Exhortation Christus Vivit

Exhortation Christus Vivit
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), septembre-octobre 2020

Par Paul Salles | Photo: Cath.ch

Dernier volet de notre série sur l’exhortation Christus Vivit du pape François suite au synode sur les Jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Dans ce numéro, nous vous proposons de décrypter les deux derniers chapitres du texte.Dans la lignée de Vatican II, François commence par rappeler que la vocation fondamentale de chacun est l’appel à la sainteté, quelle que soit sa condition de vie. Elle résulte de la découverte de la voix du Christ qui nous appelle à sa suite, et qui nous pose la même question qu’à Simon-Pierre après la résurrection : « M’aimes-tu ? » 

Cette question appelle une réponse généreuse de notre part dans le quotidien de notre vie, étant certain que « notre vie atteint sa plénitude quand elle se transforme en offrande » (CV 254). Bien plus, notre mission dans le monde n’est pas un appendice de notre être, mais liée à notre être même : « Je suis une mission sur cette terre, et pour cela, je suis dans le monde. » (CV 255) On conçoit ainsi aisément l’importance de la découverte de cet appel : le discernement de cette vocation, c’est « reconnaître pour quoi je suis fait, le pourquoi d’un passage sur cette terre, reconnaître quel est le projet du Seigneur pour ma vie. Il ne m’indiquera pas tous les lieux, les temps et les détails, que je choisirai avec sagesse, mais oui, il y a une orientation de ma vie qu’il doit me montrer, parce qu’il est mon Créateur, mon potier, et que j’ai besoin d’écouter sa voix pour me laisser façonner et porter par lui. Alors, je serai ce que je dois être et je serai aussi fidèle à ma propre réalité. » (CV 256)

L’amour et le travail
Il existe deux grands axes de nos vies dans lesquels cette vocation va se déployer : l’amour et le travail. Quelle est la personne que je souhaite aimer toute ma vie ? Quelle est celle à qui je vais pouvoir me donner et celle que je vais pleinement recevoir comme chair de ma chair et os de mes os (cf. Gn 2, 23) ? Le pape chante la beauté de cette vocation originelle pour chacun et son déploiement dans la famille. Il dénonce les attaques contre ces institutions et encourage les jeunes à ne pas avoir peur des engagements définitifs, à se confier à la grâce du Seigneur qui nous sauve, et à construire solidement les fondements de cet engagement. Le Pape parle ensuite de l’importance du travail. On sait bien que la question « qu’est-ce que je vais faire plus tard ? » est importante dans la vie d’un jeune. Aussi, il importe que la société puisse aider les jeunes à découvrir ce qu’ils souhaitent faire et leur donner les moyens d’y parvenir. Le travail « est l’expression de la dignité humaine, il est un chemin de maturation. » (CV 271) « Quand l’on découvre que Dieu appelle à quelque chose, […] alors on est capable de faire fleurir ses meilleures capacités de sacrifice, de générosité et de don de soi. […] On ne fait pas les choses sans raison, mais avec un sens, comme réponse à un appel qui résonne au plus profond de son être. »
(CV 273)

L’appel à une vocation particulière
Enfin, le Pape rappelle que Dieu ne cesse pas d’appeler à un don de soi plus radical dans le sacerdoce et les différentes formes de vie consacrée. Cet appel de Dieu demande à être relayé par l’église afin qu’il puisse retentir dans le cœur des jeunes. « Nous pouvons oser, et nous devons le faire : dire à chaque jeune qu’il s’interroge sur la possibilité de suivre ce chemin. […] Dans le discernement d’une vocation, il ne faut pas exclure la possibilité de se consacrer à Dieu dans le sacerdoce, dans la vie religieuse ou dans d’autres formes de consécration. Pourquoi l’exclure ?  Sois certain que, si tu reconnais un appel de Dieu et que tu le suis, ce sera ce qui te comblera. » (CV 274, 276)

Le discernement
Le pape développe les conditions préalables à un bon discernement. En ce sens, il rappelle l’importance de « la formation de la conscience qui permet au discernement de grandir en profondeur et dans la fidélité à Dieu » (CV 281). L’exercice fréquent de l’examen de conscience en est un élément prépondérant. Il trouve sa place dans le nécessaire silence qui laisse Dieu parler. Il n’est pas possible de trouver sa vocation sans une ferme résolution de la rechercher, et donc d’aller à la source de cet appel : Dieu qui parle dans le silence du cœur et dans les circonstances de la vie. Le discernement nécessite donc de s’arrêter pour pouvoir relire dans sa vie les traces que Dieu laisse, pour pouvoir aussi se poser les bonnes questions. Le pape précise que « ces questions doivent se situer non pas tant en rapport avec soi-même et ses inclinations, mais en rapport avec les autres, face à eux, de manière à ce que le discernement pose sa propre vie en référence aux autres. » (CV 286) « Quand le Seigneur suscite une vocation, il ne pense pas seulement à ce que tu es, mais à tout ce que tu pourras parvenir à être avec lui et avec les autres. » (CV 289)

Les qualités du bon accompagnateur
François conclut en présentant trois qualités de celui qui sait aider sur ce chemin du discernement. La première est l’attention à la personne : écouter comme Dieu écoute, c’est-à-dire inconditionnellement. La seconde consiste à discerner, autrement dit « il s’agit d’épingler le moment précis où l’on discerne la grâce ou la tentation »
(CV 293) ce qui vient de Dieu et ce qui ne vient pas de lui. La troisième consiste à « écouter les impulsions que l’autre expérimente «  en avant  ». C’est l’écoute profonde de «  ce vers quoi l’autre veut vraiment aller  » » (CV 294). Lorsqu’on écoute l’autre de cette manière, « à un moment donné, on doit disparaître pour le laisser poursuivre ce chemin qu’il a découvert. C’est disparaître comme le Seigneur disparaît à la vue de ses disciples » sur le chemin d’Emmaüs (CV 296). 

Wordpress Social Share Plugin powered by Ultimatelysocial
LinkedIn
Share
WhatsApp