Suivre mon chemin

Mais qui peut bien se cacher derrière les colonnes du journal local «Le Carrefour»? Me poser la question ne m’a pas suffi: une rencontre s’est imposée. Damien Rapalli est le rédacteur du «Carrefour» depuis août 2021. Nous nous sommes rencontrés à la suite de sa demande d’interview. Il souhaitait que je lui parle du Carême! Et voici que, saisissant la balle au bond, j’en profite pour vous le présenter aussi.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Damien a 26 ans et vit à Vétroz. Son patronyme trahit ses liens forts avec la Toscane. Damien a terminé ses études de Lettres à l’Université début 2021. Depuis longtemps déjà, le sport – spécialement le football – et la plume sont ses deux violons d’Ingres. Jeune homme affable et ouvert, il rédige actuellement non seulement pour « Le Carrefour », mais aussi pour la fameuse « Gazette des Reines ». Il lorgne sérieusement sur Le Nouvelliste qui serait pour lui une belle ouverture s’il pouvait décrocher un poste de stagiaire.

Comment est venue cette fougue pour la plume ?

En réalité, c’est devenir enseignant qui me bottait. Mais au fond, la petite voix du journalisme m’appelait plus fort. Les études, c’est nécessaire, mais ça me sature aussi assez vite. Ce qui me plaît davantage, c’est le terrain, la rencontre… le plus souvent avec des gens que je n’aurais jamais rencontré sans l’ancrage micro-local des journaux pour lesquels je rédige. C’est un job qui m’ouvre des horizons nouveaux. Il me permet de vivre une foule de situations différentes et il me met en contact avec des milieux étonnants.

En plus de pouvoir fonder une famille, un de mes rêves serait d’écrire un livre. Plus jeune, j’avais écrit un recueil de nouvelles que j’ai laissé dans un tiroir. Il me faudrait reprendre tout ça sérieusement.

Une famille ?

Oui, à 26 ans, ce désir est bien présent. J’espère pouvoir le concrétiser bientôt. Vous savez, une famille ça donne un sens à l’existence. C’est la perpétuation de la vie.

Et le Carême ?

Oui, je ne sais pas trop d’où m’est venu ce désir de vivre plus profondément le Carême cette année. Après 10 ans de rupture, je me suis dit qu’y revenir, ça pourrait me faire du bien. C’est aussi pour cela que je vous ai appelé pour une interview à ce sujet. Je trouve que les aspects religieux ont aussi leur place dans les colonnes des journaux locaux. Lorsque je disais à des amis que je voulais approfondir le sens du Carême, évidemment j’avais droit à des moqueries : « Tu crois encore à ces conneries. » Peu importe à mon sens, je suis mon chemin.

Et Dieu dans tout ça ?

Après la crise de foi de l’adolescence, j’avais envie de connaître, mais je remettais en question mes croyances. Je me disais : « Dieu n’est pas au ciel ! » Aujourd’hui c’est vrai que je ne prends pas le temps de m’adresser à lui. Les interactions entre la foi et la raison me questionnent. Si souvent, c’est lorsque l’on se retrouve dans une impasse ou une situation dramatique qu’on se met à prier. Je pense que la foi, ça donne un sens à l’existence, mais pour le moment je laisse tout aller. J’arrose de temps et temps et j’espère que ça pourra tout de même pousser…

«Moi, je suis plutôt timide alors j’aime quand les gens se bougent, s’expriment…» Damien Rapalli

Chez elles au Castel…

Dans notre dernier numéro, nous vous proposions une rencontre avec les Sœurs Anne-Françoise Sager et Verena Boss, actives à l’aumônerie de l’EMS Castel Notre-Dame. Nous publions aujourd’hui la fin de cette interview : une rencontre avec Sœur Claire Sierro et Sœur Marie-Thérèse Rieder, qui nous partagent ce qui les anime et les grands traits du chemin
qui les a conduites jusqu’au Castel.

This post is only available to members.

