En librairie – janvier 2018

Par Claude Jenny et Sœur Francisa Huber de la Librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

livre_pythonS’élever dans la lumière du vitrail

Curé à Romont et auteur de plusieurs ouvrages sur Marguerite Bays, Martial Python est aussi un passionné de photos et mitraille toutes les curiosités de son unité pastorale glânoise. Dont les vitraux de « ses » églises. Avec, pour aboutissement, un ouvrage plein de savoir et superbement illustré. C’est juste dommage que la couverture ne soit pas à la hauteur des images intérieures. « S’élever dans la lumière du vitrail en Pays de Glâne et dans les environs » ravira donc le lecteur sensible à la beauté de cet art particulièrement cultivé dans cette région du canton de Fribourg. De nombreux artistes ont en effet embelli les églises et chapelles de la région, et Romont abrite le Musée du vitrail.

Ed. Cabédita, 200 pages, octobre 2017

Acheter pour 35.00 CHFvivre-croire-aimerVivre, croire et aimer

Entre spiritualité et philosophie, ce livre de Martin Steffens respire la joie de vivre. Si ce professeur de philo atypique voit aujourd’hui « La vie en bleu »  – son précédent écrit –, c’est après pas mal de remue-méninges dans sa vie, jusqu’à devenir catholique. Un livre qui invite, dit l’auteur, « à poser sur nos existences ordinaires un regard nouveau, offrant à chacun des pistes vers une joie durable ».

Ed. Marabout, 220 pages

Acheter pour 27.00 CHFbulle_livre200ansLa paroisse de Bulle-La Tour

La publication de cet ouvrage œuvre de l’historien gruérien Denis Buchs, est liée au 200e anniversaire, célébré en 2016, de l’église de Saint-Pierre-aux-Liens à Bulle. Ce livre richement illustré retrace toute l’histoire de cette bâtisse, mais va au-delà en traitant de la longue histoire d’une paroisse qui commença il y a 1400 ans, lorsque le christianisme fit son apparition en Gruyère. L’auteur évoque la vie de la communauté locale, de la paroisse. Il touche à l’histoire du canton, de l’évêché, etc.

Ed. La Sarine, décembre 2017. www.lasarine.ch

Acheter pour 39.00 CHFuncri-se-fait-entendreUn cri se fait entendre 

Encore un cri, un coup de gueule poussé par Jean Vanier, cette grande voix qui a tant fait pour les plus faibles de la société. Avec la complicité du journaliste François-Xavier Maigre, Jean Vanier, fort de son grand âge et de son expérience à la tête de « L’Arche » notamment, veut encore croire, à 90 ans, qu’un chemin vers  la paix et un monde plus solidaire est possible.

Ed. Bayard, 200 pages

Acheter pour 22.20 CHF

Un DVD

mistrals-gagnantsEt les mistrals gagnants

Le superbe film d’Anne-Dauphine Julliard sur les enfants malades est désormais disponible en DVD.

Nour Films

Acheter pour 26.00 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Ensemble dans la foi

Par Nicole Andreetta
Photo : André Brugger
C’est dans les années 70, dans la mouvance de la théologie de la Libération, que naissent en Amérique latine les premières communautés de base. A la même époque, en Suisse et dans toute l’Europe occidentale, des personnes engagées, dans leurs paroisses et dans la société se rassemblent en petits groupes de 20 à 60 personnes.

Cécile Duborgel compte parmi les membres fondateurs de la première Communauté chrétienne de base (CBB) de Genève. Elle se souvient : « C’était après Vatican II, nous étions cinq ou six couples engagés pour les préparations au mariage. Un peu déçus de ce qui se passait dans la paroisse, nous nous posions des questions sur la manière de transmettre la foi à nos enfants. Nous souhaitions des célébrations plus participatives. Un prêtre nous avait parlé de ce qui se passait en Amérique latine, où des groupes de chrétiens lisaient et partageaient l’Evangile ensemble. Avec le soutien de l’abbé Edmond Gschwend qui nous accompagnés par la suite, nous nous sommes lancés ! D’autres personnes ont suivi et de nouvelles CCB se sont créées. »

Philippe Dupraz, coresponsable d’une CCB, souligne : « La plupart d’entre nous restent en lien et conservent des activités dans sa propre paroisse. Cependant, nous souhaitons approfondir notre foi en vivant quelque chose de plus fraternel. Dans la communauté, tout le monde se connaît et s’appelle par son prénom. »

Célébrer la parole
Il poursuit : « Nous nous retrouvons une fois par mois, le plus souvent pour une célébration de la parole, préparée par une petite équipe, toujours suivie d’un moment convivial. »

L’œcuménisme a joué un rôle important : « Des couples mixtes et un couple de pasteurs nous ont rejoints. Quelle place allions-nous leur donner ? Après de longues discussions, nous avons décidé que nos célébrations alterneraient messe et sainte Cène, avec hospitalité eucharistique », témoigne Cécile. « Ces moments de partage entre catholiques et protestants ont constitué un réel enrichissement pour notre foi ». Elle conclut : « Aujourd’hui, les CCB vieillissent, comme leurs membres. Ont-elles un avenir ? L’essentiel, c’est que nous aurons vécu un magnifique cheminement ! »

Plus d’infos

www.ccb.geneve-environs.ch

Marie, debout!

Par Thierry Schelling
Photo: Jean-Claude Gadmer
« Elle se tenait. » En résumé, selon le vocabulaire des évangiles, la position de Marie a été celle-ci dans la vie de Jésus : se tenir debout à ses côtés, de la mangeoire à la croix. Sans tout comprendre, sans tout savoir, sans rien gérer mais par amour : « Marie nous apparaît comme l’une des nombreuses mères de notre monde, courageuses jusqu’à l’extrême », explique François lors de l’audience générale du 10 mai 2017, à la veille de son déplacement à Fátima.

Il note que loin d’être une dépressive devant les aléas de la vie ou une râleuse à cause de la dureté du quotidien, Marie est « une femme qui écoute », accueillant « l’existence de la façon dont elle se présente à nous ». Elle est quand même au cœur du drame d’humanité qu’est la crucifixion de son fils : « Aucun de nous ne peut dire quelle a été la passion la plus cruelle: si c’est celle d’un homme innocent qui meurt sur le bois de la croix, ou l’agonie d’une mère qui accompagne les derniers instants de la vie de son fils. »

Et tout est résumé dans ce « elle se tenait » là. Près de la croix. En écho à ses débuts, son oui à l’ange, « par fidélité au projet de Dieu dont elle s’est proclamée la servante le premier jour de sa vocation ». Mais aussi « par instinct de mère », renchérit le Pape. Finalement, elle se tient aussi là, à la Pentecôte, avec les apôtres apeurés. Elle est fidélité et espérance, pour paraphraser papa Francesco.

« Nous ne sommes pas orphelins, conclut-il, nous avons une Mère au ciel. » Il invite les croyants à la prier « afin qu’elle nous enseigne la vertu de l’attente, même quand tout apparaît privé de sens, confiante dans le mystère de Dieu, même quand il semble s’éclipser à cause du mal du monde. Que dans les moments de difficultés, Marie, la Mère que Jésus nous a offerte à tous, puisse toujours soutenir nos pas, puisse toujours dire à notre cœur : “ Lève-toi ! Regarde vers l’avant, regarde l’horizon ”, parce qu’Elle est Mère de l’espérance. »

Disciple de Jésus
Le 15 septembre 2017, à la messe du matin, il résume ainsi le rôle de Marie : « C’est la première disciple de Jésus » car elle le contemple sur la croix, bois de la victoire sur le mal et la mort !

