Par François-Xavier Amherdt
Photo : CiricCertes, la pastorale dite « spécialisée » – mais chaque pastorale n’a-t-elle pas un objectif et des destinataires spécifiques ? – ne peut pas « promettre » aux personnes atteintes de différents handicaps que le Seigneur va toutes les guérir « miraculeusement ». La dimension physique des guérisons demeure exceptionnelle ; elle peut advenir dans un lieu de pèlerinage ou par l’intercession d’un(e) saint(e). Le sacrement des malades y fait d’ailleurs explicitement allusion.
Reste que les miracles de l’Evangile, dont celui du sourd s’exprimant difficilement, propre à Marc (7, 31-37), sont narrés comme offrant les signes du Royaume déjà présent en la personne du Christ. Et la Parole de Dieu, accueillie dès notre baptême lors de l’Ephata (en araméen, « ouvre-toi », la formule utilisée par Jésus pour supprimer la surdité et le bégaiement de l’homme), par les signes de croix sur les yeux, les oreilles, la bouche, le front, les épaules et le cœur, continue encore aujourd’hui de nous délivrer des maux qui nous affectent tous et toutes.
Lorsque nous refaisons ce triple geste au moment de la proclamation de la Bonne Nouvelle dans les diverses liturgies, nous pouvons tous sans exception
(re)demander au Père, du fond de notre être : « Viens travailler les sens de nos corps et de nos âmes, que nous puissions accueillir ton œuvre en vérité ; viens nous arracher à nos paralysies, nos aveuglements et nos enfermements, qui que nous soyons. »
C’est pour cela d’ailleurs que la catéchèse spécialisée aime tant recourir aux démarches et rituels symboliques. Les personnes handicapées sont souvent bien moins sourdes, aveugles ou boiteuses que ceux que le monde considère comme « bien portants ». Et elles proclament l’œuvre de l’Esprit avec ô combien plus de force que beaucoup d’entre nous, qui ne sommes guère des « disciples missionnaires ». Le pape François ne s’y trompe pas : en toute occasion, il prend dans ses bras des enfants, des jeunes, des adultes souffrant de handicap pour signifier l’étreinte du Père céleste et leur redire : « Ouvre-toi. »