La Réforme, cinq siècles d’histoire

Troisième partie – La Réforme en Suisse

Après avoir fait connaissance avec les personnages ayant soutenu et favorisé l’émergence de la Réforme luthérienne, nous avont découvert la figure d’Ulrich Zwingli, fondateur de la Réforme Suisse au XVIe siècle. Dans ce numéro de L’Essentiel, le troisième volet de l’histoire de la Réforme se penchera sur un personnage fort peu reconnu et qui pourtant ouvrit le chemin de la Réfome dans le pays de Vaud et Genève. Il s’agit de Pierre Viret.

Par Fabiola Gavillet Vollenweider
Photos : DR

Pierre Viret
Pierre Viret

Pierre Viret (1511-1571)
Pierre Viret est originaire de la ville d’Orbe. Destiné à la prêtrise, il part étudier au collège de Montaigu à Paris (Erasme, Calvin et Ignace de Loyola y auront séjourné). Alors jeune homme, il côtoie les courants humanistes ainsi que ceux de la Réforme déjà fort répandus dans la capitale française. Ses études finies, il retourne à Orbe, sa ville natale, où il rencontre Guillaume Farel. Noble originaire de la région de Gap, France (1498-1565), évangéliste itinérant et brillant orateur, ce dernier avait été mandaté par le Chancelier du Grand Conseil et Petit Conseil, Pierre Giraud, afin de répandre la Réforme dans le pays de Vaud et de Genève. Bien que brillant, ses actions tenaient plus du révolutionnaire que du rebelle. D’où une intransigeance inouïe envers les catholiques qui osaient se rendre dans un territoire « libre » pour entendre la messe et se voyaient frapper d’amendes. On l’entendit clamer  lors de son prêche de 1529 à Morat que « la messe est un meurtre et celui qui la célèbre est pire qu’un brigand »… Il poussait à la révolte non seulement contre tout ce qui était catholique, mais également contre les autorités. Etranger, non aguerri aux us et coutumes du Pays de Vaud, très vite il se rendit compte qu’il lui faudrait impérativement un équipier de souche locale s’il voulait mener à bien sa mission. Les villes d’Orbe, Payerne et Morat étaient gouvernées alternativement par Berne (réformée) et par Fribourg (catholique). Farel réussit donc à convaincre Pierre Viret de travailler comme prédicateur dans un premier temps à Orbe, puis comme prédicateur itinérant dans tout le pays romand. Leur mission les amène à Genève, ils y passeront ensemble 3 ans jusqu’à l’arrivée de Jean Calvin. Pierre Viret, convaincu, s’est totalement dévoué à sa mission. Il aura publié plus d’une cinquantaine de livres! Mais pour une raison inexplicable, ses écrits n’ont pas été réédités depuis le XVIe siècle. Timide, il n’en laissait rien transparaître lorsqu’il prêchait. Sa redoutable éloquence lui permit de gagner les « disputes », grands débats de l’époque, qui opposaient réformés et catholiques et dont l’issue déterminait la direction confessionnelle que prendrait la ville ou le territoire sur lequel elles avaient lieu. Il assura en juin 1533 la victoire des Réformés lors de la Dispute de Rive à Genève. Pierre Viret ne préparait jamais ses discours. Il improvisait, ce qui lui donnait une force inouïe. Plusieurs prêtres adhèrent à la nouvelle Foi lors de ces débats et seront suivis après par des centaines d’autres adhésions (et oui, il fut un temps où il y  avait des centaines de prêtres dans une même ville…). En 1536, lors de la Dispute de Lausanne, ses arguments firent basculer tout le pays de Vaud dans la Réforme. La messe est supprimée. Les ornements catholiques sont éliminés, les objets de valeur sont vendus au profit de Berne dans le but de verser les salaires des pasteurs. La récitation de l’Ave Maria, le port du chapelet et le serment au nom des Saints sont interdits.

A Genève en 1537 le ton bienveillant de la Réforme bascule dans une intolérance extrême. Le Conseil de Genève (Conseil des deux cents) ayant voté à l’unanimité l’adhésion à la Réforme un an auparavant, tous les habitants doivent dès lors jurer la nouvelle Foi. Il s’agit d’une adhésion personnelle visant à déterminer les membres véritables de la nouvelle Eglise. Seuls ceux qui ont juré la déclaration établie par Farel et Calvin auront accès à la Sainte Cène. Les récalcitrants seront excommuniés.

Berne, bien qu’alliée de Genève, ne pouvait accepter ce pouvoir que s’octroyait l’Eglise réformée, ni ce regain de despotisme. Pour les confédérés, la nouvelle Eglise se doit d’être soumise à l’Etat et non le contraire. Lors de l’occupation des nouveaux territoires « romands » par les Bernois, ceux-ci avaient envoyé aux habitants et aux autorités locales la déclaration suivante : « Nous vous donnons l’ordre de vivre fraternellement, amicalement, les uns avec les autres. Point de violences, ni en paroles, ni en actes. Vous catholiques ne troublez pas le prêche, et vous réformés ne détruisez pas les images des Saints. » Mais cette bonne volonté n’allait pas durer.

Farel et Calvin ne partageant pas cette approche, leur intransigeance finit par provoquer leur expulsion en 1538.

Pierre Viret, alors pasteur à Lausanne, est « prêté » par Leurs Excellences à la ville de Genève afin de remettre un peu d’ordre et de régler les troubles qui y ont éclaté. Elles lui confièrent cette mission, confiantes de son approche passionnée, mais encore « raisonnable ». Ce dont il s’acquitta admirablement. D’ailleurs Genève ne put qu’accepter au vu de la pression d’ordre financier que les Bernois excerçaient sur elle.

De retour à Lausanne, il y fonde en 1540 l’Académie, une haute école qui sera la première institution d’éducation supérieure protestante en territoire francophone.  Mais les années passant il devint de plus en plus évident qu’il était bel et bien partisan d’une Eglise indépendante de l’Etat ayant l’autorité d’excommunication, de contrainte confessionnelle et de punition des pécheurs (ceux qui n’adhèrent pas à la Réforme). En 1558, avec ses collègues, il demande à Berne qu’une discipline morale et ecclésiastique plus stricte soit introduite dans le Pays de Vaud. Il exige de pouvoir examiner la vie privée des paroissiens, ainsi que de pouvoir les interroger avant la Cène et décider si oui ou non ils peuvent y prendre part. Le langage, le vêtement, la nourriture, la danse, les jeux… tout est réglementé. Toujours confiants, la réponse positive de Leurs Excellences n’arrivant que le 24 décembre, Pierre Viret va jusqu’à reporter la célébration de Noël d’une semaine, au 1er janvier 1559,  afin de pouvoir mettre en place son nouveau système de contrôle. Malheureusement Pierre Viret ne semble pas avoir tiré de leçon de la mésaventure vécue par Farel et Calvin.  Déplacer la célébration de Noël fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Les Bernois ne purent accepter cet « accès de despotisme » et finissent aussi par l’expulser de Lausanne. Transitant par Genève, il s’expatrie à Nîmes, puis à Montpellier et Lyon en 1563 où il présidera le Synode National des Eglises réformées. Chassé en 1565, il répond à l’invitation du royaume du Navarre où la Reine Jeanne d’Albret (mère du futur Henri IV de France) l’appelle afin d’y conduire la Réforme. Sa vie s’y achèvera en 1571.

Guillaume Farel
Guillaume Farel

Pourquoi Ulrich Zwingli et Pierre Viret ?