A propos du Magnificat, cher au protestantisme (cf. Eclairage), François déclare : « C’est le cantique de l’espérance, le cantique du Peuple de Dieu en marche dans l’histoire. C’est le cantique de tant de saints et de saintes, certains connus, d’autres, beaucoup plus nombreux, inconnus mais bien connus de Dieu : mamans, papas, catéchistes, missionnaires, prêtres, sœurs, jeunes, également des enfants, grands-pères, grands-mères : ils ont affronté la lutte de la vie en portant dans le cœur l’espérance des petits et des humbles » (Messe de l’Assomption 2013).

Basilique Notre-Dame de Genève.
Basilique Notre-Dame de Genève.

Manon, vierge consacrée

Elle porte toujours une croix en bois. Et sa bague de mariage,  à l’intérieur de laquelle il est gravé «Jésus». Et pourtant elle n’est pas religieuse. Elle a fait vœu de virginité et n’aura pas de mari ni de famille. Cependant, «je suis mariée! Avec le Seigneur!» dit-elle. Manon, une illuminée? Sûrement pas! Le 22 octobre dernier, elle a été solennellement bénie comme «vierge consacrée» par l’évêque du diocèse de Sion. 

Par Claude Jenny
Photos : Evidence photography, Claude Jenny
sdc15495Evidemment, le terme de « vierge consacrée » alimente l’imagination des non-initiés. Et beaucoup sont à ignorer jusqu’à leur existence. C’est vrai qu’elles ne sont qu’une dizaine en Valais qui ont fait la même démarche que Manon et elles ne vivent aucunement recluses chez elles. Mais elles ont fait un choix de vie en renonçant à se marier et à être mères. Et chaque jour, comme les prêtres, elles consacrent plusieurs temps à la prière.

Manon présente la particularité d’être très jeune. Elle n’a que 25 ans. Une consécration à l’âge de coiffer sainte Catherine n’est pas habituelle. Le choix de Manon est l’aboutissement d’un long cheminement et d’un temps de discernement partagé avec l’évêque du diocèse.

Manon a passé son enfance dans une famille où la foi chrétienne était présente mais sans être envahissante. « J’allais à la messe mais sans avoir une foi à soulever les montagnes… dit-elle. J’ai été sensibilisée par ma sœur et par ma maman qui avait attribué une sainte à chacun. Moi, ce fut sainte Thérèse de Lisieux. J’ai toujours été fascinée par la vie des saints. »

Dès son jeune âge, la vie ne l’a pas épargnée puisqu’une maladie est venue perturber son existence à intervalles réguliers. Elle a dû faire avec, y compris des séjours à l’hôpital et une scolarité compliquée. Et avec cette inconnue de ne pas savoir si, un jour, elle ne sera pas plus gravement handicapée. Une adolescence pas franchement de rêve et une première découverte sentimentale qui ne le fut pas non plus !

Sa vraie rencontre, celle qui marquera sa jeune vie, elle l’a vécue à Lourdes : « J’ai été portée par la joie des personnes malades ou handicapés que nous accompagnions. » Et des questions ont jailli dans sa tête : « Qu’ai-je envie d’être ? Comment appréhender ma maladie ? Que faire de ma vie ? » Au deuxième pèlerinage, elle s’en alla un soir à la grotte et décida d’interpeller la Vierge : « Fais quelque chose de ma vie ! » La réponse arriva très vite : « Tu peux faire quelque chose avec le Christ. » De retour en Suisse, elle se posa beaucoup de questions, dialogua avec plusieurs conseillers spirituels, fit une retraite dans un couvent. Mais toujours l’Esprit Saint lui soufflait cette expression : « vierge consacrée ». Elle ignorait ce que c’était. En approfondissant, elle acquit une certitude : « C’est cela que je veux être ! » Elle dit : « Etre en cœur à cœur avec le Christ. Découvrir le Christ à travers les autres. » Et le temps du discernement débuta, avec l’aide d’une religieuse, d’une vierge consacrée et de sa meilleure amie, puis finalement de l’évêque de Sion.

Aujourd’hui, Manon baigne dans le bonheur ! Comme une jeune mariée durant une lune de miel… Mais pour elle, elle devra être… éternelle ! Elle le sera sans doute tant cette femme vous parle avec une flamme à… soulever les montagnes au-dessus de son village natal. « J’ai découvert que le Seigneur ne m’a jamais quittée, jamais lâchée. Tout s’emboîtait dans ma vie, dit-elle superbement. Nous sommes les fleurs de l’Eglise. Mon époux, je le découvre dans l’autre. Et mes enfants, ce sont les autres. »

Dans la rue, hormis sa croix, rien ne distingue Manon d’une autre jeune femme. « Mais le meilleur habit est en moi. C’est le Christ qui m’habille. » Et la fait rayonner !

Bénévole pour la communauté

Manon ne vit pas isolée ! Elle aime côtoyer les autres ! Elle  s’est mise bénévolement de multiples manières au service de sa paroisse. En animant des veillées de prière. En allant porter l’eucharistie à domicile. En étant responsable des servants de messe. Et elle ne fait pas que prier ! Elle joue de la cithare, adore bricoler, jardiner, aider sa maman à soigner les animaux, etc. Et va terminer cette année le Parcours Théodule.

«Je suis prête à aller jusqu’au bout avec Toi»

Par Jean-Marie Lovey, évêque du Diocèse de Sion

« Parler de “vierges consacrées”, comme de toute autre forme de consécration religieuse, en dehors d’un regard de foi, est littéralement insensé, sans accroche pour la compréhension humaine. La virginité consacrée est un héritage laissé par le Christ comme un don particulièrement éloquent à son Eglise. La personne qui s’y engage témoigne à quel point le Christ est quelqu’un de vivant et d’important pour elle ; combien il peut combler totalement un cœur, fait pour aimer, au point qu’elle décide de se vouer à Lui, totalement, âme et CORPS. “Je t’aime tellement que  je suis prête à aller jusqu’au bout avec Toi.” Voilà ce que disent les vierges consacrées, témoignant ainsi que leur démarche est motivée par une rencontre passionnément amoureuse, qu’elle est, en même temps, librement consentie vis-à-vis de “qui compte plus que mille maris”. Cet aveu est significatif d’un élan dont même une jeune personne peut être capable. C’est le cas de Manon. Je l’ai admise à la consécration, confiant en sa maturité que son chemin de maladie lui a permis d’acquérir. […]

L’expression “vierges consacrées” a une presse douteuse dans notre culture hypersexualisée. Il faudrait désexualiser la virginité, lui redonner sa signification plus large. La virginité doit s’étendre à la globalité de la personne. Une vierge consacrée est appelée à être vierge comme la Mère de Dieu, Marie, est Vierge de corps, de cœur, d’esprit, d’âme. Cette disposition intérieure parle de disponibilité totale à Dieu. »

Noël en famille

Par Dominique-Anne Puenzieux
Photo : Ciricciric_311613A l’approche des fêtes de fin d’année, la tension monte. Décoration du sapin, course aux cadeaux, préparatifs, menu de Noël et planification des réunions de famille. La pression est grande.

