Ces «faux» Evangiles si parlants

Ces «faux» Evangiles si parlants
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Notre-Dame de la Brillaz (FR), décembre 2019

Texte et photo par Jean-Marc SudanEn 1997, la Bibliothèque de La Pléiade publia la première édition française des écrits apocryphes chrétiens.

Pourquoi «apocryphe»? Ce terme vient du grec ἀποκρυφος (apokryphos) qui signifie «caché». Saint Jérôme (IVe siècle) l’utilisa pour désigner tout texte exclu de la règle de foi appelée Canon.

En effet, le Concile de Laodicée en 364 avait établi la liste des livres saints, tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Cette distinction ne s’est pas faite brutale- ment. Elle fut plutôt le fruit d’une décantation progressive. Au l du temps, certains textes, lus dans la plupart des communautés, s’imposèrent progressivement, alors que d’autres perdirent lentement de leur crédibilité et plongèrent dans l’oubli ou la semi-clandestinité, tout en nourrissant l’univers culturel chrétien. Que de peintres et sculpteurs y trouvèrent une source d’inspiration!

Les Evangiles sont terminés quand les apocryphes commencent à fleurir. Exprimant les combats et les difficultés de croire des premiers chrétiens, ils nous donnent une meilleure compréhension des premiers siècles du christianisme et de l’extraordinaire vitalité des premières communautés chrétiennes.

Parmi les écrits apocryphes, certains ont façonné l’essentiel de la piété mariale. Sans eux, que saurions-nous de l’enfance de Marie, de sa présentation au Temple, de ses parents Anne et Joachim? Que sau- rions-nous de l’histoire de Joseph le charpentier? En cette avant-veille de Noël, si l’on s’en tenait à l’évangile de Luc, les crèches de nos églises et de nos maisons seraient bien vides. Pas de bœuf, ni d’âne ! Pas de Gaspard, ni de Melchior, ni de Balthazar !

Aujourd’hui, nous devons lire les apocryphes sans oublier qu’ils sont des commentaires de la Bonne Nouvelle. Ce sont des textes qui font référence à des traditions concernant des personnages ou des événements bibliques, des figures du christianisme, et que l’on peut même retrouver dans le Coran.

La discrète réserve canonique aurait-elle libéré l’éloquence apocryphe?

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