Certains peuvent se demander pourquoi un choix arrêté sur ces deux hommes ?  Pour commencer tous deux sont nés sur territoire confédéré. Et surtout parce que ce sont eux qui ont ouvert le chemin de la « Réforme » dans ces territoires. C’est grâce à eux qu’un Guillaume Farel ou un Jean Calvin ont pu y implanter leurs nouvelles idées. Mais il y a aussi d’autres hommes qui ont également participé à ce chamboulement historique. Alors je ne peux que recommander une visite au musée de la Réforme à Genève. Elle permettra de mieux cerner la complexité de l’histoire de ce XVIe siècle.

Mais au-delà de tout ce qui s’est détruit, ou qui s’est construit, n’oublions pas ces mots du Christ sur la Croix : « … Moi en eux et Toi en moi. Que leur unité soit parfaite : ainsi le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme je les ai aimés… » D’une perspective chrétienne cette unité ne semble pas toujours parfaite, pourtant lorsque des chrétiens sont tués ou massacrés, on ne leur demande pas à quelle Eglise ils appartiennent. Ils sont tués car ils sont des Chrétiens.

Notre prière pourrait être alors :
« Seigneur, unis-nous davantage à Toi, romps tous ces obstacles et guéris toutes ces blessures qui nous empêchent d’être en union les uns avec les autres. »

Samedi des familles

En cette année de la famille sur notre unité pastorale (UP), un temps de contes et de musique autour de la famille, de la transmission, du lien était proposé le 25 mars à la Colombière autour d’Anita et Thierry Lenoir sur le thème «Ces mots qui tissent».

Par Françoise Merlo
Photos : Chantal ZaphiropoulosC’était un cadeau magnifique que de pouvoir répondre à cette  invitation, et les familles qui ont choisi de vivre ce moment, malgré le beau temps et l’appel du grand air, ne l’ont pas regretté en ce samedi 25 mars, jour de l’Annonciation.

Anita Lenoir, conteuse, et Thierry Lenoir, son époux, pasteur et aumônier à la clinique La Lignière, étaient les invités de l’unité pastorale (UP) pour nourrir les esprits à travers leurs arts respectifs : les contes et la musique. Deux heures délicieuses passées à écouter : n’était-ce pas la demande du Seigneur à Israël ? « Ecoute, Israël. » Beaucoup de civilisations anciennes et de pays lointains ont pratiqué l’art de conter pour transmettre. Notre monde « civilisé », lui, a perdu le goût de l’écoute et s’est rallié au bruit, à la vitesse, aux exploits.

Rabbin, prince et ange
Nous souhaitions offrir aux familles un temps gratuit, de bonheur, de paix intérieure à travers des contes de sagesse racontés avec brio par Anita et des passages musicaux interprétés au violon par Thierry. Leur talent à tous deux est certain, et un peu magique ! Ils nous ont transportés sur les chemins du monde, dans les temps anciens, à travers les continents. Nous étions dans des vallées, sur des montagnes, en Centrafrique, dans les pays berbères.

Nous écoutions un rabbin nous expliquer  la prière. Nous suivions les pas d’un jeune homme qui voulait quitter sa vallée pour une montagne très éloignée et qui a marché, marché… jusqu’à se rendre compte, après bien des années, que la poussière sous ses souliers était la même que celle qu’il soulevait sur les chemins de son village. Il est revenu chez lui et personne ne l’a reconnu si ce n’est sa mère, qui l’avait laissé partir en souriant et qui  l’a retrouvé avec le même sourire… un peu vieilli.

Puis ce fut l’histoire d’un roi qui accueillit le cadeau d’un de ses sujets et lui té­­moigna sa reconnaissance alors que ce cadeau était un flacon contenant quelques gouttes d’une eau de source pas très claire. Cadeau inutile pour le roi, car un fleuve immense coulait à côté de son palais. Mais il se garda bien de le dire à son sujet, venu et reparti de nuit.

Ailleurs, c’était un prince qui apprenait son métier de prince grâce à l’amour de celle qu’il avait demandée en mariage et qui ne dirait oui que lorsqu’il aurait appris un métier, un vrai. Le dernier conte nous parlait d’un ange qui ramassait tous les soirs les mots qui se disaient pour les tisser et en faire le voile du lendemain. Il y avait des mots d’amour, de tendresse, de paix, de pardon avec lesquels l’ange pouvait tisser son voile, il y avait aussi des mots qui trouaient le voile, des mots de haine qui tuent, écorchent, des mots de mort…

Tisser des mots de vie
Ces contes de sagesse nous ont révélé que tous nous avons des rêves, des désirs… jusqu’au désir de Dieu. Que parfois nous portons les désirs de nos pères, de nos ancêtres, et que nos familles nous offrent des racines pour apprendre à tisser des mots de vie. Elles tiennent le fil et nous apprennent à le tisser pour faire lever le jour demain.

Merci à tous ceux qui ont permis ce beau moment de ressourcement, merci Anita et Thierry, merci à l’Equipe pastorale.

Les JMJ à Nyon : enthousiasme et bonne humeur

Les jeunes de La Côte ont accueilli, dimanche 5 mars, les JMJ de Suisse romande. Une journée riche en émotions sur le thème « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Luc 1, 49). Et une expérience positive.

Par Stéphane Ernst
Photo: Stéphane Ernst, DRUn dimanche particulier que ce 5 mars, qui a vu 230 jeunes francophones (des cantons de Vaud, du Valais, de Genève, de Fribourg, de Neuchâtel, du Jura et de Berne) prendre possession des salles paroissiales de la Colombière pour vivre les JMJ romandes. Le thème de cette année, « Le Puissant fit pour moi des merveilles » (Lc 1,49), a été distribué à chaque participant sous forme de bracelet pour la journée.

Car les JMJ ne se déroulent pas seulement tous les trois ou quatre ans à l’autre bout de la planète avec trois millions de jeunes du monde entier : c’est aussi, une année, une journée régionale et l’année d’après une journée nationale. Les éditions 2017 à 2019 vont explorer des thématiques mariales proposées par le pape François.

Ainsi, après les JMJ de Cracovie en 2016, et avant Panama en 2019, il y aura à Fribourg en 2018 les JMJ suisses. Mille jeunes catholiques romands, suisses allemands et tessinois réfléchiront au thème « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1, 30).

Une idée née à Cracovie
Preuve que les bonnes idées germent parfois aux moments les plus étonnants et de manière spontanée, l’idée de recevoir les JMJ de Suisse romande 2017 à Nyon a été émise à la sortie du bus au retour de Cracovie l’an passé. Nous avons profité du dynamisme et de la motivation des quelques jeunes Nyonnais présents.

Une équipe de choc s’est constituée. Elle s’est réunie pendant plusieurs mois pour préparer une journée qui s’annonçait inoubliable aux niveaux ambiance, organisation et qualité. Une équipe dont il a été dit dans les retours reçus qu’elle était « hyper organisée, motivée et professionnelle ». Samedi 4 mars, la veille du grand jour, elle était sur place dès 17 heures et jusque tard dans la nuit pour régler les derniers détails, accueillir l’équipe technique du concert, préparer les douze salles pour les ateliers du lendemain, réfléchir, couper, coller (informatiquement et avec du vrai papier et des vrais ciseaux), nettoyer, déplacer les tables, les chaises, …

Faits pour de grandes choses
Dimanche 5 mars, jour J, 8 heures 30 : les premiers bus arrivent, l’équipe d’accueil est prête pour orienter le flot de JMJistes, les aider à s’inscrire à deux des douze ateliers et leur permettre de déjeuner pour bien se lancer dans la journée !

