En librairie – février 2017

Par Claude Jenny, avec Sœur Franciska Huber, libraire à la Librairie Saint-Augustin de Saint-Maurice

A lire…

charles_morerod_okMgr Morerod et la recherche humaine de la vérité

Mgr Charles Morerod aime s’exprimer avec humour en de nombreuses circonstances. Lorsqu’il manie la plume du théologien, il livre par contre des recherches profondément réfléchies, mais qui ne sont pas forcément d’une lecture aisée. Dans son dernier livre, «L’Eglise et la recherche humaine de la vérité», il apporte une réflexion sur la quête de Dieu dans un environnement difficile, qui voit de nombreuses personnes chercher leur bonheur en dehors de l’Eglise.

douze_musulmans_parlent_de_jesus« Douze musulmans parlent de Jésus »

Avec la vague d’exactions de l’Etat islamique, le fossé entre islam et Oc­cident s’est fortement creusé. Ils se sont mis à douze musulmans, comme autant d’apôtres, pour unir leurs plumes et nous livrer la parole du Christ telle qu’elle est portée par ces écrivains d’horizons divers.

Là-haut sur la montagne, au-delà de la légende

Le dernier livre sur l’abbé Joseph Bovet ne fait pas mentir la popularité dont est gratifié le célèbre chantre gruérien. Le livre de Jean Winiger, « Là-haut sur la montagne, au-delà de la légende »,  évoque la contribution majeure du prêtre-compositeur.

Catholique, divorcée et remariée

Le sujet qui divise, mais un peu moins depuis que le pape François a entrouvert la porte aux divorcés-remariés. Béatrice Bourges relate son itinéraire personnel, fait de révolte et d’incompréhension face à l’exclusion. Jusqu’à trouver l’infini amour de Dieu et une belle liberté intérieure.

L’intranquillité de Marion Muller-Colard

A la tranquillité et à une vie réglée, cette aumônière d’hôpital et maman qui a soigné un de ses enfants malades préfère l’intranquillité de l’existence, comme pour nous ouvrir à tous les possibles. Un petit livre coup de poing qui secoue utilement.

* A lire : une belle interview de Marion Muller-Colard dans l’édition de L’Essentiel du secteur de Saint-Maurice de janvier 2017 (consultable sur le site www.staugustin.ch). Elle sera en conférence à Genève le 2 mars de 12h45 à 13h30 à l’Espace Fusterie.

Infos

Ouvrages disponibles notamment dans les librairies Saint-Augustin de Saint-Maurice (avenue de la Gare, tél. 024 486 05 50, librairievs@staugustin.ch) ou de Fribourg (rue de Lausanne 88, 026 322 36 82, librairiefr@staugustin.ch)

Yohan Bandelier

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photos : LDD

T’es-qui?
Yohan Bandelier, 20 ans, de Courfaivre (JU).
 Tu t’engages où?
Je suis actuellement l’année de discernement à la Maison des séminaires de Suisse romande à Givisiez (FR). Je m’engage aussi pour les servants de messe de ma paroisse ainsi qu’au pèlerinage du Jura pastoral à Einsiedeln.

Yohan, pour toi, l’Eglise de de­main sera… ?
Vivante, j’espère, et déployant toute sa richesse.

Qu’est-ce que l’année de discernement ?
C’est la première année à suivre lorsque l’on veut entrer au séminaire. On vit déjà dans la maison des séminaires, mais avec un programme à part. C’est une année pour poser des bases spirituelles et humaines, une année importante dans le cheminement vers le sacerdoce.

Quel est ton engagement au pèlerinage du Jura pastoral à Einsiedeln ?
J’ai découvert ce pèlerinage annuel il y a plusieurs années comme enfant puis ado participant. Devenu trop vieux pour le groupe des jeunes, j’ai d’abord aidé ma maman qui s’occupe du groupe des enfants, puis l’an dernier, j’ai plutôt secondé liturgiquement le cérémoniaire Sylvain.

Et vis-à-vis des servants de messe dans ta paroisse de Courfaivre ?
Dès ma première communion je me suis engagé au service de l’autel. Cela m’a toujours plu. Actuellement je m’occupe d’organiser les répétitions et les camps des servants. C’est beau de voir tous ces jeunes motivés pour servir la messe.

Qu’aimerais-tu dire aux jeunes, justement ?
Pour ce qui est de servir la messe, je ne peux que les encourager : cela permet de mieux comprendre ce qui s’y passe et d’y être plus actif. Concernant l’année de discernement, j’aimerais leur dire qu’il n’est pas nécessaire d’être sûr de sa vocation pour la suivre, il suffit de se poser des questions. Cette année nous rend libres de bien choisir. Et même si l’on discerne que nous ne sommes pas appelés au sacerdoce, cette année apporte beaucoup pour notre vie baptismale.

Pour aller plus loin

Deux sites internet existent au sujet de la maison des séminaires, l’entrée du diocèse de Sion et celle du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg :

www.seminaire-lgf.ch

www.seminaire-sion.ch

Tous apôtres (1 Pierre 2, 9-10)

Par François-Xavier Amherdt
Photo : Pascal tornay
Si Jésus-Christ est la « Lumière des nations » (Lumen Gentium, soit le titre de la constitution de Vatican II sur l’Eglise), tous les baptisés sont chargés de répandre cette bonne nouvelle à la face de la terre.

La Première Epître de Pierre l’affirme de manière somptueuse : « Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » (2, 9)

Combinant des citations du prophète Isaïe (43, 20-21) et de la Loi dans le Livre de l’Exode (19, 5-6), ce passage dit la dignité de chaque membre de l’Eglise, configuré à l’image du Christ « prêtre, prophète et roi » : par l’onction baptismale (qui se dit en grec « Christ »), chaque fidèle est :

• Prêtre, exerçant son sacerdoce en s’offrant lui-même et toute son existence au Père.

• Roi, au sein du nouveau peuple élu, chargé de rassembler des communautés et de servir les plus petits.

• Prophète, porte-parole du Seigneur, « responsable » (il en répond) de la Parole divine devant le monde.

C’est la raison pour laquelle le dernier concile consacre un document entier à « l’apostolat des laïcs » (Apostolicam Actuositatem) : tous les membres de la nation sainte sont « apôtres », successeurs des Douze appelés par Jésus, mandatés pour témoigner de la joie de l’Evangile (Evangelii gaudium) et de l’amour (Amoris Laetitia) dans leur couple et leur famille, pour reprendre le titre de deux exhortations récentes du pape François.

Car, poursuit la lettre de Pierre, « autrefois nous n’étions pas un peuple et maintenant nous sommes le peuple de Dieu, nous n’obtenions pas miséricorde et maintenant nous avons obtenu miséricorde » (2, 10).

Ainsi, nous sommes des pierres vivantes autour du Christ, pierre d’angle, pour la construction du Royaume de justice, de lumière et de paix.

Iris Andrey et Luc Ruedin: écouteurs de rue

« L’écouteur de rue est une présence gratuite de l’Eglise, avec la gare à Fribourg, comme circonscription. Nous ne portons pas de signe distinctif. Les jeunes
qui nous connaissent savent que c’est à la gare qu’ils nous trouvent. » Iris Andrey et le Père Luc Ruedin sj, œuvrant dans la pastorale de rue, témoignent de cette présence de l’Eglise auprès des jeunes.