La primauté des saveurs

L’anagramme de saveur est « sauver ». La saveur est ce qui nous sauve. Sans saveur nous sommes perdus. Si nous méprisons le réel, au final, nous perdons la saveur qui fait notre vie. La Bible fait référence à la saveur : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi va-t-on le saler ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Mt 5, 13) En tant qu’êtres humains créés par Dieu, partageons la saveur du sel de la Parole vivifiante.

This post is only available to members.

« Ma peinture, mon destin, ma vie » : rencontre avec Laurence Bender

Laurence Bender est artiste peintre. Les mots prudents qu’elle emploie pour parler de sa peinture sont comme des phares qui jalonnent une côte déchirée. Sa peinture, c’est sa vocation, son destin, sa vie. Cet univers intérieur à partir duquel elle s’exprime et qui relie l’art et la spiritualité, lui colle à la peau depuis son plus jeune âge. Le 15 avril dernier, elle a présenté
à l’église de Martigny-Ville, lors de la célébration de la Passion, les quatorze stations d’un Chemin de Croix qu’elle a mis près de deux ans à réaliser.

This post is only available to members.

Chez elles au Castel…

Elles visitent les habitants, leur apportent la communion, les accueillent à la chapelle, les saluent lorsqu’elles les croisent dans la maison que leur congrégation a fondée en 1954. Mais qui sont donc les Sœurs du Castel Notre-Dame? Petites mains de l’âme, nos sœurs: Anne-Françoise, Verena ont accepté de partager ce qui les anime et les grands traits du chemin qui les a conduites jusqu’au Castel!

This post is only available to members.

Covid: une «expérience» mondiale pour quel avenir?

Le Covid et sa cohorte de restrictions me sont apparus comme une expérimentation mondiale d’étude des comportements face à une menace. Cela peut conduire à plus de soumission à une autorité sous le contrôle «scientifique» d’experts ou, au contraire, réorienter notre avenir vers plus d’humanité. Jusqu’où tiendra notre monde?

This post is only available to members.

La compétitivité : un broyeur pour la jeunesse actuelle ?

Dès l’école primaire, les enfants comprennent qu’être performant n’est pas facultatif. Il semble qu’exiger des enfants et des jeunes le meilleur d’eux-mêmes soit insuffisant! A l’image de notre société et du monde économique et professionnel actuels dont les milieux éducatifs sont l’antichambre, la formation serait-elle devenue un lieu de torture? Et au service de qui, de quoi? Les souffrances semblent être énormes autant que méconnues. Certains étudiants décident parfois de mettre fin à leurs études et à changer complètement de voie.

This post is only available to members.

La difficile gestion des abus en Eglise

PAR JEAN-PASCAL GENOUD | PHOTO : DR

On croyait ce genre d’épreuves réservées aux autres. On a vu récemment l’Eglise de France, ou encore le diocèse de Fribourg, en être profondément ébranlés. Et nous voici tout à coup touchés de près. L’affaire concerne notre Congrégation de chanoines et nos paroisses, impliquant des personnes que nous avons pu connaître et même hautement apprécier. J’ai entendu beaucoup de réactions critiques : « Pourquoi faire remonter ces affaires au grand jour ? N’y a-t-il pas un travail de sape d’une presse qui serait intéressée à ternir l’image de l’Eglise ? »

Je trouve pour ma part beaucoup plus intéressant le point de vue contraire de notre prévôt Jean-Michel Girard, déclarant, non sans une étonnante audace : « Malgré les profondes blessures causées par ces révélations, je suis content que la lumière puisse être faite. » Il fallait oser le dire !

En fait, on n’y comprend rien dans cette affaire si l’on ne prend pas ce virage pris en Eglise, sous l’impulsion du Pape lui-même, qui consiste à partir des victimes de ces cas tragiques d’abus spirituels ou sexuels. C’est en accueillant le long et exigeant travail intérieur, souvent sur plusieurs décennies, d’accès à la parole que notre point de vue peut changer du tout au tout. « La vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 32)

A partir de là, reste ouverte la question de savoir comment réagir. Entre un premier temps de refus de ce qui nous paraît impossible ou invraisemblable et un deuxième temps de sidération devant ce qui s’impose comme un mal inconcevable, il nous faut pourtant faire face au réel avec toutes les ressources de la foi et de l’humanité. La foi, avec ce qu’elle nous donne comme certitude de la victoire du Christ sur le mal. L’humanité, avec la conscience humble de notre compréhension partielle de choses qui nous dépassent et avec la confiance qu’à force de paroles vraies, cette épreuve nous purifiera et nous simplifiera. Que toute l’Eglise en sera transformée pour être mieux à l’image de son Sauveur et Seigneur.

