Coulisses de la messe papale

Genève et la Suisse attendent le pape François de pied ferme. Dans les coulisses de l’événement œuvre notamment le chanoine Alain Chardonnens. Son rôle: organiser la messe pontificale.

Par Nicolas Maury
Photos: Nicolas Maury, DRAssis devant son bureau, Alain Chardonnens étudie une série de plans. Ceux de Palexpo, où François célébrera la messe le 21 juin prochain. Cette cérémonie, le curé modérateur de Versoix est en charge de l’organiser. « En février, j’ai entendu à la radio que le pape venait en visite officielle au Conseil œcuménique des Eglises à Genève. 90 minutes plus tard, je recevais un message WhatsApp de Mgr Morerod. Il me disait que dans ce contexte, il me verrait bien organiser la messe… »

Depuis, celui qui a collaboré pendant cinq ans à l’Evêché de Lausanne, Genève et Fribourg, s’est mis à la tâche. « Cet événement est une sacrée occasion. Et la liturgie, un domaine où je me débrouille. Je me suis dit que si je pouvais rendre service et contribuer à bien accueillir le Saint-Père, il fallait que je me lance. »

La date fatidique approchant, le quotidien du chanoine Chardonnens a été chamboulé. « J’ai tout d’abord reçu du Vatican un document de quinze pages recto-verso. Il donne en français et en italien les lignes directrices d’une messe pontificale. Ensuite, un
Monseigneur de Rome est venu en reconnaissance, avant que je ne me rende en Italie rencontrer Mgr Marini, cérémoniaire pontifical, pour proposer un déroulement de la célébration avec plan d’aménagement, podium et autel. »

Alain Chardonnens examine la disposition des espaces de Palexpo.
Alain Chardonnens examine la disposition des espaces de Palexpo.

Nombreuses inconnues

Si le compte à rebours est bien lancé, le nombre d’inconnues est encore important. « La grande question est relative au nombre de personnes attendues. En 1982, Jean-Paul II en avait réuni 20 000. Moins que prévu. Là, on est 30 ans plus tard et François est très populaire. Mais ça reste un jeudi soir à 17h30, dans une période d’examens et de promotions. Du coup, on table sur plus de 30 000 participants, pour un bassin de population de plus de quatre millions de personnes. »

Relevant sa boîte mail, le prêtre replonge ses yeux sur ses plans. « L’avantage de travailler avec Palexpo, c’est que les membres de leur staff sont rodés et pleins de bons conseils. Ils nous disent qu’un dimanche du Salon de l’auto, avec un contrôle de sécurité allégé, on peut faire entrer 68 000 visiteurs en trois heures. Ça donne une base de travail permettant de faire varier les paramètres… » De même, la disposition des locaux en enfilade offre une modularité intéressante. « 42 000 places seront prévues à l’intérieur. »

La question des hosties

Afin d’établir une bonne approximation, un système de billetterie gratuit a été choisi. « Il pourrait être couplé avec un livret de chant imprimable à domicile. » Car du nombre de fidèles attendu découlent différentes décisions. Exemple, la communion : « Sur l’autel, je ne pourrai mettre que quelques milliers d’hosties que le pape François consacrera. Les autres devront être consacrées avant. Mais il faut d’abord les trouver. J’ai approché les monastères de notre diocèse qui les fabriquent, ils se sont organisés entre eux. Et puis ces hosties, il s’agit d’avoir des coupes où les mettre… Et il faudra les distribuer. D’où la nécessité de pouvoir avoir un ordre d’idées… »

Alain Chardonnens est membre du groupe de pilotage mandaté par l’Evêché, lequel reçoit nombre de demandes. « Le hic, c’est que la cérémonie ne durera qu’une heure trente. Nous devons décliner nombre de sollicitations, liées au chant et à la musique – nous avons opté pour des petits groupes de pros ou semi-pros –, aux servants de messes, aux confirmands ou aux handicapés… C’est frustrant pour ceux qui reçoivent une réponse négative, mais aussi pour nous qui la donnons. Heureusement, tout le monde aura une place à la messe… »

Evénement populaire

Le curé modérateur de Versoix s’est rendu à Rome pour rencontrer le cérémoniaire pontifical.
Le curé modérateur de Versoix s’est rendu à Rome pour rencontrer le cérémoniaire pontifical.

Celle-ci semble prendre de plus en plus d’importance dans le déroulement de la journée. « Nous voulions éviter une situation comme à Strasbourg où le Pape n’a visité que des institutions. Au-delà des rencontres avec le Conseil fédéral et au COE – où la Suisse ne dispose que d’un statut d’observateur (ndlr. et dont l’Eglise catholique ne fait pas partie) – elle sera l’événement populaire où les gens pourront voir le pape François et lui les côtoyer. »

Malgré les tâches qui lui in­-combent, le chanoine Alain Chardonnens reste serein. « J’attends que ce soit une belle journée pour tout le monde, que le Saint-Père soit content de son passage et que les fidèles reçoivent un message qui leur permette de se renouveler dans leur foi ! Et quand tout se sera bien déroulé, je compte aller boire une bonne bière ! »

Infos pratiques et FAQ sur le site https://www.diocese-lgf.ch/pape-geneve.html

Conseils pour le jour J

• Eviter de prendre la voiture et privilégier les transports publics
• Prévoir beaucoup de marge
• Ecouter Radio Lac (FM 91.8) et One FM (FM 107.0) pour des bulletins réguliers
• Acheter à boire sur place
• Consulter le site : www.ge.ch/organisation/police-cantonale-geneve

Réponse d’un évêque à Claire Pujol

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRclaire-pujol3Claire Pujol, 20 ans, habitant Trélex (VD), a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci à laquelle il souhaite répondre :

« Qu’attendez-vous du synode en tant qu’évêque des jeunes ? »

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyChère Claire,

J’ai bien compris la question. Et je te réponds : j’en attends… rien ! Oui, tu as bien lu : je n’attends rien de ce synode. Je n’attends rien de ce synode sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel » comme de tout autre synode. Pour une simple et bonne raison : parce que c’est précisément un synode. Et un synode, ce n’est pas un parlement, où chacun vient défendre ses positions quitte à finir par trouver un compromis qui satisfait tout le monde ou personne. Non. Un synode, c’est un cénacle de Pentecôte. Comme pour les apôtres dans l’attente de l’Esprit Saint. Un synode, c’est d’abord un lieu de prière et d’échange dans la recherche de la volonté de Dieu. Il ne s’agit jamais de défendre l’idée ou les idées d’un parti ou d’une partie. Je n’ai donc aucunement l’intention d’y arriver avec une attente qui serait la mienne ou même celle d’une quelconque majorité de jeunes catholiques en Suisse. Je n’ai pas un « statement » comme on dit en langage franglais d’initiés, une position prédéfinie. Bien sûr que j’ai mes idées sur la question. Le contraire aurait de quoi surprendre pour ne pas dire inquiéter ! Mais je veux y participer, pour ainsi dire, bouche bée ! C’est-à-dire le cœur, l’esprit, l’intelligence, les oreilles et la bouche tout grands ouverts. Et pouvoir y dire tout ce qui me traversera l’esprit. En espérant qu’il y ait à chaque fois au moins un peu de l’Esprit ! Mais en sachant qu’il souffle où il veut. Et sans que cela soit repris par journalistes et médias qui ne seraient pas dans une dynamique de Pentecôte. C’est d’ailleurs bien la raison pour laquelle le pape François a demandé que ne soient pas publiés les discours ou interventions des uns et des autres en cours de synode. Puisque cela fait partie d’une recherche commune, où mes propos ne sont qu’une contribution provisoire pour un discernement en commun. Chaque évêque doit être prêt à laisser passer le souffle de l’Esprit, sur ses propos aussi.