La suite de la matinée se déroule entre des temps de louange animés par Genève et une conférence donnée par le Père Johann, de la communauté Saint-Jean. Il a invité les jeunes à réfléchir, en lien avec la thématique de la journée, sur les capacités et les dons que Dieu leur a donnés; il les a exhortés à se dépasser, à réfléchir hors des cadres habituels et à constater leurs qualités : « Vous êtes faits pour de grandes choses ».

Après un repas tiré du sac et une danse sur le parvis en souvenir de Cracovie, chaque participant a pu rejoindre deux ateliers. Au choix : Vierge pèlerine, vocations, témoignage sur Saint-Jacques-de-Compostelle, prière de Taizé, rock and roll, présentation du journalisme catholique, café-débat sur la foi avec Mgr Alain de Raemy, évêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, réfugiés, temps biblique, atelier créatif, présentation et prière du chapelet, présentation de l’Ordre de Malte. Après-midi riche et variée suivie d’un goûter bienvenu.

Dire Dieu en musique
Attendu avec impatience, le concert de Grégory Turpin, chanteur chrétien pop français, a permis de chanter, de battre des mains et de se tourner vers Dieu en musique. Les mélodies et les textes, entraînants et engageants, ont aidé les jeunes à poser des notes et des mots sur ce qu’ils vivent. Grégory a livré un témoignage poignant sur son passé et dit comment Dieu l’a littéralement remis en route.

La messe des jeunes mensuelle, ouverte aux paroissiens, a été célébrée avec tous les participants à cette magnifique journée. C’est devant une église comble que l’abbé Giraud Pindi, curé modérateur de l’unité pastorale (UP) Nyon-Terre Sainte, a accueilli Mgr de Raemy, l’évêque des jeunes, et les prêtres présents. Resteront gravées dans le cœur de chacun la musique, la communion et l’action de grâce pour les moments de partage et de charité vécus tout au long de la journée.

Merci Seigneur d’avoir permis cette journée. Merci à tous ceux qui l’ont rendue possible : l’UP, les organisateurs et les participants. Soyez bénis au nom du Seigneur Jésus.

La Réforme, cinq siècles d’histoire

Deuxième partie – La Réforme en Suisse

Après m’être attardée sur des personnalités qui ont joué un rôle dans l’origine de la Réforme et influencé Martin Luther sans avoir toujours été reconnues à leur juste valeur, dans cette deuxième partie, je m’attache aux figures d’Ulrich Zwingli et Pierre Viret, qui ont posé les fondations de la Réforme en Suisse. Cette deuxième partie comprend deux volets. Voici le premier.

Par Fabiola Gavillet Vollenweider
Photos : DRSi notre pays est à juste titre qualifié de petit, son histoire est d’une telle complexité qu’elle pourrait décourager les amateurs les plus férus d’histoire. Difficulté supplémentaire : contrairement à la plupart des pays, la Suisse n’aime pas les figures de proue ou les héros, locaux ou étrangers (hormis Guillaume Tell qui, lui, tient plus de la légende). Aussi, pour trouver de la documentation sur ces femmes et ces hommes d’exception qui ont participé à la construction de notre pays, il faut souvent aller chercher au-delà de nos frontières, dans les archives des pays qui à ce moment-là partageaient avec nous un segment d’histoire commune.

La Suisse au début du XVIe siècle

On ne parlait pas vraiment de Suisse au XVIe siècle, mais de Confédérés fonctionnant en un système d’alliances fermées où se distinguaient des cantons et des territoires alliés dont les finalités politiques et économiques étaient différentes. Cet ensemble se composait de treize cantons, six cantons sans ville importante (Uri, Unterwald, Schwytz, Glaris, Zoug et Appenzell) et sept cantons / villes territoires (Zurich, Lucerne, Berne, Bâle, Fribourg, Soleure et Schaffhouse) ; quinze alliés souverains dont Saint-Gall, Genève, Neuchâtel, le Valais et les Grisons ; des baillages communs comme l’Argovie, la Thurgovie et le Tessin.

Les Confédérés forment un ensemble qui n’a pas de lien constitutionnel unique ou commun. Berne, Fribourg et Zurich montent en puissance depuis la fin du 15e siècle. Les Confédérés sortent victorieux des guerres les opposant au duché de Bourgogne. En 1499, ils obtiennent leur indépendance vis-à-vis de l’Empire de Charles Quint. En 1516, ils signent le traité de paix perpétuelle avec la France (toujours en vigueur). En 1526, Genève signe l’Alliance ou la Combourgeoisie de Berne-Fribourg-Genève.

La Savoie se détournant de la France pour s’allier à Charles Quint, Berne, alliée de la France, n’a plus besoin de ménager le duc Charles II de Savoie. En 1536, les Bernois occupent un territoire recouvrant l’actuel canton de Vaud, une partie du Chablais et le Pays de Gex. Ils mènent une campagne éclair pour porter assistance à leur alliée, Genève, contre le duc de Savoie.

La Suisse en 1515.
La Suisse en 1515.
La Suisse en 1536.
La Suisse en 1536.

Premiers signes de la Réforme

Lorsqu’on parle de la Réforme en Suisse, on à tendance à penser tout de suite à  Guillaume Farel, Jean Calvin et Genève. Pourtant, l’arrivée de ce dernier dans la cité du bout du lac ne tient qu’au hasard d’une route barrée par la guerre qui a modifié son itinéraire. Banni de Bâle en 1536, il se rend à Paris pour régler quelques affaires familiales avant de gagner Strasbourg, où il a l’intention de poursuivre ses études. A ce moment-là, il a déjà pris connaissance des écrits de Luther et élaboré sa propre doctrine.

A Genève, un certain Guillaume Farel l’exhorte à rester et lui demande de l’aider à asseoir la nouvelle Foi dans la cité. Il va même jusqu’à menacer Calvin. Effaré, ce dernier craint une nouvelle persécution et répond positivement à la requête de Farel. Mais bien avant cela, la Réforme avait été introduite à Zurich par un certain Ulrich Zwingli en 1524, puis à Berne dès 1528. Petit retour dans le temps.

Qui était Ulrich Zwingli ?

Ulrich Zwingli.
Ulrich Zwingli.

Ulrich Zwingli (1484-1531) est issu d’une famille de paysans aisés. Après une formation humaniste à Vienne, Berne et Bâle, il est ordonné prêtre à Glaris en 1506. Grand admirateur d’Erasme, il traduit la Bible en allemand: ce sera la toute première édition à proposer tout l’Ancien Testament dans cette langue.

Lors des guerres du Piémont, Zwingli accompagne un contingent de 150 mercenaires suisses en tant qu’aumônier. Son engagement auprès des milices ainsi que les victoires de ces soldats décident le pape Jules II à lui allouer une rente annuelle de 50 pièces d’or en reconnaissance des services rendus. Malheureusement, la chance tourne : à la bataille de Marignan, en 1515, plus de 20’000 soldats confédérés sont massacrés. Zwingli quitte l’aumônerie militaire.

Après un passage à l’abbaye d’Einsiedeln en tant qu’aumônier, il rencontre Erasme  l’année suivante. Cette rencontre marque profondément sa sensibilité humaniste. Il est nommé prêtre à Zurich. Son besoin d’un retour à la pureté originelle de l’Evangile le pousse à ne plus prêcher chaque dimanche les passages de la Bible envoyés par Rome, mais à suivre le texte biblique tel qu’il se présente. Pour Zwingli, les Ecritures sont le fondement de la foi.

Il écrit 67 thèses qu’il défend devant les autorités de la ville. Elles se laissent convaincre de la justesse de la nouvelle Foi, y voyant un moyen d’asseoir leur affranchissement politique et spirituel vis-à-vis de Rome. Zwingli est nommé prédicateur à la cathédrale de Zurich.

