échapper à un contrôle de police est retrouvée noyée dans la Durance. Le 18 du même mois, des randonneurs découvrent le corps de Mamadou, mort d’épuisement.

Quant aux personnes qui se montrent solidaires des fugitifs et tentent de leur venir en aide, elles sont arrêtées et inculpées pour « délit de solidarité ».

Nos hospices, un symbole d’humanité.

Les hospices ont été édifiés le long des chemins alpins.
Les hospices ont été édifiés le long des chemins alpins.

En librairie – juin 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Gabriella Enasoae de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

ndfLe tissu de méditation de Nicolas de Flue, une boussole pour la vie

Dans sa cellule du Ranft, Nicolas de Flue observait un tableau médiéval figurant une roue à six rayons qu’il appelait « son livre ». En son centre rayonne le visage de Dieu trinitaire. Pour l’abbé Bernard Schubinger, ce tissu de méditation est une image passionnante, attirante et pleine de significations. Dans son étude, il examine à la fois ses origines et sa signification. Pour découvrir qu’elle est en fait un résumé de toute la vie chrétienne, allant du chemin du pèlerin à l’essentiel de la vie chrétienne en passant par les sept sacrements, le Notre Père et le Credo.

Editions du Parvis

Acheter pour 29.00 CHFhistorien_dieuL’historien de Dieu. Luc et les Actes des apôtres

Auteur des Actes des apôtres, Luc a relevé un défi : celui de raconter l’histoire des hommes tout en montrant comment Dieu s’y infiltre. Il fut le premier à écrire un Evangile suivi d’une histoire du christianisme. Spécialiste des Actes, Daniel Marguerat expose dans sa recherche comment Luc a construit son récit des origines. Il met aussi en lumière ses compétences d’écrivain, son intérêt pour l’histoire et les orientations de sa théologie. 

Bayard, Labor et Fides

Acheter pour 29.00 CHFnarcoLes narcotrafiquants veulent ma peau

Prêtre, Alejandro Solalinde est le plus grand défenseur des migrants au Mexique. Les trafiquants de drogue ont mis sa tête à prix pour un million de dollars. A travers son témoignage écrit avec la journaliste Lucia Capuzzi, il décrit le contexte social et politique de son pays, sa vocation et son œuvre au profit des migrants d’Amérique centrale, victimes d’enlèvements, de trafic d’organes, d’esclavage et de prostitution. Un témoignage poignant. 

Editions des Béatitudes

Acheter pour 30.80 CHFpierres-noiresPierres noires 

Josèphe Malègue est considéré comme le Proust catholique. Lu avec ferveur par Paul VI qui voyait en lui le « conteur de l’histoire », il est considéré par le pape François comme le grand romancier moderne des classes moyennes de la sainteté. Dans son deuxième roman, il réalise une fresque historique de l’installation de la IIIe République, entre laïcité, déclin des notables liés à la monarchie, Eglise, Empire et montée d’une classe nouvelle qui les supplante. 

Ad Solem Editions

Acheter pour 38.00 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

L’église Saint-Paul à Genève

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
Cette église qui a déjà eu notre visite, mérite un retour, tant sa  richesse culturelle est le reflet d’une recherche artistique au début du XXe siècle.

L’église, qui est à Genève, entre dans le XXe siècle secouée par les turbulences de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et l’affaire Mermillod est encore dans les mémoires. Où justement elle est présente comme un ferment pour lutter.

L’église Saint-Paul à Cologny naît avec la paroisse au temps du curé Jaquet. Ami des arts et des artistes, il s’est entouré d’une équipe faisant preuve d’une grande unité.

Le bâtiment lui-même se nourrit de lignes romanes modernisées, ce qui impose une pénombre marquée à l’intérieur de l’église.

Mosaïque imposante
Les vitraux, en partie de Cingria et de Maurice Denis, et les fresques et mosaïques de ce dernier se marient par­faitement dans une lumière discrète.

En plus de la majestueuse peinture du chœur représentant la vie de saint Paul, une mosaïque imposante domine le baptistère. Jésus se fait homme jusqu’à recevoir un baptême des mains de Jean-Baptiste. Mais l’Esprit de Dieu est au-dessus des eaux.

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