En effet, même si la célébration de Noël s’est un peu sécularisée, elle est restée une belle fête de famille. Cette dimension a même pris le pas, chez les chrétiens non pratiquants, sur la dimension religieuse. Comme si on sacralisait la famille.

Ce sont donc des retrouvailles que certains attendent avec impatience. Et que d’autres redoutent… Les tensions et prises de bec autour de la traditionnelle dinde ne sont pas rares !

C’est donc aussi l’occasion de réfléchir au rôle et à la place de chacun dans la famille. Pourquoi se réunit-elle pour Noël ? Et qu’en est-il dans les familles recomposées ?

Heureusement, dans chaque tribu, on trouve une ou des personnes emblématiques, qui fédèrent la tribu. Noël constitue encore bien souvent une trêve, un moment où on tente de valoriser les liens affectifs, en mettant de côté les conflits.

Afin que tous ensemble, on puisse fêter Noël à la lumière de la joie de l’annonce de la naissance de Jésus.

«La lampe du corps, c’est l’œil»

Par François-Xavier Amherdt
Photo : Jean-Claude Gadmer

Ouvrir les yeux de son cœur à la lumière.
Ouvrir les yeux de son cœur à la lumière.

Si le Christ se présente comme la lumière du monde (Jean 8, 2), c’est afin que nous le suivions sur le chemin de la vérité et de la vie (Jean 14, 6). Pour cela, la lumière rayonnant de l’âme est encore plus nécessaire que celle perçue par notre œil.

Dans le discours sur la montagne, le premier dans l’évangile de Matthieu, Jésus juxtapose trois images : la métaphore des véritables trésors, ceux du ciel et des relations authentiques, là où nous investissons notre cœur (Matthieu 6, 19-21), c’est-à-dire le centre de notre personnalité ; celle du maître auquel nous vouons notre existence, soit Dieu qui fait notre bonheur, soit l’argent et les idoles qui nous asservissent (6, 24) ; et, entre les deux, l’image de l’œil, lampe du corps (6, 22-23). Les yeux sont les « ports de l’âme » : si notre être intérieur est plongé dans les ténèbres, notre œil ne dispose pas des critères de discernement adéquats, donc notre corps tout entier reste dans la nuit du jugement sur la réalité, et nous risquons de chuter ou de nous égarer.

« Change ton regard et le monde changera », dit la chanson. Si mon âme est obscurcie, mon aveuglement sera encore pire que la cécité physique. Tout est lié, parce que l’être humain ne fait qu’un : esprit, âme et corps sont habités d’une seule et même lumière. C’est ce que signifie dans l’art chrétien le rayonnement émanant de Jésus, des saints et des personnages bibliques. Il se visibilise dans le regard que leur attribuent les peintres et dans l’auréole dont ils sont affublés.

Tous ceux qui ouvrent les yeux de leur cœur à la lumière provenant des témoins de l’Evangile, en commençant par le Fils de Dieu, vrai homme, deviennent eux-mêmes capables d’en resplendir. A l’exemple de Moïse, illuminé par la gloire du Seigneur, déjà dans l’ancienne Alliance : à combien plus forte raison pour nous, transfigurés par la splendeur du baptême et remplis du feu de l’Esprit de l’Alliance nouvelle
(cf. 2 Corinthiens 3, 4-18).

Voici que je vous annonce une grande joie !

La cause de cette joie? «Il vous est né un Sauveur!» disent les anges aux bergers (Lc 2, 9). La venue de Celui qui a, pour ainsi dire, coupé l’histoire en deux – avant Jésus-Christ et après Jésus-Christ – peut changer quelque chose jusque dans nos familles.

Par Bertrand Georges
Photo : Eric Masotti
Mais au juste, ça signifie quoi, être sauvés ? « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » nous dit saint Jean.1 Il est bien sûr question de vie éternelle dans le salut. Mais l’amour sauveur nous rejoint aussi dans l’ici-bas de notre vie ; saint Grégoire de Nysse (IVe siècle) nous expose ces deux dimensions du salut : « Malade, notre nature demandait à être guérie ; déchue, à être relevée ; morte, à être ressuscitée. Nous avions perdu la possession du bien, il fallait nous la rendre. Enfermés dans les ténèbres, il fallait nous porter la lumière ; captifs, nous attendions un sauveur ; prisonniers, un secours ; esclaves, un libérateur. Ces raisons-là ne méritaient-elles pas d’émouvoir Dieu au point de le faire descendre jusqu’à notre nature humaine pour la visiter ? » 2 Notre vie moderne met parfois nos familles à rude épreuve : blessures, mésen­tentes, stress, rêves déçus, incapacités à aimer comme nous le souhaiterions… Ces situations aussi émeuvent notre Dieu. Et si Noël était l’occasion de nous ouvrir davantage au secours qui nous est offert ? Si nous laissions Jésus nous rejoindre dans nos prisons intérieures ? Croyons-nous vraiment que son Amour guérit, libère, pardonne, nous aide à nous convertir ? Les témoignages abondent pour dire qu’accueillir Jésus chez soi, le prendre au sérieux a changé le cours des choses. Comme les bergers à la crèche, approchons-nous de Lui, laissons-nous aimer, adorons-Le, croyons en Lui, essayons de vivre l’Evangile jusqu’au cœur de nos familles, nourrissons-nous de sa Parole et des Sacrements, demandons-Lui de nous rejoindre là où nous en avons le plus besoin. C’est pour cela qu’Il est venu.

Il est le Sauveur du monde, notre Sauveur ! Joie au Ciel, exulte la Terre !

Heureux Noël à chacun.

1 Jn 3, 16
2 Cité dans CEC 457

Rêver grand!

Par Nicole Andreetta
Photo : DR
Un samedi soir à 19h30. Une douzaine de personnes sont réunies pour prier dans la chapelle du Cénacle, derrière la basilique Notre-Dame à Lausanne. Malgré le bruit du centre ville tout proche, une atmosphère de paix et de recueillement habite le lieu, cœur de la communauté Sant’Egidio. Ce jour-là, il est question d’Espérance, avec, en écho, des paroles du pape François exhortant à ne jamais renoncer à la rencontre, au dialogue, à découvrir de nouveaux chemins pour avancer ensemble.

Ce moment de prière hebdomadaire est ouvert à tous.

Nelson est doctorant en biologie : « Face aux défis du monde, on se sent très impuissant. On peut bien sûr prier pendant la messe, mais ici c’est avec des amis avec lesquels on partage nos peines. On repart, ensuite, renforcé. » Jao, étudiant en physique, ajoute : « Surtout, on est moins seul. L’espérance, c’est finalement plus facile que les études ! »

La prière et la communication de l’Evangile forment le socle de la communauté de Sant’Egidio. La Parole de Dieu permet d’ouvrir son cœur à l’amour des pauvres.

La solidarité avec les plus démunis, vécue comme service volontaire et gratuit, constitue l’engagement principal de ses membres.

Au fil du temps, cette amitié avec les exclus a permis d’établir que conflits et pauvreté étaient intimement liés. Contribuer à la construction de la paix dans le monde par la rencontre, le dialogue, œcuménique ou interreligieux, est devenu une priorité pour Sant’Egidio.