Malheureusement, l’enthousiasme du retour aux sources s’accompagne de débordements et d’exactions. La messe est abolie, les images et les statues détruites, la musique et le chant interdits pendant les célébrations. Dès 1524, tout nouveau-né doit être baptisé dans la nouvelle Foi sinon sa famille, dans un premier temps, se voit exilée de Zurich ; dans un deuxième temps, la punition peut aller jusqu’à l’emprisonnement et la condamnation à mort par noyade. Une première scission donne naissance aux anabaptistes qui veulent que seuls les vrais croyants soient baptisés, limitant ainsi ce sacrement aux adultes. Sur décision des autorités, leur chef de file, Félix Manz, est exécuté par noyade dans la Limmat. Zwingli ne semble pas avoir participé activement à cette dérive, mais il fera par la suite preuve d’intransigeance.

Il instaure l’obligation, pour les prédicateurs (pasteurs), de participer à des séances d’étude des Ecritures en latin, grec et hébreu cinq jours par semaine ; dans la deuxième partie de la rencontre, des laïcs sont accueillis pour une étude de la Bible traduite en allemand ; la fin de la rencontre réunit pasteurs et laïcs pour une méditation et une prière d’intercession. Nous sommes en 1525. Rome mettra un peu plus de quatre siècles, lors du concile Vatican II, à rendre ainsi la Bible accessible à tous.

Pourquoi cette intolérance ?

La Réforme, en Suisse comme ailleurs,  n’a pas été l’affaire d’un seul individu, car ainsi elle n’aurait probablement pas eu d’avenir ; mais bien du pouvoir en place. Au premier abord, on pense être en présence d’un élan humaniste et d’une volonté sincère de retrouver la pureté des Ecritures face à une Eglise éloignée de ses fondements. Mais il s’avère que ce sont surtout les pouvoirs politiques locaux aspirant à une indépendance vis-à-vis de Rome ou de l’Empire qui saisissent l’opportunité de cette réforme religieuse. Elle devient un outil de rébellion qui leur permet de prendre en main la vie spirituelle et civile des citoyens. Les autorités instituent leurs propres Eglises. Les couvents et les monastères sont sécularisés et leurs biens  affectés à des oeuvres de charité gérées par l’Etat. Les fonctions qu’assurait l’Eglise sont reprises par l’Etat.

La nouvelle Foi adoptée à Zurich, que deviennent les relations de la ville avec les cantons catholiques ? Zwingli demande simplement que la prédication selon la nouvelle Foi soit tolérée dans tous les territoires confédérés et alliés, croyant sincèrement que la force de la Parole fera le reste. Cela peut sembler naïf dans un tel contexte. La réaction des cantons catholiques face à cette évangélisation dans la nouvelle Foi ne se fait pas attendre. L’assassinat d’un prédicateur dans le canton de Schwytz déclenche un premier conflit ouvert qui est traité par voie diplomatique. Un deuxième conflit éclate, à Kappel en 1531 : Zwingli et les Zurichois essuient une défaite. Zwingli perd la vie ainsi que vingt autres pasteurs.

Malgré quelques conflits déclarés, aucun canton n’a essayé d’imposer la Réforme ou le catholicisme à un autre par la force. On a affaire à une réaction de défense, non d’agression. Lorsque « l’ingérence » ne peut se régler diplomatiquement, alors on déclenche une intervention armée. Les Confédérés savent qu’un conflit armé interne les affaiblirait face aux menaces externes et mettrait en danger leur toute jeune indépendance vis-à-vis du Saint-Empire, obtenue en 1499.

Zwingli a-t-il rencontré Luther ?

Oui, en 1529, lors du Colloque de Marbourg, qui réunissait les principales figures de la Réforme. Mais Zwingli s’en éloigna rapidement. Leur pierre d’achoppement? Ils ne s’accordaient pas sur la présence réelle du Christ dans le pain et le vin. Pour Luther, le pain et le vin de la cène contiennent la présence du Christ alors que pour Zwingli, le Christ n’est présent spirituellement que grâce à l’action de l’Esprit Saint dans le cœur des croyants. Selon lui, la présence du Christ est exprimée par l’acte des croyants participant à la cène et non par une présence dans les espèces.

Après que Zurich eut adopté la Réforme, ce fut au tour de Berne d’y adhérer. Zwingli en fut également le mentor. Mais l’adhésion de Berne sera lourde de conséquences pour le Pays de Vaud.

Témoigner en terre jurassienne

Une délégation du comité romand de Vie et Foi a témoigné de sa joie de cheminer dans le cadre de ce mouvement lors des célébrations du dimanche des laïcs, les 4 et 5 février, dans l’unité pastorale des Franches-Montagnes (JU). Un temps tissé de rencontres et de découvertes.

Par Christel Charles, Jacqueline Sager et Hélène Lasser
Photo : DRCe dimanche des laïcs 2017 avait une résonance toute particulière pour la délégation du comité romand de Vie et Foi composée de Christine Arizanov, présidente ; Marie-Hélène Carron, vice-présidente ; Christel Charles, Jacqueline Sager, Hélène Lasser et Pascal Tornay, aumônier. Nous nous sommes courageusement invités dans les Franches-Montagnes et nous y avons été reçus à bras ouverts. Cette démarche d’évangélisation qui nous semblait osée nous a demandé une certaine audace ! Merci à notre aumônier, Pascal Tornay, qui avait tracé le chemin en prenant contact au préalable avec ses nombreuses connaissances sur place.

Une atmosphère fraternelle
Il y a d’abord eu une rencontre avec l’abbé Jean-Jacques Theurillat, vicaire épiscopal pour le Jura pastoral, qui nous a accordé un long entretien et une belle écoute. S’il soutient notre démarche, il nous a fait comprendre que toutes les régions du Jura pastoral n’étaient pas prêtes à entrer dans un nouveau projet parce qu’elles investissent déjà beaucoup d’énergie ailleurs et que trop de projets tue les projets ! Il nous a invités à travailler sur l’identité du mouvement: en tant que mouvement chrétien, que peut-il offrir de spécifique aux gens dans le paysage actuel ? Nous avons pris conscience que nous devions mieux définir les contours et le contenu de notre « offre » pour qu’elle soit véritablement perçue comme pertinente aujourd’hui.

A Lajoux, dans une petite région appelée La Courtine, au-dessus de Glovelier, une belle surprise préparée par nos amis Roland Miserez et son épouse Danielle nous attendait: autour d’une grande table, une vingtaine de personnes étaient réunies pour témoigner de leurs engagements, de ce qui leur tenait à cœur. Nous avons vécu là un échange fraternel très intéressant et très fort qui n’était pas sans nous rappeler l’atmosphère de nos réunions.

Une belle aventure
Le diacre Didier Berret, répondant de l’unité pastorale des Franches-Montagnes, nous a proposé, en lieu et place de l’homélie, de présenter le mouvement et de faire résonner nos paroles avec l’évangile du jour. Nous avons, en témoignant, pris le pouls des communautés rassemblées le samedi soir à Saignelégier, au Noirmont et aux Breuleux et de celles réunies le dimanche matin aux Genevez, aux Pommerats, à Saint-Brais et aux Bois. Quelle aventure !

