Depuis sa 1re édition en 2006, le festival « visages » a projeté 365 films sur les relations entre générations, les parcours de vie, l’art de vieillir. Soit une invitation par jour, à s’émerveiller, à se lever pour offrir des fleurs, à s’élancer dans un pas de danse. Organisé par Pro Senectute Suisse, en partenariat avec la Ville de Martigny, le festival « visages » propose 40 films projetés dans une dizaine de lieux. Un parcours dans la ville, un parcours dans la vie.
PAR OLIVIER TARAMARCAZ, INITIATEUR ET COMPOSITEUR DU FESTIVAL VISAGES
PHOTOS : DR
Vivre dans la reconnaissance
Les générations s’inscrivent dans un lien de proximité, de réciprocité, de bienveillance, de solidarité sociale et affective. Elles se forment par le côtoiement, dans la durée. Au croisement des saisons de la vie, l’attachement à l’identité par les racines, produit une espérance créatrice.
Quand j’étais enfant, j’occupais une part de mon temps dans le grenier de mes grands-parents. Cet espace de jeu m’a ouvert à des mondes nouveaux, me reliant à la mémoire, à l’histoire, via des objets, des lettres, des albums de photos dénichés dans des malles oubliées. J’ai ainsi découvert un temps enraciné dans une histoire. C’est en quelque sorte le projet du festival visages : partager un film comme l’on partage un morceau de pain à la table de l’amitié.
Reconnaître le visage de l’autre
Edmond Marc Lipiansky 1 parlant de l’identité relationnelle, écrit : « Autrui est, aux différentes étapes de la vie, un miroir dont chacun a besoin pour se reconnaître lui-même. » L’auteur des proverbes a exprimé la même pensée : « Comme dans l’eau, le visage répond au visage, ainsi le cœur de l’homme répond au cœur de l’homme. » (Proverbes 27.19) Le festival « visages » s’inscrit dans cette ligne : apprendre de l’autre, donner la primauté au relationnel. Cela signifie accepter de se raconter, de transmettre, dans le dialogue, dans la réciprocité, dans la bienveillance.
Marcel Proust a écrit dans « Le temps retrouvé » : « Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de souvenirs, de parfums, de sons et de climats. » Ainsi lorsque nous nous posons la question : quel monde laissons-nous à nos enfants ? La réponse dépend de ce que nous leur avons légué. Dès lors, une autre question émerge : quels enfants vont construire le monde de demain ? Avec quelle histoire ? Avec quelles racines ? A partir de quelles traces ? De quels souvenirs ?
Donner la parole à la vie
Le festival « visages » invite à nous rapprocher de ce qui nous est proche. Les thèmes des films rejoignent les grandes questions : l’art de vieillir ; la transmission entre générations et entre cultures ; les enjeux de la migration ; l’impact des pertes dans nos vies. Les films du festival « visages » ouvrent vers un voyage intérieur. Ils donnent la parole à la vie.
Chaque vie est habitée par tous les instants vécus. Dès lors, chaque instant est toute une vie. Evoquer un instant, c’est non seulement parler de cet instant, mais de ce que je suis, de ce que cet événement fait que je suis qui je suis. La relation intergénérationnelle convie non seulement à se rapprocher de l’autre, mais à se rapprocher de soi, pour explorer des manières de se dire, de se lire, en présence de l’autre.
Apprendre à regarder
Le festival « visages » reflète le visage de personnes humbles, acceptant de se révéler. Une belle manière d’accorder de la valeur aux choses simples. Les choses simples se manifestent dans le quotidien des relations, dans les projets que nous menons avec les autres, dans la manière de vivre une épreuve, dans le fait de considérer la vie comme une aventure. Comment orienter nos actions en vue de rendre possible un monde ouvert ? L’imaginaire au cœur de la vie, le chemin choisi par le festival « visages », ouvre la fenêtre d’un cœur à cœur avec la vie.
