Daniel Gosteli

Daniel Gosteli

Le CARÉ (Caritas accueil rencontres échanges) est un lieu d’accueil et de rencontre pour les personnes confrontées à des difficultés diverses, matérielles et affectives, ayant souvent en commun la solitude et l’exclusion, le rejet et la marginalisation, la pauvreté sous des formes multiples. Découverte en compagnie de son directeur Daniel Gosteli.

Propos recueillis par Véronique Benz


Photos : Véronique Benz
Il est presque 10h lorsque j’arrive à la rue du Grand-Bureau 13, dans le quartier des Acacias à Genève. Le CARÉ se situe dans les locaux de la paroisse Sainte-Claire. Devant la porte s’amoncelle une foule bigarrée qui fume et discute. Gentiment les hommes me cèdent la place afin que je puisse descendre les escaliers et accéder à la porte d’entrée du CARÉ.

A l’intérieur, l’ambiance est convi­-viale, mais bruyante. Attablés, les gens discutent en sirotant un thé ou un café. Un groupe joue aux cartes. Dans un coin reculé, un jeune homme révise ses cours de français. Certains lisent, tandis que d’autres profitent des douches.

Au CARÉ se côtoient des personnes de tous âges, hommes et femmes, avec des pauvretés humaines, physiques et psychologiques. Suisses ou étrangers, tous sont là pour la même raison, trouver un peu de chaleur humaine et profiter des divers services que propose le CARÉ : nourriture, douches, coiffeur, distribution de vêtements, service de couture, activités manuelles, artistiques et sportives sous diverses formes.

Un accueil inconditionnel

« Fondé par Caritas Genève, le CARÉ va fêter cette année ses quarante ans. C’est un lieu d’accueil inconditionnel, nous recevons les personnes sans leur poser de questions. » Daniel Gosteli m’explique que tout ce qui est proposé au CARÉ vise à aider les personnes à reconstruire « l’estime de soi ». « Les activités sont un moyen de communication, de rencontre et de valorisation. C’est la plus-value des personnes qui est prioritaire. Chaleur humaine, respect, confiance, participation effective à la vie du groupe occupent une place privilégiée dans les moments de vie partagée. Nous sommes confrontés à une population à laquelle nous n’avons souvent pas donné le droit d’exister, une population qui a tout perdu. Ces personnes ont parfois l’impression que tout leur est dû, personne ne leur a appris à dire « s’il vous plaît » ou « merci ». Personne non plus ne leur a appris qu’une femme est digne de respect. Nous n’avons en général pas au CARÉ de graves problèmes de violence. Le contexte est habituellement calme. Il faut dire que nous sommes en permanence attentifs et que nous intervenons sur tous les signes qui pourraient conduire à de la violence. »

Quelques professionnels, des stagiaires en école de travail social et une cinquantaine de bénévoles permettent au CARÉ d’être présent jour après jour auprès de la population qui le sollicite.

Etre bénévole au CARÉ

Le directeur de l’établissement me reçoit dans le petit bureau qu’il partage avec ses collaborateurs. « La première chose que je fais le matin est de passer à la poste prendre le courrier. A côté du travail administratif et de la gestion des défis quotidiens, je passe la plus grande partie de mes journées à être avec les gens, à les accueillir, à les écouter. Je prends notamment du temps avec les personnes qui désirent faire du bénévolat au CARÉ », relève Daniel Gosteli. « Pour être bénévole, il faut accepter de faire le travail du CARÉ au moins un demi-jour par semaine. Le bénévole doit également être assez fort psychologiquement pour supporter les 200 à 300 personnes par jour qu’il va rencontrer. Je dois m’assurer que le bénévole sait mettre ses limites. Il est important de comprendre sa motivation et connaître sa disponibilité. »

Au départ, le CARÉ n’était ouvert qu’à la demi-journée ; depuis deux ans il est ouvert tous les jours de la semaine de 9h à 12h et de 14h à 17h45. En hiver, il ouvre également quelques samedis. « Ce changement nous a fait plus que doubler le nombre de personnes que nous recevons. Nous sommes passés de 150 personnes par jour à plus de 400 personnes. Nous assurons tous les jours à 16h un repas chaud servi à table. Le petit déjeuner du matin ou le brunch à 11h, nous les offrons en fonction de ce que nous recevons sous forme de buffet. »

Le CARÉ reçoit une subvention de la Ville de Genève qui couvre environ les 25% de ses dépenses. Le reste, il faut le chercher. « Nous sommes soutenus par l’Eglise catholique, les communes, quelques entreprises, des legs et beaucoup de donateurs modestes, mais fidèles et réguliers. » C’est cette fidélité qui permet au CARÉ de continuer à être un lieu de solidarité et d’entraide.

Le CARÉ en chiffres (année 2015)

Nombre de jours d’ouverture : 278
Nombre de repas pris sur place : 135’954
Moyenne de participants au repas journaliers : 489
Participants aux activités : 45’591
Moyenne journalière de participation aux activités : 168
Douches : 11’843
Coiffeur : 373
Garde-robe : 1680
Service de couture : 1500

Biographie

Daniel Gosteli est grand-père.

Après une formation dans le monde agricole, il travaille très vite dans le domaine social, notamment à l’Armée du Salut. Depuis 8 ans, il est le directeur du CARÉ.

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