A l’instar d’autres communautés dans le monde, celle de Lausanne s’efforce, à la mesure de ses moyens, de s’investir au niveau international. Elle entame, en ce moment, des démarches, avec l’appui des Eglises et des œuvres d’entraide pour la création de « couloirs humanitaires ». L’objectif étant de permettre à des personnes victimes de guerres ou de pauvreté de rejoindre la Suisse en toute sécurité et légalement, sans risquer leur propre vie.

« On peut les traiter de rêveurs, mais j’ai toujours admiré leur obstination et soutenu leur volonté de résoudre l’insoluble. » (Cardinal Roger Etchegaray)

Et la lumière fut!

Noël,
Ecoute la lumière qui chante en dansant.
Noël, lumière de la mémoire
Noël, lumière de l’avenir
Noël, lumière du présent
elle est en toi
et ne se voit pas
Noël, écoute la lumière.

Hyacinthe Vuillez
Tiré de Au petit matin, Les Amis de Crespiat, 2010 

Par Pascal Bovet
Photos : Jean-Claude Gadmer

Reflets lumineux à l’église du couvent de la Fille-Dieu à Romont.
Reflets lumineux à l’église du couvent de la Fille-Dieu à Romont.

Au premier matin, Dieu, n’y voyant rien, appela la Lumière, et la lumière fut. Puis il eut quantité d’idées lumineuses pour se faire un monde, celui que nous voyons, ou presque.

Et que faisons-nous chaque matin ? Pour certains du moins: chasser les ténèbres en pressant sur le bouton de la lumière et c’est le jour. Et le soir, le contraire, d’une main distraite, on presse sur l’interrupteur et c’est la nuit.

Nourriture de la vie

Des leçons de physique et chimie, peut-être vous reste-t-il ce mot de photosynthèse, procédé chimique par lequel une plante vivante transforme la lumière reçue en sucre en dégageant du CO2. La lumière est un élément vital de notre survie, de la naissance à la mort. Bien avant de connaître ce mécanisme, la tradition chrétienne a associé la lumière à la nouveauté du baptême, si bien qu’aux premiers siècles les baptisés étaient surnommés « les illuminés », c’est-à-dire ceux qui ont reçu la lumière.

Mesure du temps

Accrochés à nos montres et pendules, nous comptons en minutes et en heures. « Nous avons vu son étoile en Orient. » Et l’astronome scrute le ciel où le temps et l’espace se marient : il compte en années-lumière, sachant que la lumière rayonne, dans un espace vide, à la vitesse de 360’000 km à la seconde, une année correspond à environ 10’000 milliards de kilomètres.

Et d’où venons-nous ? L’univers scientifique se propose toujours de remonter aux origines et pour l’instant, le big bang passe pour une explosion géante, sans matière apparente. Les années lumière prétendent nous situer dans une histoire qui nous précède et nous dépasse.

Le mode artistique

Les artistes ont l’art d’extérioriser  ce qui est intime à eux-mêmes : faire venir au jour ce qui est caché en eux. L’Eglise a largement contribué à cette expression par ses édifices et ses mécènes. Les musées en sont un reflet.

Tirer profit de la lumière est bien l’ambition qui met tout artiste à l’œuvre : sortir des ténèbres et rendre sensible ce qui ne l’est pas  de manière claire, le faire exister et le livrer aux regards des autres ; il arrive même que l’on parle alors de création.

Architecture

L’église de Mogno, au Tessin, création de l’architecte Mario Botta.
L’église de Mogno, au Tessin, création de l’architecte Mario Botta.

L’évolution des édifices religieux a conditionné le traitement de la lumière. Le passage du style  roman au gothique, grâce à la maîtrise de nouvelles techniques, a évidé les murs et fait place aux  fenêtres que l’art du vitrail s’est empressé de colorer : avec la lumière, la couleur.

Les murs mêmes sont devenus parois de verre dans la cathédrale de cristal de Los Angeles.

Plus près de nous, l’architecte Mario Botta est le maître d’œuvre de la cathédrale d’Evry qui se distingue par une cheminée ou puits de lumière. On lui doit également plusieurs églises au Tessin : leur forme est au service de la lumière; il est fidèle en cela à l’un de ses illustres prédécesseurs, Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier.

Peinture

De l’Annonciation à Marie à la Pentecôte, la lumière accompagne les disciples de Jésus sans occulter  les heures sombres. Rembrandt, le maître des clairs-obscurs, se met lui-même en scène aidant les bourreaux à élever la croix du Christ. On surprend aussi Jérôme Bosch à exprimer la mort même  par le passage dans un tunnel lumineux. Noël et Pâques sont  liés par la lumière dans la nuit : celle des anges apparaissant aux bergers, et celle qui illumine le tombeau vide. Et le feu d’artifice de la Pentecôte clôt le cycle : aux témoins d’être lumière pour le monde.

Le thème de la création abonde  en soleils, lunes et étoiles, thème réactualisé par le Cantique de la Création de frère François (d’Assises) qui loue Dieu par le frère soleil, louange que ne reniera pas un autre François, notre Pape.

Le vitrail, entre architecture et peinture, pousse à l’extrême le jeu des ombres et des lumières par la couleur. Le maître verrier Eltschinger se met au service de la lumière pour lui donner tous ses moyens d’exprimer la beauté (voir encadré).

Symboles liturgiques

La tradition liturgique de l’Eglise catholique met en évidence la lumière lors de la fête des bougies, la Chandeleur (ou Présentation de Jésus au Temple, 2 février). Le baptême reste signe et moyen d’une nouveauté : durant les premiers siècles chrétiens, les baptisés étaient appelés les illuminés (voir plus haut). Le cierge pascal à côté d’un baptistère et un cierge remis au baptisé nous le rappellent : lumière confiée et lumière reçue. La lumière brille encore après le dernier souffle lors des funérailles, qu’accompagnait un chant d’autrefois : Lux aeterna, luceat eis Domine ! Que la lumière brille pour toujours sur eux, Seigneur !

La lampe du sanctuaire ou lampe dite éternelle rappelle la présence du Christ dans l’eucharistie, gardée au tabernacle. La piété mariale s’extériorise souvent par des processions avec bougies et dans des lieux de recueillement, une bougie prolonge la prière du fidèle.

Les lumières de l’esprit

Sous l’appellation « siècle des Lumières », on regroupe penseurs et philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles ; la Renaissance, puis la Réforme ont façonné un nouveau cadre de pensée.

Le développement des observa­tions scientifiques, le grand progrès accompli dans la connaissance du monde que Galilée a rendu célèbre, ont mis à la mode des conceptions du monde nouvelles, à côté des croyances religieuses et entrant parfois en concurrence ou conflit avec elles. Le mouvement de la Réforme lui-même s’est considéré comme la lumière après les ténèbres (Post tenebras lux).

Le Concile Vatican II redonne au Christ tout son éclat : le Christ est la lumière des peuples (Lumen gentium 1). Elle éclaire tous les hommes venant en ce monde (Jean 1, 9). Et si chacun et chacune est lumière du monde, posé sur le lampadaire, alors la maisonnée est lumineuse.

Visite chez Michel Eltschinger, maître verrier, à Villars-sur-Glâne

michel-eltschingerPropos recueillis par Pascal Bovet
Photo : DR

Maîtriser la lumière en y mêlant la couleur, telle est la mission du verrier. On fait appel à lui quand des conditions sont posées : telle église existante ou à rénover, tel édifice que l’on veut mettre en valeur. Et souvent sur la base d’un projet élaboré par un artiste peintre… Les croquis doivent prendre forme à taille réelle et prendre vie par la couleur, nourrie par la lumière.