Dans un récit, il y a tout à la fois dans une même phrase. Comme dans un concert, la note portée dans le présent est reliée aux précédentes et reliée aux suivantes, pour former une phrase musicale. Toute relation à la fois découvre un passé, écrit un futur, parle un présent. Avant la parole, la première langue c’est la présence. La parole s’appuie sur la qualité de la présence, sur les qualia, pour devenir à son tour qualia, parfum.
1 Lipiansky (E.M.) – « L’identité personnelle », in Ruano-Borbalan (J.-C.) – L’identité. L’individu, le groupe, la société, Auxerre, Editions Sciences humaines, 1998, 21-27.
10e Festival « visages » : 11 au 18 novembre 2022
Programme complet : www.festivalvisages.ch
Abonnement Festival : Fr. 80.– (au Manoir de la Ville de Martigny ou à Pro Senectute Suisse, au 021 925 70 10).
Entrée film : divers lieux : Fr. 10.– / Cinéma Fr. 15.– (AVS ; AI ; AC ; étudiants Fr. 10.–).
Contact : olivier.taramarcaz@prosenectute.ch
Sélection de films (www.festivalvisages.ch)
❱ Vendredi 11 novembre
Merci Venise > Film d’ouverture 18h | Cinéma Casino, Martigny
Projection en avant-première. Documentaire de Geneviève Guhl (2020 / 77′)
Jacques Guhl, 100 ans, est un homme aux multiples facettes. Portrait du comédien, footballeur, poète, et de sa famille.
En présence de Geneviève Guhl et de Jacques Guhl
❱ Samedi 12 novembre
Soirée musicale
Vieillesses en-chantées, vieillesses en chansons > 20h30, Fondation Louis Moret, Martigny
La chanson française fait la part belle à la vieillesse. Michel Billé et Didier Martz chantent quelques perles, de Brassens à Brel.
❱ Dimanche 13 novembre
Un jour pousse l’autre > 11h, Cave Marie-Thérèse Chappaz, Fully
Documentaire de Bernard Boyer (2014 / 52′)
Charles et Edouard, deux frères, paysans montagnards, célibataires, partagent un quotidien hors du temps.
En présence de Bernard Boyer
❱ Lundi 14 novembre
Derniers Jours à Shibati > 20h30, Caves du Manoir, Martigny
Documentaire de Hendrick Dusollier (2018 / 59′)
Le dernier des vieux quartiers de Chongqing est sur le point d’être démoli. Le petit Zhou Hong et Mme Xue Lian, sont les témoins d’un monde bientôt disparu.
❱ Mardi 15 novembre
Les rivières > 18h, Caves du Manoir, Martigny
Documentaire de Mai Hua (2019 / 95′)
En 2013, avec sa mère et ses deux enfants, Mai Hua ramène sa grand-mère du Vietnam en France. Un passé non résolu refait surface.
❱ Mercredi 16 novembre
Soirée courts métrages > 20h30 | Fondation Louis Moret, Martigny
❱ Jeudi 17 novembre
Traces of a Landscape > 20h30, Fondation Louis Moret, Martigny
Documentaire de Petr Zaruba (2020 / 65′)
Né à Prague, Jan Jedlička, artiste peintre, graveur, photographe, peint à partir d’encres issues des terres qui inspirent ses toiles et ses estampes.
❱ Vendredi 18 novembre
My Kid / Here we are > 18h | Cinéma Casino, Martigny
Fiction de Nir Bergman (2021 / 94′)
Aharon a consacré sa vie à son fils Uri, autiste. Alors qu’il est jeune adulte, sa mère veut le placer dans un centre. Aharon ne s’y résoud pas, et décide de s’enfuir avec son fils.
Le festival offre 5 billets aux lectrices et lecteurs de L’Essentiel. Appelez le secrétariat de la paroisse au 027 722 22 82 pour les obtenir (un seul billet par personne).