Plein de bons moments ont jalonné notre escapade. Nous n’oublierons pas le repas du samedi soir, pris dans la gaieté, et le déjeuner familial du lendemain matin, à la cure de Saignelégier, un peu précipité par l’horaire des messes… Hélène, originaire de Mervelier et la dernière arrivée dans l’équipe Vie et Foi de Nyon-Gland, nous accompagnait. Sa présence, sa connaissance du pays, sa facilité de contact et la pertinence de ses conseils ont facilité nos relations. On était bien ensemble.

Faire route ensemble
Nous avons présenté le mouvement dans le cadre de l’homélie aux messes du samedi et du dimanche. De deux manières différentes: une saynète jouée à deux qui a remporté un joli succès ; et une présentation plus explicite à trois voix.

« Nous sommes chez vous avec d’autres, en ce dimanche des laïcs dans les Franches-Montagnes, pour témoigner de notre joie de cheminer dans le cadre du mouvement Vie et Foi et pour vous donner envie d’y participer, avons-nous expliqué. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus exhorte ses amis à être le sel de la terre et la lumière du monde pour que leur amitié soit savoureuse, d’une saveur qui ne peut venir que de lui, et pour que la foi qui les anime soit une balise sur la route d’autres personnes. Nous vous invitons à goûter cette parole de Jésus et à lui donner une suite concrète dans votre vie. »

« Dans un monde marqué par l’individualisme et le repli sur soi, l’incitation à une plus grande ouverture pour une meilleure connaissance de l’autre est source d’enrichissement et nous apporte beaucoup. Avez-vous envie de rassembler quelques amis et de faire route ensemble ?, avons-nous lancé. Quoi qu’il en soit, dans l’immédiat venez nous rejoindre à la fin de la célébration pour partager le verre de l’amitié ! »

Belle expérience, beaux souvenirs ! Merci de tout cœur à tous les artisans de cette réussite et tout particulièrement à nos amis jurassiens qui nous ont épaulés et coachés avec efficacité et beaucoup de gentillesse.

L’étape suivante est d’ores et déjà agendée: une rencontre avec nos amis proches samedi 29 avril à Saignelégier pour accompagner ce que nous avons apprivoisé là-bas.

Le mouvement Vie et Foi

Mouvement d’Action catholique, Vie et Foi propose de trouver en équipe une manière de vivre les réalités quotidiennes à la lumière de l’Evangile en s’appuyant sur le principe « voir, comprendre, agir ». Il est membre de la Communauté romande de l’apostolat des laïcs (CRAL) qui regroupe 23 mouvements laïcs présents en Suisse romande.

La paroisse de Nyon compte actuellement une équipe Vie et Foi. Essentiellement féminine, elle est issue de la fusion récente des équipes de Gland et de Nyon. Elle se réunit une fois par mois le mercredi après-midi. Elle est accompagnée par un aumônier, l’abbé Francis Polla.

Le comité romand élabore un thème de réflexion commun à toutes les équipes et diffuse cinq fois par an la revue « Vie et Foi ». Le thème 2016-2017 s’intitule « Respect de la vie dans le cadre du progrès technique, médical et alimentaire ».

Renseignements :

Christel Charles, chemin du Jura 1, 1270 Trélex, 022 369 19 60. Courriel : christel.west@bluewin.ch

Jacqueline Sager, rue des Fontaines 56, 1274 Signy, 022 361 56 20. Courriel : jacqueline.sager@bluewin.ch

Agnès Schilliger, Falaise 36, 1196 Gland, 022 366 39 25. Courriel : pschilliger@sunrise.ch

Les jeunes et la foi

Par Giraud Pindi, Curé modérateur de l’UP Nyon-Terre Sainte
Photo: DR
Les mois de mai et de juin sont des moments extraordinaires de foi pour la jeunesse de notre unité pastorale, car près de 200 jeunes vivent, durant cette période, les sacrements du pardon, de l’eucharistie et de la confirmation. Je reprends ici quelques pensées fortes du pape François. Elles figurent dans le message qu’il a adressé aux jeunes le 27 février pour la 32e Journée mondiale de la jeunesse du 9 avril, dimanche des Rameaux, intitulée « Le Puissant fit pour moi des merveilles ».

« Notre temps n’a pas besoin de «  jeunes-divans  ». » A l’exemple de Marie qui très jeune s’est mise en marche pour aller trouver sa cousine Elisabeth et lui apporter son aide sans s’enfermer chez elle et s’installer sur son divan (Lc 1, 36-39), il faut marcher non seulement en faisant mémoire du passé, mais aussi en ayant du courage dans le présent et de l’espérance pour l’avenir. La vie n’est pas un vagabondage, mais un pèlerinage qui peut nous aider à mûrir et à approfondir notre vocation, soutenus dans nos incertitudes et nos souffrances par la confiance en Dieu.

« Etre jeune ne veut pas dire être déconnecté du passé. » L’histoire de chacun s’insère dans un cheminement communautaire qui le précède. L’expérience authentique de l’Eglise n’est pas un flashmob où on se donne rendez-vous pour réaliser une performance avant de reprendre chacun son chemin. L’Eglise a une longue tradition dans laquelle notre propre histoire a sa place.

Certains jeunes cherchent à reconfigurer les souvenirs douloureux du passé comme pour les archiver dans un nuage virtuel, mais il faut savoir qu’il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir. Jésus peut transformer nos blessures passées en d’authentiques perles, comme la perle qui naît de la blessure de l’huître. Notre histoire n’est pas un « reality show » de quelques minutes se déroulant sur un écran au jour le jour sans projet. Il ne faut pas se laisser égarer par cette fausse image de la réalité, mais être protagoniste de sa propre histoire et décider de son avenir.

« Rester connecté en suivant l’exemple de Marie » (Lc 2, 19-51) : s’arrêter quelques minutes à la fin de chaque journée pour remercier Dieu pour les beaux moments et exprimer des sentiments de pardon et de confiance pour les moments difficiles.

Merci à vous, les jeunes. Je prie pour votre parcours de foi. Dieu vous bénisse !

Assemblée générale 2017

L’assemblée générale de notre communauté s’est tenue lundi 13 mars à la salle de Fleury. 

Par André Bourqui et Sylvie Humbert
Photo : DRLa participation était bonne, notre président ayant annoncé le menu la veille. C’est le vote d’un don pour la construction de l’église de Gland qui a motivé les paroissiens. En effet, outre les rapports annuels des responsables des différents dicastères, les comptes bénéficiaires et le budget, nous avons voté pour autoriser le Conseil de communauté à verser 20’000 francs pour la construction du nouvel édifice.

Notre communauté est la plus ancienne de l’unité pastorale après celle de Nyon. Elle était associée à celle de Gland avant que celle-ci ne construise sa propre église en 1977, la population glandoise ayant fortement augmenté. Notre communauté a bénéficié durant de nombreuses années du support de celle de Gland et nos liens sont restés très étroits.

Un don pour Gland
Chaque communauté est responsable de sa gestion financière, mais l’entité juridiquement responsable et propriétaire de l’argent est la paroisse de Nyon. Nous ne sommes que les gestionnaires de la paroisse, responsables d’un secteur géographique. Un projet de construction est donc d’abord celui de la paroisse, et il est soutenu par les communautés. Nous en avons d’ailleurs fait l’expérience puisqu’il a fallu attendre de nombreuses années jusqu’à ce que la paroisse de Nyon accepte l’investissement pour notre chapelle de Begnins. A l’époque, le curé jugeait plus judicieuse la construction d’une église à Gland au regard de l’essor démographique. Nous avons aujourd’hui une vraie église et Gland a toujours sa baraque de chantier !