La meilleure lumière, ce n’est pas la plus forte: c’est celle que l’on rencontre quand il y a une légère brume qui garde la lumière, sans éblouir ni l’étouffer. La lumière des pays du Nord est la plus favorable. La lumière brute dilue la couleur.
Il s’agit donc de la domestiquer.

La technique de la dalle de verre est aussi intéressante par le contraste qu’elle implique entre les joints noirs ou sombres et les parties de verre coloré ; il ne laisse pas passer la lumière mais il en vit. Elle nous oblige à voir intérieurement car l’extérieur disparaît.

Par contre, le vitrail classique filtre la lumière, sans supprimer le décor au-delà du vitrail : il est passage ou pont avec l’extérieur.

C’est mon travail de choisir le verre produit en usine, de découper les pièces nécessaires en exploitant même leurs défauts, les nuances de couleur, les bulles d’air prisonnières, l’épaisseur de la plaque de verre, autant de variantes qui donnent vie au vitrail.

Bibliographie : « Les amitiés de couleur. Michel Eltschinger : soixante ans d’art verrier. » Editions Zénobie, Fribourg 2013.

En librairie – décembre 2017

Par Claude Jenny

Des livres

livre_fullyL’église Saint-Symphorien de Fully: une cathédrale campagnarde

Si vous voulez tout savoir sur l’une des plus imposantes et belles églises du Valais, le livre édité par les Editions Saint-Augustin et la paroisse de Fully, vous comblera certainement ! Une demi-douzaine d’auteurs apporte des contributions pointues pour éclairer sous tous les angles cet édifice aux allures de cathédrale. Quelque 160 illustrations viennent embellir cet ouvrage au graphisme très travaillé. Un beau livre cadeau.

Ed. Saint-Augustin, octobre 2017, 130 pages, 160 illustrations.

Acheter pour 48.00 CHFles-enfants-portiers«Les enfants, portiers du royaume»: accueillir  leur spiritualité 

Les enfants sont de vrais petits théologiens ! Encore faut-il savoir accueillir leur spiritualité ! Caroline Baertschi-Lopez en connaît un rayon puisqu’elle travaille dans la catéchèse avec des enfants depuis 30 ans. Et son regard est rempli de belles découvertes. Elle décortique aussi avec enthousiasme la pratique catéchétique Godly Play, bon moyen, dit-elle, pour entrer dans le royaume théologique des enfants.

Ed. Cabédita, octobre 2017, 155 pages.

Acheter pour 29.00 CHFtrois-voix-pour-luniteTrois voix pour l’unité: «Pour que plus rien ne nous sépare»

Trois plumes autorisées livrent un bel appel en faveur de l’œcuménisme: le prêtre catholique Claude Ducarroz, le pasteur réformé Shafique Keshavjee et le laïc orthodoxe Noël Ruffieux ont rédigé un « livre d’amitié » qui traduit une belle expérience de fraternité. La construction du livre est originale : de nombreux thèmes sont abordés par l’un des auteurs et les deux autres lui répondent en toute franchise. Un livre qu’il fait bon lire !

Ed. Cabédita, octobre 2017, 280 pages.

Acheter pour 36.00 CHFcalendrier20182018 : un jour – une photo – une parole

Une pensée et une image pour chaque jour de la future année.

Ed. Bayard, Le Pèlerin.

Acheter pour 30.80 CHFl-animation-biblique-de-la-pastorale2L’animation biblique de la pastorale

Le douzième ouvrage de la série « pédagogie pastorale » ne présente pas moins de 120 propositions concrètes « pour montrer comment faire de l’Eglise la maison de la Parole de Dieu pour le monde et inscrire les Ecritures au cœur de la nouvelle évangélisation ». Et comme son auteur est l’abbé-professeur François-Xavier Amherdt, c’est excellemment vulgarisé. De la pédagogie pratique pastorale de belle facture !

Ed. lumen vitae, octobre 2017, 180 pages.

Acheter pour 27.80 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Une journée à… la Maison des Séminaires

En septembre dernier, une nouvelle inattendue tombait : la « Maison des Séminaires », à Fribourg, affiche complet ! De quoi faire croire à un boom des vocations ! Nuance… Mais une bonne raison pour aller passer une journée en ce lieu unique en Romandie qui forme les prêtres de demain.

Par Claude Jenny
Photos : Jean-Claude Gadmer« Avec vingt-deux séminaristes et quatre arrivants en année de discernement, notre maison est quasi pleine. Mais n’en tirons pas de conclusions hâtives ! Nous n’avons pas de véritable explication sur le pourquoi de cette belle fréquentation » commente l’abbé Nicolas Glasson, responsable de la formation des futurs prêtres avec son collègue l’abbé Joël Pralong. Depuis 2012, les deux diocèses romands ont en effet « fusionné » leur séminaire.

Pour l’abbé Joël, il ne fait aucun doute qu’un déclic est survenu et que « la foi reprend chez les jeunes. Ils sont attirés par une ferveur, une attirance vers Dieu, une dimension mystique. Leur démarche vient du cœur. Cet élan intérieur traduit la recherche d’une Eglise structurée, forte, dans un monde fragile. Les arrivants ici recherchent la sécurité d’une institution vraie, qui nourrit l’esprit et l’âme ». « Les jeunes osent aujourd’hui s’engager » se réjouit l’abbé Nicolas. Il explique que parmi ceux qui demandent « à entrer au séminaire » – ce qui commence par l’année de discernement – sont parfois de nouveaux convertis, ne viennent pas forcément de familles bien pensantes. Certains viennent aussi de familles éclatées. Il en découle un autre esprit, une autre quête. « Les futurs séminaristes ont souvent vécu leur foi à travers des mouvements de jeunes, dont les JMJ. On assiste aujourd’hui à une évangélisation des jeunes par les jeunes. A l’Eglise d’offrir les moyens d’enrichir ce trésor » lance l’abbé Joël.

« Une grande soif de Dieu »

« On sent chez les discernants une grande soif de Dieu, mais ils sont habités aussi de beaucoup d’incohérence. Il nous appartient de consolider l’humain » explique le coresponsable valaisan. D’où l’importance de cette première année dite de discernement. Pendant ou au terme de ce temps préparatoire, il y a souvent des défections, spontanées ou provoquées.

L’humain ! Façonner l’humain ! Voilà ce qui est au cœur de ce que l’abbé Pralong cherche à faire avec les discernants au travers de divers cours et échanges. Tout y est abordé, y compris les thèmes délicats comme la sexualité. « Bien sûr qu’il faut en parler ! Nous devons apprendre aux futurs prêtres à gérer leur affectivité » lance-t-il.

A la « Maison des séminaires », les temps de prière sont nombreux. « Nous étudiants sont demandeurs de temps de prière » commente l’abbé Nicolas. Matin et après-midi, les séminaristes se rendent à l’Université pour suivre leur formation théologique. Mais à ce bagage académique viennent s’ajouter de nombreux rendez-vous « at home » avec des conférenciers invités – le philosophe Fabrice Hadjadj y est très présent – et des week-ends hors les murs. En plus, le séminariste se voit confier une tâche pastorale au sein de l’UP Saint-Joseph en ville de Fribourg. Vincent, par exemple, enseigne la catéchèse dans une école. Alexandre fait de l’accompagnement dans un EMS.