Propos recueillis par Véronique Benz
Photos : Véronique Benz, Dominique Grobety
Il est 15h. Avant de partir pour la gare de Fribourg, Iris prend un petit temps de prière dans l’oratoire du Centre Sainte-Ursule. « J’aime confier au Seigneur les gens que je vais rencontrer, ce dont nous allons parler. Nous n’allons pas seuls auprès des jeunes. Nous sommes envoyés. » Après ce petit temps de prière, nous nous dirigeons vers la gare. C’est là qu’Iris, trois jours par semaine – lundi, jeudi et vendredi durant trois heures (de 15h à 18h environ) –, se met à l’écoute des autres.

Devant la gare, une jeune femme s’approche de nous. Iris la salue et me présente. Si la conversation débute par des banalités, très vite, la jeune femme aborde l’essentiel. Elle confie son chagrin suite à la perte d’un de ses animaux. Plus loin, Iris voit un jeune qu’elle connaît, elle va à sa rencontre. Elle se promène partout dans la gare, devant, derrière et sur les quais. Tout se vit dans la spontanéité. « Je viens d’entamer ma troisième année, parmi tous les jeunes que j’ai rencontrés, un seul m’a dit qu’il n’avait pas besoin de mon écoute. » La plupart du temps, elle soutient les jeunes dans le domaine de la relation à l’autre, parfois au Tout Autre, mais aussi dans le domaine de l’estime de soi. Elle leur transmet des valeurs qui peuvent les aider à se construire. Il y a aussi des jeunes en situation de précarité et certains qui ont des problèmes liés à la consommation d’alcool ou de drogue.

« L’une des prémisses de notre travail à la pastorale de rue est le non-jugement. Ce principe est fondamental. Sans le non-jugement nous ne pouvons pas réellement accueillir l’autre tel qu’il est là où il en est de son parcours de vie, dans un mouvement d’empathie et de bienveillance authentiques. » Iris avoue que les jeunes font confiance et sont souvent très reconnaissants. « Je me nomme, je dis que je viens de la part de l’Eglise. C’est important qu’ils sentent que nous sommes là comme représentants de quelqu’un de plus grand. C’est un témoignage évangélique en soi. »

Iris me confie : « Nous sommes là gratuitement pour écouter les jeunes. » « Le fait qu’ils ne nous doivent rien est quelque chose de particulier pour eux, car souvent ils sont passés dans des lieux où il n’y avait rien de gratuit », poursuit le Père Luc Ruedin.

Soudain Iris regarde sa montre. Elle a rendez-vous avec une jeune qu’elle suit de manière plus régulière. « Ces jeunes-là, je leur donne rendez-vous autour d’un verre. J’ai la joie d’avoir pu voir de belles évolutions. »

Le Père Luc Ruedin a lui aussi son petit rituel lorsqu’il se rend à la gare. Il s’assied sur un banc et prend 10 à 15 minutes pour méditer, afin d’être disponible à l’accueil de l’autre. Le but est de pouvoir offrir une écoute bienveillante et bien-aimante essentiellement aux jeunes. « Je commence par saluer les personnes que je croise. J’entre en contact avec elles, par des moyens détournés. Tout à coup, on ne sait pas pourquoi, les gens abordent les questions existentielles. » Le Père Luc pratique aussi un accompagnement spirituel dans la rue. « Il y a un travail d’écoute et de prise de conscience. Je me rends compte que cela marque les personnes. » Pour Luc Ruedin, être aumônier de rue, c’est écouter la rue, écouter ceux qui sont dans la rue, écouter le travail des esprits et ouvrir un espace de parole.

Pour Iris, être écouteuse de rue, engagée par l’Eglise, c’est monter dans le char de l’autre comme l’eunuque dans la Bible. « Dans la rue, nous n’allons pas pour donner ; dans la relation à l’autre, nous sommes d’égal à égal. Nous recevons tout autant que nous donnons. Je suis habitée par une joie qui me dépasse. Ces rencontres provoquent un élargissement de mon cœur et ça me permet de grandir en humanité. »

A côté d’Iris et du Père Luc, plusieurs bénévoles assurent une présence à la gare. Ce jour-là, je fais la connaissance de Sœur Véronique, religieuse de Saint-Vincent de Paul.

« A l’aube quand s’éteint la nuit,
dans l’immensité perdue au creux du vide, vient enfin l’aurore,
là se trouve et s’éprouve, zébrant l’espace, la lumière qui luit. »
Luc Ruedin sj,
poème composé dans la rue

Luc Ruedin et Sœur Véronique.
Luc Ruedin et Sœur Véronique.

Biographies

Iris Andrey est maman de trois enfants. Psychologue, elle suit, à temps partiel, des études de théologie à l’Université de Fribourg. Elle est au service de la pastorale jeunesse durant la pause de midi au Centre Sainte-Ursule et écouteuse de rue à la gare de Fribourg.

Neuchâtelois d’origine, Luc Ruedin est prêtre. Il a été travailleur social avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus sj. Après plusieurs expériences autour du monde, il est en Suisse, à Notre-Dame de la Route, depuis cinq ans. Il est accompagnant spirituel au CHUV, écouteur de rue à la gare de Fribourg et formateur d’adultes, notamment pour les Exercices spirituels selon saint Ignace.

Revisiter le fondement de son baptême

Par Thierry Schelling
Photo : CIRIC
Crise des vocations sacerdotales et religieuses, vraiment ? Que dire de leur regain dans le Chemin néocatéchuménal, les séminaires indiens ou certaines communautés monastiques, quand ce n’est pas à Ecône ou à Saint-Martin…

Du latin vocare, « appeler », le mot vocation a été reprécisé au Concile Vatican II, qui affirme que tout baptisé (le laïc) a une vocation générale : « chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu ». Ils sont appelés à être « apôtres », ni plus ni moins, dans la société et leur communauté. Nos paroisses respirent par ces vocations-là : conseillers, chantres, enfants de chœur, catéchistes, secrétaires, sacristains et même fleuristes  peuvent (et devraient) se concevoir comme des appelés à des ministères bénévoles à la portée de tous, moyennant au préalable quelques qualités et disponibilités et, si nécessaire, une formation ad hoc. C’est la vocation de base en Eglise au nom du baptême commun !

Mais il y a une vocation spécifique : au sacerdoce ou à la vie religieuse contemplative ou active (sœurs, moines…). C’est aussi une vocation à déploiement universel qui procède (ou du moins devrait procéder…) d’un appel personnalisé, particulièrement fort – Dieu choisit sans mérites ni prédispositions spéciales mais juste par amour – et qui va engager toute la vie de la personne au rythme d’étapes officielles : noviciat, séminaire, vœux, ordination… Mais cette vocation spécifique ne saurait servir – restant sauve la liberté de Dieu ! – sans le vécu préalable de la vocation générale au nom de son baptême.

Alors oui, moins de prêtres, mais toujours plus de laïcs qui s’engagent lorsqu’un curé est sensible aux charismes et aux besoins d’une communauté. Certes, il est plus ardu aujourd’hui de « vendre » la vie religieuse ou sacerdotale, avec son abstinence sexuelle alors que nous côtoyons des pasteurs, des prêtres mariés (la tradition orientale) ou d’ex-confrères passés à la Réforme « juste » parce qu’ils ont une famille de chair. Il n’empêche, éveiller les vocations générales à s’incarner au service de l’église-bâtiment et/ou de l’Eglise-communauté, est un défi constitutif de la vie de l’Eglise ! Ne nous lassons pas de réveiller la vocation de chaque baptisé, car Dieu, Lui, les a déjà pour le service de nos communautés particulières ; discernons où le vent souffle…

Autel de verre à Mézières (FR)

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
L’église de Mézières permet de rencontrer en une visite une brochette d’artistes, dont une partie appartenait au groupe Saint-Luc.