Notre communauté a reçu il y a plus de 25 ans une donation d’environ 12’000 francs de l’abbé Rouyet, qui résidait à Begnins. Cette somme s’élève aujourd’hui à environ 21’000 francs avec les intérêts. Selon les vœux du donateur, cette somme était destinée à la construction d’une extension de notre chapelle afin d’y adjoindre une salle. Ce projet de construction est maintes fois revenu à la surface, mais son coût est trop élevé, d’autant que la commune de Begnins met à notre disposition les locaux dont nous avons besoin. Il nous a ainsi semblé juste de donner cette somme pour la construction de l’église de Gland. L’abbé Rouyet, pensons-nous, aurait approuvé cette décision.

Ce don a été accepté à l’unanimité moins une abstention. Etant donné l’état de nos finances, l’assemblée a demandé d’étudier la possibilité de faire un autre don de 20’000 francs l’an prochain.

Soutien à la République dominicaine
Un autre sujet était à l’ordre du jour : le renouvellement de notre prêt de 40’000 francs à l’Ecumenical Loan Fund (ECLOF). Cette organisation, basée au centre œcuménique des Eglises à Genève, a été la première à faire du microcrédit à destination des plus pauvres dans le monde – bien avant Muhammad Yunus, qui a reçu le prix Nobel de la paix pour cela. Elle a construit une structure d’aide locale qui permet d’analyser les projets et de les soutenir. Le taux de remboursement est supérieur à celui de toute autre banque de crédit au monde.

Il y a une dizaine d’années, le prêt moyen par personne était de 250 dollars américains; l’an dernier, il était de 400 dollars. La durée moyenne d’un prêt est de trois à quatre mois, c’est-à-dire que notre argent est prêté trois à quatre fois par an. Avec nos 40’000 francs, nous aidons donc environ 300 familles par an en République dominicaine sans pour autant diminuer notre capital. Le renouvellement pour trois ans a été accepté à l’unanimité.

Si vous désiriez plus d’informations sur l’ECLOF, la communauté de Begnins se tient à votre disposition.

Hommage à Frida Rohrbach

La joie de vivre et le plaisir de rendre service.

Les paroissiens de Saint Robert ont été nombreux à dire au revoir à Frida Rohrbach jeudi 26 janvier 2017. «Réjouissons-nous avec elle qui entre au paradis» nous a dit l’abbé Emilien qui a célébré la messe des funérailles avec le Père Marc. Une cérémonie comme l’avait souhaitée Frida dans ses dernières volontés, «simple, pas triste mais sereine» avec ce chant à la fin de la messe: Trouver dans ma vie Ta présence, tenir une lampe allumée, choisir d’habiter la confiance, aimer et se savoir aimé. Elle avait souhaité aussi «Qu’on ne parle pas de mes épreuves et de mes échecs, j’en ai eu comme tout le monde, mais plutôt de ma joie de vivre et de mon plaisir à rendre service».

Par Françoise de Courten
Photo: Walter HauserNée dans le Haut-Valais en 1921, Frida était une personne courageuse et joyeuse qui a marqué la paroisse. Toujours à vélo, elle se rendait par tous les temps, de jour comme de nuit, jusqu’à 88 ans, à Saint Robert. Membre du conseil pastoral et du groupe liturgique, elle était présente lors de tous les événements, grands ou petits, qui ont jalonné la vie des paroissiens. Des plus jeunes aux plus anciens, nous avons tous apprécié ses talents de fine cuisinière. Les « coquins » de Frida, c’était Noël dans les cœurs !

Les quinze prêtres du décanat savouraient avec grand plaisir le repas que Frida leur offrait chaque année le jeudi saint, dans l’esprit de l’Evangile (« Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » Mathieu 20-27), sa manière à elle de les remercier pour leur engagement au service de l’Eglise.

Elle participait aussi aux rencontres de l’association « Foi et Lumière » réunissant des jeunes handicapés et leurs familles pour partager l’amitié, prier ensemble, fêter et célébrer la vie.

Pendant les 65 années qu’elle a consacrées à la paroisse, « sa famille spirituelle », elle nous a donné l’exemple d’une foi solide et authentique : une leçon de vie.

Pour se souvenir de Frida, le mieux est encore de lui laisser la parole. Lors de la Journée des laïcs en février 2000, elle nous avait donné ce témoignage :

Pour moi l’âge de la retraite est un temps béni que je vis à 100 à l’heure avec la fougue de mes 20 ans. Il y a encore plein de choses à faire et le temps file inexorablement. Mais j’ai une santé à toute épreuve, des enfants et des petits-enfants. Ils sont ma continuité et ma joie.

Je suis membre d’une paroisse où il fait bon participer et s’engager avec des paroissiens jeunes ou moins jeunes, que j’aime et qui me le rendent bien.

J’ai le temps. C’est si agréable à dire quand on vous demande une présence, une participation ou un service. Eh bien, moi, j’ai 24 heures chaque jour. J’ai le temps de faire partie de l’un ou l’autre groupe de la paroisse, j’ai le temps pour un service par-ci par-là. J’ai le temps pour l’imprévu qui se présente et aussi le temps pour le Seigneur. Ce temps nous manque si souvent pendant les années actives. Comme le Seigneur est patient, il est parfois le dernier servi.

Maintenant, j’ai le temps de participer aux célébrations et aux prières communautaires. J’ai le temps pour la prière individuelle et la prière silencieuse qui est peut-être la plus belle quand on écoute parler le Seigneur.

Quand on a la foi, la santé, qu’on aime et qu’on est aimé, la vie ne peut être que belle. Je remercie le Seigneur pour tout ce qui embellit et enrichit l’automne de ma vie. Chaque jour je m’émerveille d’être là à faire un pas à la rencontre du Père.

Après la retraite active viendra le temps de lâcher prise. Je le sais, c’est incontournable. Je suis optimiste. Je crois qu’il y aura encore quelque chose à faire pour ceux qui ont la sagesse de lâcher prise, de laisser s’en aller les rêves inachevés. Pour ceux qui ont été contraints par la maladie et les infirmités de l’âge, et pour ceux qui voient se pointer ce spectre à l’horizon, comme pour les plus faibles et les plus fragiles, il restera quelque chose à faire sur les sentiers du Seigneur. Je me souviens de ma mère qui à 92 ans disait : « Je ne peux plus prier, je perds toujours le fil. » Un jeune prêtre lui a répondu alors avec conviction : « Ne vous fatiguez plus avec ces paroles. Reposez-vous sur le cœur de Jésus et tenez-Lui compagnie en silence. »

C’est la plus belle prière et ça c’est à la portée de tous. On ne peut pas se rapprocher plus du seuil pour faciliter le dernier pas.

Frida Rohrbach – février 2000

Tous disciples d’Emmaüs

Par Geneviève de Simone-CornetNous cheminons vers Pâques, la fête du passage. Passage de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, du doute à la foi. Longue route que ces quarante jours du carême qui nous liment, nous érodent, nous taillent pour que nous devenions toujours plus semblables à Jésus. A Noël, il s’est mis en chemin d’humanité avec nous pour vivre au plus près nos joies et nos détresses, nos questions et nos espoirs. Durant ce carême, il est au désert avec nous. Jour après jour. Viendra la Semaine sainte, la grande semaine : là, il nous précédera pour frayer le passage à la lumière dans toutes les obscurités du monde. Et les nôtres. Lent travail, à recommencer sans cesse, jusqu’à la fin du monde.