J’avais bien compris ta question. As-tu bien compris ma réponse ? Ce défi d’une bonne communication, voilà qui fait aussi partie de la dynamique d’un synode !

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

A Dieu et à César?

Représentation de la scène biblique liée au fameux épisode de l’impôt dû à César.
Représentation de la scène biblique liée au fameux épisode de l’impôt dû à César.

 

Par François-Xavier Amherdt
Photos : DR

 Impossible de proposer un point de vue biblique sur les rapports entre foi et politique sans évoquer le fameux épisode de l’impôt dû à César (présent dans les Evangiles synoptiques : Matthieu 22, 15-22 ; Marc 12, 13-17 ; et Luc 20, 20-26). Le texte induit-il vraiment, comme on le dit habituellement, une stricte séparation entre l’Etat et l’Eglise ? S’agit-il d’une délimitation des compétences entre deux sphères qui ne se recouvrent d’aucune manière ? Que faut-il rendre à Dieu ? N’est-ce pas tout ? Y a-t-il des réalités, dont la chose politique, qui échapperaient à l’éclairage de l’Esprit Saint ?

« De qui le denier de l’impôt est-il l’effigie ? » demande Jésus aux pharisiens et aux hérodiens venus lui tendre un piège. Voilà bien une alliance contre nature, comme il en existe parfois en politique, même en Suisse, lorsque les extrêmes s’unissent pour faire couler un projet au nom d’idéologies opposées : d’un côté, les pharisiens honnissant les Romains, mais désireux de se débarrasser de Jésus qui mettait en péril leur pouvoir, le statut de la Loi, du Temple et du sabbat ; de l’autre, les hérodiens, partisans de la dynastie des Hérode, favorables à la bonne entente avec les occupants et donc prêts à dénoncer le Christ aux autorités romaines comme dangereux agitateur.

« Est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? » : telle est la peau de banane que ses adversaires rassemblés glissent hypocritement sous les pas de Jésus. Si la pièce d’argent est à l’effigie de l’empereur et doit donc lui être rendue, qu’est-ce qui est à l’image de Dieu et doit lui être rendu, sinon l’homme, tout homme, tout l’homme ? Rendre à Dieu ce qui est à Dieu englobe toutes les dimensions de la vie et de l’activité humaine. Cela n’entraîne évidemment pas le fait qu’il conviendrait de tracer une « voie politique chrétienne ». Mais n’y aurait-il pas ainsi une « manière chrétienne de mener la politique », afin de donner à Dieu ce qui lui revient, également dans ce domaine ?

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Diplomatie papale

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude GadmerChef d’Etat du Vatican et de l’Eglise romaine, le pape François doit être un diplomate, en politique comme en spiritualité, en actes comme en paroles. Le réseau des nonces lui permet d’être en contact avec les gouvernements et les Eglises locales de façon immédiate. Tractations, conférences et médiations sur plusieurs continents ont été gérées par le Saint-Siège au cours des dernières décennies.

Diplomatie vestimentaire ensuite, certes anecdotique, mais c’est visible : plus de chasubles ba­-roques, de mitres de Pie IX ou de mozette à bord d’hermine. Sans mot dire, juste en endossant, comme Paul VI au lendemain du Concile, une simplicité vestimentaire plus adéquate aux messages délivrés urbi et orbi. N’en déplaise aux nostalgiques… la papauté s’est « désimpérialisée ».

Mais il y a aussi la diplomatie des mots : comme en Turquie, s’abstenir de parler ou pas du génocide arménien ? Au Chili, dans l’affaire de l’évêque Barros accusé d’avoir couvert un prêtre pédophile notoire ? Vis-à-vis des gays, après son tonitruant « qui suis-je pour juger » suivi du… néant ? A moins que sa stratégie soit… latérale : au synode pour l’Amazonie, ne sera-t-il pas question quand même d’ordonner des hommes mariés ? Lors du synode sur les jeunes en 2019, parlera-t-on (ou)vertement de sexualité 50 ans après Humanae Vitae ? Les changements formels du mode de fonctionnement de la curie romaine produiront-ils une nouvelle mentalité du service auprès du pasteur universel ? Pour tout cela, il faudra attendre au moins… son successeur. Diplomatie égale patience.

A la veille de sa visite au COE à Genève, en matière œcuménique, quelle attitude ? On prie depuis des décennies pour l’unité des chrétiens, mais d’aucuns campent sur leurs ergots… attendant quoi, au juste ? A quand les concélébrations portées localement par des communautés protestantes et catholiques qui partagent tout au quotidien, sauf le pain et la coupe ? D’autant plus que sa rencontre avec les Vaudois du Piémont ou les évangéliques de Caserte a été une façon raffinée de dire qu’on peut être, par exemple, italien et… protestant ! Et avec le COE : peut-on être pleinement chrétien sans être catholique-romain ?

L’amour ne s’emporte pas

Poursuivant sa méditation sur l’Hymne à la charité (1 Co 13) 1, le pape François nous invite à ne pas laisser l’indignation qui parfois nous habite se transformer en agressivité. Il propose plutôt de cultiver la paix, bénir et désirer le bien de l’autre.

Par Bertrand Georges
Photo: pxhere.com
A qui n’est-il jamais arrivé de ressentir de l’agacement face à un manque de respect, l’impression que le conjoint ou les enfants ne voient pas tout ce qu’on fait pour eux, ou le ras-le-bol de devoir toujours redire la même chose… Et quand cette indignation se greffe sur un terrain de fatigue ou de stress, elle peut se muer en une violence interne qui finit par exploser, ce qui ne fait de bien à personne. 

Evidemment, il ne s’agit pas de tout supporter sans rien dire. L’indignation est saine lorsqu’elle nous porte à réagir devant l’injustice. Mais comment le disons-nous ? Se référant à la Bible, le pape François indique quelques pistes pour réagir de manière constructive : 

– Alimenter cette agressivité intime ne sert à rien. Cela ne fait que nous rendre malades et finit par nous isoler. « Si vous êtes en colère, ne tombez pas dans le péché ; que le soleil ne se couche pas sur votre colère. » (Ep 4, 26)

– Accueillir l’invitation de la  Parole de Dieu à ne pas ré- pondre au mal par un mal :
« Ne te laisse pas vaincre par le mal. » (Rm 12, 21) « Ne nous lassons pas de faire le bien. » (Ga 6, 9) 

– La réaction intérieure devant une gêne que nous causent les autres devrait être avant tout de bénir dans le cœur, de désirer le bien de l’autre, de demander à Dieu qu’il le libère et le guérisse : « Bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction. » (1 P 3, 9)

– Regarder la poutre qui se trouve dans notre œil. (cf. Mt 7, 5)

– Ne jamais terminer la journée sans faire la paix en famille. Un petit geste suffit parfois pour que l’harmonie familiale revienne.

