PAR MYRIAM BETTENS
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A l’origine observé par protestants comme catholiques, le Jeûne fédéral avait été instauré par la Diète fédérale en signe de «pénitence et d’Action de grâces». Même si la signification de ce lundi chômé tend à se perdre, ce week-end prolongé pour les cantons protestants de Suisse romande ne compte pas pour des prunes.
Dès le XVe siècle, l’observance de jours de jeûne est pratiquée en Suisse. C’est la Diète fédérale, assemblée des députés des cantons jusqu’en 1848, qui fixe ces journées de «pénitence et d’Action de grâces». Le premier document officiel mentionnant la «grande prière des Confédérés» date de 1517. Les épidémies de peste et les disettes ont poussé les autorités des cantons réformés à instituer ce type de journées de prière et de pénitence pour demander à Dieu de les en prémunir ou pour le remercier. Plus tard, elles ont été assorties de collectes en faveur de coreligionnaires persécutés (ndlr. les vaudois du Piémont en 1655).
Ce n’est qu’en 1639, soit durant la guerre de Trente Ans, que la Diète instaura une journée de jeûne annuel pour rendre grâce à Dieu d’avoir préservé la Suisse du conflit. A partir de 1643 les cantons catholiques instituèrent également de telles journées, mais ce n’est que le 8 septembre 1796 qu’elle fut célébrée pour la première fois d’un commun accord par catholiques et protestants. L’institution se maintiendra jusqu’en 1830, même si catholiques et protestants avaient déjà opté pour des jours différents. Loin de se distancier complètement de cette pratique, le concile Vatican II a décrété le Jeûne fédéral comme une manifestation œcuménique.
Qui dit jeûne, dit diète (pas fédérale cette fois-ci). Il était demandé à l’origine de s’abstenir de nourriture durant la journée. Les réunions à l’église se prolongeant jusqu’à tard dans l’après- midi, on n’avait pas le temps de préparer un dîner et on se limi- tait donc à une tarte de fruits de saison, préparée souvent la veille. La tradition de la tarte aux pruneaux serait aussi à chercher dans la pratique ecclésiale. Depuis le début du XIXe siècle, il était courant de conserver l’argent destiné ordinairement au repas du dimanche, pour l’offrir aux pauvres.
Recette: La tarte aux pruneaux du Jeûne fédéral
Temps de préparation | Temps de cuisson | Temps de repos | Portions |
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30 minutes | 60 minutes | 30 minutes | 8 |
Ingrédients
- 9 g de sel
- 90 g d’eau
- 100 g de farine complète
- 200 g de farine blanche
- 150 g de beurre
- 50 g de noisettes moulues (ou d’amandes) mélangées à 10 g de farine
- 1200 g de pruneaux
Préparation
- Dissoudre le sel dans l’eau
- Mélanger la farine complète, la farine blanche et le beurre. Ajouter l’eau salée et pétrir légèrement
- Laisser reposer la pâte 30 minutes au frigo
- Abaisser et piquer la pâte
- Déposer le mélange noisettes moulues-farine sur le fond de la tarte
- Couper les pruneaux en deux et les déposer sur le fond de tarte
- Préchauffer le four à 180°C. Enfourner environ 1 heure, jusqu’à ce que la pâte soit bien dorée