N’est-ce pas le sens du récit des disciples d’Emmaüs, ces deux hommes rejoints à l’improviste par un inconnu ? Ils quittent Jérusalem ruminant leur déception – qu’attendre encore de ce Jésus qui s’est laissé condamner et crucifier ? Un Messie ? Allons donc ! –, bien décidés à rentrer chez eux, à reprendre leurs habitudes. « Ils avaient rebouché le trou / à l’intérieur d’eux-mêmes », écrit le poète Jean-Pierre Lemaire. Finis l’ouverture, l’attente, le risque ! Morte l’espérance ! Comme ce Jésus qui leur avait promis monts et merveilles…

Seulement, ils sont en route. Et il y a cet inconnu… Intéressante, tout de même, sa façon de les questionner. Et de leur parler des Ecritures alors que le soir tombe : il trouve « des mots comme des lampes », dit le moine poète Gilles Baudry. Alors, poursuit Jean-Pierre Lemaire, « quelque chose en eux remua profondément ». A l’auberge, il disparaît. Non sans avoir, cheminant puis demeurant avec eux, élargi leur vie : « Ils s’aperçurent qu’en eux-mêmes le trou était ouvert ».

Alors, oui, ils peuvent repartir vers Jérusalem. Il s’est passé quelque chose. De l’ordre de l’intime. Le Sauveur est venu habiter leur terre intérieure pour la libérer. C’est là qu’il travaille, et son Royaume est au-dedans. Les disciples d’Emmaüs c’est moi, c’est toi, c’est nous. C’est tant de nos contemporains enfermés dans la nuit du doute, de la peur, de la souffrance. Tous rejoints par un Dieu qui fait route et demeure avec eux. Alors, quand nous fêterons Pâques, ne l’oublions pas : le passage que le Christ est venu inaugurer est offert à tout homme; et la route d’Emmaüs fait de nous des disciples. Si nous le laissons déboucher le trou.

Samedi 21 janvier 2017: célébration œcuménique de la semaine de l’unité des chrétiens

Par Michel Pannatier
Photos : Philippe EsseivaCette fois-ci, c’est Saint-Cergue qui accueillait dans sa chapelle Sainte Madeleine ses frères et sœurs de la communauté réformée.

Une quarantaine de fidèles, autant de réformés que de catholiques, ont entouré les dynamiques diacres Magali Borgeaud (communauté réformée) et Eric Moneron (communauté catholique). La célébration s’est déroulée dans une très bonne ambiance. Au début, en guise de bienvenue, tout le monde s’est salué. Un mur de 12 briques, représentant autant d’obstacles sur le chemin de la Foi, a été bâti pour être ensuite démantelé et transformé en une croix, symbole d’espoir. La célébration s’est achevée par un apéritif qui a permis de partager un moment convivial et informel.

Message pour l’année de la Famille

Au nom de l’équipe pastorale, Giraud Pindi, curé modérateur

Cette nouvelle année pastorale 2016-2017 est consacrée au thème de la famille pour, d’une part, relire et faire écho aux conclusions du Synode sur la famille selon l’Exhortation apostolique Amoris Laetitia (La joie de l’amour) et, d’autre part, pour donner aux familles de notre Unité pastorale la possibilité d’être au centre de nos prières dans la redécouverte du chemin de Foi, l’appel à la sainteté et la joie de l’amour. Nous aurons une attention particulière pour les familles qui traversent des épreuves et des crises profondes, car, comme le dit le Pape, « la beauté de la famille reste inchangée, malgré tant d’obscurités et de propositions alternatives : la joie de l’amour qui est vécue dans les familles est aussi la joie de l’Eglise ».

Je vous souhaite une fructueuse nouvelle année pastorale. Dieu vous bénisse !

Amoris Laetitia

up_icone_sainte_familleQu’est-ce qu’une famille?

Par Fabiola Gavillet
Photo : DR

La première référence que nous avons en tant que chrétiens est celle que nous offre l’image de la Sainte Famille avec Jésus, Marie, Joseph. Un enfant, une femme, un homme. Mais au-delà de cette image composée de trois êtres aux destins exceptionnels, il y a ce lien de bienveillance inconditionnelle, ce lien que crée le don de l’Amour, ce lien qui unit un ensemble de personnes quelles que soient les différentes formes de famille que l’on trouve dans nos sociétés. C’est ce lien, indéfectible, L’Esprit Saint, qui cimente ces êtres qui ont décidé de vivre et d’accomplir ce merveilleux projet.

Le chemin n’est pas toujours aisé. L’engagement et la bonne volonté qu’il exige se voient parfois mis à mal. Une chemin qui se voit parsemé d’embûches par le manque d’écoute, par des attentes irréalisables, par l’idéalisation des relations. Mais surtout par le manque de confiance, de confiance en soi, de confiance en l’autre, de confiance en Dieu.

Afin que toutes les familles puissent trouver une chemin de paix, pensons à la magnifique prière de notre pape François.

PAPE FRANÇOIS: Prière à la Sainte Famille

Jésus, Marie et Joseph

en vous nous contemplons la splendeur de l’amour véritable, à vous nous nous adressons avec confiance.

Sainte Famille de Nazareth, fais aussi de nos familles des lieux de communion et des cénacles de prière, des écoles authentiques de l’Evangile et des petites Eglises domestiques.

Sainte Famille de Nazareth, que jamais plus dans les familles on fasse l’expérience de la violence, de la fermeture et de la division : que quiconque a été blessé ou scandalisé connaisse rapidement consolation et guérison.

Sainte Famille de Nazareth, que le prochain Synode des Evêques puisse réveiller en tous la conscience du caractère sacré et inviolable de la famille, sa beauté dans le projet de Dieu.

Jésus, Marie et Joseph écoutez-nous, exaucez notre prière.

Amen !

Eléments qui accompagneront le thème de l’année pastorale

1. Exposition des icônes de la Sainte Famille dans nos églises et chapelles.

2. Texte d’explication de l’icône de la Sainte Famille.

3. Mise à disposition au fond des églises et chapelles des icônes sur papier.

4. Prière de l’Unité pastorale pour les Familles.

5. Conférence sur l’exhortation apostolique du pape François « La joie de l’Amour » (3 mai 2017 à 20h à la Colombière).

6. Un ou plusieurs week-ends familles dans nos communautés (rallye, jeux, pique-nique, prières, animations musicales, etc.). Dates et événements seront annoncés ultérieurement.

7. Feuillet à thèmes à disposition des paroissiens sur les grands thèmes développés par le pape François en lien avec la famille.

8. Remise aux conseillers des communautés et des paroisses, aux coordinatrices et formateurs en catéchèse, aux membres de la pastorale familiale du document du pape François « Amoris Laetitia ».

9. Messe à Bonmont 2017 sur le thème de la famille.

La Réforme, cinq siècles d’histoire

Première partie – Les «mentors» de Martin Luther

En 2017, comme nous avons sûrement déjà pu le lire ou l’entendre à plusieurs occasions, la Réforme fête ses 500 ans. Nous n’en connaissons fort souvent que peu de choses, ce qui par conséquence nous porterait parfois, nous chrétiens catholiques romains, à ne pas avoir sur elle un regard bienveillant. Plutôt que de nous lancer dans une analyse théologique, nous pourrions faire un peu plus ample connaissance avec ceux qui ont joué un grand rôle dans son avènement.

Par Fabiola Gavillet Vollenweider
Photos : DRup_martin_lutherBien que Martin Luther semble en être la figure proéminente, voire fondatrice, les noms de Desiderius Erasme et de Philippe Mélanchton ne peuvent en être dissociés, tout comme celui de Frédéric III de Saxe, Grand Electeur du Saint Empire Romain Germanique. Les deux premiers eurent une influence énorme sur le parcours et la pensée de Martin Luther, alors que le dernier eut un rôle politique capital.

