Entre le bœuf et l’âne gris dort le petit fils

Entre le bœuf et l’âne gris dort le petit fils
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur des Deux-Rives (VS), décembre 2020

Par Geneviève Thurre | Photo: Gaspard Moulin

« Si tu veux bien, lui dit-il, célébrons à Greccio la prochaine fête du Seigneur; pars dès maintenant et occupe-toi des préparatifs que je vais t’indiquer. Je veux évoquer en effet le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagréments qu’il endura dès son enfance ; je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne… ». « Le saint passa la veillée debout devant la crèche, brisé de compassion, rempli d’une indicible joie. Enfin l’on célébra la messe sur la mangeoire comme autel, et le prêtre qui célébra ressentit une piété jamais éprouvée jusqu’alors. »

Voici un extrait du texte de Thomas de Celano, 1228, qui témoigne de la crèche de saint François d’Assise. De cette crèche, on conserva du foin que l’on fit manger aux femmes pendant les accouchements difficiles ou au bétail malade et des miracles se produisirent. 

Le décor de la naissance de Jésus est décrit dans le protévangile de Jacques et l’évangile de Luc. Ils parlent d’une grotte aux abords de Bethléem, d’une mangeoire dans laquelle l’enfant fut déposé. L’âne et le bœuf sont cités dans une prophétie d’Isaïe. Des écrits datés des IIe et IIIesiècles font état de la grotte et de la crèche de Bethléem que l’on vient vénérer. Puis des écrits situés entre 330 et 450 parlent d’une basilique érigée sur le lieu même de la nativité. Les pèlerins qui visitaient l’endroit en repartaient avec des reliques (éclats de pierre de la grotte, terre). Revenus chez eux, ils construisaient des répliques du lieu vénéré (chapelles, peintures, bas-reliefs). Cependant Noël ne sera célébré par les chrétiens qu’à partir du IVe siècle et c’est progressivement que la représentation de la nativité se propage dans le monde. La crèche de Saint François racontée dans le texte plus haut date de 1223. Puis on fait mention de crèches permanentes dans les églises, surtout en Italie, au XVe siècle et de crèches « mobiles », plus petites et démontables, au milieu du XVIe siècle. 

Voici brièvement l’histoire d’une scène devenue tradition pour tous les chrétiens. Mais au-delà de la tradition, n’oublions pas la signification de cette naissance si pauvre. Martin Luther dira : « Il est impossible de reconnaître Dieu ni par ton imagination ni par tes spéculations, mais en t’approchant de sa crèche. Mon ami, n’escalade par le ciel ! Va d’abord à Bethléem. »

Bibliographie :
M. Wackenheim, « La crèche de Noël, histoire d’une représentation », 2019, Ed. Bayard

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