Chacun pourra choisir la piste la plus appropriée afin que, comme le dit François : « Si nous devons lutter contre le mal, faisons-le, mais disons toujours ‘‘non’’ à la violence intérieure. »

1 Cf. « Amoris Laetitia », pp. 103-104

La bannière et la croix

Peut-on être croyant et politicien? Que faire de sa foi lorsqu’on est engagé en politique? Réponses d’élus de tous les partis.

Par Nicolas Maury
Photos: Nicolas Maury, Jean-Claude Gadmer, Gérard Raymond, DR« Au nom de Dieu Tout Puissant ! » Depuis 1848, le préambule de la Constitution suisse s’ouvre sur cette phrase. En 1998, les Chambres fédérales ont décidé qu’elle était toujours porteuse de sens, en conservant l’invocation divine dans le texte fondateur. Et l’an dernier, à l’occasion des 600 ans de la naissance de Nicolas de Flüe, Doris Leuthard y a fait référence : « Ces propos nous appellent à assumer nos responsabilités envers la Création. »

Pour Dominique de Buman, président démocrate-chrétien du Conseil national, « le Dieu évoqué est rassembleur, tout à fait dans l’esprit suisse. La Constitution n’a pas de couleur partisane, mais la Confédération est quand même un pays dont la bannière porte la croix… ». PLR et ancien président de l’Entraide protestante, Claude Ruey se dit « fier » de lire ces mots dans le texte fondamental : « C’est le signe que les autorités admettent qu’elles ne disposent pas d’un pouvoir absolu, qu’elles reconnaissent agir dans le domaine du relatif et qu’elles professent qu’il existe une puissance divine à laquelle elles sont soumises. J’y vois une belle leçon de modestie. » L’UDC Dylan Karlen va plus loin : « Il est primordial que nos racines chrétiennes demeurent clairement affirmées dans le contexte de la crise identitaire qui nous frappe, et qui peut mettre en péril la paix civile et confessionnelle qui règne dans notre pays depuis 170 ans. Mais l’homme évolue dans un monde qui le dépasse. Les Suisses ont bénéficié d’un coup de pouce du Tout Puissant pour inventer un pays aussi génial. »

La Constitution n’a pas de couleur partisane, mais la Suisse est un pays dont la bannière porte la croix.
La Constitution n’a pas de couleur partisane, mais la Suisse est un pays dont la bannière porte la croix.

Au-delà des clichés

A gauche de l’échiquier politique, Ada Marra relève que le fait que la Constitution fasse référence à Dieu représente « toute l’ambiguïté et le paradoxe de la Suisse, de par son histoire particulière. » Pour cette conseillère nationale socialiste et catholique convaincue, la distinction entre pouvoirs temporel et spirituel doit rester claire : « Au tout début de ma carrière politique, j’ai prêté le serment religieux. Ensuite, je me suis tenue à ma cohérence de séparer Eglise et Etat avec la promesse solennelle. Cela ne veut pas dire que ma foi ne me donne pas des orientations politiques. Si je suis au PS, c’est pour défendre les plus précarisés. Dans la Bible, on remarque toute une série de valeurs que je retrouve au sein du parti : solidarité, camaraderie, communauté des biens, fraternité.» Et de dénoncer certains clichés, tels que le côté antireligieux du PS : « Il y a toujours eu des mouvements au sein de la gauche qui prônaient l’Eglise. Il existe d’ailleurs un groupe de chrétiens de gauche au sein du PS romand. »

Un cliché aussi, l’anticléricalisme des libéraux-radicaux ? « Attention, le PLR est formé de deux origines différentes, avertit Claude Ruey. Si le Parti radical était historiquement agnostique, ce n’est pas du tout le cas du Parti libéral dont j’ai été le président. Le PLS avait une origine chrétienne forte, trouvant une partie de son fondement dans l’histoire des Eglises protestantes libres de ce pays, lesquelles n’ont pas voulu être soumises à l’Etat et ont défendu la liberté de l’Evangile. Les libéraux suisses postulent une éthique de la liberté qui se place au-dessus du tout-économique. » 

Une formation affiche jusque dans son nom son affiliation religieuse : le Parti démocrate chrétien. « Le C est un idéal à atteindre, souligne Dominique de Buman. Un objectif fixé à nous-mêmes. Cette ambition nous oblige à avoir un comportement si possible encore plus élevé et exemplaire. »

Socle chrétien, valeurs humanistes

Comme le résume Benjamin Roduit, « Dieu ne saurait être de gauche ni de droite ». Mais le socle chrétien sur lequel le nouveau conseiller national valaisan s’appuie, la conseillère communale PS de Bernex Guylaine Antille le partage. Même si elle est élue dans « le » canton laïque par excellence. « Mes convictions se sont traduites dans de multiples engagements en Eglise et au sein de ma commune, note celle qui a travaillé 10 ans à l’ECR. Au niveau personnel, professionnel et politique, les mêmes valeurs m’animent : respect des différences, solidarité et égalité des chances. » 

Mais ces valeurs peuvent aussi être défendues par quelqu’un qui ne s’affiche d’aucune religion. S’avouant « en quête de foi », Dylan Karlen constate : « Notre société de consommation est victime d’une vacuité spirituelle sans précédent et je ressens le besoin de nourrir mon esprit. J’ai beaucoup de respect pour les personnes croyantes et pratiquantes. J’aime les côtoyer. Cela me permet d’alimenter mes réflexions. Une civilisation, quelle qu’elle soit, a besoin à la fois de politique et de spiritualité. »

Politicien avant d’être croyant?

