Quand le pauvre nous délivre de notre égoïsme
Par Bénédicte Drouin Jollès
Photo: pxhereAvez-vous remarqué que la dernière encyclique du pape François, Fratelli tutti, a été signée en octobre dernier sur la tombe du saint d’Assise ? En ce temps de Covid, il y a de quoi s’interroger : le jeune moine ne respectait guère les gestes barrières ; il a embrassé un lépreux et traîné avec les pauvres.
Message explicite
Voilà un message explicite, François sait que la crise sanitaire nous recroqueville sur nous-même. « L’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre… La peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre », écrit-il. Une fois de plus, il vient nous réveiller. J’aime son côté poil à gratter, sa liberté évangélique qui le rend inclassable. Il pointe nos aliénations, démasque l’hypocrisie de nos trop confortables organisations sociales. Sans naïveté, il éclaire les questions délicates qui divisent nos communautés et nos familles. C’est simple, il remet le pauvre au centre. Le voyons-nous dans nos églises, ailleurs qu’à la porte ? Vient-il partager la table familiale ou nos sorties paroissiales ? Comment en parlons-nous devant et avec les enfants ? S’il est un don de Dieu qui nous appelle à élargir nos cœurs, nous n’avons d’autre choix que de cultiver la fraternité. Il s’agit pour François d’une question de vie ou de mort, dans notre monde ébranlé par la pandémie et appelé à se reconstruire.
Les appels de l’Esprit Saint
Les familles chrétiennes qui se laissent façonner par l’Evangile ont une puissance de rayonnement et d’inspiration qu’elles sous-estiment. Ici c’est une fratrie qui accepte de s’élargir pour accueillir un enfant du tiers monde abandonné dans un train et orphelin ; là c’est un bébé trisomique qui est adopté, ici encore c’est un couple qui choisit d’héberger un parent âgé et sénile plutôt que de le placer trop vite en EMS (toutes ces histoires sont vraies). A chacun d’écouter les appels de l’Esprit Saint pour discerner son chemin de vie, unique et personnel.