Luda et Dacha, nées là-bas

Luda et Dacha, c’est le nom qu’elles portaient, quand elles étaient dans leur pays, quand elles étaient des petites filles, Luda en Ukraine et Dacha en Russie. Puis les jours ont passé, elles ont grandi, elles ont voyagé et un jour, la vie les a menées en Valais. Elles ont changé de nom, elles ont perdu leur «petit nom» et pris le nom qui figure sur les papiers officiels: Lyudmyla et Daria. Nous nous sommes retrouvées les trois, en marge de la fête interculturelle de Martigny et ces deux femmes, nées là-bas, ont beaucoup à nous dire…

PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE BESSON | PHOTOS : DR

Lyudmyla

Je m’appelle Lyudmyla Barkova. Je suis née à Lvov en Ukraine et cela fait 20 ans que je vis à Martigny. J’ai deux enfants de 19 et 15 ans. Je me suis bien intégrée : j’ai appris la culture, la langue. En Ukraine, j’ai fait une formation universitaire de professeur de sport et ici j’ai travaillé à l’école primaire, pour les cours de gym et de natation et actuellement je suis maître-nageur à la piscine de Martigny. Je travaille aussi avec Mahamadou (service de l’intégration) pour l’organisation de soirées. C’est important qu’on puisse vraiment vivre ensemble avec les personnes de toutes ces nationalités installées à Martigny. Voilà ma vie…

«Nous sommes tous différents et on peut tellement apprendre avec des personnes d’autres cultures !»

Daria

Je m’appelle Daria. Je suis née à Moscou. J’ai mon diplôme universitaire en finance et crédit, obtenu en Russie. Actuellement, j’habite à Martigny depuis 9 ans. Je travaille à Verbier. Je suis mariée et j’ai deux enfants de trois et six ans. J’adore mon travail car j’ai beaucoup de collègues de nationalités et de langues différentes. J’essaie de rester en contact le plus possible avec mes parents en Russie. Ils sont âgés et depuis cinq ans ils ont la tutelle de mon neveu, 15 ans, et ma nièce, 11 ans, suite au décès de ma sœur. Normalement je vais les voir une à deux fois par an pour les aider et pour garder ce lien. Malheureusement c’est devenu très difficile maintenant.

La guerre à l’heure de la récréation. – (Daria) Ma vie a beaucoup changé depuis le 24 février, je me sens moins en sécurité… La Suisse est un pays neutre, mais je sens maintenant que tout le monde n’est pas tolérant et compréhensif. Ma fille qui a six ans a eu un problème à l’école, deux jours après le début du conflit avec l’Ukraine. A la récréation, un garçon avec qui elle s’entend très bien habituellement lui a dit que tous les Russes sont méchants et que son grand-père est mort à la guerre (donc mon père…). C’était tellement blessant ! Plusieurs enfants qui étaient autour ont dit la même chose : « Tous les Russes sont méchants ! » Quand elle est revenue de l’école, elle est venue vers moi et m’a dit : « Maman, je dois te dire quelque chose » et j’ai eu mal au cœur parce que je savais ce qu’elle allait dire… Avant, je m’étais demandé s’il fallait lui parler de la guerre, mais je n’ai pas pensé qu’à six ans elle serait concernée… A cet âge, elle ne regarde pas les informations et elle n’a pas besoin de savoir tout ce qui se passe autour de nous. Puis les choses se sont arrangées, j’ai téléphoné à la maman de ce garçon, le lendemain ils ont fait la paix. Par la suite, mon mari a écrit à la maîtresse de ma fille. La maîtresse a pu en discuter en classe pour parler aux enfants de cette situation et leur rappeler la tolérance et l’amitié. J’apprécie la compréhension et la tolérance de cette enseignante. C’est vraiment une bonne solution de parler aux enfants, il faudrait que cela se fasse dans toutes les écoles. Il faudrait leur dire que nous ne sommes pas responsables de ce qui se passe dans le monde, nous ne décidons rien, c’est comme ça…