Politique et spiritualité. Deux éléments qui se côtoient au Palais fédéral où une méditation hebdomadaire réunit des élus divers lors des sessions. « Œcuménique, elle est assurée parfois par des ministres protestants, parfois par des prêtres ou des évêques », indique Dominique de Buman. « Cette permanence spirituelle rassemble des gens de partis très différents. C’est de haute intensité, profond et cela offre un regard particulier sur notre mission et notre devoir de tolérance. » Ada Marra y assiste parfois. « C’est assez rigolo. On y croise des gens qu’on ne s’attendrait pas à voir, y compris des membres de mon parti qui ne s’affichent pas croyants. Notre système politique fait qu’on doit tisser du lien et chercher des compromis. A travers ce groupe, c’est aussi un accès à la personne qui est favorisé. En politique, avant d’être croyant vous êtes politicien. »

Mais la croyance peut aussi motiver l’engagement. Dominique de Buman s’est retrouvé en première ligne lors du débat autour du diagnostic préimplantatoire. « Ce n’était pas un dossier lié à une commission dans laquelle je siégeais, mais j’ai vu que beaucoup n’avaient pas le courage ou la volonté de monter au créneau. Je me suis retrouvé à « Infrarouge ». Non pas pour me mettre en avant, mais parce que je trouvais que c’était mon devoir de le faire. Je ne le regrette pas. » Claude Ruey comprend la démarche : « Le fait d’être chrétien rappelle tous les jours que l’engagement politique est du domaine du relatif et du contingent. L’absolu est en Dieu. Ce n’est pas nous qui allons faire le Royaume par la politique. Ne la divinisons pas, elle doit rester modeste. L’Evangile ne s’applique pas de façon mécanique. Si on trouve des chrétiens dans tous les partis, c’est que sur les mêmes valeurs éthiques chrétiennes, on peut changer d’avis quant aux solutions concrètes. »

Marie et le drapeau européen

marieAu-delà de nos frontières nationales, l’intrication entre politique et religieux va parfois se nicher là où on ne l’attend guère. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a-t-il voulu, en octobre dernier, faire retirer le drapeau européen de l’hémicycle de l’Assemblée nationale au motif qu’il s’agit d’un symbole confessionnel. Origine de sa demande : le cercle d’étoiles sur fond azur a été dessiné par le fervent catholique Arsène Heinz qui a raconté avoir tiré son inspiration de la médaille miraculeuse de la Vierge Marie. 

Pour la petite histoire, l’amendement de Jean-Luc Mélenchon a été rejeté par les députés français…

Nicolas de Flüe et la tolérance

Le saint patron de la Suisse.
Le saint patron de la Suisse.

Au-delà du préambule de la Constitution, le lien entre l’Etat et la religion est aussi renforcé par l’identité du saint patron de la Nation, Nicolas de Flüe.

« Indépendamment de l’appartenance religieuse qu’on peut avoir, il n’est pas contesté, note Dominique de Buman. Il y a des éléments objectifs historiques qui font que ce pays a une marque de fabrique. Elle doit être pour nous un signe de tolérance, d’ouverture et de liberté d’expression. Elle donne aux gens la garantie d’être ce qu’ils sont. »

Religion et politique

Par Benjamin Roduit
Photo: Gérard Raymond« Rendez à César, ce qui est à César », dit Jésus. « Peut-on être saint et roi ? » s’interroge Louis IX au Moyen Age. « La religion n’a rien à voir avec la politique. C’est une affaire privée », me glisse un parlementaire.

Ces paroles prononcées à des époques différentes situent bien la difficulté de tout chrétien engagé en politique : faut-il mélanger activité politique et vie spirituelle ?

La question est posée. Il est évident que l’on ne doit pas mêler la religion à toutes les causes politiques.

De même, Dieu ne saurait être de gauche ni de droite. Et pourtant, l’Eglise, à défaut d’être du monde, est bien dans le monde. Elle est composée de fidèles qui sont aussi des citoyens aspirant sur le plan politique au bien commun. Elle est donc intéressée par tout ce qui se passe dans la société. Elle y a sa place et son mot à dire, de façon respectueuse. Parfois elle doit aussi laisser la société agir sans elle, mais pas contre elle.

C’est ainsi que dans mes engagements politiques je m’appuie sur un fond de valeurs d’inspiration chrétienne et que mes décisions s’abreuvent à cette source.

Priorité au dialogue!

L’Institut est dans un cadre idyllique.
L’Institut est dans un cadre idyllique.

Ancien étudiant de l’Institut œcuménique de Bossey, le pasteur Kokou Pere (Togo) le définit: «Ici, nous pouvons apprendre ce qu’est l’unité et la constater, puisque nous vivons ensemble malgré nos différences.»

Par Nicole Andreetta
Photos: DR
Situé dans un cadre idyllique à quelques kilomètres de Coppet (Vaud), l’Institut œcuménique de Bossey accueille, depuis 1946, des hommes et des femmes issus de toutes les traditions chrétiennes présentes dans le monde afin de les former au dialogue œcuménique. Outre un parcours académique (les cours sont donnés en anglais), c’est une véritable vie communautaire qui est proposée aux 40 participants de chaque volée. 

« Les étudiants sont envoyés à Bossey à la demande de leur propre Eglise, explique le professeur Benjamin Simon, nous souhaitons que, de retour dans leur communauté, ils puissent partager le savoir acquis à l’Institut. » 

Jenne Pieter, 28 ans, est pasteur et membre de la Protestant Church of Maluku (Indonésie). Elle termine un master en études œcuméniques : « Plusieurs minorités chrétiennes cohabitent dans la partie est de l’Indonésie. Pourtant, nous pratiquons peu le dialogue oecuménique car en fait, nous nous connaissons très mal. Ici, parmi d’autres choses, j’ai découvert la richesse de l’orthodoxie : ses rites, la liturgie, les icônes… Grâce aux moments d’échange et de confrontation, aux temps de prière et de célébration, j’ai approfondi ma foi tout en l’enrichissant. De retour chez moi, je souhaite sensibiliser les enfants de mon Eglise au dialogue œcuménique, véritable instrument de paix. »

« Nous avons une collaboration intensive avec l’Eglise catholique, poursuit le professeur Simon, la venue prochaine du pape François pour le 70e anniversaire du COE nous réjouit beaucoup. Chaque année, les étudiants de l’Institut sont accueillis au Vatican pour une semaine de cours intensifs. Ils en profitent pour rencontrer d’autres communautés présentes en Italie : Sant’Egidio, les Focolari, la Table vaudoise… »

Jenne se souvient de son séjour à Rome : « C’était en janvier, pendant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous avons participé à une messe célébrée par le Pape. Des étudiants de Bossey ont lu l’épître. Une belle expérience que je n’oublierai pas ! »

https://institute.oikoumene.org

Les étudiants de l’Institut, volée 2016-2017, au Vatican.
Les étudiants de l’Institut, volée 2016-2017, au Vatican.

Vérité et «fake news»

Par Dominique-Anne Puenzieux
Photo : DR
« La vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32) Fausses nouvelles et journalisme de paix. Tel est le thème choisi cette année par le pape François pour le Dimanche des médias, pour la Journée mondiale des communications sociales.

Les fausses nouvelles, ce sont des informations dénuées de fondement qui contribuent à générer et à alimenter une forte polarisation des opinions. Il s’agit souvent d’une manipulation des faits avec de possibles répercussions sur les opinions et comportements. L’usage intensif des réseaux sociaux accélère le processus.

L’Eglise est consciente du phénomène et veut contribuer à une saine réflexion sur les causes, les logiques et les conséquences de cette nouvelle forme de désinformation. Comment ? En promouvant un journalisme de paix et de vérité, qui encourage et favorise la compréhension.

