Et que l’idéal demeure !

Et que l’idéal demeure !

A tour de rôle, des jeunes de divers cantons romands profitent de cet espace de liberté pour évoquer un sujet qui les intéresse. Au tour de la jeune vaudoise Marie Larivé de prendre la plume.

PAR MARIE LARIVÉ | PHOTO : DR

Source de promesses infinies, mais aussi terreau fertile des abus, l’idéal recueille nos grands
écartèlements. Car souvent, l’idéal et notre humanité s’entrechoquent. Dymas de Lassus, prieur de la Grande Chartreuse, l’évoque en ces mots : « Il y a des limites à notre être humain, à nos forces physiques à notre santé, à notre psychisme, et là se trouvent les risques de l’amour : l’amour n’a pas de limites. Personne n’aimera jamais trop, mais les moyens destinés à développer l’amour comportent des limites et si celles-ci sont dépassées, le moyen peut donner la mort au lieu de la vie » (Risques et dérives de la vie religieuse, p. 31).

Nouveaux ajustements

Quitter une communauté religieuse n’est pas quitter le grand Amour, mais plutôt un chemin qui peut y mener. On peut parler de bifurcation, de choix, de chute, de libération ou bien d’autres mots encore, car il y en a autant que d’histoires personnelles et ces mots changeront encore pour chacun, probablement, au fil du temps. Là où peuvent se mêler la culpabilité, le soulagement, la colère ou la paix, encore l’idéal fraye son chemin. Poursuivre l’Amour infini demandera de nouveaux ajustements, différents des grands élans précédents, mais dans ce nouveau quotidien, banal et commun, la sainteté peut là aussi pousser.

Points d’ancrage

« Toutes les vertus chrétiennes sont suspendues entre deux abîmes : notre être de créatures tirées du néant et l’infini de Dieu qui nous attire à lui. Que l’un des deux points d’ancrage lâche et la vertu se mue en folie. Nous n’avons pas à choisir entre l’humain et le divin, le Christ qui est notre voie a uni les deux en sa personne et la spiritualité n’est plus chrétienne si elle ne tient pas les deux ensemble », écrit encore Dymas de Lassus (p. 208). Au milieu de ces deux abîmes que beaucoup ont frôlés à des périodes de leur vie, émerge une existence à toujours davantage simplifier, loin des rêves et des craintes. Un nouveau chemin s’ouvre où, là aussi, Dieu peut être le grand idéal. Un Dieu qui reste le même alors que nous changeons, un Dieu qui nous attend, patiemment.

A tout instant, c’est dans notre plus simple humanité que l’idéal pourra être poursuivi. Non pas comme horizon grandiose et héroïque, mais dans cet équilibre du quotidien qui unit le plus grand Amour à notre humble réalité incarnée, ici et maintenant.

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