« Au sommet il y a des dirigeants, ils font des erreurs, mais nous, nous sommes des humains, nous avons une âme et c’est ça qui va nous sauver.»

Au travail. – Au travail mes collègues me posent beaucoup de questions, mais moi je ne suis pas politicienne. J’ai mon propre avis mais je n’ai pas de solution, personne ne sait ce qu’il faut faire, je ne peux que donner mon avis. Et je me rends compte que tout est très difficile à comprendre pour ceux qui sont loin des réalités russe et ukrainienne.

Ne pas alimenter le conflit. – (Lyudmyla) On est spécialiste de notre histoire, de notre culture, on peut raconter ce que cela veut dire de vivre chez nous. La vie n’a pas toujours été facile, spécialement en Ukraine pour les femmes seules avec leur enfant ou pour les personnes âgées. On peut donner notre petite opinion sur ce qui se passe parce qu’on connaît la base. Mais quand les gens qui ont écouté quelques phrases dans les médias et n’ont jamais visité ni la Russie, ni l’Ukraine, commencent à se mêler de ça et d’alimenter le conflit à leur manière, c’est dommage… On n’a pas besoin de toute cette excitation, maintenant, on a besoin de paix entre les Russes et les Ukrainiens. C’est triste de penser à la richesse de cette terre ukrainienne, cette si bonne terre qui est en train d’être déchirée.

Je reçois beaucoup de soutien au travail, et de la part de mon entourage. La première semaine, c’était un vrai choc émotionnel, même si je suis ici, ma famille est là-bas. Les Russes et les Ukrainiens sont tellement liés que cela ne parait pas réel, pas possible.

«Je voulais dire aussi un immense merci à toutes les personnes de Suisse qui ont envoyé des vêtements, de l’argent en Ukraine, merci pour leur générosité !»

Frères et sœurs, d’une même culture. – Je suis Ukrainienne, mon pays est en souffrance, mais avec les Russes nous sommes frères et sœurs. Nous sommes tous des Slaves, on a la même culture, et j’espère que les gens là-bas, vont commencer à agir quand ils vont se rendre compte combien on est proches… j’espère…

Nos deux nations ont une culture tellement riche ! On ne peut pas supprimer tout cela, faire souffrir encore ce peuple. Toutes ces sanctions qui sont prises contre la Russie punissent d’abord le peuple, les plus pauvres qui risquent de mourir de faim. J’espère que tous les dirigeants pensent aux peuples. Cela fait des années qu’il y a des problèmes, c’est aussi à nous de bouger, de manifester, car si on ne parle pas, c’est comme si on accepte tout cela et cela ne peut qu’empirer la situation.

La même personne. – (Daria) J’aimerais vous dire que la personne à l’intérieur n’a pas changé : je suis la même qu’avant le conflit, toujours la même personne… Ma fille est si gentille cela m’a fait tellement mal au cœur de la voir souffrir… Il faut déjà que la paix revienne entre nous, qu’il y ait moins de conflits, qu’on reste amis, et aussi que cette guerre se termine le plus vite possible. Il faut penser au futur de nos enfants, on est inquiet pour eux.

Derniers messages. – (Lyudmyla) Dans ce désespoir, il y a toujours un espoir : il nous faut croire, prier pour l’Ukraine et pour la Russie. N’oublions pas la force de la prière, la lumière qu’on a en nous, il faut la cultiver.