Apprendre la vie en communauté

Dans la bâtisse de Givisiez, la discipline est bien présente. « De mon temps, la vie au séminaire était très permissive. Ce n’est plus le cas » assure l’abbé Joël. « Cheminer ici, c’est apprendre la vie en communauté, qui doit être éducative et formatrice, dit-il. Ce retrait est nécessaire pour que les séminaristes touchent le fond d’eux-mêmes pour avoir ensuite quelque chose à transmettre à leurs paroissiens. Même si la vie en paroisse sera fort différente ».

« Nous touchons aux quatre piliers, commente Alexandre : l’humain, en vivant en communauté, l’intellectuel, en fréquentant l’université, le pastoral, en ayant une activité paroissiale, et évidemment le spirituel. Nous devons arriver à saisir que les quatre sont importants. Ça nous apprend l’humilité » dit-il. « La vocation n’est pas un vêtement. Il faut en avoir les capacités humaines. Etre capable de dépasser ses propres blessures pour être capable d’accompagner les autres blessés que le prêtre rencontrera » dit l’abbé Joël.

Les séminaristes semblent partager la « marche à suivre » de leurs deux supérieurs et goûter  à cette vie en communauté durant six ans, très sereins aussi par rapport à ce qui les attend demain en paroisse.

Mgr Jean-Marie Lovey : « C’est le choix de Dieu »

Dans la présente volée, cinq séminaristes sont membres de la Congrégation du Grand-Saint-Bernard. Comment Mgr Jean-Marie Lovey voit-il ce souffle nouveau pour sa congrégation ?

« Bien sûr que c’est appréciable de savoir que des jeunes s’intéressent à telle ou telle forme de vie religieuse, celle des chanoines du GSB en l’occurrence. J’ai toujours été profondément convaincu que de vouloir rendre compte des raisons de cet attrait restait très aléatoire. Ce faisant, on rejoint davantage la (saine) curiosité qui nous habite que la réalité profonde du phénomène. Lorsque saint Paul veut parler de l’élection d’Israël, du choix de Dieu qui se porte sur Jacob plutôt que sur son jumeau Esaü, il fera dire à Dieu : ″Je fais miséricorde à qui je veux.″ Le choix de Dieu ne dépend pas des œuvres de celui qui est choisi ou de la communauté choisie, mais de la liberté de celui qui appelle. Pourquoi un jeune entre-t-il au GSB aujourd’hui ? Parce que c’est le choix de Dieu, point.
Et si cette raison première fait défaut, les autres (l’attrait de la montagne, la dimension familiale, le dynamisme d’autres jeunes déjà présents, une longue tradition, etc.) auraient beau être multiples et soigneusement cultivées, cela ne ferait pas rester le jeune en communauté. Face au choix de Dieu qui est un don, je me sens, avec mes confrères,  redevable d’un immense merci. Le don m’oblige, il m’appelle à l’action de grâce. La nouveauté du souffle doit, me semble-t-il, se situer à cet endroit. C’est là la seule raison que je vois devant l’entrée d’une nouvelle personne en communauté ou au Séminaire. »

Hyacinthe Héritier

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photo : LDD
T’es-qui?
Hyacinthe Héritier, 28 ans, de Savièse (VS), éducatrice de la petite enfance.
Tu t’engages où?
Je suis actuellement le parcours de formation « Théodule » pour les futurs agents pastoraux laïcs du diocèse de Sion. Je fais également partie du comité des « Camps Voc’ », je chante au chœur Novantiqua, à la Maîtrise de la Cathédrale de Sion,  et je dirige le petit chœur « Fa-si-la chanter » sur la paroisse de Savièse.

 
Hyacinthe, l’Eglise de demain sera… ?
… dynamique, jeune, avec une soif d’engagement et de transmission de la foi.

Comment fonctionne le comité des Camps Voc’ ?
Nous sommes cinq et nous nous occupons de faire le lien entre les douze Camps Voc’ existants, nous nous chargeons de la publicité, du site internet, de la page Facebook. Nous avons aussi à cœur d’organiser une journée de formation pour tous les animateurs chaque année. Qu’on ait 8 ans, 12 ans ou 17 ans, ce sont des semaines très riches. J’en garde un excellent souvenir pour ma part et j’encourage tous ceux qui ne connaîtraient pas encore les camps à les découvrir l’an prochain !

La musique nourrit-elle ta foi ?
La musique me porte énormément. J’aime me mettre au service de l’Eglise et de la foi à travers cette passion et ce don. La musique sacrée élève l’âme et le plus beau compliment qu’on puisse me faire – dans le cadre du petit chœur « Fa-si-la chanter » –, c’est lorsqu’on vient me dire que nous avons aidé les gens à prier.

Dans le monde professionnel de l’éducation à la petite enfance, peux-tu partager ta foi ?
Avec les parents, pas vraiment, l’échange est plutôt professionnel. En revanche avec les collègues cela arrive régulièrement, même si cela va rarement en profondeur. Mais les petites perles échangées sont sympas…

Tu es en dernière année de la formation « Théodule » qui te donnera ensuite un engagement en paroisse. Qu’en retires-tu actuellement ?
Je me dirige vers l’enseignement, comme intervenante en milieu scolaire. Globalement je suis très satisfaite de cette nouvelle formation qu’offre le diocèse, le programme est tellement diversifié qu’on reste parfois sur notre faim tant c’est intéressant en tous domaines. La partie pratique – nous avons un stage sur les trois années – complète vraiment bien la partie théorique. Je vais chaque semaine en classe, pour des 3H, suivie par ma maîtresse de stage, et j’aime beaucoup ça !

Pour aller plus loin

Le site des Camps Voc’ : www.vocations.ch/camps-voc

Le site de la Maîtrise de la Cathédrale de Sion : www.maitrise-cathedrale.ch

Chapelle Saint-Charles à Romont

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer Le nouvel internat est inauguré en 1916, la chapelle a suivi douze ans après. Elle a donc connu environ cinquante volées d’élèves de la Ratière (surnom de l’internat) qui ont fréquenté avec une ardeur fort variable la chapelle, logée tout en haut de la maison, dans les combles.

La messe de semaine ou du di­manche et autres dévotions ont forgé et peut-être aussi parfois forcé des jeunes à une vie spirituelle.

La chapelle a pour architecte Fernand Dumas, Alexandre Cingria assure les vitraux, Gaston Faravel est le décorateur-peintre et Marcel Feuillat est l’orfèvre du lieu.  Sur une si petite surface, c’est un luxe qui a échappé à beaucoup d’élèves.

Une maison de formation se devait d’honorer ses maîtres : avec des vues sur la vie ecclésiastique, et en traversant les siècles, on trouve sur la fresque saint Charles Borromée, saint patron de la maison et initiateur des séminaires à la suite du Concile de Trente. Il donne la communion à saint Louis de Gonzague, mort de la peste à Rome à l’âge de 23 ans, patron de la jeunesse. Saint Pierre Canisius, bien connu à Fribourg et contemporain de Charles Borromée, l’évêque Ambroise de Milan et les accompagnent.

L’esprit de cette chapelle nous met donc en relation avec le mouvement de reprise de la formation dans l’Eglise catholique : l’enseignement, la jeunesse, sont les mots d’ordre des évêques. Et en ce temps-là, les vocations sacerdotales étaient en reprise après la crise du début du XXe siècle.