Outre l’architecte Fernand Dumas, Eugenio Beretta et Marcel Feuillat ont contribué à la beauté de cette église.

Le mobilier liturgique est en verre, avec primitivement table de communion aujourd’hui disparue. Un nouvel autel, fidèle au verre, a pris place devant l’ancien. Le fond du chœur est une immense représentation de saint Pierre en prison, peinte sur verre.

La verrière représente saint Pierre  en prison, réveillé par l’ange libérateur. La technique est une peinture sur verre : ce que l’on voit est l’envers de l’original. On connaît peu d’exemples de cette technique, surtout en grande surface. Cette réalisation passe pour la plus grande du monde…

Il en ressort une impression d’infini, de transparence : comme si l’on voyait l’invisible.

Eglise de Mézières (FR), consacrée par Mgr Besson en 1939.

Architecte : Fernand Dumas, vitraux : Yoki, peinture sur verre : Eugenio Beretta… et bien d’autres artistes.

Les laïcs et les femmes

Par Jean-Luc Wermeille
Photo : Jean-Claude GadmerLa place des laïcs, le partage des missions entre femmes et hommes sont des questions fondamentales qui se posent dans toutes les Eglises et sur tous les continents. Certaines Eglises n’ont pas de clergé et ne s’en portent pas si mal ! Regardez chez les mennonites par exemple : ce sont les anciens (ou conseillers de paroisse) qui animent les cultes. Le résultat est parfois excellent : prêche proche des réalités vécues, intégration des femmes et des plus jeunes, sensibilité sociale forte, etc. Il est fondamental de promouvoir des communautés fraternelles.

Dans l’Eglise catholique, l’apostolat des laïcs est plutôt censé s’incarner au quotidien, du lundi au samedi notamment. Un témoignage précieux mais pas toujours compris dans nos sociétés de plus en plus sécularisées. Les grandes ouvertures du Concile ont permis des réalisations magnifiques. Parfois cependant, ces légitimes aspirations ont été canalisées, voire resserrées. La culture catholique n’est pas toujours habituée à confier des pouvoirs à des laïcs, encore moins à des femmes. Les prendre davantage au sérieux donnerait à notre Eglise un supplément d’âme. J’en suis convaincu.

L’apostolat des laïcs

Une participation à la mission de l’Eglise

En vertu de son baptême et de sa confirmation, tout chrétien est appelé à participer à la mission salvatrice de l’Eglise. En dehors des nombreux services que chacun peut rendre, c’est d’abord par sa vie et ses actions que l’on témoigne de sa foi. Pour nous aider à vivre notre foi dans le quotidien, il y a différents mouvements, dont la plupart en Suisse romande font partie de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs.

Par Véronique Benz
Photos : Jean-Claude Gadmer, Pascal Tornay, Ldd

 C’est le Concile Vatican II qui a rappelé de manière insistante le rôle spécifique des laïcs au sein de l’Eglise en vertu de leur baptême. « La vocation chrétienne est aussi par nature vocation à l’apostolat. […] Le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien. » (Apostolicam Actuositatem 2, 1965)

Servants de messe, sacristains, lecteurs, auxiliaires de la communion, animateurs liturgiques, fleuristes, organistes, choristes, catéchistes, visiteurs des malades, membres d’un Conseil pastoral ou paroissial, conférences Saint-Vincent de Paul… ils sont nombreux et variés, les engagements que prennent les laïcs au service de l’Eglise. « Les mouvements d’apostolat des laïcs permettent aux chrétiens de vivre leur foi avec l’aide d’une spiritualité ou d’une mission particulière », affirme l’abbé Christophe Godel, vicaire épiscopal pour le canton de Vaud et délégué à la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL).

Une communauté de mouvements au service de l’Eglise

« La Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) a pris naissance en 1968. Ses statuts ont été adoptés en 1984 », explique Melchior Kanyamibwa, actuel secrétaire de la CRAL. « La CRAL a pour buts de soutenir et de développer l’action des mouvements de laïcs engagés dans le monde et dans l’Eglise, de promouvoir le laïcat, d’éviter la dispersion des forces apostoliques et d’être un répondant auprès des évêques et dans l’Eglise. La CRAL ne s’immisce pas dans la vie de ses membres », précise son secrétaire. Actuellement, la CRAL compte 23 mouvements reconnus par les évêques et actifs en Suisse romande. Chaque mouvement a ses options particulières, sa méthode de réflexion et de travail, son terrain d’action spécifique. Mais tous partagent une tâche commune d’évangélisation. (Cf. encadré Les membres de la CRAL)

Vitalis

« Actuellement font partie de la CRAL des mouvements qui ont une présence assez ancienne dans l’Eglise et nous aimerions rejoindre ceux qui sont arrivés récemment », remarque l’abbé Christophe Godel. « En tant qu’organe faîtier, nous devons valoriser les mouvements laïcs en Suisse romande bien au-delà de nos membres, relève Pascal Tornay, membre du bureau de la CRAL. Au sein du bureau, nous avons essayé de redéfinir les valeurs et les objectifs fondamentaux de la CRAL. Nous avons également constaté que les mouvements d’apostolat des laïcs se connaissent peu entre eux et qu’ils ont tendance à rester repliés sur eux-mêmes. » Ainsi est né le projet Vitalis qui a pour but la revitalisation des liens entre les mouvements et les organisations de laïcs catholiques en Suisse romande. « Ce projet comporte trois temps. Premièrement : partir à la recherche et à la rencontre de nouveaux mouvements laïcs. Ensuite : créer de nouveaux liens de communion, valoriser le travail des laïcs aux yeux du monde et trouver un chemin d’unité dans le Christ. Enfin : manifester ensemble au monde la joie qu’il y a à être les disciples du Christ Jésus et à vivre en ressuscités ! », note Pascal Tornay. Ce projet, qui a débuté il y a un peu plus d’une année, se clôturera en 2018 par une grande fête à Lausanne.

« L’Eglise est communion, la CRAL est au service de cette communion des mouvements entre eux et avec l’Eglise locale », souligne l’abbé Christophe Godel. La CRAL est une partie de l’apostolat des laïcs, un morceau d’un tout infiniment plus grand, que son bureau a essayé de résumer à travers cette petite charte :

Un monde humain : une tâche pour les chrétiens.

La Parole de Dieu comme source.

L’autre comme visage.

La prière comme relation.

La justice comme condition.

L’espérance comme moteur.

L’à-venir comme défi.

La communion comme but.

Dimanche de l’apostolat des laïcs

Chaque année, en Suisse romande, le premier dimanche de février est dédié à l’apostolat des laïcs. L’objectif est de nous sensibiliser, nous chrétiens, à notre vocation et mission de baptisés. Cette journée est également une occasion d’établir des liens entre paroisses et mouvements, de sensibiliser à la vie des mouvements, à l’engagement du laïcat, ainsi qu’aux événements importants dans l’Eglise.