Chacun doit commencer à changer soi-même – faire de belles actions – s’aimer encore plus et rayonner de cet amour pour soi et pour les autres. Il y a du chemin à faire et notre conscience doit évoluer : nous sommes tous « peuple de la terre »…

(Daria) Les gens qui prennent les mauvaises décisions, ont malheureusement trop peu à perdre, contrairement aux millions de gens qui doivent se taire. A notre niveau, nous ne pouvons que nous soutenir et espérer un jour être entendus.

Guerre en Ukraine
Communiqué des Eglises

Les Eglises remercient vivement tous les hommes et les femmes de bonne volonté qui s’engagent pour venir en aide à la population ukrainienne et aux centaines de milliers de personnes qui fuient les hostilités. Elles invitent à persévérer dans cet élan de solidarité par tous les moyens possibles et à l’accompagner par une prière incessante pour la paix.

Les Eglises encouragent ceux et celles qui pourraient contribuer à l’accueil des réfugiés ukrainiens en Valais à prendre contact avec la Hotline mise en place par le canton au 079 765 70 95 ou 027 606 48 74 ou encore par e-mail à entraide2022valais@admin.vs.ch

Sont recherchés :
➯ des logements, dans l’idéal indépendants, ainsi que des hébergements collectifs ;
➯ des bénévoles pouvant offrir du temps et faire du lien avec les personnes accueillies.

Les Eglises se montrent reconnaissantes pour l’accueil généreux qui sera fait aux personnes arrivant dans nos villes
et villages. Les renseignements se trouvent aussi sur le site : https://www.vs.ch/web/entraide2022https://www.vs.ch/web/entraide2022

MERCI à chacun.

Précarité en Valais

Lucie est une femme particulière et haute en couleur. Elle le dit elle-même. Originale, rigolote, décalée avec un humour remarquable et un fantastique entregent, elle dégage une joie et une simplicité désarmantes. D’origine française, épouse de John, tous deux vivent à Granges en compagnie de leur troupe de lapins et chat. Artiste aux yeux grands ouverts sur le monde avec une option préférentielle (re)marquée pour les pauvres, Lucie Athimon a ouvert récemment une page FaceBook intitulée «Précarité Valais». Elle nous en parle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY | PHOTOS : DR

Lucie, comment t’es-tu décidée à ouvrir cette page FB ?

C’est en croisant la route d’une personne SDF en ville de Sion, qui dormait dans une tente en plein mois de décembre, que je me suis dit qu’il fallait agir sérieusement. J’avais déjà créé un groupe de don alimentaire, mais ça n’avait pas pris. J’ai donc décidé que j’y mettrais plein d’amour et d’énergie, pour donner un peu de lumière à ceux qui sont dans la tempête.

Comment cette page t’est-elle utile ?

Je reçois des demandes d’aide de personnes dont je n’aurais jamais eu connaissance sans cette page. Il y a aussi de généreux donateurs. Je fais régulièrement des appels aux dons, ou alors, si je vois quelqu’un faire la manche, je le dis sur le groupe, afin que les gens puissent aller aider cette personne s’ils le souhaitent. Je tiens à souligner que les gens qui me demandent de l’aide restent anonymes.

Que constates-tu dans les relations que tu as avec des personnes fragilisées ? De quoi manquent-elles le plus ?

Tout le monde peut se retrouver en situation précaire, et ce, pour beaucoup de raisons. Je suis souvent frappée par l’intelligence des gens. Nous avons des discussions très intéressantes et à cœur ouvert. Il m’arrive souvent de me sentir toute petite à côté d’eux.

Je remarque cependant que les personnes en situation précaire ont tellement été malmenées par la société, qu’elles en ont bien souvent perdu l’estime de soi. Il est important qu’elles sachent que moi, je crois en eux comme jamais ! Je suis profondément convaincue que leur avenir est beaucoup plus radieux qu’il n’en a l’air.

As-tu fait, toi aussi, l’expérience de la précarité ? Comment cela ?

Oui, quand j’avais environ 20 ans, je me suis retrouvée moi aussi sans domicile fixe. Je n’ai jamais dormi dans la rue, mais dans un foyer où l’on pouvait rester deux semaines au maximum. Le matin, on était mis dehors jusqu’au soir, mais le personnel était fabuleux ! Au début, j’avais encore un travail, mais je l’ai rapidement perdu. On m’a ensuite trouvé une place dans un foyer pour femmes et là, il n’y avait pas de durée maximale et je pouvais y rester toute la journée si je voulais. Il n’y avait pas d’horaires et j’avais ma propre chambre.

