Fondation As’trame : l’enfant au centre

Fondation As’trame : l’enfant au centre

Née en 1995 afin d’accompagner familles et enfants face à une maladie grave, l’action d’As’trame 1 s’est ouverte à d’autres problématiques : deuil, séparation, trouble psychique, addiction. Présente en Valais, la fondation espère y étendre son action.

Anne de Montmollin dirige la Fondation As’trame.

Par Anne-Laure Martinetti | Photos : DR

« Depuis 2009, les demandes ont doublé, selon sa directrice Anne de Montmollin. C’est sans doute l’effet combiné de la notoriété et de l’impact covid. Sur le Valais, nous avons une petite équipe de deux personnes, nous aurions besoin de doubler nos effectifs. » Forte de 22 collaborateurs, As’trame a suivi 1’500 familles en Romandie en 2023. Un « parcours enfant » coûte Fr. 510.– avec une aide en fonction des finances familiales. Pour l’heure, en Valais, la fondation fonctionne avec une plus grande part de fonds privés que publics et, dans l’attente d’une augmentation d’effectif, elle ne peut accepter de demandes supplémentaires avant 2025. Quant à sa démarche, elle privilégie l’approche systémique, soit, comme le définit sa directrice, « une méthode qui prend en compte la répercussion d’un événement sur l’ensemble de la famille à hauteur du regard de l’enfant. »

Anne de Montmollin, pour protéger l’enfant, on a longtemps éludé ses questions lors d’un décès, une attitude que vous ne cautionnez pas ?
Face à un drame, l’adulte peut se sentir démuni, mais le silence génère une perte de repères chez l’enfant. L’enfant se retrouve alors seul avec un trop-plein d’émotions : colère, tristesse, culpabilité, sentiment d’abandon, soulagement après une longue maladie… Certains extériorisent, d’autres pas. Les réactions peuvent être très diverses allant du repli sur soi à l’agressivité. La souffrance est là, il convient de l’accompagner. Nous nous appuyons alors sur un narratif : c’est la fin de la vie, pas du lien qui continue autrement, par le rêve, les objets symboliques… Nous laissons de côté les étapes du deuil, trop normatives. Il s’agit de donner du sens à la vie d’après, chacun à son rythme. De plus, l’enfant vit son deuil en grandissant. Chez les plus jeunes, il n’y a pas l’idée du définitif et il doit pouvoir intégrer cette histoire douloureuse peu à peu. Quant aux métaphores usuelles (« Papa est parti au ciel. »), nous les explicitons suivant l’âge, les croyances, les cultures. 

La maladie psychique d’un parent est une autre situation éprouvante. As’trame a organisé une semaine de sensibilisation en mars 2024 sur les « jeunes aidants », un problème de santé public sous-estimé ? 2
Un enfant confronté à la maladie psychique d’un parent vit un enfermement et se retrouve dans un état de fragilité encore marqué qu’avec une maladie plus ordinaire. Il est isolé car des tabous demeurent autour de ces troubles et il faudrait une plus forte mobilisation des pouvoirs publics, des associations en faveur de la formation des professionnels et des acteurs de la prévention. Enfin, changer de regard sur ces troubles et sur le vécu de ces enfants est primordial. Ici aussi, il faut privilégier le double focus : l’enfant et la famille, créer un narratif familial et laisser un espace à l’enfant auprès des professionnels3 et dans le cercle familial. 

Ces professionnels confrontés à ces récits de drames font un travail difficile. Un travail malgré tout gratifiant ?
Oui, car, en dépit du manque de moyens, il a du sens, « une haute valeur existentielle » selon l’expression d’un collègue. Notre approche consiste aussi à identifier les ressources et pas uniquement les difficultés. Il y a souvent de la magie dans les groupes d’enfants. J’ai travaillé en Amérique du Sud et, sans faire de généralités, je dirais que l’expression de la fragilité et les rituels occupent une plus grande place que chez nous, des ressources à importer.

1 Pour l’astre du Petit Prince de St-Exupéry et pour la trame du temps.
2 Il concernerait au moins 50’000 jeunes de 10 à 15 ans selon la Haute Ecole de Santé de Zürich, sans doute beaucoup plus.
3 En Valais, As’trame collabore notamment avec l’hôpital de Malévoz.

Contact :

Sidonie Thueler et Christelle Vaudan, Chemin des Collines 2b, 1950 Sion
et Maison de la Grenette, Rue du Bourg 8, 1920 Martigny
Tél. : 027 552 20 25
Site : www.astrame.ch
E-mail : valais@astrame.ch

A voir et à écouter : 

RTS, Temps Présent, 22 février 2024 : Enfants proches aidants
RTS, La Matinale, 11 mars 2024 : Enfants vivant avec un parent malade psychiquement
RTS, Drôle d’époque, 18 juin 2024 : Interview d’Anne de Montmollin

Activités ludiques et créatives proposées aux enfants pour leur permettre d’exprimer ce qu’ils portent et d’introduire un dialogue.

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