Quelle est l’origine de cette Réforme, qu’est-ce qui l’a motivée ?
Contrairement à ce qu’une majorité croit, elle ne trouve pas sa source dans le schisme anglican datant de 1532. Et ce n’est pas le roi Henri VIII en décidant d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser son nouvel amour, Anne Boleyn, qui en est à l’origine. Plus qu’un événement ponctuel, c’est tout une évolution de pensée qui lui a servi d’écrin. Il faut remonter un peu à la fin du XVe siècle, grande période d’un renouveau philosophique où les humanistes bourgeonnèrent. Parmi eux ressort la figure du prêtre catholique romain Desiderius Erasme.

Erasme (1469-1536)

Originaire des Pays-Bas, Erasme (1469-1536) fut relevé par le Pape de ses vœux monastiques afin de lui permettre d’entamer une carrière d’enseignant. Profondément ancré en lui, c’est le besoin de faire un retour aux manuscrits originaux qui l’aura porté tout au long de son étude. Car selon lui, la Foi ne peut être véritablement vécue qu’en ayant accès à une vraie connaissance des textes. Et c’est cette Foi qui permettrait à l’homme de collaborer avec Dieu à son propre salut.

Quel fut le facteur qui motiva l’étude d’Erasme ?
Tout simplement la voie dans laquelle l’Eglise catholique romaine et surtout sa hiérarchie s’étaient engagés à la fin du XVe siècle. Loin de dépareiller avec les mœurs de la société de l’époque, elle se perdait dans une course au pouvoir afin de contrôler l’échiquier des influences politiques, ainsi que dans des projets dont l’importance (Basilique Saint Pierre) exigeait de plus en plus de rentrées pécuniaires, manquant ainsi à sa mission première. La superstition et le souci du salut de leur âmes dans lesquels les chrétiens étaient maintenus sont devenus, grâce au système des indulgences, une source de revenus intarissable. Ce n’était plus Dieu qui offrait le pardon, mais l’Eglise qui marchandait la réconciliation.

Depuis des siècles l’Occident ne connaît alors que la version latine de la Bible
traduite au Ve siècle par saint Jérôme (Vulgate). Des manuscrits grecs de la Bible rapportés d’Orient aux XIVe et XVe siècles laissent apparaître, après un travail comparatif, des divergences importantes. Erasme s’engage dans cette analyse méticuleuse des textes grec et latin afin de produire le meilleur texte source. En 1516, il publie une nouvelle version du Nouveau Testament en grec, il offre aussi une traduction latine qui « détrône » la version Vulgaris utilisée jusqu’alors. Cette nouvelle édition de la Bible deviendra le texte de référence pour les humanistes et les réformateurs et servira de fondement pour la tolérance religieuse et l’œcuménisme. Ce travail n’est pas entériné par Rome. Pourtant sa démarche n’avait pas du tout l’intention de provoquer un schisme à l’intérieur de l’Eglise, ni de désavouer la primauté du Pape. Raison pour laquelle il refusait les invitations de Martin Luther. Il voulait simplement ramener l’Eglise à sa mission première.

Philippe Mélanchton (1497-1560)

Philippe Mélanchton (1497-1560) forma le tandem idéal avec Martin Luther. Le premier, leader intellectuel de la Réforme, apportait la réflexion, la profondeur et l’analyse. Le deuxième, plus exalté, usait de son charisme pour communiquer et convaincre.

S’étant basé sur la nouvelle édition de la bible d’Erasme, Philippe Mélanchton va plus loin dans son analyse et dénonce le sacrement de pénitence, non garant de salvation, le culte exagéré des Saints et leurs reliques, et rejette la transsubstantiation (la présence du corps du Christ dans le pain). Il fait clairement la distinction entre les lois de l’Eglise et les Evangiles. Seule la Foi en Jésus Christ peut apporter la grâce divine.

Sous l’impulsion du pape Clément VII et suite à l’excommunication de Luther lors de la diète de Worms en 1521, l’empereur Charles V convoque en 1530 la Diète à Augsburg afin de comprendre ce mouvement de réforme qui touchait une partie de son empire et auquel certains de ses princes semblaient adhérer. Mélanchton et Luther présentent la Confession de Foi (Confession d’Augsburg), texte reflétant la pensée théologique de ce dernier, modérée par Mélanchton. Cette confession de Foi repose donc sur les Ecritures et la tradition de l’Eglise des premiers siècles. Elle aborde deux points importants : le premier concerne le respect de l’Eglise Chrétienne Universelle s’appuyant sur les écritures et les Pères de l’Eglise. Le deuxième présente une remise en question des pratiques à modifier telles la Sainte Cène, le mariage des prêtres, la messe, la confession, les vœux monastiques et le pouvoir des évêques. Etonnamment, les indulgences, l’autorité du pape et la doctrine du purgatoire n’y sont pas abordées à ce moment-là.

up_charles_quintLes princes réformés ne veulent pas créer de conflit avec les princes catholiques et demandent un Concile Chrétien qui leur est refusé. Les princes catholiques se coalitionnent et demandent à Charles Quint en tant que souverain catholique romain de rejeter la Confession de Foi nouvelle. Il est à noter que Charles Quint n’avait pas pris de position radicale contre cette nouvelle Foi. Malheureusement, aux questions d’ordre théologique, Charles Quint et ses princes catholiques donnent une réponse d’ordre politique qui aboutira quelques années plus tard à une guerre fratricide puisant sa source dans ce qui divisait un camp de l’autre, ainsi que leurs ambitions politiques.

Frédéric III de Saxe (1463-1525)

Frédéric III de Saxe (1463-1525), Grand Electeur, est pressenti par le pape Léon X comme candidat au trône du Saint Empire Romain Germanique. Il refuse et accorde son appui à Charles Quint en échange d’avantages politiques. Il tiendra tête à Charles Quint en adoptant une attitude assez indépendante. Le jour même où Luther accroche ses 95 thèses sur la porte de l’église, Frédéric de Saxe fait un rêve qui fera de lui un protecteur de Luther. Dans son rêve il voit :

« Luther écrivant avec une plume si grande que son extrémité atteignait Rome et faisait chanceler la triple couronne du Pape. Il y voit le Saint Pontife appeler tous les princes de l’Empire à s’allier afin de détruire ce moine et s’adresse surtout à Frédéric car il héberge Luther sur ses terres. Luther dit alors qu’il tenait la plume d’oie de Bohême d’un ancien maître (allusion à Jean Hus) et que tout ce qu’il écrivait découlait de la volonté de Dieu. Tous les princes essayaient de rompre la plume, mais il finit par en sortir toute une multitude de nouvelles plumes. »

Ce rêve provoqua un tournant dans la vie religieuse du prince, grand collectionneur de reliques. A partir de là, il prit parti pour Luther et le protégea. Ce mouvement eu un impact politique fort sur ses pairs allemands, qui virent dans l’adhésion à la nouvelle Foi une façon de s’affranchir du pouvoir de Charles Quint et de Rome.

Mise dans son contexte historique, la révolte et l’espoir exprimés par Erasme, Mélanchton et Luther pouvaient trouver une certaine légitimité. Mais dans ce conflit de Foi, l’essentiel a été oublié : nous avons tous le même Père, nous sommes tous issus du même Père, nous sommes tous aimés par le même Père. N’oublions pas qu’il nous invite à aimer nos prochains comme il nous aime. Malheureusement l’œcuménisme allait devoir attendre quelques siècles de controverses avant de voir la Parole mettre en œuvre une réconciliation entre Chrétiens.

Info

Dans le prochain numéro, j’aborderai l’histoire de la Réforme en Suisse.

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