« L’antidote le plus radical au virus du mensonge est de se laisser purifier par la vérité, affirme le Pape, car la vérité a à voir avec la vie entière. »

Diffuser la Parole, donner la parole aux témoins, relater des faits, annoncer des événements, dans le respect de la vérité, c’est ce que nous faisons tous à travers la presse paroissiale, imprimée ou diffusée sur le web à travers des blogs ou les réseaux sociaux. Telle est notre mission. 

Confirmation

Mickael, dont les parents séparés ont «refait leur vie» chacun de leur côté, se préparait à la confirmation. Vu la situation familiale, des questions délicates se posaient quant à l’organisation de la fête. Histoire vraie sous noms d’emprunts.

Par Bertrand Georges
Photo: Ciric
Mickael, 13 ans, vit avec son père Jérôme, sa sœur Mélanie, 10 ans, et Valérie, l’amie du papa avec qui il fait ménage commun depuis une année. Brigitte, sa maman, refait sa vie pas loin de chez eux.

Alors que Mickael se prépare à sa confirmation, se pose la question de savoir à qui revient l’honneur, ou le devoir, de prendre en charge l’organisation de cette fête. Le père n’hésite pas : c’est moi qui gère l’éducation des enfants, j’assume ! Tout le monde s’incline devant cette belle détermination.

Après quelques tractations entre adultes, le papa invite tout le monde à venir partager cette fête « à la maison », en famille.

Et chacun répond présent : papa, maman, belle-maman, grands-parents paternels et maternels, parrain et marraine de baptême, le tonton et son amie, sans oublier le parrain de confirmation.

Le jour J, chacun se pointe avec un doigt de réserve devant la situation nouvelle. Mais une savante mise en place à table contribue à la bonne ambiance. Chacun donne un coup de main. Au moment du dessert et des cadeaux, la table se remplit d’enveloppes et de beaux emballages. Au milieu de tout ça, le papa et la maman peuvent même trouver un moment en aparté.

Et la journée prend fin dans la très bonne humeur. Il y a longtemps qu’on ne s’était pas revus. Grâce à cette fête, et à la bonne volonté de chacun, on a compris que l’on peut continuer à vivre malgré les turbulences passées. Et ça fait du bien. Serait-ce un fruit de l’Eprit Saint ? Quelle confirmation !
Je supplie les parents séparés : « Vous vous êtes séparés en raison de nombreuses difficultés et motifs, […] mais que les enfants ne soient pas ceux qui portent le poids de cette séparation. […] Qu’ils grandissent en entendant leur maman dire du bien de leur papa, bien qu’ils ne soient pas ensemble, et que leur papa parle bien de leur maman. »

(Pape François, « Amoris Laetitia », no 245)

En librairie – mai 2018

Par Nicolas Maury et Sœur Franziska Huber de la librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

dieu_est_jeuneDieu est jeune

Donner aux jeunes une place centrale. Tel est le message de François dans « Dieu est jeune ». Répondant aux questions du journaliste et chercheur Thomas Leoncini, le Pape aborde avec force et passion les grands thèmes que sont l’environnement, les extrémismes, la pauvreté, l’amour et les réseaux sociaux. Le tout saupoudré de souvenirs personnels et de considérations prophétiques. 

Robert Laffont

Acheter pour 26.10 CHFbaiser-du-ramadanLe baiser du ramadan

Agée de 33 ans, Myriam Blal vit à Nantes. Quand elle a annoncé son intention d’épouser Maxime, un chrétien, cette journaliste musulmane n’a tout d’abord rencontré qu’incompréhension et refus, en famille comme sur les réseaux sociaux. Dans ce témoignage, elle raconte son combat pour faire accepter leur amour, disant que la « mixité peut être vécue sereinement ». Un livre pour redonner confiance et courage.

Bayard

Acheter pour 25.20 CHFmanuel-spi-du-catho-ruseLe manuel spi du catho rusé

Un ouvrage à ne pas lire d’un trait, que le guide proposé par Sœur Marie-Anne Leroux. Suivant Jésus qui disait « voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, soyez donc rusés comme des serpents et candides comme des colombes », elle part du principe que l’habileté et le sens pratique sont un devoir pour le chrétien. A savourer par petites gorgées !

Salvator

Acheter pour 29.00 CHFgrand-mere-en-quoi-tu-croisEt toi grand-mère, en quoi tu crois?

C’est un jeu de questions-réponses direct et sans tabou entre une grand-mère et ses petits-enfants âgés de 10 à 25 ans qu’anime Florence Grellety Bosviel. Psychologue avant de devenir journaliste, elle propose des réponses claires à des interrogations telles que « d’où vient Dieu », « quelle est la place de la raison dans la foi » ou encore « pourquoi le mal ». Un ouvrage à la fois ludique et didactique. 

Editions du Cerf

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Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Réponse d’un évêque à Luc Babey

logo_synode4En vue du Synode des jeunes qui se tiendra à l’automne 2018, le Pape invite nos jeunes à poser les questions qui les habitent.

Par Vincent Lafargue
Photos: LDD, DRluc-babey2Luc Babey, Jurassien de Porrentruy fêtant ses 20 ans en ce mois de mai, a posé plusieurs questions à nos autorités ecclésiales. Mgr Alain de Raemy a retenu celle-ci, à laquelle il souhaite répondre :

« Beaucoup de familles catholiques ou protestantes de ma région ne pratiquent plus et ne donnent pas de suite à la quête de foi de leurs enfants. Pourquoi en arrivons-nous là ? Comment peut-on faire pour ″remotiver″ ou ″réussir″ à amener du monde dans les églises ou lors des activités organisées par la paroisse ? »

L’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy répond ainsi:

alain-de-raemyCher Luc,

Si tu veux réussir à amener du monde dans les églises, oublie d’essayer d’amener du monde dans les églises… 

Tu sais quelles sont les paroisses les plus vivantes ? Pas celles qui essaient d’organiser un tas de trucs pour attirer du monde, mais celles qui se laissent attirer par Lui. Celles des chrétiens qui célèbrent avec foi et joie la liturgie telle quelle, sans essayer de faire du spécial, mais en accueillant simplement ce que Jésus est et fait dans la Messe, selon ce qui est prévu par l’Eglise aujourd’hui.

Tu sais qui sont les chrétiens les plus vivants ? Pas celles et ceux qui ne veulent surtout pas choquer les autres et cachent leurs convictions, mais celles et ceux qui veulent aimer les autres à fond, à cause de leurs convictions.

Pour attirer, il faut d’abord se laisser attirer par Jésus, tel qu’il est. Plus je serai fidèle à tout ce qu’est et me donne Jésus (messe dominicale, confession régulière, prière quotidienne, projet permanent d’amour de l’autre jusqu’à l’amour de l’ennemi… et pour ce projet : messe dominicale, confession régulière, prière quotidienne…), plus je serai un témoin. C’est un cercle non pas vicieux, mais bienheureux !

Sois avec Lui, et tu seras avec tous, chrétien pour tous. Alors tous sont « quelque part » touchés. Et Dieu se charge de tout le reste. Que veux-tu de mieux ?

