Cathy Espy-Ruf, tisseuse de liens

Cathy Espy-Ruf, tisseuse de liens

Cathy Espy-Ruf fait office de lien entre les paroisses, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux de Genève. Elle est aussi responsable de l’aumônerie catholique de la Maison de retraite du Petit-Saconnex. 

Par Nicolas Maury
Photos : Nicolas Maury, Ami SatchiAssise devant son ordinateur portable, Cathy Espy-Ruf fait défiler la liste des entrevues qui l’occuperont durant la journée. « Un peu à la dernière minute, deux éléments se sont greffés à mon planning », explique-t-elle, prenant une petite pause pour allumer une bougie sur une table basse. « Deux cérémonies de funérailles, pour lesquelles je vais m’occuper de la célébration aujourd’hui et demain. »

Basée dans la paroisse de Sainte-Jeanne-de-Chantal, la dynamique quinquagénaire possède plus d’une corde à son arc. Dirigeant le Service de la pastorale de la santé (ECR) à 70 %, elle fait office de véritable lien entre les paroisses genevoises, les hôpitaux et les établissements médico-sociaux du canton du bout du lac. « Surtout ne m’en attribuez pas tout le mérite. Je fais partie d’un bureau de sept membres qui prend toutes les décisions importantes. »

Trois coups résonnent à la porte. « Mon rendez-vous de la matinée. Un monsieur qui, ayant vu un de nos prospectus, veut donner de son temps. Comme je m’occupe du recrutement des bénévoles, il me revient de le rencontrer. »

Et de se lever pour aller saluer Jean-Paul Kimpesa. Originaire de Kinshasa mais né à Genève, cet universitaire souhaite s’engager pour la communauté. « J’effectue un master en santé publique », explique l’intéressé, qui se retrouve à devoir répondre à un interrogatoire ciselé. « Je m’informe sur les motivations, le bien-être psychique et la confession de ceux qui nous approchent, justifie Cathy Espy-Ruf. Je les interroge aussi sur leur compréhension de Vatican II, l’œcuménisme, l’insertion dans une paroisse – nous sommes tous prêtres, prophètes et rois par notre baptême – et leur capacité d’être en équipe. Le questionnaire n’est pas dû au hasard. Nous travaillons avec des institutions avant tout laïques. Nous devons être reconnus pour notre qualité de présence. L’Eglise, c’est aussi notre visage. Notre recrutement doit donc être adéquat. »

Cathy Espy-Ruf rencontre Jean-Paul Kimpesa, qui souhaite s’engager comme bénévole.
Cathy Espy-Ruf rencontre Jean-Paul Kimpesa, qui souhaite s’engager comme bénévole.

Un travail de coordination

S’il répond aux critères, le postulant intégrera une structure sur laquelle il pourra s’appuyer. « C’est un de mes autres rôles, indique Cathy Espy-Ruf. Entre les 6 sites des HUG et les 55 EMS, ce sont 6200 personnes fragilisées par la maladie ou l’âge que nous visitons. Les aumôniers – prêtres et laïcs – à leur disposition représentent 840 % de temps de travail. Sans les bénévoles, ils ne pourraient pas répondre à toutes les demandes. Je coordonne un peu tout ça. »

Dotée d’une formation d’ergothérapeute et en soins palliatifs, la Genevoise fait converger au quotidien sa foi et sa profession. « Il m’est arrivé de proposer aux soignants dans les EMS une formation sur l’accompagnement spirituel dans le cadre de soins palliatifs. La spiritualité, c’est ce qui est souffle de vie de la personne. »

Prenant congé de Jean-Paul Kimpesa, Cathy s’apprête à faire un passage chez elle. « Je vais me changer pour les funérailles de cet après-midi à Saint-Georges, un ami d’une amie. Demain, je m’y rendrai de même pour une dame que j’accompagnais depuis deux ans en EMS. Sa famille a voulu que je continue l’accompagnement jusqu’au bout. »

A Genève, il n’est pas rare que des laïcs s’occupent de ce type de cérémonie d’adieu. « Seulement si nous avons suivi la formation ad hoc pour les funérailles et que le mandat nous a été attribué par l’évêque diocésain. »

Apercevoir la lumière

Le 20 % restant de son activité, Cathy le passe en tant que responsable de l’aumônerie catholique de la Maison de retraite du Petit-Saconnex (400 résidents). Toujours, elle cherche à apercevoir la lumière. « Tous les samedis matin, une messe est célébrée dans notre jolie chapelle, avec une cinquantaine de résidents. Pouvoir vivre le sacrement de l’Eucharistie est une joie profonde. Certains ont des problèmes de mémoire. Les voir pouvoir réciter le Notre Père ou chanter un Gloria ou un Sanctus est bouleversant pour moi. »

Le samedi matin, Cathy Espy-Ruf participe à une messe dans la chapelle de la Maison de retraite du Petit-Saconnex.
Le samedi matin, Cathy Espy-Ruf participe à une messe dans la chapelle de la Maison de retraite du Petit-Saconnex.

L’importance de se ressourcer

Ses multiples activités ne la laisseront pas, aujourd’hui, participer à la séance de gym avec les dames de son quartier. « Un peu de sport, la musique, la famille, la nature, la marche en montagne, le ski, tout ça me donne la force de me ressourcer et de ne pas me laisser submerger par les imprévus. Mais avant tout, la prière m’est fondamentale, Dieu nous précède toujours. Je rends grâce à Dieu car ce sont tous ces visages rencontrés qui font la beauté du quotidien ! »

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