Bienvenue à l’abbé Jean Geng

Bienvenue à l’abbé Jean Geng

«Etre prêtre, c’est aller vers les autres»: c’est cet esprit qui anime l’abbé Jean Geng Yongxin, que nous accueillons dans notre unité pastorale (UP) cet automne. Si ce Chinois s’est bien intégré chez nous, c’est au prix d’un grand effort de volonté. Il a évoqué avec nous les étapes d’une vie tissée de défis.

Texte et photo par Geneviève de Simone-CornetEn ce vendredi soir de juillet, en plein Montreux Jazz Festival, pas facile de reconnaître l’abbé Jean Geng dans la foule que déverse sans discontinuer la gare de Montreux. Nous étions convenus de nous rencontrer « à la gare ». Après quelques minutes d’hésitation, j’aborde le seul Chinois que j’ai aperçu : « C’est moi », me lance-t-il, jovial et détendu. Il me confiera plus tard : « Ce n’est pas l’habit qui me fait prêtre, mais la profondeur du cœur ».

Nous nous installons à la terrasse d’un café en face de la gare, en plein passage. Mais lui n’en a cure : « J’aime être proche des gens, me plonger dans le monde tel qu’il est. Aujourd’hui, puisqu’ils ne viennent presque plus nous trouver, nous les prêtres, c’est à nous d’aller vers eux. Le pape François le dit bien: sortez, allez jusqu’aux périphéries. »

De l’économie à la théologie
Sortir : le mot résume bien la trajectoire de l’abbé Jean. Sortir de son pays, sortir de soi pour apprendre des autres et s’intégrer. Né le 1er décembre 1970 près de Pékin d’un père ouvrier, puis directeur d’une usine de vêtements et d’une mère enseignante, il étudie l’économie à l’université. S’il est élevé par sa grand-mère maternelle, veuve et catholique – « j’ai reçu une éducation stricte: elle priait le chapelet, participait aux célébrations » –, lui ne pratique pas. « Les églises étant fermées, il n’y avait pas de messes. Les catholiques se retrouvaient dans les maisons des uns et des autres pour prier. Quant à la catéchèse, elle était donnée en famille. »

La route de Jean a croisé celles de quelques prêtres chinois qui ont été des modèles : « J’ai voulu devenir comme eux, calme et profond ». Parmi eux son oncle Vincent, en ministère dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, qui l’a baptisé pendant un de ses voyages en Chine, en 1980. « Pendant mes études à l’Université de Pékin, j’ai commencé à m’interroger sur la mort, à réfléchir au sens de la vie. Et à cheminer vers le sacerdoce. »

Un long apprentissage
Après deux ans de séminaire, Jean quitte son pays. Il est accueilli en septembre 1993 à Genève par Mgr Amédée Grab, alors évêque auxiliaire, et la communauté Saint-Jean. C’est le début d’un long apprentissage. Il gagne Fribourg : il loge chez les cordeliers, fait l’Ecole de la foi et apprend le français. Enfin, en 1996, il entre au séminaire et commence ses études de théologie. De ses années de formation, il retient surtout les encouragements de Mgr Pierre Mamie : « Cherche le Christ chez les autres et garde un cœur humble ». Et de Mgr Bernard Genoud, qui l’ordonne prêtre le 26 juin 2006 à Montreux.

Nommé vicaire sur l’UP Riviera-Pays d’Enhaut (paroisses de Montreux, Villeneuve, Clarens et Château-d’Oex), il s’intègre petit à petit: « La pastorale, la catéchèse, mais aussi la culture et la société : tout était différent. Je revenais sur terre ». Bien vite il prend ses marques grâce aux curés Michel Pillonel et Gilles Gachoud, mais aussi par ses nombreuses rencontres : « J’aime parler avec les personnes âgées, ce sont des sages ».

La rencontre est essentielle
Pour Jean, « être prêtre, c’est aller vers les autres. Aujourd’hui, il faut rejoindre les gens là où ils vivent, les jeunes en particulier. Si je reste dans mon église, ils ne viendront pas. C’est à moi à faire le premier pas. La rencontre est essentielle : elle permet de faire connaissance dans le respect, d’aider l’autre à prendre conscience de sa valeur. C’est seulement alors qu’on peut aller plus loin, aborder les questions spirituelles ». Car « la première qualité pastorale est l’écoute, qui fait du bien. Une écoute sans jugement, sans préjugés ». Et puis, qu’on arrête de mettre le prêtre sur un piédestal, cela l’agace : « On est tous les mêmes, alors pas de hiérarchie entre nous, car le pouvoir, c’est le diable. Chacun sa place, bien sûr : lorsque je célèbre, je suis ministre du sacré, et je le fais avec un profond respect. »

Aujourd’hui, Jean rend grâce à Dieu pour le chemin parcouru : « Il faut traverser la nuit pour accueillir l’aurore ». Et il se réjouit de rejoindre notre UP : « C’est un nouveau défi. Mais je n’ai pas peur de l’inconnu. Et je désire rencontrer les paroissiens ».

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