Comment relies-tu ta foi avec tes engagements et ton mode de vie ?

Toute ma vie repose sur ma foi ! Si je n’aide pas mon prochain, alors quel genre de catholique suis-je ? L’Amour est le fondement même de la religion. « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dit Jésus (in Mt 25, 31-46). Eh bien, moi, j’ai envie de répandre la lumière et l’Amour de Dieu. Mon mari me soutient et m’accompagne, ce qui est primordial.

J’ai l’habitude de dire que la religion est le tuteur de l’esprit. Faisons-la vivre ! Jésus n’a pas été sacrifié sur la croix pour nous voir pleurer ou pour nous voir nous faire la guerre ! Aidons-nous et aimons-nous !

L’Eglise est dans une phase d’écoute universelle dans le cadre du synode souhaité par le pape François, selon toi, quels sont les lieux où l’Eglise doit progresser ?

J’aurais beaucoup de choses à dire, mais je trouve que la religion n’est pas assez vivante et qu’il manque de proximité avec les gens d’Eglise. Vivons la Foi ! Rencontrons-nous pour discuter, pour faire des activités, pour faire vivre Dieu ! Nous sommes en 2022 et les églises se vident. Pourquoi ? Peut-être parce que nous pouvons y mettre plus d’énergie, plus d’Amour, plus de bienveillance ! Je suis convaincue que Dieu veut nous voir en joie, occupés à faire le bien, plutôt que de critiquer comment la voisine était habillée à la messe ce dimanche. Soyons unis et solidaires !

Vous voulez donner un coup de main ou en savoir davantage au sujet de « Précarité Valais » ? 
➯ Rendez-vous sur la page FaceBook de Lucie : Précarité Valais

L’art-thérapie… un chemin de guérison intérieure

Orange, bleu, jaune, vert, rouge… cercles, lignes, spirales, formes… joie, tristesse, colère, angoisse… déprime, perte de sens, deuil, séparation, licenciement, maladie, quête existentielle ou spirituelle… amélioration, libération, guérison, transformation, réponses, solutions… Voilà des mots clés propres à l’art-thérapie. Des termes qui reviennent souvent dans les échanges entre l’art-thérapeute, Marianne Boisset, et les personnes qu’elle accompagne dans sa pratique privée ou institutionnelle.

PROPOS RECUEILLIS PAR PASCAL TORNAY
PHOTOS : DR

Marianne, comment en êtes-vous arrivée à l’art-thérapie ?

J’aime apprendre et comprendre. J’aime comprendre et partager. J’aime partager et apprendre. J’aime les « cœur à cœur » et l’avancée des âmes sur leur chemin de Vie. Depuis toujours, la question de l’humain et de son fonctionnement me passionne. J’ai beaucoup lu et fait diverses formations en lien avec la psychologie, la théologie, la spiritualité, la relation d’aide, le cheminement personnel et l’accompagnement en fin de vie. J’ai également toujours aimé m’exprimer par la créativité. Un beau jour, tout s’est mis en place et la profession d’art-thérapeute est arrivée comme une évidence dans ma vie. Actuellement, j’ai une pratique privée dans mon atelier d’art-thérapie, l’Atelier Joze qui se trouve à Martigny et j’ai également un engagement auprès de l’Hôpital du Valais dans le service des soins palliatifs de l’hôpital de Martigny dont je suis membre de l’équipe interdisciplinaire.

Mais qu’est-ce que l’art-thérapie ?