+ Alain de Raemy, l’évêque des jeunes

Eglise de Planfayon

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
Le village de Planfayon/Plaffeien (FR) avait subi de graves dégâts lors de l’incendie de 1906. Un appel avait été lancé dans les communes du canton de Fribourg afin de venir en aide au village sinistré. 

L’église n’avait pas échappé aux flammes, et décision fut prise d’une construction nouvelle.

Le mouvement appelé Art Nouveau avait fait fureur à l’Exposition universelle de Paris en 1900, et jusqu’en Singine on s’en est souvenu : c’est le style qui a été choisi pour la décoration de la nouvelle construction néo-romane. 

Le style se reconnaît à la tendance à occuper tout le terrain possible, et à représenter les scènes de manière figurative. Ainsi, au centre de l’abside, un cycle est consacré à la Vierge Marie, de l’Annonciation à la Pentecôte. La thématique est donc mariale ; le Christ n’est pas oublié : il est présent à Cana et à l’Apocalypse.

Un savant tour de l’histoire de l’Eglise, universelle et locale, est proposé par les saints représentés sur les bas-côtés. Saint Nicolas de Myre est en bonne compagnie avec saint Amédée, évêque de Lausanne, Alphonse de Ligori, fondateur des Rédemptoristes (car le curé du moment était membre de cette congrégation) mais aussi avec sainte Thérèse d’Avila, saint Vincent de Paul et saint Maurice…

Un peintre de Châtel-Saint-Denis, Oswald Pilloud, a peint le plafond de l’édifice, orné de motifs floraux, avec la méthode du pochoir. Un autre artiste, allemand celui-ci, Otto Haberer-Sinner, a peint les pièces maîtresses de la décoration. Cet artiste est représentatif de l’Ecole allemande de Beuron. Il a laissé des œuvres profanes comme le Schweizerhof de Berne, mais aussi un tableau commémoratif de la Diète de Stans que l’on trouve dans l’église de Guin/Düdingen (FR).

Piété et tradition

La foi du charbonnier et celle du théologien ont-elles le même droit de cité dans l’Eglise? La foi s’est toujours exprimée sous des formes marquées par la culture où elle a pris racine, tantôt plus populaires, tantôt plus rationnelles.

Par Pascal Bovet
Photos: Jean-Claude Gadmer
Les fidèles en procession de la Fête-Dieu ou le professeur de théologie proclamant « la vérité » du haut de son pupitre ont en commun la confiance, ou la foi, et l’attachement à une personne qu’ils nomment parfois Dieu et parfois l’Autre.

Dans un même passage biblique, une femme cherche à toucher la frange du manteau de Jésus… et un chef de la synagogue fait venir Jésus au chevet de sa fille : les deux sont exaucés. (Matthieu 8, 18-26)

Rogations et petits pains

Dans une tradition proche de la terre, il y avait l’intercession des fidèles pour un temps clément et pour des récoltes favorables. Et pour l’exprimer, les fidèles prenaient le chemin des champs, s’arrêtaient à une croix, priaient le rosaire, faisaient mémoire des défunts : un rite symbolique avec le cosmos, Dieu et les défunts. Et cela, suivant les paroisses, durant les trois jours précédant l’Ascension. Beaucoup de contemporains n’ont pas connu cette pratique, impensable en milieu urbain. Aujourd’hui, les rogations ne remplissent plus les greniers !

Le mois de février était riche en rites populaires : à la sainte Agathe, les petits pains rappelaient le martyr de la Vierge et devenaient assurance contre l’incendie. Toute proche, la Saint-Blaise vous protégeait des maux de gorge peu après avoir goûté aux crêpes de la Chandeleur.

Le carnaval signifiait la fin des festivités et l’entrée en austérité. Certains y voient des pratiques obscures alors que d’autres re­grettent ces expressions de piété populaire. 

De quel droit pouvons-nous juger de la foi d’autrui ? Depuis que l’homme est humain, il a pensé pouvoir compter sur une protection contre la nature qui peut lui être hostile, sur la nourriture dont il a besoin et sur les fêtes qui marquent les saisons et les évé­nements. Et il se tourne vers ce qu’il perçoit comme un salut, en un mot Dieu : le pèlerin en marchant, ce qui n’empêche pas de réfléchir, le professeur en enseignant, ce qui ne doit pas l’empêcher de marcher.

Religion populaire: come-back?

Les effets de la Réforme protestante, l’évolution des sciences peuvent pousser à croire à la vanité de certaines pratiques douteuses. L’argument ne manque pas de pertinence : ce ne sont pas les sacrifices que je veux, mais la volonté de mon Père… Si tu es Fils de Dieu, change ces pierres en pain…

On peut se demander parfois jus­qu’où va cette foi, tant son expression surprend ou s’attache à des éléments étranges, soupçonnés de pouvoirs magiques, de visions et de miracles. L’expression populaire n’est pas à l’abri des excès et de déformations. « Regardée avec méfiance pendant un temps, elle a été l’objet d’une revalorisation dans les décennies postérieures au Concile Vatican II. » (Pape François, La joie de l’Evangile,
no 123)

Une succession de papes

D’origine sud-américaine, le pape François a grandi dans un climat de religion populaire avant de se pencher plus intellectuellement sur la foi. Sa fibre communicative est d’abord expression extérieure qui traduit un intérieur. Pour lui, la piété populaire est la porte de la foi, la première entrée possible et praticable, transmise souvent par tradition plus que par conviction, où les sens jouent un rôle important. 

Mais déjà ses prédécesseurs, de Paul VI à Benoît XVI, ont re­connu la valeur de la piété populaire qui peut jaillir du cœur des simples en toute vérité. La Nouvelle Evangélisation, chère au pape Jean-Paul II s’est fondée sur la piété populaire. Le Droit canonique spécifie les devoirs et limites à respecter dans le culte, les sacrements, la vénération des saints et les bénédictions. 

L’expression n’est pas encore courante lors du Concile Vatican II. On se méfie encore de ce qui peut porter ombrage à une foi pure, sans compromission avec la magie. On doit au pape Paul VI, par son exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi, d’avoir mentionné positivement la piété populaire comme une expressions de l’Esprit Saint pour la mission de l’Eglise. « Elle traduit une soif de Dieu que les humbles et les pauvres peuvent connaître. » (Evangelii Nuntiandi, no 48) Le pape François va jusqu’à écrire : « On peut dire que le peuple s’évangélise continuellement lui-même. D’où l’importance de la piété populaire, expression authentique de l’action missionnaire spontanée du Peuple de Dieu. Il s’agit d’une réalité d’un développement permanent où l’Esprit Saint est l’agent premier. » (La joie de l’Evangile, no 122)

Pourquoi des réserves ?

Une certaine ambiguïté subsiste : mouvement autorisé, inspiré par l’Esprit, mais spontané… donc sujet aux menées partisanes ou intéressées toujours possibles. 

Durant plusieurs siècles, ce sont les fidèles qui vénéraient un personnage, quitte à le canoniser ensuite. Devant les abus, l’Eglise s’est réservé ce droit. On peut faire mémoire de la prudence de  l’Eglise lors des apparitions de Lourdes au XIXe siècle : arbitrer un conflit entre foi, science et politique.