Le petit séminaire a fermé ses portes dans les années 1980. La chapelle a été restaurée par le nouveau propriétaire, la paroisse de Romont.

Fresque de la chapelle, de Gaston Favarel.
Fresque de la chapelle, de Gaston Favarel.

Le Pape des lumières

Par Thierry Schelling
Photo : J
ean-Claude GadmerA l’Angélus du 6 janvier 2017, François a éclairé… le thème de la lumière. « Diverses lumières, étoiles, brillent dans notre quotidien, a-t-il rappelé, et à nous de choisir celles à suivre. » Puis il a décrit : « Il y a les lumières intermittentes, qui vont et viennent, comme les petites satisfactions… mais elles ne suffisent pas et ne nous laissent pas la paix que nous recherchons. » Il repère les « lumières aveuglantes » de l’argent et du succès qui, bien que séduisantes, conduisent du rêve aux ténèbres, et ce si rapidement ! Enfin, les mages eux invitent à suivre une « lumière stable, une lumière douce et bonne », qui ne s’éteint pas et qui vient du ciel, brillant dans les cœurs.

Et de conclure sa mini-réflexion avec les paroles liturgiques : le Christ est notre lumière, et à l’instar du prophète Isaïe, nous sommes invités à revêtir cette lumière et donc le Christ, pour briller de notre joie à Le servir. « Je voudrais vous inviter tous à ne pas avoir peur de cette lumière et de vous ouvrir au Seigneur », encouragement à celles et ceux qui auraient perdu espoir de voir le bout du tunnel. Comment trouver cette lumière ? En étant, comme les mages, en mouvement perpétuel. « Qui veut la lumière doit en fait sortir de soi et chercher alentour… mettre sa vie en jeu… cheminer » car la foi est histoire de chemin, qui, certes, peut se ralentir à cause « des jacasseries superficielles et mondaines qui freinent le pas, des caprices paralysants dus à l’égoïsme, les nids de poule produit par le pessimisme ». Mais reste toujours en chemin.

En substance, François explique que c’est bien de savoir que Noël, c’est la naissance de Jésus… mais encore faut-il la vivre dans son cœur, dans sa vie. Et pour cela, il faut bouger, se déplacer. Comme les Mages qui ont trouvé l’enfant Jésus en allant de chez eux à Jérusalem puis à Bethléem. Et « ils l’adorèrent », c’est-à-dire qu’« ils entrèrent en communion personnelle avec lui dans leur cœur ».

Un Pape illuminé, diront certains ? Pour d’autres, éclairant par la simplicité de ses propos. Et leur sincérité. Un Pape des lumières…

L’amour aimable

Dans ses orientations sur l’amour, le pape François nous invite à l’amabilité, qui se décline notamment par la délicatesse, la confiance, le respect. Ainsi vécue, la vie concrète des familles devient école de vie en société. 1

Par Bertrand Georges
Photo : Pixabay 

Offrir une présence aimable.
Offrir une présence aimable.

L’Eglise considère volontiers que la famille est la première cellule de la société. C’est en effet dans des familles concrètes que l’on peut apprendre à cultiver des bonnes attitudes et à réformer ce qui nuit à une bonne entente. Dans ce domaine, le Pape souligne que « l’amour n’œuvre pas avec rudesse, il n’agit pas de manière discourtoise, il n’est pas dur dans les relations ». Mais l’accent est surtout mis sur des attitudes positives : aimer c’est aussi être aimable. Les manières, les mots, les gestes de l’amour sont agréables. Ces attitudes ne sont pas une option : « Etre aimable n’est pas un style que le chrétien peut choisir ou rejeter : cela fait partie des exigences indispensables de l’amour. » Et cela se traduit par des paroles d’encouragement. C’est d’ailleurs ainsi, nous dit le Pape, que Jésus fait avec ceux qu’il rencontre : « Aie confiance, mon enfant. » (Mt 9, 2) « Grande est ta foi. » (Mt 15, 28) « Lève-toi ! » (Mc 5, 41) « Va en paix. » (Lc 7, 50) « Soyez sans crainte. » (Mt 14, 27) Ce ne sont pas des paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent. En famille il faut apprendre ce langage aimable de Jésus.

Trop souvent, nous ne voyons que ce qui ne va pas, les défauts de l’autre, ses limites. Si la vie de tous les jours nous présente bien des tentations de râler, elle offre aussi tant de belles choses à valoriser ! Les paroles bienveillantes sont bienfaisantes car elles répondent à un besoin profond du cœur : être reconnu, apprécié, aimé. Se savoir aimé de Dieu, et de son conjoint, de ses parents, de ses enfants procure un sentiment de sécurité intérieure. On peut affronter la vie quand on se sait aimé.

Dans ce domaine comme dans d’autres, tout ce qui est appris et vécu au sein de la famille rejaillit en société. Quel inestimable service les familles rendent lorsque, dans leurs foyers, elles cultivent l’amour aimable !

1 Cf. Pape François, Amoris Laetitia nos 99 et 100.

Mariage

Par Thierry Schelling
Photo: Le pape François rigole lorsqu’un couple de jeunes mariés lui montre la figurine de leur gâteau de mariage à son effigie. (Photo Ciric)Depuis quinze ans que je bénis des mariages, un sentiment d’inadéquation m’habite crescendo face aux fiancés… Leurs demandes sont souvent motivées par un « On ne saurait imaginer les choses autrement ». Et c’est tout.

A la question : « Pourquoi le sacrement, alors ? », la réponse est souvent plus que laconique : « Le sacre… quoi ? » Formidable terrain d’évangélisation, me dira-t-on ? Peut-être… Oh, ils sont mignons, ont souvent vécu sept, huit voire neuf ans ensemble auparavant. Mais un bébé arrive, une arrière-grand-mère rêve de la voir en blanc avant de mourir…

Choix libre, vraiment ? Par-dessus tout, ces couples n’ont souvent pas la foi, ou ne la pratiquent pas, ou plus…

Une bénédiction ne serait-elle pas plus appropriée dans le respect de leur vécu ? Ou des fiançailles, pour se donner un temps de catéchuménat du couple chrétien… Ah, mais le resto, les bulles de savon et l’église sont déjà réservés !

Le plus fou ? Après la célébration, j’ai souvent des retours dithyrambiques : « Vous avez été génial ! », « Des prêtres comme vous rempliraient les églises ! », « Nos familles et amis ont a-do-ré ! » Le style a plu… mais le fond ?

OK, je suis consciencieux, mais souvent inadéquat. Dilemme. Souffrez que je vous le partage…

En librairie – novembre 2017

Par Claude Jenny et Sœur Franziska Huber de la Librairie Saint-Augustin, Saint-Maurice

Des livres

quand-nos-blessures« Quand nos blessures diffusent la lumière »

Dans son nouveau livre, l’abbé Joël Pralong, directeur du séminaire du Diocèse de Sion, aborde un thème qu’il affectionne : celui des blessures qui nous habitent. Si elles peuvent « sécréter du poison, celui de l’amertume », elles peuvent aussi, « laisser transparaître la lumière, celle qui émane du plus profond de l’âme » parce que Dieu ne laisse personne seul sur le bord du chemin. L’auteur évoque ses propres blessures et celles de personnes en détresse qu’il a croisées dans son parcours de prêtre. Et de proclamer un hymne à la tendresse !