L’art-thérapie est une méthode d’accompagnement de la personne qui propose une prise en charge thérapeutique. Par diverses techniques liées à la créativité, cet accompagnement permet une extériorisation des émotions, des sentiments, des ressentis et offre ainsi la possibilité de se reconnecter à son intériorité. Exprimer ce qu’il y a dedans permet de comprendre ce qui s’y passe. Il devient alors possible de dépasser ses blocages et de transformer en douceur ce qui demande à l’être. L’art-thérapie est un moyen efficace pour travailler ses conflits, ses questionnements, ses difficultés. Elle permet de découvrir les solutions qui restaurent la confiance et l’estime de soi en rétablissant l’équilibre perdu ou fragilisé par des circonstances particulières, telles que le deuil, la séparation ou la maladie.

Comment est-ce que ça se passe ?

L’art-thérapie propose l’expression de soi à travers divers matériaux et techniques : peinture, dessin, argile, plâtre, fusain, collage, images, conte, écriture, etc. Le processus créatif amène des prises de conscience qui permettent une transformation. Libérée des croyances limitantes, des schémas répétitifs, de ce qui l’encombre, la personne peut alors progresser plus légèrement et plus allègrement en découvrant ses potentiels pour aller vers une meilleure version d’elle-même.

Quels en sont les effets ?

Un accompagnement art-thérapeutique s’envisage dans le sens d’une quête identitaire et propose à la personne d’aller à la rencontre d’elle-même, de découvrir d’autres aspects de son être, de puiser dans ses propres ressources et d’utiliser ces nouvelles énergies pour dépasser les difficultés et avancer vers le mieux-être. Les effets mesurables sont nombreux et divers : baisse ou disparition de l’angoisse, meilleure compréhension et gestion des émotions, rétablissement de la confiance et de l’estime de soi, diminution ou disparition de certains symptômes physiques (mal de vente, de tête, douleurs diverses, etc.), apaisement, reconnexion à la joie de vivre, au mieux-être, etc. La liste n’est pas exhaustive.

A qui s’adresse l’art-thérapie ?

L’art-thérapie s’adresse à tous les âges, des enfants de 4 ans jusqu’aux personnes qui se trouvent dans le grand âge. Aucune connaissance ou compétence artistiques ne sont nécessaires. Dans ma pratique privée, je reçois des enfants, des jeunes et des adultes de tous âges. Dans l’unité des soins palliatifs où j’interviens également, je prends en charge des personnes avec des difficultés liées à la maladie ou je les accompagne dans leur fin de vie. Je suis également les familles dans leur processus de deuil. J’ai aussi eu un engagement dans un EMS auprès des personnes âgées. A plusieurs reprises, je suis intervenue dans des classes, ainsi qu’auprès d’associations.

Quand y avoir recours ?

Les demandes de prises en charge sont motivées par des difficultés qui nécessitent un soutien thérapeutique momentané : stress, déprime, manque de confiance en soi, sentiment d’abandon, difficultés relationnelles, perte de sens, détresse émotionnelle, deuil, séparation, troubles anxieux, crise existentielle, questions autour de la mort, etc.

La pandémie que nous traversons et sa kyrielle de mesures restrictives ont eu un impact négatif très fort sur tout le monde. Nous avons tous été touchés à divers degrés. Certaines personnes s’en sortent très bien, d’autres peinent : absence de motivation, d’envie de vivre… Ici encore, l’art-thérapie offre une possibilité de dire et de se dire, pour préserver la santé mentale, rétablir la confiance en soi et en la vie, se reconnecter à son essentiel.

Est-ce que des ateliers auront bientôt lieu ?

Oui, j’anime avec une amie thérapeute, Nathalie Getz, des ateliers d’écriture créative où les techniques d’art-thérapie sont utilisées pour amener une écriture spontanée. Nous explorons les grandes étapes de la vie : enfance – adolescence – âge adulte – grand âge en les parcourant sous des angles inhabituels. Nous proposons un voyage autobiographique à la quête du merveilleux qui se trouve au fond de chacune, chacun et qui attend de venir à jour par le chemin des mots.

Prochains ateliers d’écriture:
Les lundis soir de 19h à 21h30
25 avril puis 2-9 et 16 mai 2022 à Martigny
et le week-end des 11 et 12 juin 2022 à Sion
Détails et infos : www.atelierjoze.com ou 079 314 24 84

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp