Un moment décisif…

Samedi 7 décembre dernier, Simon Roduit, jeune séminariste originaire de Saillon, a vécu un moment décisif : ce matin-là, durant la messe festive, Simon a prononcé ses vœux religieux définitifs. Ces vœux scellent son intégration perpétuelle à la communauté du Grand-Saint-Bernard. Retour sur une journée mémorable.

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Tentations, prières et amour

Dominique Perraudin est natif du Val de Bagnes. Marié, il est papa et grand-papa et vit au Sappey au-dessous de Bruson. Retraité, la vie spirituelle a toujours été pour lui une priorité. Amateur de silence, il n’a pas pour autant sa langue dans sa poche. Il a récemment intégré la rédaction de L’Essentiel, votre magazine préféré. Et voici son premier article.

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Quand spirituel rime avec professionnel

Etre à la tête d’une entreprise de quarante personnes et être engagé bénévolement en paroisse, est-ce compatible ? Rencontre avec le très sympathique Sierrois Serge Lillo, directeur d’ALRO Engineering SA, une entreprise d’ingénierie sise à Martigny.Texte et photo par Yves Crettaz

Selon vous, le spirituel et le professionnel sont-ils compatibles ?
Pour monter une entreprise, il faut savoir rester soi-même et utiliser ses valeurs. Il est vrai qu’au début, je voulais être sûr de pouvoir rester éthiquement correct tout en faisant des affaires. Pour cela, avec mes deux collègues de la direction, nous avons décidé de poser un cadre de travail où la confiance, le respect mutuel et l’éthique étaient au centre de nos préoccupations. Et aujourd’hui, je peux vraiment l’affirmer : si on cherche le Bien Commun, Dieu nous soutient dans toutes nos entreprises, qu’elles soient professionnelles ou privées.

Comment est-ce que ça a réellement commencé ?
Au travail, c’est mon collègue de direction qui m’a parlé de Dieu en premier, ça m’a beaucoup touché. Il m’a également permis de découvrir, il y a 10 ans, la doctrine sociale de l’Eglise, lors d’un week-end « Foi et Management ». J’ai tellement apprécié que j’y retourne chaque année ! Cet ouvrage est un trésor, je pourrais en parler des heures…

Vous soutenez également financièrement des projets jeunes de notre diocèse comme OpenSky…
Oui, car notre Eglise a besoin de s’adapter aux réalités qui changent avec les générations et nous trouvons super d’allier Dieu, la musique et la convivialité dans une même manifestation pour notre jeunesse.

Et votre foi au sein de l’entreprise, comment est-elle présente ?
Avec mes collègues de direction, on en parle. Avec les employés, on parle plutôt de valeurs, du bien commun, de justice, de liberté ou de vérité, mais pas forcément de Dieu directement car je ne souhaite pas faire de prosélytisme : chacun est libre de croire. Cependant, ils doivent sûrement se douter de ma foi en voyant la photo de Padre Pio et le Nouveau Testament qui ornent mon bureau (rires).

On vous connaît engagé au Conseil de communauté de Sierre ou encore auxiliaire d’eucharistie, pourquoi ?
Je trouve qu’il est important de participer et de s’engager pour la communauté dans la mesure de nos possibilités. Concernant l’eucharistie, c’est un cadeau énorme de pouvoir distribuer le Christ Vivant aux autres.

Comment voyez-vous l’Eglise dans dix ans ?
(Il réfléchit) Hmmm… Question très difficile… Les scandales qui ressortent actuellement démotivent beaucoup de monde, ce qui est compréhensible. Mais selon moi, il ne faut pas tomber dans le piège des amalgames : la Foi en Dieu et en l’Evangile de Jésus Christ qui est à la source de notre Eglise, ne doit pas être détruite par certaines pratiques des pauvres pécheurs qui la composent. Si la purification que vit actuellement notre Eglise amène une remise en question nécessaire, je suis plein d’Espérance pour le futur, à l’image de la nouvelle vision diocésaine : « L’Eglise que nous aimons, L’Eglise que nous bâtissons. » En effet, en revenant à la source qu’est Jésus-Christ, je suis convaincu que Dieu saura toucher nos cœurs pour que de nouvelles initiatives naissent dans l’Eglise et renforcent toutes les belles activités pastorales déjà présentes aujourd’hui dans nos communautés.

Violence domestique: deux femmes sur le terrain

Mon rêve : devenir éducatrice

Johanne Carron, 42 ans, vit à Arbaz. Mère de 2 enfants, elle a toujours été une femme pleine de vigueur et très engagée. Il lui tient à cœur de nous parler de sa trajectoire personnelle en lien avec l’humain et notamment de la mission de la Fondation l’EssentiElles dont elle est à l’origine et qui a trouvé depuis 2011, un bel ancrage en Valais au cœur du réseau d’aide aux victimes de violences.Propos recueillis par Pascal Tornay
Photo : DR

Depuis toute petite, j’embrassais le rêve de devenir éducatrice sociale. J’ai donc entrepris, durant deux ans, des stages et des remplacements à la Castalie. Par la suite, j’ai suivi trois ans de formation à l’Institut d’Etudes sociales (IES) à Genève. C’est à ce moment-là que j’ai eu des contacts avec des femmes qui ont vécu la violence conjugale. 

Par ailleurs, durant cette formation, j’ai travaillé 5 mois durant au Foyer « Au Cœur des Grottes ». Il s’agit d’un foyer d’hébergement avec accompagnement psychosocial, destiné à une trentaine de femmes seules ou avec leurs enfants, momentanément confrontées à une situation de précarité dont, pour certaines, la violence dans leur couple. Cette expérience a été très dure, mais ça a été pour moi une révélation. Plus tard, alors que je faisais un stage dans un foyer pour adolescents on m’a dit : « Si tu as réussi à travailler ici alors tu pourras travailler partout. » Ce qui m’a toujours poussée en avant et qui me donne cette fougue : c’est le désir d’être en relation, c’est l’amour de l’humain, l’humain qui que ce soit et d’où qu’il vienne. Je n’aurais jamais voulu travailler dans un bureau…

A mon retour en Valais, je me suis questionnée sur ce qui existait dans notre canton. Avec deux amis Jenny Brochellax Xu et Julien Debons, nous avons donc décidé de créer la fondation l’EssentiElles. Au départ, nous nous sommes demandés quels étaient les besoins réels. Il a été assez rapidement clair que c’est dans le domaine de la violence psychologique qu’il fallait agir car rien n’existait. Certaines personnes témoignent : « J’aurais préféré que mon conjoint me frappe. Les marques sont plus convaincantes que les insultes que je subis dans le silence », explique Johanne. Un comité a vu le jour et a commencé le travail sur le terrain avec divers professionnels de la santé et du social. 

En parallèle, j’ai travaillé à la FOVAHM durant 4 ans puis au Centre ORIF pendant 10 ans. Je suis également l’heureuse maman de deux enfants. Depuis la naissance de mon deuxième enfant en décembre 2018, je travaille comme coordinatrice de la Fondation l’EssentiElles et du programme Sortir ensemble et se respecter qui propose des cours de prévention de la violence conjugale auprès des jeunes. 

Parfois ma fille aînée me rappelle à l’ordre : « Maman, t’en as pas marre de la Fondation ? » Et ça, c’est le signal clair que mon amour de l’humain doit être offert en priorité pour mes plus proches… Alors on part se promener toutes les deux !

Au service de l’humain

D’origine genevoise, Colette Sierro Chavaz vit à Fully et est mère de famille.
D’un caractère entreprenant, avec de multiples expériences à son actif notamment dans le travail social, son amour pour l’être humain et en particulier des plus fragiles, l’a toute sa vie poussée à s’approcher des personnes pour partager leur richesse et leur humilité, au-delà de leurs difficultés quotidiennes.
Par Colette Sierro Chavaz
Photo : DR

Je travaille en tant qu’éducatrice sociale au sein de l’Association des Vacances Familiales. J’effectue également des supervisions en travail social. Ma vie de femme mariée m’a donné la joie d’avoir 4 enfants, majeurs aujourd’hui. J’ai suivi une première formation sur le lieu de mes origines à Genève. Puis quelques années au Pérou dans un projet avec E’changer m’ont permis de vivre une expérience humaine inoubliable. Avec mon mari, nous avons vécu trois ans au sein d’ATD Quart monde, en Suisse et en France. Ensuite mon engagement dans différents services sociaux en Suisse m’ont permis de partager avec des gens, leur richesse et leur humilité, au-delà des problèmes quotidiens.

Aujourd’hui et pour quelques mois encore j’ai la présidence de l’association du Point du Jour, lieu d’accueil dans le Bas-Valais pour les femmes victimes de violences domestiques avec ou sans enfants. En 2020, nous fêterons les 20 ans d’existence de cette structure et en 2019 nous avons atteint plus de 1000 nuitées pour l’année en cours. Ces temps, la plupart des journaux nous transmettent des informations en lien avec les violences domestiques et toutes sortes de statistiques.

Ce que nous voyons lorsque les femmes arrivent au Point du Jour, c’est l’état de stress post-traumatique dans lequel elles se trouvent. Leur état émotionnel est très perturbé, l’agitation ou l’apathie dont elles font preuve demande une attention particulière. L’empathie, la bienveillance et le professionnalisme de la part de l’équipe qui travaille au Point du Jour sont de qualité. Durant les premiers jours, souvent les femmes ne mangent plus, leur sommeil est compromis et elles sont à l’affût de tous les bruits non identifiés. Les prises  de médicaments, après constats médicaux, leur permettent d’atténuer leurs angoisses dans un premier temps.

Il se peut aussi qu’elles arrivent sans aucun habit ni bagage, pour elles comme pour leurs enfants. Nous faisons fréquemment appel au vestiaire paroissial de la paroisse de Martigny.

Il y a quelque temps déjà nous avons accueilli une jeune femme avec son bébé de 6 mois. Elle se nourrissait de Coca Cola et ne dormait plus, son fils s’arrachait les cheveux, il était très désécurisé. Cette jeune femme a profité rapidement de l’ambiance reposante et sécurisante du Point du Jour. Elle nous a fait part de son problème d’alcool et a demandé de l’aide. Elle a fait appel aux AA (alcooliques anonymes) et s’est rendue aux soirées de partage. Quelque temps après, elle a rejoint son domicile conjugal et nous n’avons plus eu de nouvelles de sa part.

La semaine passée, une femme est revenue avec ses 3 enfants, pour la troisième fois. Elle a décidé de ne pas retourner à son domicile et est en train d’organiser son déménagement avec l’aide des services sociaux. 

Le problème de la codépendance fait que des femmes retournent de nombreuses fois auprès de leur conjoint avant de prendre une décision définitive. Il est fréquent que des femmes écrivent au personnel du Point du Jour après un séjour effectué dans la structure. Elles sont reconnaissantes de ce qu’elles y ont vécu. Merci à elles pour la confiance qu’elles nous témoignent.

Un dimanche de la Parole

Par Jean-Pascal Genoud, curé
Photo: DR

Les paroisses catholique de Martigny et protestante du Coude du Rhône Martigny-Saxon vous convient à une grande matinée œcuménique qui aura lieu le 26 janvier 2020 !

Le pape François a récemment promulgué par décret qui fait du 3e dimanche du Temps ordinaire, chaque année, pour le Peuple de Dieu, un dimanche centré sur la redécouverte de la place centrale de la Parole de Dieu dans la vie chrétienne. 

Avec la communauté protestante, nous avons décidé de marquer ensemble le 26 janvier 2020, premier « dimanche de la Parole » par une matinée de partage et de célébration. Cela ne pouvait mieux tomber, puisque ce sera pour tous une manière festive de conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. 

La démarche que nous proposons se déroulera sur toute la matinée du dimanche avec notamment :

La tenue d’ateliers que chacun choisira librement. Vous pourrez vous rendre…
– soit à la salle du Coude du Rhône (rue d’Oche) pour un regard catholique,
– soit à la salle Notre-Dame des Champs pour un regard protestant sur le thème de la « Parole de Dieu dans nos vies ».
A 11h15, nous vivrons une grande célébration œcuménique à l’église de Martigny-Ville autour d’un grand livre symbolique que nous feuilletterons ensemble, dans la joie et les chants.
A 12h30, tous sont invités à partager le repas communautaire à la salle communale.

Du coup, la messe habituelle de 10h à Martigny-Ville n’aura pas lieu ce jour-là. Elle est remplacée par cette célébration qui, nous l’espérons, intéressera un grand nombre d’entre vous.

Merci de votre accueil à l’égard de cette proposition originale… pour concrétiser le vœu de notre Pape.

Programme de la journée

9h: café-croissants (salle communale), présentation des ateliers.

9h45: ateliers « de la Parole » animés par Yolande Boinnard, diacre protestante et formatrice d’adultes, (N.-D. des Champs) et par le chanoine Bernard Gabioud (salle Coude du Rhône).

11h15: célébration œcuménique à l’église de Martigny-Ville.

12h15: déplacement vers la salle communale : apéritif et repas (participation aux frais).

Commencer et recommencer

«Nous voilà au commencement… Regardons donc ce qui se passe dans l’année liturgique au commencement de l’année civile.»Par Françoise Besson
Photo: media.fromthegrapevine.com

Nous voilà au commencement d’une nouvelle année, appelés à reprendre nos tâches après la pause des fêtes, appelés donc à REcommencer une année dans nos chemins quotidiens. L’année liturgique vient elle aussi de commencer, ou presque, et « Dieu sait » si nous sommes habitués à ses rythmes, ses fêtes, ses rituels, nous y avançons sans surprises…

Regardons donc ce qui se passe dans l’année liturgique au commencement de l’année civile. L’événement marquant, c’est le baptême de Jésus, épisode tellement important qu’il nous est présenté deux fois, dans l’évangile de Matthieu et dans celui de Jean. En ce début d’année, on parle donc avec insistance d’un autre début : le commencement de la partie visible de l’engagement de Jésus, ce que l’on nomme souvent sa vie publique. C’est le commencement de ce que l’on sait de lui de façon assez sûre. * Jésus est venu auprès de Jean, personnage très connu de son temps, puisqu’on dit que les foules le suivaient. Jean dont la voix porte loin, lui qui ira jusqu’à déranger le pouvoir en place… 

Jésus connaît Jean et, comme d’autres, il vient pour entendre cet appel à un changement de vie. Comme d’autres, il vient recevoir le baptême. Ce qui se passe à ce moment-là est un mystère, nous ne pouvons en avoir que l’image d’un bouleversement, d’une force immense : les cieux s’ouvrent nous dit-on… Une colombe paraît… On ne sait pas ce que Jésus a vécu mais on sait que ce moment-là change tout ! Nous assistons, dans les récits de l’évangile, à un commencement : le Nazaréen, désigné par son lieu d’origine, son lieu de vie, devient l’homme des routes et des villages, des discours et des rencontres, l’homme des guérisons. 

Et voilà qu’il met à son tour les autres dans un commencement, d’abord en les appelant. Et c’est un changement immédiat : ces hommes quittent le connu, le quotidien, pour suivre celui qui les a choisis pour disciples. Mais il enseigne aussi. Et on sait qu’il le faisait avec autorité, en annonçant quelque chose de nouveau ici et maintenant, employant un présent qui surprend : le royaume est là… 

Par ses guérisons, Jésus met aussi ces hommes et ces femmes dans un commencement, un surcroît de vie qui leur est donné, une dignité retrouvée, un chemin à tracer…

Ce qui me frappe en lisant ces textes, c’est qu’après son baptême, Jésus n’est pas parti pour un ailleurs lointain, le changement radical s’est fait dans son quotidien, sur les chemin de Galilée qu’il devait très bien connaître. Jésus est en route d’une manière toute nouvelle, engagé de toute sa personne dans l’annonce du Royaume…

Et nous, saurons-nous à notre tour, entendre que nous sommes les bien-aimés de Dieu ? Saurons-nous entendre l’appel et faire confiance ? Saurons-nous faire d’autres rencontres sur les mêmes chemins ? Offrir une autre écoute, d’autres paroles dans les rencontres familières ? Saurons-nous en ce début d’année, accueillir la présence toujours nouvelle du Royaume ? C’est mon « meilleur  vœu » pour chacun de nous ! 

* José Antonio Pagola, Jésus : approche historique, Editions du Cerf, 2019, p. 86

Bonne année!

Formule magique, passe-partout! Elle circule à grande vitesse au milieu des centaines de bises qui atterrissent sur nos joues ridées, ou roses, ou qui piquent.Par Valérie Pianta
Photo: tolksnov.ru

Ce sont des mots qui volent comme des confettis colorés que l’on jette au vent… espérons qu’ils se prennent dans nos cheveux, dans les recoins de nos maisons, de nos vestes d’hiver et que nous les retrouvions au fil de ladite année. 

Bonne… à manger comme un morceau de chocolat ?
Bonne… comme la chance à un examen ?
Bonne… comme une parole de politesse ?
Bonne… comme un vœu pieux pour nous rassurer ?
Bonne… comme la route à prendre, sans pneu crevé, si possible ?

On dirait une clé qui ouvre la porte de la nouvelle année !
On se la passe de main en main, de lèvres en lèvres sans trop y croire parfois.
Mais souvent avec beaucoup de sincérité, tout de même.

Bonne… comme une bénédiction donnée dans notre vie, sur le tracé de notre chemin qui monte et qui descend par monts et par vaux des événements. 

Une bénédiction, c’est une parole prononcée qui transmet un vrai désir de bien pour soi, pour l’autre.
Et ce n’est pas que Dieu qui nous bénit !
Chacun de nous est appelé à semer, à dire une parole qui est un vrai désir de vie, de bien.

Ce n’est pas forcément facile, mais devant cette porte qui s’ouvre grâce à la clé magique, on devrait s’exercer à voir du bon en toute petite et grande chose de la vie, et aussi dans les rudes moments qui vont forcément nous faire nous encoubler sur le chemin de l’année à venir. 

Bonne année ! Pensons plutôt Année bénie !

Quel temps pour Noël?

Voici décembre et son flot de lumière qui compense la brièveté des jours. Surabondance de toute part… dans les vitrines, pas nécessairement dans les cœurs. La fièvre des uns en fait vomir d’autres. Décembre, le mois du (de) trop? A cette période, une seule denrée semble cruellement manquer à nos contemporains: le temps ! Tout s’accélère durant cette fulgurante montée de l’Avent comme si une échéance fatale allait tomber sur le monde. Des amis entrepreneurs en témoignent: «Il nous faut à tout prix tout finir avant Noël!» Arrive alors, justement, la veille de Noël: là, le temps semble se retenir de couler… l’espace d’un moment. Par Pascal Tornay
Photo: artmajeur.com

La naissance du temps, acrylique sur Toile (100 x 80 cm) de l’artiste d’origine allemande DagMar.

Les expressions liées au temps – qu’il fait ou qui passe – sont très nombreuses. Peu ou prou, il conditionne notre existence. Nous vivons à l’intérieur de lui (et lui de nous) comme dans une matrice, au sens maternel du terme. Lui, coule mystérieusement. Mais, plus nous l’enfilons dans des catégories – des minutes, des secondes – plus nous en devenons prisonniers : prisonniers de nos propres catégories ! Lui coule, mais nous, en voulant le dompter, combattant pour sans cesse en gagner et éviter d’en perdre – en devenons les parfaits esclaves ! Lui coule, mais de notre côté, le combat à mort est engagé ! Certains d’ailleurs se tuent à « tuer le temps » : la catastrophe est annoncée !

Je vois dans ma propre vie qu’un mûrissement a pu démarrer lorsque le temps s’est arrêté, plus précisément lorsque ma course et mon combat contre lui a enfin cessé. En fait, je suis tombé gravement malade et je n’ai pas eu d’autre choix que de vivre avec « mon » temps, de le laisser faire son œuvre. On dit cela, en général, pour éviter de parler de l’action de l’Esprit Saint en nous… 

Le précieux temps est un facteur, mais l’ouvrier des profondeurs : c’est Dieu ! Patient, il fait avec le temps. Il prend son temps. Il ne brusque jamais. Il attend le temps du mûrissement pour pouvoir apaiser, guérir, purifier et… sauver ! Nous saisissons mal la pédagogie de Dieu, car nous sollicitons souvent de lui une action immédiate, car nous sommes en souffrance ou en détresse et que le temps presse ! Le temps ne presse jamais, c’est plutôt le mal qui « op-presse ». Lui, l’ouvrier des profondeurs, agit autrement : par un patient et puissant amour, il vient à bout de tout. Nous, nous préférons nos combats, mais c’est eux qui viennent à bout de nous ! 

Lui, le « Maître de tous les Temps », qui pourrait si aisément se passer du facteur temps, ne le fait pas… Il fait advenir les choses à temps. La sagesse biblique le rappelle à qui a des oreilles : « Chaque chose vient, oui, en son temps ». (Ecclésiaste 3, 1-15) Noël aussi !

Devenons des « matrices » pour que le Christ puisse prendre vie au cœur de notre vie…

«Toutes les choses que Dieu a faites sont bonnes en leur temps. […] J’ai compris qu’il n’y a rien de bon pour les humains, sinon se réjouir et prendre du bon temps durant leur vie.»
L’Ecclésiaste 3, 11-12

«Il n’y avait pas de place pour eux? Pas si sûr…»

Par Jean-François Bobillier
Photos : DR, Franciscains international

Vous connaissez l’histoire : Marie et Joseph cherchent un lieu d’accueil pour que leur enfant vienne au monde dans la chaleur d’une hospitalité bienveillante. Mais il n’y avait pas de place pour eux. 

Plus de deux mille ans plus tard, une place arrangée avec amour est-elle enfin disponible dans le cœur de l’homme contemporain pour accueillir ce nouveau-né ? 

Ma pensée est nourrie par les multiples rencontres vécues avec des adultes, notamment dans le cadre des préparations aux baptêmes. 

Jésus paraît être le grand absent de nos vies et le grand oublié de notre époque ! Pour preuve : « Jésus n’a jamais existé ! » « Qui nous prouve que ces histoires sont vraies ? » « C’était juste un homme qui avait des super pouvoirs ! » « C’est bon maintenant : on est adultes, l’histoire du Père Noël ou de Jésus, on ne nous la fait plus ! » « Tout a été inventé ! » Mais oui, ces paroles viennent de personnes baptisées et désirant le baptême pour leur enfant, souvent pour « perpétuer une tradition » ou « parce qu’il faut le faire ».

Dès lors, que proposer lors de ces soirées de préparation ? Parler de nouvelle évangélisation ? des symboles de l’eau ou de la lumière ? de l’Esprit Saint ? Décortiquer le Credo ?… Ça n’est pas une blague : la majorité des personnes rencontrées ne croit pas en l’existence de Jésus. 

Et pourtant ces soirées sont formidables ! Tout peut y être déposé : colères, blessures, questions, doutes, témoignages et j’en passe. Quelques larmes ont même coulé. Autour d’un verre de rouge la salle du prieuré se transforme en bouillonnant lieu de débat. Génial ! « Tu sais, la semaine passée je n’avais aucune envie de venir, mais ce soir je me réjouissais ! », me glissa à l’oreille un jeune père de famille. 

Vient le moment où, soit mon collègue et ami Pascal soit moi-même, nous témoignons de notre foi. Avec nos mots, nos doutes, nos maladresses, nos vies. Oh, non pour convaincre mais pour rejoindre. En effet, comme il est aisé de faire le constat que rien ne nous différencie d’eux sinon le vocabulaire utilisé pour dire l’Amour !

Il y a fort longtemps, Joseph et Marie se sont vu refuser l’hospitalité sous prétexte qu’il n’y avait plus de place. Et si place il y avait en réalité, mais que la sublime transparence du cœur et du regard de Marie avaient bouleversé les hôtes ? Et si le tressaillement de l’enfant les avait à ce point ébranlé, qu’ils n’osaient croire que Dieu se tenait à leur porte ?

Aujourd’hui encore, les « non-pratiquants » font réellement l’expérience du tressaillement de l’Amour en eux. C’est vrai, ils ne l’expriment pas en parlant de l’effusion de l’Esprit ou du kairos et ne le manifestent pas par un Gloria ou par l’oraison. Il n’empêche que… Maurice Zundel écrivait : « Il y a en moi plus que moi. Quiconque a fait cette expérience n’a pas besoin qu’on lui montre l’existence de Dieu. » 

A nous, témoins de la foi chrétienne, d’adapter notre langage en faisant preuve d’une grande délicatesse et d’accorder à toute personne notre présence réelle et authentique afin qu’elle prenne conscience qu’en elle une nouvelle naissance est possible.

«Il y a en moi plus que moi»

Rencontre avec Muriel Voutaz

Muriel Voutaz est discrète. Ses grands yeux et son large sourire ont ouvert entre elle et moi un espace d’accueil mutuel. A ma demande de savoir si elle accepterait de partager une petite tranche de vie, elle a répondu: «Oui, avec plaisir. Si ce que j’ai vécu peut être utile à d’autres, c’est une bonne chose.»Propos recueillis par Pascal Tornay
Photo: DR

Assistante administrative auprès de Migros Valais, je travaille également à la Passerelle de l’AMIE (Association Martigneraine d’Invitation à l’Entraide) où je suis actuellement l’une des coordinatrices des bénévoles pour les personnes en fin de vie auprès de l’unité des soins palliatifs à l’hôpital de Martigny. En parallèle, je suis une formation sur le deuil et l’accompagnement de personnes endeuillées. Je travaille comme bénévole auprès de l’association Parpas (prévention du suicide) à Sion.

Alors âgée de 32 ans, remplie d’ambitions face à la vie, cette dernière m’a soudainement prise de court. De plein fouet, je me suis retrouvée, d’un jour à l’autre, confrontée à un deuil très brutal que je n’étais pas armée pour affronter…

Durant plusieurs années, me lever le matin m’a demandé un effort quotidien. J’avais l’impression de fonctionner comme un robot et j’ai vécu dans le retrait de mon entourage durant de longues années tellement j’étais centrée sur ma propre souffrance. Le sentiment de traverser un tunnel sans fin… Chaque matin au réveil, ces incessants « pourquoi » recommençaient à tourner en rond dans ma tête. C’était comme si cette souffrance si profonde n’allait jamais s’arrêter. La tristesse me poursuivait nuit et jour.

Puis, j’ai eu le bonheur de devenir maman de deux petites filles quelques années après. Avec mon mari, elles m’ont donné la force de me relever. Je me suis beaucoup accrochée à eux, à ce que j’avais de plus précieux. Cependant, j’étais constamment envahie par la peur de tout perdre. J’anticipais beaucoup les événements pour avoir la maîtrise sur la vie.

Les jours et les années ont passé et mes filles ont pris le chemin de l’école, de la vie. Peut-être n’étais-je pas prête à subir un nouveau changement. Par leur absence pourtant très courte, j’avais l’impression qu’on m’avait « volé » mes enfants. J’avais le sentiment que le château de cartes que j’avais réussi à bâtir en parallèle de ma souffrance s’était effondré. Je devais reprendre un nouveau départ en me centrant cette fois sur moi.

Durant deux ans, j’ai vécu cela comme une violence face à moi-même. Puis, des problèmes de santé m’ont alors contrainte à devoir me calmer et à rester tranquille, à me reposer, à m’écouter, à ne pas avoir honte de rester sans rien faire tout un après-midi et avec le temps j’y suis parvenue. Aujourd’hui, j’apprécie ces moments où je suis seule avec moi-même, tout en sachant que le soir nous sommes à nouveau tous réunis.

Ma façon de voir la vie et de la vivre a changé et j’ai appris à connaître mon « enfant intérieur ».

Aujourd’hui, je me conditionne chaque matin pour vivre au mieux ma journée en ne me laissant pas rattraper et envahir par le stress de la vie courante. J’ai besoin de beaucoup de calme et de réflexion pour accomplir mes tâches et être ainsi en accord avec moi-même et je dis MERCI à la vie de me l’avoir appris.

«Rien n’est permanent, ce qui était hier n’existe plus aujourd’hui et ce qui est maintenant ne sera peut-être plus là demain. Seul le moment présent est important alors profitons de chaque instant pleinement pour ne rien regretter.»

Aveuglés?

Extrait de l’homélie du Dimanche des Migrants
Photos: DR

A l’occasion du Dimanche des Migrants (29.09), l’Eglise fait mémoire des personnes exilées qui doivent vivre sur une terre étrange(ère), loin de tout repère, fuyant une réalité locale terrible souvent faite de violence et de persécution. A bout, ils en viennent notamment à accepter de traverser la mer Méditerranée au prix de leur vie… Le naufrage de leurs embarcations et la mort d’innombrables personnes doit nous interpeller ! En écho, l’évangile de ce dimanche exprimait cet abîme Nord-Sud par la comparaison d’un homme riche qui fait chaque jour de somptueux festins et d’un autre nommé Lazare gisant à sa porte couvert d’ulcères que les chiens viennent lécher… (Lc 16, 19-31)

« Ce drame, si souvent répété et toujours actuel, interroge notre responsabilité personnelle et collective ainsi que nos choix de vie. Qu’est-ce qui l’emporte ? Notre amour du prochain ou l’idée bien établie – d’une logique imparable – selon laquelle : « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ? » Qu’est-ce qui parle en premier ? L’ouverture du cœur ou la fermeture très pragmatique des frontières ? Qu’est-ce qui compte le plus ? La lutte contre la souffrance ou notre intérêt et notre bien-être ?

« Comment se fait-il – demandent les faux naïfs – qu’il y ait des réfugiés économiques ? Pourquoi tous ces gens – comme le pauvre Lazare – veulent-ils leur part des miettes qui tombent de notre table ? » On peut bien faire l’autruche et ignorer qu’aujourd’hui ces inégalités sont si grandes et si nombreuses qu’on écrit des pages et des pages de rapports, qu’on fait même des atlas pour encore mieux montrer les régions du monde où l’on ne trouve ni nourriture, ni eau potable, ni électricité, ni toilettes, ni retraite, ni aide sociale, ni couverture santé… Mais interrogeons-nous pour savoir quels sont les pays qui contribuent aux guerres ou qui les laissent faire ? Qui là-bas exploite les ressources et appauvrit les populations ? Qui vit au-dessus de ses moyens, tout en ignorant les autres ? « Entre eux et nous – dit la parabole – il a été disposé un grand abîme, pour que ceux qui voudraient traverser ne le puissent pas. » (Lc 16, 26)

Nous sommes les témoins d’une pauvreté qui fait basculer une part de l’humanité dans une condition de sous-humanité ! Et la connaissance de ces injustices criantes, loin de susciter notre action concrète, semble nous plonger dans une sourde impuissance ! Alors que ne rien faire est aussi d’une grande violence, pour ceux qu’on abandonne à leur malheur, mais aussi pour nous-mêmes si nous nous résignons !

Heureusement, il y a l’Evangile… et le Christ qui, par cette parabole, nous délivre de tout fatalisme. Cette histoire de l’homme riche et du pauvre Lazare est d’une scandaleuse vérité. Elle nous renvoie à toutes les disparités sociales et à la situation d’un grand nombre de personnes aujourd’hui, y compris autour de nous. D’un côté, un nanti, vivant dans l’abondance, avec ses vêtements luxueux, ses somptueux
festins… De l’autre, Lazare, dont le nom signifie : « Dieu aide ». Et entre ces deux hommes : un immense fossé. Celui de l’indifférence ! La plus grande injustice n’est pas que certains soient plus riches que d’autres, mais que la richesse puisse rendre les hommes aveugles ! Que la vie facile les prive de tout discernement, les rende incapables de voir la situation dans laquelle ils se trouvent par rapport aux autres.  Là est le grand malheur frappant ceux à qui l’argent fait croire qu’ils vivent dans un autre monde. Qui se sentent si différents, qu’ils en deviennent irresponsables ! 

Ainsi, le scandale que Jésus dénonce c’est l’aveuglement de ceux qui ne sont plus en mesure d’évaluer leur condition véritable. Le malheur du riche, c’est de vivre comme si la misère n’existait pas, comme si la souffrance des autres était sans importance… De manière volontaire ou involontaire, il ferme les yeux sur la réalité qui le dérange, celle qui risque de perturber la fausse sécurité matérielle qu’il partage avec ses amis. Et les grands festins qu’il donne sont autant de symptômes qui à la fois masquent et dévoilent l’accablante vanité de son existence.

Alors, l’injustice la plus honteuse qui nous menace, c’est le risque de nous fermer, de n’être plus capables de voir ou de ne plus savoir regarder. Ou bien qu’ayant trop vu, nous ne puissions plus que fermer les yeux sur l’essentiel, comme si l’excès d’information audio-visuelle ne faisait que dissimuler les évidences.

Tous différents: une richesse

Par le Chanoine Joseph Yang
Photo: Marion Perraudin

Aujourd’hui, le monde devient de plus en plus petit… comme un village. Par les moyens de tranports modernes – la voiture, le train, l’avion – nous nous déplaçons facilement et rapidement. Par les moyens informatiques, nous sommes ultraconnectés et le monde est interconnecté.

Nous vivons en réalité dans une société interculturelle et interreligeuse. On n’a pas besoin de chercher bien loin. Prenons l’exemple de Martigny chez nous : une toute petite ville parmi les autres avec ses 18’000 habitants. On y trouve 35% de population étrangère et 113 nationalités différentes !

Je regarde cette réalité comme une chance et une richesse. Une chance : parce que nous n’avons pas besoin de chercher ailleurs. Ils sont là, chez nous. Une richesse : parce que nous pouvons connaître et rencontrer tellement de cultures et de religions différentes dans un dialogue. Entrer en dialogue avec l’autre – selon l’esprit de l’Evangile – exige quelques conditions nécessaires :

L’égalité. L’autre en face de moi est une personne comme moi. C’est moi-même en quelque sorte (alter ego). En elle, il y a une histoire, une culture, une religion… Au début des célébrations, le prêtre commence très souvent par dire : « Chers frères et sœurs… » En Jésus, nous sommes tous frères et sœurs. Nous sommes égaux.

Le respect. L’autre en face de moi, c’est Jésus. Parce que Jésus se manifeste en chaque personne. Il nous dit : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40). Si l’on veut respecter Jésus, respectons l’autre.

L’ouverture. Si j’ai le désir de connaître l’autre, face à moi, je me dois d’avoir un esprit ouvert, un cœur ouvert. C’est le signe que j’accepte l’autre comme il est.

• Le dialogue. C’est un moyen extrêmement important selon moi pour connaître l’autre, pour vivre avec l’autre, pour cheminer avec l’autre en paix, en joie.

Impuissance

Par Pascal Tornay
Photo: DR

L’épouse d’un cousin se sépare de lui, le laissant seul avec trois enfants. Ils ne savent plus comment être ensemble. Impuissance. Mutisme. J’évite tout jugement. Aussi intérieurement. J’adopte tant bien que mal une posture compatissante et priante. 

L’époux d’une amie est décédé récemment après une longue maladie. Je l’appelle pour prendre de ses nouvelles : « Comment traverses-tu cette nouvelle épreuve ? » J’écoute et essaie de l’entourer, un peu malhabilement, de mon amitié, d’une certaine paix que j’invoque. Impuissance.

Un ami en grande difficulté se demande quel est le sens de sa vie. Il se dit que, dans ces conditions de précarité, de souffrance, il décidera prochainement s’il mettra un terme à cet existence misérable. A ces propos je prends peur, mais essaie de regarder vers le Seigneur en gardant cette profonde certitude que tout est en Lui. J’écoute, impuissant. Je le confie secrètement à la tendresse du Père, aux anges gardiens. Je l’assure de ma présence active… s’il en a besoin.

Je pourrais multiplier les exemples. Face à toutes ces situations, que faire ? Qu’y puis-je ? Concrètement, j’avoue : je ne sais pas. Je me souviens d’un épisode de détresse personnelle il y a 15 ans : mes proches étaient tous dans un désarroi terrible. Comment faire ? Que faire ? Que dire qui puisse soulager, soutenir, encourager ?

Après coup, mes parents m’ont dit : « Que pouvions-nous faire ? J’ai répondu : « Il n’y avait rien à faire. Il y avait à être là et à rester là, présent, discrètement à l’affût. Il y avait à donner un sourire, un câlin. Il y avait à rester confiants, silencieusement : priant et criant sourdement vers le Seigneur tout-(im)puissant (!), comme vous l’avez fait sans cesse… Alors des perles jaillirent de leurs yeux : « Nous avons donc pu faire quelque chose pour toi ! » Je rétorque : « Vous avez été là et vous êtes restés avec moi, c’est tout ce dont j’avais besoin : MERCI ! »

Voilà le « pouvoir des mains vides » comme a pu l’écrire l’abbé Joël Pralong ; le pouvoir paradoxal que Dieu, par son Fils Jésus, exerce notamment sur la Croix et qu’il continue d’exercer dans le secret de notre vie. « Ne rêvons pas que Dieu soit partout sauf où l’on meurt » dit une hymne du bréviaire. Oui, il est là discret, mais éternellement et totalement présent sur ces routes humaines où l’on souffre et où l’on crie de douleur. 

Nous sommes impuissants qu’apparemment car au fond, une force mystérieuse et réelle passe bien ! En fait, rester foncièrement confiant, patient et présent à l’autre tient tout à la fois de la banalité et du miracle. Dans ce compagnonnage qui va jusqu’au bout – que chacun peut offrir – et que le Seigneur, lui d’une manière divine, ne cesse d’offrir à celle et celui qui veut le recevoir – il y a le plus haut témoignage d’amour. Il ne fait pas de bruit, mais il est rédempteur !

Hymne :

Puisqu’il est avec nous
(D. Rimaud – CNPL)
[…] Puisqu’il est avec nous
Pour ce temps de violence,
Ne rêvons pas qu’il est partout
Sauf où l’on meurt…
Pressons le pas,
Tournons vers lui notre patience,
Allons à l’homme des douleurs
Qui nous fait signe sur la croix !

Puisqu’il est avec nous
Dans nos jours de faiblesse,
N’espérons pas tenir debout
Sans l’appeler…
Tendons la main,
Crions vers lui notre détresse ;
Reconnaissons sur le chemin
Celui qui brûle nos péchés ! […]

Rencontre avec Sœur Marie-Pierre

Propos recueillis par Pascal Tornay
Photos: DR

60 ans de vie religieuse, ce n’est pas rien ! Sœur Marie-Claire Puippe aussi connue sous le nom de « Monique de Bovernier » vient de passer ce beau cap, le 29 juin dernier au Couvent des sœurs de la Charité de Sainte-Jeanne-Antide à La Roche-sur-Foron en France voisine. Elle nous partage quelques mots…

La vocation de notre Sœur Marie-Pierre est née dans la lingerie, comme elle aime à dire ! En effet, engagée comme lingère à l’Abbaye de Saint-Maurice, alors tenue par les Sœurs de Sainte-Jeanne-Antide, elle met le doigt sur son désir de se donner dans une vie de religieuse. « Non pas cloîtrée, comme j’y avais été invitée par une amie, mais au service des gens dans le monde », raconte-t-elle. Ensuite, elle quitte son village natal pour la France pour y suivre une formation. « Plus jeunes, je n’aurais bien jamais pensé quitter Bovernier ! », lâche-t-elle encore. A la fin de sa formation, elle revient au pays comme enseignante au Collège Sainte-Jeanne-Antide à Martigny. Pendant de longues années, elle communique son enthousiasme à ses élèves notamment durant les cours d’entretien ménager qu’elle dispense. A cette époque, elle s’engage aussi dans les activités paroissiales et notamment au service des personnes âgées. Plus tard, à son grand étonnement, elle est appelée à partir pour une mission de service au Cameroun. But de la mission : éviter la fermeture d’une école… Après quelques discussions avec la direction, elle remet sa charge et s’en va pour l’Afrique… Elle y restera 4 ans ! Au cours de ce séjour prolongé, elle se retrouve « entourée de Noirs ». « Il m’est arrivé de me sentir seule, car en fait le village où j’étais était assez isolé, explique-t-elle. Un jour, après la messe, alors que j’adorais le Seigneur dans le Saint-Sacrement en le regardant fixement, la blancheur de l’hostie m’est apparue plus blanche que jamais et je me suis dis que je n’étais pas seule à être « blanche » ! (rires). J’ai touché du doigt que le Seigneur nous précède toujours ! 

L’heure de la retraite arrivant, elle revient en Europe et rejoint la France pour accomplir diverses missions et notamment comme responsable de maisons d’accueil. En ce moment, elle vit à Thonon-les-Bains et se consacre au service de l’accompagnement de sœurs aînées. Sœur Marie-Pierre, sourire aux lèvres et cœur léger, malgré les (bonnes) surprises que lui a réservées son obéissance religieuse, a toujours été heureuse dans sa vocation à la suite du Christ au service des plus petits de ses frères et sœurs humains. Ravi de l’avoir rencontré, je lui souhaite plein d’entrain et de ferveur pour la suite des jours et ses prochaines missions…

«Quand Dieu appelle et qu’on l’entend, il donne tout ce qu’il faut [pour accomplir la mission].»
Sainte Jeanne Antide Touret

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