Cette année, le dimanche des laïcs sera célébré le 5 février. Il aura pour thème : « Sel de la terre, lumière du monde : Quelle est notre mission ? »

dessin_lumieremondeLes membres de la CRAL

Selon leurs spécificités, les mouvements de la CRAL se regroupent dans trois coordinations :

• L’ORMAC regroupe les mouvements de l’Action catholique. Il y a : l’Action chrétienne agricole romande (ACAR), l’Action catholique générale (Vie et Foi), l’Action catholique des milieux indépendants, la Communauté de travailleurs chrétiens et le Mouvement d’apostolat des enfants et préadolescents – Action catholique des enfants (MADEP – ACE). Les mouvements d’action catholique sont soucieux de porter l’Evangile dans leur milieu, de former des militants engagés dans le monde. Le Christ et son Evangile sont révélés à partir du vécu des personnes.

• Font partie de l’éducation de la foi les mouvements comme : le Centre de préparation au mariage (CPM), Espérance et Vie, Foi et Lumière, la Fédération romande des organisations catholiques des malades et infirmes, le laïcat missionnaire en Suisse romande, le Mouvement chrétien des retraités – Vie montante, le Mouvement franciscain laïc, Pax Christi et Vivre et Aimer. Ces Mouvements ont pour vocation de développer un accompagnement, un service, une formation, une attention à des conditions ou des états particuliers, en vue de mieux comprendre la signification de la foi engagée.

• Le troisième groupe comprend les mouvements de spiritualité tels que : l’Apostolat de la prière, l’Association des retraitants paroissiaux, la Communauté Fontaine de la miséricorde, les Communautés laïques marianistes (ou Fraternités marianistes), les Fraternités des laïques du Carmel et les FOCOLARI. Ces mouvements aident leurs membres à vivre selon des spiritualités diverses et particulières.

Adresse

Secrétariat de la CRAL :
026 321 26 88, rue des Alpes 7
1700 Fribourg – www.lacral.ch

La Passion

Par Pascal Bovet
Photo : Jean-Claude Gadmer
Voilà bien un thème commun aux Eglises chrétiennes. La tradition protestante et réformée a lutté contre les images religieuses et a souvent produit des temples dépourvus d’images. Or voilà une réalisation imposante dans une église protestante ; pratiquement entièrement peinte.

Dans la création romande, l’Eglise catholique a connu son renouveau au groupe Saint-Luc ; une amorce d’un mouvement semblable a existé dans l’Eglise protestante. Avec des artistes comme le Neuchâtelois Charles l’Eplattenier et le Vaudois Théophile Robert.

Par exemple, la fresque de l’Eglise de Coffrane (NE). Charles l’Eplattenier l’a illustré avec une œuvre qui a pour titre « La Passion ». Cette dernière comprend : une descente de la croix, une résurrection et la gloire de Jésus. De plus, Jésus « qui est vivant aux siècle des siècles » trône au-dessus de la porte.

Le mystère de Pâques est donc représenté, dans un genre descriptif à la mode au temps de l’Art Nouveau. Il a l’avantage d’être facilement compris, comme une prédication simple et limpide.

Eglise protestante de Coffrane (canton de Neuchâtel). Peinture de Charles l’Eplattenier (1874-1946) lors de la restauration de 1932-1933.

Virginie Gaspoz

Propos recueillis par Vincent Lafargue
Photos : LDD

T’es-qui?
Virginie Gaspoz, 28 ans, mariée, future maman, d’Evolène (VS).

 Tu t’engages où?
Nouvelle présidente de la commune d’Evolène (parti chrétien-social), membre de l’association « Arc-en-Ciel ».

Virginie, pour toi, l’Eglise de demain sera… ?
Ouverte… elle continuera le chemin entamé, s’engageant dans la modernité, étant beaucoup plus sur une approche d’amour de son prochain, d’aide et de pardon plutôt que de faire peur et de sanctionner les comportements.

Tu viens de devenir la plus jeune et la première femme présidente de ton village, Evolène. Comment abordes-tu le fait d’avoir été élue ainsi ?
Je suis très enthousiaste, j’ai envie de me mettre au travail. Le très bon résultat de l’élection me montre que les gens sont derrière moi. Je compte sur leur compréhension et leur soutien.

Dans le nom de ton parti, il y a « chrétien » et il y a « social ». Que mets-tu derrière ces mots ?
Avec le mot « social », les fondateurs ont voulu jadis se démarquer des conservateurs. Ce terme me convient bien, il rappelle que l’on doit être au service de la société. Quant au mot « chrétien », il fait écho aux valeurs inculquées par notre éducation, tant par nos parents, par l’école que par l’Eglise.

Qu’est-ce que le groupe « Arc-en-Ciel » dont tu fais partie ?
C’est le groupe d’art traditionnel de la commune d’Evolène, créé pour mettre en avant notre costume traditionnel et les autres arts de notre région, en particulier la musique et la danse. On forme une belle famille tous ensemble.

Tu es une personne à la fois attachée aux traditions et en même temps novatrice. Que dirais-tu aux jeunes qui hésitent à s’engager pour la défense de certaines valeurs ou traditions ?
Je crois qu’il faut se connaître soi-même, savoir ce qui nous rend heureux. Si c’est une tradition, une religion, un enracinement, il faut se donner les moyens de concilier nos ambitions et ce cadre de vie qui nous épanouit et s’y engager.

Pour aller plus loin

Une vidéo du festival CIME organisé par l’Arc-en-Ciel :

Le site de la commune d’Evolène :
www.commune-evolene.ch

En librairie – janvier 2017

Par Claude Jenny, avec Sœur Franciska Huber, libraire à la Librairie Saint-Augustin de Saint-Maurice

Une revue

quelle_vie_apres_la_mortQuelle vie après la mort ?

Le dernier hors-série de « Famille chrétienne » est tout entier consacré au thème de l’après-mort. Un sujet délicat traité sous de nombreux angles par les divers chroniqueurs de ce fascicule présenté de manière très attractive. Tout y abordé. Notamment ce qu’il y a après la mort. Ou encore : faut-il communiquer avec les morts ? Si oui, comment hormis par la prière ? Un document un peu racoleur, mais intéressant s’il est lu avec un regard aiguisé.

Un livre 

plus-grand-amourIl n’est jamais trop tard…
de Michael Lonsdale

Chacune des productions artistiques de ce grand monsieur qu’est Michael Lonsdale est attendue parce que d’une qualité rare. Son dernier livre « Il n’est jamais trop tard pour le plus grand Amour – Petit traité d’espérance » ne fait que confirmer la règle ! Il raconte, partage avec le lecteur, ce lien d’amour qu’il a tissé avec Dieu.

Editions Philippe Rey, 2016

Un livre 

christiane-ranceLes carnets spirituels
de Christiane Rancé

Suivant Saint-Exupéry (« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux »), Christiane Rancé, bien connue des lecteurs croyants, nous offre des méditations qui célèbrent la beauté du monde, de ses paysages et de nos rencontres. Un petit livre truffé de lumière, hautement bénéfique. Un régal !