De nos jours, une situation est  peu claire : Medjugorgje (Bosnie-Herzégovine). Ce lieu de pèlerinage ne bénéficie pas de reconnaissance officielle, faute d’éléments probants sur la nature des apparitions, mais aussi en réaction aux tentations de récupération politique des prises de parole (messages) de la Vierge Marie. Ce qui ajoute le charme du défi aux nombreux pèlerins qui prennent régulièrement la route  dans cette direction. 
L’Eglise a trois missions essentielles : enseigner, guider et sanctifier. Elle les remplit par des actions précises, entre autres par les sacrements qu’elle reconnaît conformes à l’Evangile.

Puis il y a les sacramentaux : sans avoir le statut de sacrements, des rites ont une reconnaissance officielle: bénédiction, consécrations…

Enfin, la piété populaire.

Pour résumer le CEC termine ainsi le chapitre sur les sacramentaux (Catéchisme de l’Eglise catholique, 1992, no 1679) : « En plus de la liturgie, la vie chrétienne se nourrit des formes variées de la piété populaire, enracinée dans diverses cultures. Tout en veillant à les éclairer par la lumière de la foi, l’Eglise favorise les formes de piété populaire qui expriment un instinct évangélique et une sagesse humaine et qui enrichit la vie chrétienne. » 

Que mettons-nous sous le mot piété populaire?

Deux francs à saint Antoine, bénir des animaux, accomplir des peines douloureuses, bénir une médaille, vénérer les reliques, fêter la Saint-Valentin, une neuvaine à sainte Rita, brûler un cierge à l’église ou au cimetière, porter la médaille de saint Christophe dans sa voiture…

Chacun aura sa manière de classer ces pratiques. Quand certains y voient un acte de foi ou de confiance, d’autres reconnaissent un acte magique. De plus certains gestes ont été cultivés dans les rites officiels.

Petit fait divers

« Oui, je viens pour régler mes comptes… Avec qui ? Dieu bien sûr…

J’ai perdu mon mari il y a deux ans. Je n’ai pas supporté : pourquoi Dieu m’a fait ça ? J’ai tout laissé tomber, la messe, etc. Quelquefois un cierge à la Madone… 

Puis j’ai eu mon accident, une brûlure grave, un peu de ma faute, cette fois-ci… Et vous voyez, il n‘en reste pas trop de dégâts…

Alors j’ai pensé que c’était le moment de faire la paix… Inscrivez trois messes :
une pour mon mari, une en action de grâce à Marie et l’autre… pour qui vous voulez… »

Piété populaire

Par Thierry Schelling
Photo: pixabay.comTout jésuite qu’il est, François n’en demeure pas moins latino-américain et donc empreint de piété populaire, ce « trésor de l’Eglise », comme il la décrivait aux confraternités reçues en mai 2013 pour leur jubilé lors de l’Année de la foi.

« Une spiritualité, une mystique, un espace de rencontre avec Jésus-Christ », selon le CELAM 1, ces piétés, comme expression du cœur des fidèles, sont multiformes : autels fleuris lors du Señor de los milagros péruvien, bénédiction des cous à la Saint-Alexis, rosaire et processions à Fátima, dévotion aux saints et saintes de campagne – Padre Pio en tête ! – sans compter les centaines de sanctuaires mariaux aux noms évocateurs : Notre-Dame des nœuds, Notre-Dame des Sept Douleurs, etc.

Si elles sont « une manière légitime de vivre la foi, une façon de se sentir partie prenante de l’Eglise », comme l’a précisé le CELAM, les papes aiment les recadrer un tant soit peu : pour Benoît XVI, le critère de base de toute piété est sa conformité à l’Evangile, et son ecclésialité : telle ou telle piété est légitime si elle est vécue en profonde unité avec les pasteurs locaux, évêques et prêtres. François ajoute le critère de sa missionarité : « Garde vivant le rapport entre la foi et les cultures des peuples auxquels vous appartenez », explique-t-il. Et que ces actes de piété soient vécus en familles, conclut-il, qui sont ainsi évangélisées et à leur tour évangélisent en témoignant de leur foi.

A noter qu’en 2001, Jean-Paul II avait signé un directoire sur la piété populaire et la liturgie, où s’articulent comme complémentaires la messe et les actes de piété populaire. Il y est notamment recommandé de ne pas seulement perpétuer cette piété populaire, mais de l’alimenter par la réflexion sur ses racines, son but évangélisateur et d’en tirer les fruits pour la vie chrétienne active au quotidien.

1 CELAM, Conférence des épiscopats latino-américains.

Pierre Pistoletti, l’info catho à chaud !

Trentenaire, Pierre Pistoletti est le futur rédacteur en chef de cath.ch. Son quotidien: faire vivre le portail catholique romand, entre actualité et dossiers de fond. Rencontre.

Par Nicolas Maury
Photos: Nicolas Maury, Maurice Page

But de Pierre Pistoletti : aller au-delà des faits.
But de Pierre Pistoletti : aller au-delà des faits.

Un jeudi matin à Lausanne. Il est presque 9h. Pierre Pistoletti pousse la porte du numéro 5 de l’avenue de la Gare. Le bâtiment abrite la rédaction de cath.ch. Quelques dizaines de minutes plus tôt, il a pris le train à Yverdon, où il vit avec son épouse. 

La demi-heure passée sur les rails, il l’a mise à profit. « Cette semaine je ne suis pas sur le terrain. Avec deux collègues, j’alimente en continu notre site web. Alors, sur ma tablette, je suis à l’affût des infos qui méritent d’être traitées pour en parler à la séance de rédaction. »

Sur le terrain et au bureau

La séance de rédaction lance la journée.
La séance de rédaction lance la journée.

Celle-ci est sur le point de débuter. Dans la salle de réunion le rejoignent le directeur, Bernard Litzler, ainsi que Maurice Page et Jacques Berset. Les thèmes du jour sont évoqués, décortiqués et anglés. Au cours de la discussion, Pierre s’efforce sans cesse de recentrer les débats.

Occupant encore pour l’heure un poste de journaliste, il deviendra, dès juillet, rédacteur en chef du portail catholique. Une ascension fulgurante. Même s’il fut auréolé du deuxième prix de la volée romande des stagiaires, il n’a fini sa formation qu’en juin 2016. 

Quand il évoque ses futures responsabilités, il ne pratique pas la langue de bois. « Je ne serai pas un “réd chef ” avec énormément de bouteille, avoue-t-il d’emblée, par contre, je dispose de qualités organisationnelles certaines. C’est là que je pourrai apporter un plus. »

Les dossiers du jour répartis et ceux au long cours rediscutés, chaque journaliste retrouve sa place de travail. Priorité de Pierre : mettre en ligne une vidéo et préparer un sujet sur la bibliothèque de Saint-Gall qui accueille une exposition étonnante. « Notre but est de nous muer en un portail qui soit à la fois une agence de presse et un magazine, relève le Valaisan d’origine. Dans notre configuration actuelle de six journalistes, c’est jouable si on attribue les bonnes forces aux bons endroits. » 

Un scoop papal

Au-delà de l’équipe basée en Suisse, cath.ch dispose d’un réseau de correspondants à Rome, en Afrique et en Amérique du Sud. Par e-mail principalement, ceux-ci transmettent des infos que Pierre contribue à traiter les unes après les autres. « De la sorte, nous pouvons proposer un travail d’agence assez complet sans accaparer toute la rédaction. »

Ce réseau a été mis à contribution lorsque cath.ch fut le premier à annoncer la future visite du pape François à Genève. « Notre système a bien fonctionné. Nous avons pu vérifier la véracité de l’information et la transmettre tous azimuts. Même si nous n’avons pas la même pression qu’un quotidien régional, nous tâchons d’être réactifs 365 jours par année. » La venue du Saint-Père est perçue comme une aubaine. « Elle dépasse de loin le cadre romand, voire helvétique. François est une personnalité mondiale. »

Une réflexion à nourrir

Au programme du jour figure aussi la tâche de faire évoluer la première page du site. « C’est une porte d’entrée, mais pas la seule. Un sujet qui ne fait pas la “une” mais qui est bien référencé par les moteurs de recherche sera peut-être énormément lu. L’enjeu est de fidéliser le public qui vient pour une nouvelle plutôt que pour notre média proprement dit. Pour cela, il faut offrir des contenus susceptibles d’intéresser notre lectorat et de nourrir sa réflexion. » 

Alors que le Dimanche des médias approche, Pierre jette aussi un œil à la contribution que va y apporter cath.ch. « Il s’agit d’un portrait de Vincent Lafargue, qui a à la fois un pied dans l’Eglise et un sur le web (ndlr, il est aussi membre de la rédaction romande de
L’Essentiel). En tant que support lié à l’Eglise, nous évoluons dans une sorte de niche. Nous nous efforçons de proposer un focus précis dans un univers immense. Comme un prisme inspiré par le pontificat actuel qui parle de solidarité, de migrants, d’écologie. »

La déontologie avant tout

Travailler dans un cadre religieux modifie-t-il l’approche professionnelle ? « Les règles déontologiques sont les mêmes que pour tous les journalistes. Je viens de travailler durant plusieurs semaines sur un dossier lié aux abus sexuels dans l’Eglise. J’ai cherché à aller au-delà des faits, en ciblant les causes structurelles qui peuvent conduire à ce type de comportement. C’est sans doute cette acuité qui fait la spécificité de notre travail de journaliste à cath.ch »

Alors qu’approche la fin de l’après-midi, Pierre prépare le mail récapitulatif qui sera envoyé à tous les journaux potentiellement repreneurs d’articles. « Notre identité consiste à connaître le terrain dans lequel on travaille. Et, au-delà, notre curiosité doit rester catholique au sens étymologique du terme : universelle. »

Toucher Jésus

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
L’épisode de la femme atteinte de pertes de sang, présent dans les trois évangiles synoptiques (Matthieu 8, 18-26 ; Marc 5, 25-34 ; Luc 8, 40-56), peut constituer comme une « icône » de la piété populaire bien conçue. Il est englobé dans la narration de la résurrection de la fille de Jaïre, un chef de la synagogue, et offre lui aussi un récit de salut.

La femme hémoroïsse veut « toucher » le manteau de Jésus, comme certains aujourd’hui recherchent un « guérisseur », y compris dans le cadre ecclésial, après avoir épuisé toutes les possibilités de la médecine. Mais elle désire en réalité bien plus : elle veut être « sauvée » (Marc 5, 28). Au-delà de la guérison, elle aspire au salut dont elle pressent que Jésus est porteur.

– Comment le Christ évangélise-t-il cette religiosité familière ? Il lance un appel personnel : « Qui a touché mes vêtements ? » Il invite ainsi la femme à faire toute la vérité et à se dévoiler (v. 33).

– Celle-ci, après avoir « connu » et éprouvé sa guérison dans son corps (v. 29), « re-connaît » celui qui l’a sauvée. Elle entre ainsi en relation interpersonnelle avec lui, elle se jette à ses pieds (v. 33).

– On pourrait ajouter qu’en quel­que sorte, elle « évangélise » à sa manière Jésus. Elle lui permet de libérer la puissance divine qui l’habite et d’en réaliser l’efficacité : « Jésus eut conscience de la force qui était sortie de lui. » (v. 30)

– Ainsi, étonnamment, la « foi populaire » de la femme fait que le Christ se laisse toucher par elle, qu’il expérimente dans sa propre chair l’action de Dieu qui passe par lui et qu’il mesure encore mieux son identité de Fils du Père.

– C’est alors qu’il pose la déclaration conclusive de ce processus de guérison, de libération et d’incarnation : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. » (v. 34)

Toute inculturation « populaire » de l’Evangile, individuelle et communautaire, passe donc par l’inscription dans notre pâte humaine de notre adhésion au Fils de Dieu, qui y répond par son offre de grâce et nous libère.

Moment privilégié

Par Nicole Andreetta
Photo : DRMardi, 12h10, Université de la Miséricorde à Fribourg.

Comme chaque semaine, la chapelle se remplit de fidèles venus assister à la messe, célébrée par le Père Leszek Woroniecki, aumônier de l’Université. Etudiants des différentes facultés, auditeurs libres, quelques professeurs, des habitants du quartier… tous les sièges, une cinquantaine, sont occupés. Plusieurs personnes restent debout, appuyées contre le mur du fond. Les jeunes de l’Institut Philanthropos représentent la plus grande partie de l’assemblée, ils sont partie prenante pour  l’animation musicale. 

« Cette messe est vraiment particulière ! explique une étudiante en droit de première année. Au premier abord, j’avais trouvé cette chapelle un peu bizarre et son architecture plutôt froide. Mais avec la ferveur qui se dégage lors de la célébration, elle se réchauffe. Portés par les prières, on apprend à l’aimer. Homme de rigueur, le Père Leszek nous accueille chaque fois avec bienveillance. Il commence toujours la messe en demandant comment nous allons. On ne se sent pas jugé. »

Une de ses camarades de cours poursuit : « Je viens du canton de Vaud où études et religion se vivent séparément. Lorsque j’ai entendu parler de la possibilité d’assister à une messe à l’université, j’ai tout de suite pensé que c’était une opportunité à saisir. Même si j’imaginais que j’irais en traînant les pieds.

Les études c’est difficile ! On nous demande beaucoup de travail. Si le droit est un outil extraordinaire, quand on est croyant on en réalise vite les limites. J’ai découvert que se recueillir permettait de reprendre courage et énergie. 

Cette messe est vraiment un moment privilégié qui permet de se poser au milieu de la semaine pour mieux repartir ensuite. C’est une chance de pouvoir vivre cela entre étudiants ! »

Une messe célébrée en latin, accompagnée de chant grégorien, a lieu chaque mercredi à midi. Elle connaît également une forte fréquentation.

www.unifr.ch/aumonerie/fr

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