Entre action et peurs

Entre action et peurs

PAR ALESSANDRA ARLETTAZ
PHOTO 1 : ServizioFotograficoOR/CPP/CIRICEntre peurs et foi chrétienne, nous sommes aujourd’hui partagés entre deux grandes tendances en ce qui concerne l’accueil des migrants en Europe. D’un côté, le message du pape François 2, qui, face à « la tragédie de dizaines de milliers de réfugiés qui fuient la mort à cause de la guerre et de la faim », nous exhorte à ne pas seulement répondre « patience » ou « courage », mais à montrer l’exemple et exprimer « la proximité de l’Evangile », concrètement. Le grand Rabbin de France tient un discours analogue 3 : «La France, terre d’asile et d’accueil, la France, berceau des droits de l’homme ne peut fermer les yeux sur ces femmes et ces hommes qui échouent aux portes de nos frontières, avec pour seul espoir, celui de vivre.» Ces appels ont eu un succès inespéré rien que dans notre canton.

Malgré cela nous avons la deuxième face de l’accueil réservé à ces personnes. Il suffit d’aller faire un tour sur les quais de la gare de Viège ou de Brig, où, tous les jours, des personnes qui ont le visage éteint par tous les sacrifices déjà réalisés et qui se font renvoyer en Italie, notamment des mineurs non accompagnés, comme j’ai eu la tristesse de le voir en rentrant en train par ce chemin. Même si cela signifie aller pleinement à l’encontre de la charte des droits de l’homme et de l’enfant que la Suisse a ratifiée, nous fermons nos frontières par peur, car les seules choses que connaissent les gens sur les musulmans sont ce que disent les médias sur Daech, et la population associe « Musulmans » à « violence ».

N’oublions pas que nous sommes, nous aussi, un peuple de migrants (Argentine, Brésil,…). Nos ancêtres ont aussi été sujets à la xénophobie et au rejet. Nous étions, en plus, des migrants économiques, fuyant la famine… Nous sommes arrivés avec nos grands sabots dans ces pays, prenant le risque de traverser l’océan, en sachant avoir de grandes chances de ne plus voir les membres de notre famille restée au pays.

Pour conclure, je me demande, et déjà pour moi-même, qu’est-ce que je fais concrètement face à cette situation ? Suis-je spectateur, acteur… Comment agir au mieux ? Je sens que même nous, les « chrétiens » qui prônons la charité, l’amour,… sommes près de l’explosion. Nous sommes divisés entre agir et aider ou être freinés par la peur. Comment aller vers celui qui a peur et lui dire de ne pas avoir peur… Je ne peux que lui conseiller d’aller, par exemple, aux mayens de Chamoson, à l’auberge du « Temps de Vivre », où il sera servi et accueilli par des migrants en insertion, qui reçoivent là une formation, afin qu’ils se sentent bien chez nous, qu’ils ne soient pas toujours sur la défensive, qu’ils intègrent nos « traditions ». A partir de là un lien devient possible et chacun peut recevoir la richesse
de l’autre.

Ce n’est pas un message fataliste, mais un cri du cœur afin que nous soyons toujours conscients de cette situation et que notre Foi soit plus forte que nos Craintes.

Vraiment merci à tous ces gens qui se mettent à la hauteur de l’Autre qui a tant souffert…

1 Article « La crise des migrants au cœur du pontificat du pape François » du 15.04.2016, www.la-croix.com
2 Article « Les leaders religieux appellent les fidèles à la solidarité avec les réfugiés » du 06.09.2015, www.francetvinfo.fr
3 Ibid.

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