« En pleine lumière », Editions Albin Michel, 2016

Un CD

choeur-du-seminaireLe Chœur du Séminaire français de Rome

Seize compositions réunies sous le label « Misericordia in Aeternum » ou quand le chant choral religieux porte une dimension sublimement vivifiante. C’est le cas avec ce CD de haute tenue d’un ensemble peu connu, celui du Choeur du Séminaire français de Rome qui apporte un prolongement vocal à la récente Année de la Miséricorde.  Une belle découverte.

Editions Jade, www.boutiques-theophile.com ou excultet.net ou jade-music.net

Un livre 

ulf-ekmanDe la megachurch à l’Eglise catholique 

Ulf Ekman était l’un des gourous les plus écoutés au nord de l’Europe. Il avait réussi à réunir un quart de million de fidèles dans un réseau de communautés évangéliques. Puis il a viré de bord, devenant catholique.  Dans ce livre-entretien, il raconte le chemin de sa conversion, de sa trajectoire atypique. Un livre témoignage.

Editions du Cerf, 2016

La Réforme en Suisse

Par Jean-Luc WermeilleLa critique du trafic des indulgences par Luther (1517) aboutit à son excommunication (1521). Les idées nouvelles circulent néanmoins en Helvétie via Zurich et Bâle. Le passage à la Réforme de Zurich (1525) les fait progresser en Suisse orientale tout d’abord. L’abolition de la messe à Berne (1528) marque ensuite une étape décisive pour la Réforme car des villes alliées lui emboîtent rapidement le pas : Bienne, Mulhouse, Bâle, Schaffhouse, Neuchâtel. Par l’intermédiaire de Farel, Berne fait également pression pour imposer la Réforme à tous les bailliages sur lesquels elle exerce une influence politique (Aigle, Morat, Grandson, Orbe, Echallens). En 1536, en venant libérer Genève qui vient d’adhérer à la Réforme, Berne contribue à l’abolition de la messe dans de vastes territoires appartenant jusqu’alors à la Savoie comme le Pays de Vaud, le Pays de Gex et la région de Thonon. Dans les villes épiscopales (Genève, Lausanne), une partie des bourgeois espérait gagner en influence en se débarrassant de l’évêque. Par contre, les résistances à la Réforme sont particulièrement vives dans des régions montagneuses comme Les Ormonts (VD) ou le Hasli (BE). Dans certaines villes comme Grandson, Orbe, Echallens, Le Landeron, Sion, Loèche, Porrentruy, le débat entre les deux camps est vif et perdure de longues années.

La justification par la foi

Par François-Xavier Amherdt
Photo : CIRIC
« Ainsi Abraham crut-il en Dieu, et cela lui fut compté comme justice. » (Galates 3, 6) Ce ne sont pas les œuvres que nous faisons qui nous « obtiennent » le salut, comme on « mérite » un diplôme en accumulant les points crédits. Nous ne le dirons jamais assez, avec Paul et Thérèse d’Avila : « Ma grâce te suffit », nous confie le Seigneur, « Sola gratia », proclamait déjà Luther, il y a 500 ans.

La thématique court à travers toute la Lettre aux Galates à propos de l’attitude répréhensible de Pierre : celui-ci en effet renonce à prendre ses repas avec les païens à Antioche, sous la pression de chrétiens de l’entourage de Jacques à Jérusalem issus du judaïsme et réticents à abandonner les pratiques de la Loi de Moïse, comme la circoncision ou l’interdiction de partager la table avec des non-circoncis (cf. Galates 2, 11-14). Paul fait alors de vifs reproches au « chef des apôtres » et réaffirme son évangile : « Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi. Je n’annule pas le don de Dieu : car si la justice vient de la Loi, c’est donc que le Christ est mort pour rien. Ainsi, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » (Galates 2, 20-21) « Sola fide », clame également Luther, hélas pas entendu en 1517 : c’est la foi seule qui sauve, développe l’apôtre des nations en Galates 3-4. C’est elle qui nous ouvre à l’action de la grâce et à l’œuvre de l’Esprit Saint et nous fait entrer dans le monde de la promesse.

Après l’Année sainte de la Miséricorde, au cours de laquelle il s’agissait de recevoir l’indulgence plénière du Père, et non de la « gagner », cette question de la justification par la foi, cœur de la Réforme prônée par le moine de Wittenberg, demeure – hélas pourrait-on dire – plus actuelle que jamais. Et dire qu’il a fallu près de 500 ans pour que la Fédération luthérienne mondiale et l’Eglise catholique signent un accord à ce propos en 1999 ! Nous sommes sauvés non par nos œuvres, mais en vue de poser des œuvres de miséricorde !

Réformes et transitions!

Par Pascal Bovet
Photos: DR, Jean-Claude Gadmer


La Réforme du XVIe siècle
La grande division de 1054 a donné naissance à une Eglise chrétienne divisée en Eglise orthodoxe, surtout orientale, et en Eglise latine dite romaine, surtout occidentale.

Cette Eglise latine a connu des réformes locales (cathares, Vaudois, hussites) mais la grande remise en question est celle initiée au XVIe siècle par les thèses de Martin Luther, suivies par des Réformateurs.

Quelques causes

Une pensée prenant en compte l’Antiquité païenne se développe à la Renaissance ; les mythes antiques sont à la mode. Le retour aux origines semble répondre aux questions du moment, et en même temps, le passé est mis à l’épreuve des découvertes.

Une dimension mondiale élargie : Christophe Colomb ouvre la porte à la mondialisation. Copernic annonce Galilée avec sa compréhension du cosmos.

L’Eglise contrôle la pensée qui doit répondre à celle de Dieu. Devant la mort si présente avec les épidémies de peste, une inquiétude : qu’est-ce que l’homme ? Qui est Dieu ?

L’invention de l’imprimerie rend possible et rapide la propagation de la pensée nouvelle.

Des pratiques devenues courantes dans l’Eglise ajoutent à la confusion: la conduite de ses ministres, grands et petits, est critiquable et leur formation fort légère. Les indulgences qui semblent acheter la grâce de Dieu et le salut, la commande qui permettait aux princes de placer leurs pions dans les évêchés avec cumul des prébendes… Martin Luther a bien su les relever. Il prône un retour aux origines pures de l’Eglise et rejette ce qui apparaît comme des ajouts : vénération des saints, sacrements, hiérarchie, etc.

S’appuyant rapidement sur les pouvoirs en place, la Réforme a eu pour effet paradoxal de renforcer le pouvoir civil sur celui de l’Eglise. Le principe « telle région, telle religion » a mis sur les routes bien des chrétiens, catholiques et protestants.

500 ans plus tard

En ce début du XXIe siècle, Galilée a eu raison ; on a même visité ces régions lointaines et on s’est rendu compte que l’univers est encore plus vaste que ce qu’on avait imaginé. On scrute l’infiniment grand comme l’infiniment petit. La pensée a connu sa révolution et des « Lumières » lui ont redonné un éclat. L’homme est mieux connu, jusque dans son psychisme et son corps. Menacé par la maladie, il tend à se protéger jusqu’au refus de la mort.

La communication est à portée de chacun, rapide, sans secret. Des royaumes se sont mués en démocraties qui s’unissent et se laïcisent. Les populations tendent à s’agglutiner dans les cités, laissant aux campagnes une vocation écologique; on délocalise en mondialisant. L’homme en est-il plus heureux? A-t-il encore un lien nécessaire avec Dieu ?

Réaction catholique

L’Eglise du XVIe siècle a entendu en partie les contestations et y a répondu par différents moyens, dont le Concile de Trente que l’on appelle quelquefois la Contre-Réforme.

A la fin du XIXe siècle, elle a tenu concile et a consolidé le pouvoir du pontife de Rome, allant ainsi à l’opposé des vues de la Réforme. A la fin du XXe siècle, un nouveau concile lui permit cette fois-ci d’avoir un regard plus vaste sur son rapport au monde et sur son propre fonctionnement.

Mais les grandes déclarations officielles n’épuisent pas les aspects pratiques qui subsistent quand de nouvelles problématiques naissent : le vaste domaine de la procréation avec ses possibilités techniques, les relations interhumaines mises en évidence lors du dernier Synode sur la famille, l’universalité de l’Eglise de plus en plus difficile à gérer pratiquement, la place des laïcs et spécialement des femmes dans l’Eglise, les relations de l’Eglise avec les autres communautés de foi reviennent régulièrement en discussion.

Réforme perlée?

L’Eglise est toujours à réformer (Ecclesia semper reformanda) : l’adage traverse l’histoire chrétienne de saint Augustin à Karl Barth. Une réforme aujourd’hui ? Un contexte nouveau s’est façonné. Il met au premier rang non plus la référence à Dieu, mais la liberté de pensée et de croyance. Contester Dieu était encore une manière de lui laisser une place ; l’indifférence l’ignore. A chacun sa foi et sa liberté de conscience, si possible éclairée.

Pourtant on a des raisons de regarder en avant avec confiance. La pratique du gouvernement de l’Eglise donne des signes de renouveau. La démission surprise du pape Benoît XVI tord le cou au concept d’un pape « à vie », lui qui a reconnu, dans ses dernières conversations, que l’Eglise doit trouver une nouvelle forme de présence. Le choix d’un pape « venu d’ailleurs », la manière de François de se présenter comme évêque de Rome avant d’être pape permet un autre ton dans le dialogue œcuménique. Son initiative de sonder les catholiques durant le dernier Synode sur la famille va dans le sens d’un décentrement de la seule curie romaine au profit du peuple de Dieu. Sa détermination à mettre de l’ordre dans les dossiers de la banque du Vatican ne déplairait pas à Luther et le remaniement de la curie est en voie de réalisation. Symboliquement, son refus de loger dans les appartements traditionnels du palais et l’abandon de certains signes pontificaux montrent son souci d’une image renouvelée de l’Eglise catholique.

Dans nos communautés

La réforme de nos communautés se fait-elle au même rythme ? La désertion des Eglises dans l’Eglise catholique, en Europe notamment, l’absence des jeunes dans les pratiques, le manque de prêtres sont des réalités figurant dans la liste des difficultés. La vie de famille inquiète beaucoup de monde, le mariage, la procréation dans des contextes difficiles, l’accompagnement en fin de vie interrogent les fidèles – pour combien de temps encore ? Le canton de Fribourg entreprend une démarche pour mieux entendre les désirs des fidèles, on cherche comment renouveler le dimanche et toucher les périphéries… Mission possible ?

J’ai fait un rêve…

Dans un contexte dominé par l’individualisme, j’ai vu naître, non pas une réforme solennelle et universelle, mais des réformes comme des gouttes de pluie, perlées, par régions, suivant les besoins du Peuple de Dieu. A l’écoute de la Parole de Dieu et des enseignements de la tradition de l’Eglise, chaque fidèle est responsable à l’intérieur d’une Eglise particulière, l’Eglise de Rome présidant comme autrefois à la communion de l’ensemble. Il a fallu un siècle pour que la Réforme s’installe ; combien de temps pour une Réforme perlée ? Pas de délai mais une réforme permanente.

Origine et avenir d’une révolution

Interview de Gabriel de Montmollin, directeur du Musée de la Réforme
Par Dominique-Anne Puenzieux

Pourquoi la Réforme ?
La Réforme de l’Eglise s’inscrit dans un mouvement plus large d’émancipation culturelle et politique en Europe. On redécouvre la richesse des philosophies antiques et avec elle la grammaire des langues anciennes. On aspire à lire la Bible dans ses idiomes originels pour les traduire en mots compréhensibles.

Que veut Luther ?
Martin Luther lance un mouvement pour réformer l’Eglise et recoller avec sa source originelle qui souligne l’absolue transcendance de Dieu par rapport aux activités humaines. Sa révolution réussit au-delà de ses vœux grâce à l’imprimerie et à la soif d’autonomie des populations.

Quelle réaction des catholiques ?
La Contre-réforme catholique participe aussi à l’essor de l’individu en rapprochant les prêtres de leurs paroissiens et en favorisant l’éducation, à l’instar des protestants. En Suisse, les querelles confessionnelles sont moins sanglantes qu’ailleurs. La paix religieuse profite, tout en la consolidant, de la capacité des cantons à mettre en place des compromis.

Et demain ?
L’avenir de ces deux confessions dépend de leurs capacités à emprunter à l’autre ce qu’elle a de meilleur : pour les protestants, l’inclination catholique à sacraliser  la nature à l’heure des désastres écologiques, pour les catholiques, l’inclination protestante à combiner solidarité et liberté alors que l’injustice sous toutes ses formes crée de nouvelles disparités.

Le monde bouge

Par Dominique-Anne Puenzieux
Photo : DRLe Pape twitte. Les jeunes catholiques s’informent sur les réseaux sociaux, communiquent par WhatsApp, Snapchat ou Periscope. Les lecteurs emportent leur pile de magazines dans leurs smartphones ou leurs tablettes. Les temps changent.

Fidèles à notre tradition d’innovation, nous développons en permanence notre offre digitale. Pour permettre à tous les publics, à tous les lecteurs, où qu’ils se trouvent et quelles que soient leurs habitudes, d’être touchés, informés.

Ainsi, d’ici quelques jours, nous allons maximiser le contenu de la presse paroissiale en l’exploitant sur les canaux digitaux, en plus du papier. Et ce avec les premières équipes locales qui ont accepté de tenter l’aventure.

Mais, il n’y a pas que la forme, il y a aussi le fond ! C’est pourquoi, à travers ce numéro de janvier, vous allez découvrir quelques nouvelles rubriques dans le Cahier romand. Car nous ambitionnons de toujours plus vous intéresser et de répondre à vos attentes.

Bonne lecture, sur papier ou sur digital !

Et tous nos vœux pour l’année qui commence.

« Vous devez être le sourire de Dieu », comme le disait Maurice Zundel.

Sandro Agustoni, aumônier de prison

« La prison est un milieu fermé, un milieu humain où la relation joue un rôle très important. » Sandro Agustoni fait partie de l’aumônerie œcuménique des prisons du canton de Neuchâtel. Il œuvre dans l’établissement de détention La Promenade et dans celui d’exécution des peines de Bellevue. Il essaie d’apporter en ces lieux un regard d’amour, celui du Christ.

Propos recueillis par Véronique Benz
Photos : Ldd
Aujourd’hui, il se rend à La Promenade, prison préventive. A son arrivée à 8h30, les gardiens l’accompagnent dans les différents secteurs. L’un d’eux lui transmet une feuille, il s’agit d’une demande d’un des prisonniers qui désire le voir. Il se rend chez ce détenu.

