L’Essentiel vous proposera ces prochains mois une rubrique « Découverte ». En effet, tant d’entre nous entrent et sortent de l’église de Martigny mais combien en connaissent les secrets ? L’édifice est pourvu depuis deux ans de bornes qui ponctuent un circuit de visite audio-vidéo automatisé, simple et ludique dont notre curé Jean-Pascal est l’acteur. Vous retrouverez ces bornes de présentation thématique contre les piliers de l’église.
Par Fabienne Seydoux, adapté par Marcel Comby | Photos: DR
Lorsque nous entrons dans l’église paroissiale de Martigny construite à la fin du XVIIe siècle (1678-1680) en style toscan, notre regard se porte en premier sur le Christ en Croix. Alors que sur le maître-autel, on a, dans le tableau central, Jésus avant sa naissance, dans le ventre de sa mère et qu’on le voit, sur le haut, devenu enfant bénissant le monde, nous le trouvons ici, dans l’arc de la voûte, à la maturité de sa vie, à l’heure où il a fait l’offrande de sa vie pour le salut du monde.
En fait, comme chacun sait, ce n’est que tout récemment que cette splendide sculpture du crucifié, qui date du XVe siècle, a été installée ici ! C’est pourtant bien là qu’elle avait été posée à l’origine, lors de la construction de l’église. Pour des raisons inconnues, elle a été déposée en 1862 lors d’une restauration. Le crucifix a même longtemps quitté l’église pour séjourner un temps dans un musée à Sion, passé par l’église de Charrat, avant de revenir à Martigny. Mais on lui trouvait difficilement une bonne place. On a essayé de le mettre contre le clocher, puis, lors de la grande rénovation de 1993, au fond de l’église. La dernière rénovation de 2020 a permis de le remettre enfin à sa place d’origine, après 340 ans d’une étonnante pérégrination.
La plus ancienne œuvre d’art présente dans cette église, c’est justement ce splendide crucifix. Il nous faut en effet revenir plus de 500 ans en arrière. Le 30 septembre 1495, Jean Boular de Vevey, artisan sculpteur de renom, signe la quittance pour le crucifix de Martigny. On est à l’époque gothique et le Christ y est figuré grandeur nature, avec une taille de 180 cm. Les traces de la flagellation sont bien visibles. Il faut dire qu’à l’époque l’Europe est marquée par la grande peste qui fait des ravages énormes. Le Christ y est représenté, avec un réalisme émouvant, un peu comme ces malades de la peste, avec des plaies au cœur, sur les bras, des ficelles colorées évoquant le sang qu’il a versé par amour. Saint Pierre s’exclamera : « C’étaient nos péchés qu’il portait sur le bois. » (1P 2, 24) Le crucifix rappelle la mort du Christ, mais sa position plongeante, juste au-dessus de l’actuel autel de célébration, conçu en 1993 dans un style résolument contemporain, par les architectes Chabbey et Boillat, renvoie spatialement au mystère de sa Résurrection. En effet, sur la table de l’autel, invisible, ressuscité, mystérieusement présent, il se donne désormais, à chaque célébration de l’Eucharistie, comme le « Pain de vie éternelle » au Peuple de Dieu qui s’est rassemblé pour faire mémoire de sa mort et de sa résurrection.
C’est un Christ qui nous invite à sortir de l’église et à agir pour lui. Au pauvre qui rentre dans l’église, il lui dit : tu es comme moi je te comprends, je vis ce que tu vis je viens t’encourager à avancer.
Il y a quelque chose de splendide et ce Christ qui a 500 ans devient une actualité. Il n’est pas là pour faire un discours. Il est là pour être vu, pour dire : « Je t’aime, laisse-toi toucher par ma tendresse. »
Nous vous encourageons à prendre le temps de visiter notre Eglise paroissiale et à consulter les huit bornes de présentation qui vous aideront à mieux comprendre les œuvres d’art suivantes : le maître-autel, le crucifix, le baptistère, la chaire, les confessionnaux, la visite virtuelle du sous-sol archéologique, le clocher, l’orgue historique « Maerklin ».
BONNE VISITE.