Editions Cabébita, 96 pages, septembre 2017

Acheter pour 22.00 CHFducarroz-bernardBernard Ducarroz : « Avec les mots du cœur »

Un livre dédié au compositeur Bernard Ducarroz, quelle belle idée ! Coup de cœur pour cet auteur-compositeur, décédé en 2014, qui a tant marqué l’art choral en Suisse romande.
Ce n’est que justice de lui dédier ce livre, rédigé par quelques-uns de celles et ceux, parmi tant d’autres, qui l’ont tant aimé et chanté. Et le chantent toujours ! Il a écrit les paroles de quelque 500 chants, mais surtout – comme le dit joliment le titre du livre – il composait et allait à la rencontre des autres avec les mots du cœur. Un livre qu’il faut goûter avec les notes du bonheur de l’avoir connu et chanté !

Editions Cabébita, 280 pages, septembre 2017. Avec des participations de son compère Pierre Huwiler, de son frère l’abbé Claude Ducarroz, de Pascal Corminbœuf et de Gilles Baeriswyl.

Acheter pour 39.00 CHFdreher« Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus »

Un titre provocateur pour un livre au sujet néanmoins pertinent! A savoir: comment vivre sa foi dans un monde devenu de plus en plus hostile à tout ce qui est religieux? L’auteur, Rod Dreher, journaliste américain, dresse un portrait plutôt sombre mais invite les chrétiens à résister aux fléaux de la modernité en y jetant un regard de bénédictin pour prendre de fermes résolutions.

Artège, 350 pages, septembre 2017

Acheter pour 30.80 CHF

UN CD

le-regard-de-dieu-chants-de-saint-merry« Le regard de Dieu »

Un regard vocal en l’occurrence grâce au quatrième opus du groupe de chant du Centre pastoral Saint-Merry de Paris. Une communauté qui se veut innovante et qui porte le nom d’un saint bien peu connu. Son groupe vocal chante la Parole avec des voix superbes, un répertoire pour le temps présent, un accompagnement musical recherché. Ce CD offre un mélange de diverses compositions ainsi que la messe de la Saint-Jean. Un CD magnifique qui fera le bonheur de ceux qui veulent faire chanter l’assemblée avec des compositions novatrices.

«Le regard de Dieu», Chants du répertoire de Saint-Merry, Adf-Bayard musique, Paris, 2017

Acheter pour 36.20 CHF

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. +41 24 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, +41 26 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch) aussi disponible sur librairie.saint-augustin.ch

Marie Leduc-Larivé

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photos : LDD
T’es-qui?
Marie Leduc-Larivé, 27 ans, mariée à Romain, des Plans-sur-Bex (VD).
Tu t’engages où?
Editrice aux éditions Parole et Silence (Les Plans / Paris). Master en théologie en cours à la faculté de Strasbourg, rédactrice dans quelques médias (Grandir, Sources, cath.ch), responsable du camp vocation « Théâtre ».

 Marie, l’Eglise de demain sera… ?
… libérée de bon nombre de ses peurs, comme nous y invite le pape François, et donnant davantage de place aux femmes.

Quel est ton travail d’éditrice ?
Notre but est d’aider les chrétiens à se former et à nourrir leur vie spirituelle. Mon travail est très varié, mais j’accompagne surtout les auteurs dans la finalisation de leurs manuscrits. Je trouve beaucoup de sens dans ce que je fais, ce qui, pour moi, est très important. Cela nourrit ma foi et unifie ma vie.

Pourquoi étudier la théologie ?
Parce que c’est passionnant ! J’y prends beaucoup de plaisir…  Quand j’ai commencé la théologie, j’avais plein de questions et envie d’y répondre. Plus j’avance, plus je me rends compte qu’il y aura toujours plus de questions mais qu’utiliser son intelligence pour scruter sa foi peut faire découvrir des trésors inestimables et rejoindre le cœur de la prière.

Tu as succédé à Albert Longchamp au sein de la rédaction du journal « Grandir ». Est-ce facile de transmettre de la profondeur à travers de petits articles ?
Je pense que la taille réduite des articles de ce journal permet de donner envie de les lire jusqu’au bout. Après, le fait de synthétiser permet d’accentuer un point, un auteur, le but n’étant pas de faire un cours mais juste de donner envie aux lecteurs de creuser un aspect de foi.

Enfin, tu diriges le camp vocation « Théâtre ». Qu’est-ce que ces camps apportent ?
Depuis que j’ai 15 ans, je participe à ces camps qui ont été fondateurs pour ma foi… Devenir animatrice, c’est aussi un moyen de redonner plus loin, à d’autres, ce que j’y ai reçu. C’est une vraie respiration pour ces jeunes, et pour moi aussi, un lieu où vivre notre vie de chrétien simplement, librement et de façon très joyeuse. Quand on donne la parole aux ados, on s’aperçoit des immenses richesses qu’ils ont en eux et qu’ils partagent volontiers.

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Pour aller plus loin

Le site des éditions Parole et Silence : www.paroleetsilence.com

Le site des études de théologie à Strasbourg (possibilité par correspondance) : http://theocatho.unistra.fr/

«Sauf en cas d’union irrégulière»

Par François-Xavier Amherdt
Photo: DR
Dans son chapitre 19, où Jésus affirme l’indissolubilité du sacrement de mariage – d’après la conception catholique – « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (19, 6), Matthieu ajoute une incise (ou clausule) qui ne se retrouve pas dans les passages parallèles chez les deux autres évangiles synoptiques (Marc 10, 11-12 ; Luc 16, 18) ni chez Paul (1 Co 7, 10-11).

Sans doute est-ce dû au fait que le premier évangéliste s’adresse surtout à des chrétiens venant du judaïsme et que le cas pouvait se produire dans le contexte juif : « Quiconque répudie sa femme – sauf pour « union irrégulière ou prostitution » – et en épouse une autre commet l’adultère. » (Matthieu 19, 9) Selon les Eglises orthodoxes et réformées, le terme grec ici utilisé (porneia, qui donne pornographie) désignait l’adultère ou la « fornication » hors du mariage, ce qui légitimerait un divorce dans une pareille situation où l’un des conjoints trompe l’autre.

Pour l’interprétation majoritairement en vigueur du côté catholique, il devait plutôt s’agir des unions rendues incestueuses par un degré de parenté proscrit par l’Ancien Testament (Lévitique 18). Des mariages de ce type, contractés chez les païens ou même tolérés chez les prosélytes se préparant à embrasser la foi juive, ont dû faire problème lorsque ces personnes se convertissaient au christianisme dans les milieux judéo-chrétiens attachés à la Loi. D’où la possibilité ouverte de rompre de semblables unions reconnues comme irrégulières au nom de la supériorité de la Parole du Christ qui, au fond, rendait ces mariages nuls par eux-mêmes.

D’autres interprétations considèrent que le passage permettait non pas le divorce, mais la séparation des époux, sans remariage. A partir de la première lettre aux Corinthiens (7, 12-16) – d’où le nom de privilège paulin –, le Code de droit canonique (canons 1141-1150) prévoit que, pour le bien de la foi, le mariage conclu par deux non-baptisés, dont l’un des deux se convertit et veut épouser un(e) autre catholique, puisse être dissous.

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