« Avec un prisonnier, nous abordons tous les sujets. Cela va de la pluie et du beau temps aux choses qui le préoccupent, à la manière dont il vit sa peine, dont il envisage de faire face à la situation. Je l’accompagne dans ce qu’il vit, en essayant de lui montrer le positif et l’espérance à venir. S’il a la foi, peu importe la religion, nous parlons de la manière dont il peut s’en nourrir durant ce temps d’enfermement. Parfois on prie ensemble. A Bellevue, établissement d’exécution des peines, nous évoquons aussi sa sortie et la façon dont il prépare sa réinsertion. »

« A Bellevue, je vais deux demi-
journées par semaine. Dans un établissement en exécution de peine, ta vie ressemble un peu à la vie normale. Tu te lèves, tu vas travailler dans les ateliers, tu reviens dîner, tu repars bosser… Pour rencontrer les détenus, j’essaie de favoriser les temps de pause. »

Sandro circule dans la prison, passant d’un étage à l’autre, échangeant au gré des rencontres. Il partage le repas de midi ou du soir dans un des secteurs avec les prisonniers. « C’est une bonne occasion de dialogues et de rencontres avec eux. »

Une présence gratuite

« L’aumônier est une présence gratuite pour le prisonnier. Nous sommes neutres, nous ne servons pas au système judiciaire. Nous sommes là simplement pour lui. L’aumônier peut créer des liens avec le psychiatre, le psychologue, l’animateur socioculturel, avec le personnel de la prison, les collaborateurs. Evidemment, il y a parfois des difficultés, des petites confrontations, mais l’aumônier est là pour amener la paix. »

Sandro parle des prisonniers qu’il côtoie avec beaucoup de pudeur et d’affection. Il essaie de regarder chaque détenu comme le ferait le Christ. « Même si la personne a fait du mal, car elle n’est pas en prison pour rien, il y a toujours une infime part de bon en elle. L’aumônier est là pour découvrir ce peu de bien et essayer de le valoriser. Ce n’est pas parce que je n’ai pas fait des choses illégales que je suis meilleur. Je peux aussi faire beaucoup de mal sans faire quelque chose d’illégal. Ceux qui ont fait des bêtises sont parfois plus proches de Dieu que les autres. Nous pouvons imaginer que nous sommes reliés à Dieu par un fil ; lorsque nous nous éloignons de son amour, le fil se casse. Chaque fois que le fil casse, Dieu fait un nœud, plus il y a de nœuds, plus le fil entre Dieu et nous est court et plus nous nous rapprochons de Dieu. »

Entre Gorgier et La Chaux-de-Fonds

Etablissement d’exécution des peines de Gorgier.
Etablissement d’exécution des peines de Gorgier.

Dans l’établissement de Bellevue à Gorgier, Sandro Agustoni anime une célébration de la Parole, parfois avec communion, le dimanche à 9h30. « Je propose toujours les lectures du dimanche. Ce sont de beaux temps de partage et de prière. » Dans la prison de La Promenade à La Chaux-de-Fonds, il y a entre 14h et 17h, plusieurs célébrations. L’organisation de la prison préventive est plus compliquée, car certains détenus, pour des raisons d’enquête et de procédure, ne peuvent pas être ensemble.

« Pour apprendre à connaître les prisonniers en vérité, il faut du temps. Mais ensuite une certaine amitié peut naître entre eux et moi. J’essaie de créer des ponts dans ce milieu interreligieux. Je participe aux fêtes des musulmans, car eux viennent aussi à la fête de Noël. »

« Les prisonniers ne sont pas tous des durs à cuire. Ce sont des êtres humains avec des émotions. » Sandro me cite en exemple un grand gars, beau, jeune, marrant, bien musclé car il suit des cours pour devenir professeur de fitness à sa sortie… une montagne. « Lorsque tu parles avec lui, tu découvres un être tendre, sensible et fragile. »

Prison préventive de La Promenade à La Chaux-de-Fonds.
Prison préventive de La Promenade à La Chaux-de-Fonds.

L’aumônier affirme que dans les prisons, il y a une grande concentration d’amour. « Dans la Trinité, il y a une circulation d’amour, cet amour vient jusqu’à nous. Si nous pouvons faire circuler un peu de cet amour dans des lieux où les gens ont reçu peu d’amour, alors Dieu est présent. »

L’après-midi, l’aumônier poursuit ses visites, croise les détenus, discute avec eux, individuellement ou en groupe. Il est 20h lorsque Sandro quitte la prison, le cœur empli des noms et des visages qu’il a croisés tout au long de la journée.

Biographie

Sandro Agustoni est né au Tessin. Il a vécu 3 ans comme séminariste au Salésianum à Fribourg. 

• 1990, engagé par l’Eglise du canton de Neuchâtel. 

• 1999, départ en Colombie avec la Mission Bethléem Immensee.

• 2002, retour en Suisse comme assistant pastoral pour les Montagnes neuchâteloises. 

• 2009, aumônier de prison à 50% et à 50% pour d’autres mandats. 

Sophie, maman célibataire

Les parents seuls aussi auraient voulu vivre un bel amour. Mais voilà, ils ne sont pas ou plus en couple. C’est le cas de Sophie. Difficile parfois. Mais elle avance, confiante, et nous fait partager ses ressources.

Par Bertrand Georges
Photo : Ldd
Pouvez-vous nous dire quelques mots de votre parcours ?
Après une enfance heureuse, j’ai connu une phase assez superficielle, alimentée par un salaire confortable et des expériences multiples. Tout ceci avait un côté fascinant mais ne me rendait pas heureuse. Durant cette période, j’ai rencontré celui qui deviendra le papa de mon fils Mikaël. La grossesse n’était pas prévue. Pourtant, il était hors de question pour moi de ne pas garder l’enfant. Avec le papa, nous avons tenté de bâtir quelque chose malgré tout, mais la relation a fini par casser.

Vous êtes donc maman seule. Comment vivez-vous cette situation ?
Dans l’idéal j’aimerais bien avoir quelqu’un à mes côtés. J’en ai parfois un peu gros sur le cœur. Mais même si je ne suis pas en couple, je ne suis pas seule. En effet, à l’occasion de la naissance et du baptême de Mikaël, je me suis posé pas mal de questions sur la foi et ai initié un chemin de retour à Dieu. Aujourd’hui, je peux dire que Jésus est à la première place, et cela me permet de tenir le coup au quotidien. Et puis j’ai mes parents, qui sont très disponibles. C’est précieux, pour Mikaël et pour moi.

Quelles sont vos ressources ?
La prière, les sacrements, les rencontres, les pèlerinages. J’expérimente vraiment que le Seigneur m’aide dans ma situation concrète. Et puis j’ai tout un réseau d’amis vraiment sympas sur qui je peux compter.

En plus vous trouvez le temps de vous engager ?
Le curé de la cathédrale de Sion m’a sollicitée pour l’animation de messes de familles et pour d’autres engagements liés à la communication. Je le fais volontiers parce que je suis habitée par un désir de servir. Nous sommes une belle équipe soudée. Et ça aussi ça fait du bien.

Enfin, je suis aussi heureuse de pouvoir donner ce témoignage, en souhaitant qu’il puisse encourager d’autres familles monoparentales.

Au sujet des familles monoparentales : « Quelle que soit la cause, le parent qui habite avec l’enfant doit trouver soutien et réconfort auprès des autres familles qui forment la communauté chrétienne, ainsi qu’auprès des organismes pastoraux paroissiaux. » Pape François, Amoris Laetitia, 252

Différences et complémentarités

Par Thierry Schelling
Photo : CIRIC
Pour le pape François, l’œcuménisme se décline au pluriel : celui théologique, nécessaire mais réservé aux élites pensantes. Or, la vérité chrétienne est d’abord une personne, Jésus-Christ, et donc invite à une rencontre : c’est l’œcuménisme de l’amitié et de la fraternité. Qui peut déboucher par exemple sur un mariage dit mixte pour un œcuménisme familial puisque les défis, les choix et les compromis sont d’abord au niveau du foyer. Plus universel, il y a celui de la prière et de la spiritualité partagées et vécues, comme ce que propose la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Enfin, celui du sang versé par les martyrs de la foi, sur lequel insiste beaucoup François. Y compris le martyre par des catholiques de membres d’autres Eglises, qu’il visite et à qui il demande pardon pour le mal commis entre chrétiens : les Vaudois italiens, les Luthériens suédois ou les orthodoxes du Phanar.

C’est le pape des gestes œcuméniques nouveaux : en octobre 2016, lui et Justin Welby, primat de la Communion anglicane, ont envoyé dix-neuf paires d’évêques des deux Eglises pour organiser des activités apostoliques ensemble ! Quel retournement de conduite après Pie XI qui, lui, en 1928, avait interdit aux catholiques… de participer au mouvement œcuménique ! Mesure-t-on le changement ?

Changement lent, certes : en Suède, en novembre dernier, pour le 500e anniversaire de la Réforme, le « traitement » médiatique ménagea concrètement la susceptibilité romaine : dans la cathédrale luthérienne de Lund, une prière œcuménique, en présence du primat de l’Eglise luthérienne suédoise, Antje Jackelén, et du curé, une autre femme, Lena Sjöstrand, s’est conclue par une déclaration commune cosignée par le Pape, les président et secrétaire de la Fédération luthérienne mondiale (deux hommes !) flanqués du cardinal Koch. Cherchez des photos de la signature, elles foisonnent ; de la prière commune avec Mesdames l’archevêque et le curé, beaucoup moins… Changement lent, mais certain, la cadence Bergoglio est donnée !

Le Noël de la famille Pittet

Quelque peu écoeurés par les excès commerciaux de la fête, Valérie et Daniel ont décidé de vivre Noël de manière différente.

Propos recueillis par Bertrand Georges
Photo : Ldd
Quand vos enfants étaient petits, vous avez décidé de vivre Noël autrement. Ça se passait comment?
Il est bientôt 17h. Il fait déjà nuit. Avec les enfants, on se met en route joyeusement. Il y a déjà du monde devant l’église. Chaque enfant reçoit une petite bougie à l’entrée. Il pourra la déposer devant l’Enfant-Jésus à la fin de la célébration. C’est la messe de la presque nuit de Noël.
Sur le chemin de retour, on discute de ce petit bébé, né dans le silence de la nuit avec juste son papa et sa maman et les animaux de l’étable. On parle de l’étoile qui a guidé les bergers et plus tard les mages. Une fois arrivés à la maison, le plus grand des enfants va allumer la bougie et le dernier va mettre le petit Jésus dans la crèche. Tout est calme et tranquille. On prend le temps de manger ensemble un repas froid, tout simple. On écoute quelques chants de Noël et le papa chante avec son orgue de barbarie. Il est déjà l’heure d’aller se coucher.

Et maintenant qu’ils ont grandi?
Le canevas reste le même. Un souper tout simple et déjà les garçons se préparent pour aller chanter la messe de minuit. Et le dernier chant, Douce nuit, résonne encore longtemps à nos oreilles, nous invitant à réfléchir à la simplicité de la venue de Jésus parmi les hommes. La nuit de Noël est là, un peu comme une parenthèse, un temps de renouveau dans la nuit, un temps donné pour offrir à Jésus nos pauvretés, nos solitudes. Pour dire merci, aussi. Pour prier le Prince de la Paix et être en communion avec tous ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un foyer chaleureux, qui vivent dans la solitude, la pauvreté ou les conflits.

Un Noël centré sur l’essentiel. Et les cadeaux alors?
On se dit qu’il y a tellement d’occasions de ripailler, d’être sur son 31, d’être éclairé de mille lumières et de déballer sans fin des cadeaux… Et plus particulièrement pour les petits, d’être fêté à la Saint-Nicolas ou aux Rois mages sans oublier le Nouvel An qui est l’occasion de faire plein de projets en famille et de s’offrir des cadeaux.

Communication: le pape à la pointe

Par Thierry Schelling
Photo: DrInstagram, Youtube, CTV et Radio Vatican, www.news.va, tweet et probablement téléphone (portable ?) – puisque l’on sait que de temps à autre, le pape François téléphone à des particuliers, enfants malades, amis argentins, collègues et confrères jésuites –, le pontife n’est pas en reste avec les moyens de communication modernes, même s’il continue à donner ses bénédictions Urbi et Orbi en latin!

De plus, une fois ouverts les grands chantiers de la Réforme de la Curie romaine, après la réorganisation et l’assainissement du système financier de la Cité du Vatican comme du Saint-Siège, avec la création du Secrétariat pour l’économie en 2014, c’est au tour des médias de recevoir les statuts du nouveau secrétariat pour la communication (créé en 2015), le 22 septembre dernier ad experimentum. Regroupant le plus que centenaire Osservatore Romano, et la Salle de presse du Saint-Siège, comprenant également un pôle théologique, c’est l’occasion de l’arrivée en masse de laïcs là où, au lendemain du Concile Vatican II, on aurait encore nommé des prêtres, des évêques titulaires et des cardinaux à la tête du dicastère. Des laïcs et des laïques, selon le vœu plus d’une fois répété par le Pape lui-même de voir les femmes en position de décision au sein de l’organigramme ecclésiastique.

S’il n’est pas polyglotte – et l’avoue humblement –, le Pape parle LA langue du cœur à tous et communique, par son image amboyante sans exagération ni ornements super us, le sourire de Dieu pour tous, et à chaque visage rencontré lors de ses déambulations en papamobile, par exemple. Il demande toujours à faire et à refaire le parcours prévu place Saint-Pierre afin de rencontrer par le regard ceux qui se trouvent des deux côtés du chemin qu’il emprunte motorisé, et ce, pendant presqu’autant de temps que la catéchèse qui précède.

Il communique. Immanquable- ment. Corporellement, en embrassant un patient atteint d’une terrible déformation faciale, ou des femmes, sans ambiguïté et avec chaleur – il y a un demi-siècle, on aurait glosé sur un Papa Montini ou un Roncalli étreignant quelque demoiselle ou grand-mère en audience filmée! Aujourd’hui, non. On en fait même des pages de calendrier.

Il communique aussi par son recueillement lors des célébrations: tête baissée, comme s’il dormait, alors qu’il s’enfonce en contemplation, les mains croisées, assis ou debout, avant de prier et de bénir. En fonction liturgique, il est d’une sobriété très… jésuite; en dehors, il exulte de jovialité. Et les Gardes suisses qui campent devant sa chambre à Santa-Marta ne manquent pas de relever son humanité toute pareille dans le quasi-privé de l’hôtel Vatican qu’en public. Le message est clair: Dieu est bon et miséricordieux envers tous !

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