Epouse de diacre

Epouse de diacre
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Glâne (FR), février 2020

Par l’Abbé Theophil Mena | Photo: DR

« Comme les diacres permanents, leurs épouses doivent être dignes, point médisantes, sobres, fidèles en toutes choses. » 1 Tim, 3, 11

C’est vrai que nous parlons bien souvent du diacre, cependant, nous ne pouvons pas oublier une personne avec laquelle il doit vivre et à laquelle il est lié par le sacrement du mariage: son épouse, dont la présence et l’accord sont indispensables dans l’exercice de son ministère diaconal. Quand l’Eglise ordonne diacre un homme marié, elle demande l’assentiment de son épouse, et pour cause, le diaconat bouleverse la vie du couple et de la famille. Par l’ordination diaconale de son mari, elle doit composer avec le diaconat. Quel rôle jouer ? Quelle place occuper ?  Une épouse d’un diacre témoigne :

Agée de 57 ans, elle est mère de famille, très croyante et très engagée dans sa paroisse : Il y a 15 ans que mon mari a été ordonné diacre. Notre vie a été transformée mais pas bouleversée. Je suis très heureuse. J’ai traversé avec grande confiance et sérénité les années de formation et de discernement aux côtés de mon mari, c’était l’occasion d’un approfondissement de notre vie spirituelle en couple, de moments partagés et d’enrichissement ecclésial et intellectuel. Notre vie de couple s’en est trouvée grandie, comme notre vie de foi, même si ce ne fut pas facile.

Et l’ordination ! Sûrement le moment où il s’est allongé sur le sol. C’est seulement à ce moment-là que j’ai réalisé que l’Eglise me « prenait » mon mari. Et l’imposition des mains par l’Evêque ! Lors de sa première célébration, le dimanche suivant, j’étais terriblement émue. Oui, je l’offrais aux autres et je l’acceptais. J’en comprenais bien le sens et je me suis sentie embarquée avec lui. Nous échangeons beaucoup en couple. Notre vie de couple est vraiment nourrie de cette nouvelle vie et cela est très apaisant.

Pendant ces années de vie commune, je n’ai pas eu de questionnement identitaire, j’ai toujours ma place d’épouse, de mère de famille et de femme active et engagée. C’est en restant moi-même en vérité que je l’accompagne au mieux dans sa vie de diacre. Je considère qu’il n’y a pas, à proprement parler, de rôle de la femme de diacre. J’ai ma place en fonction des impératifs professionnels, familiaux et pastoraux. Je reste attentive à accompagner mon mari par l’écoute, la prière, l’aide matérielle dans ses activités paroissiales, mais aussi par des conseils ou avis. Le partage de ce qui se vit dans le cadre de sa mission, les rencontres liées au ministère, les temps de méditations et de recollections ensemble nourrissent et enrichissent notre couple.

En acceptant de prendre un diacre comme époux, je suis consciente que la vie familiale et la vie de couple sont sources de joies, de bonheurs, parfois de préoccupations voire de souffrances. Mes priorités sont celles d’une femme de diacre, mère de 3 enfants. C’est toute la richesse de l’amour de Dieu que l’on reçoit dans notre couple. Sincèrement, il y a eu des moments difficiles  à gérer quand les enfants étaient petits, mon mari étant souvent absent le soir. Mais petit à petit, j’ai compris ce que le diaconat, reçu par ce dernier, a fait rejaillir sur moi, sur notre famille, sur notre entourage, et ai apprécié les richesses de l’amour de Dieu et la réalité de notre vie de baptisés.

Nos enfants dans tout cela : tous très jeunes au moment de l’ordination, ils n’ont pas été amenés à s’exprimer. Ils le font bien volontiers aujourd’hui. Pour eux, le diaconat s’inscrit naturellement dans la vie familiale, ils ont une chance extraordinaire d’avoir un papa diacre qui les aide à grandir, sa vie de foi et de prière est tellement forte qu’il contribue à développer la vie des enfants. Il y a 15 ans, j’étais loin d’imaginer ce que Dieu allait faire de nous par son appel, et ce qu’il allait donner à notre famille. Toute ma famille est heureuse de vivre cette expérience. 

Je remercie le bon Dieu, car c’est une grâce pour moi d’être épouse d’un diacre. L’ordination de mon mari a changé mon regard sur l’Eglise, elle m’a permis  de découvrir l’Eglise de l’intérieur. J’aime cette Eglise aves ses qualités et ses défauts. Je vois ma place d’épouse de diacre comme une place d’accompagnant par ma présence, par la prière, par l’écoute et par l’attention en ayant le souci de son emploi de temps, pour pouvoir continuer à prendre le temps de nous retrouver, de dialoguer et de nous poser pour mieux vivre l’appel du Seigneur. Toute ma famille est heureuse de vivre cette expérience. Nous avançons en toute confiance, que Dieu nous protège.

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