Par Jean-François Bobillier
Photos : DR, Franciscains international

Plus de deux mille ans plus tard, une place arrangée avec amour est-elle enfin disponible dans le cœur de l’homme contemporain pour accueillir ce nouveau-né ?
Ma pensée est nourrie par les multiples rencontres vécues avec des adultes, notamment dans le cadre des préparations aux baptêmes.
Jésus paraît être le grand absent de nos vies et le grand oublié de notre époque ! Pour preuve : « Jésus n’a jamais existé ! » « Qui nous prouve que ces histoires sont vraies ? » « C’était juste un homme qui avait des super pouvoirs ! » « C’est bon maintenant : on est adultes, l’histoire du Père Noël ou de Jésus, on ne nous la fait plus ! » « Tout a été inventé ! » Mais oui, ces paroles viennent de personnes baptisées et désirant le baptême pour leur enfant, souvent pour « perpétuer une tradition » ou « parce qu’il faut le faire ».
Dès lors, que proposer lors de ces soirées de préparation ? Parler de nouvelle évangélisation ? des symboles de l’eau ou de la lumière ? de l’Esprit Saint ? Décortiquer le Credo ?… Ça n’est pas une blague : la majorité des personnes rencontrées ne croit pas en l’existence de Jésus.
Et pourtant ces soirées sont formidables ! Tout peut y être déposé : colères, blessures, questions, doutes, témoignages et j’en passe. Quelques larmes ont même coulé. Autour d’un verre de rouge la salle du prieuré se transforme en bouillonnant lieu de débat. Génial ! « Tu sais, la semaine passée je n’avais aucune envie de venir, mais ce soir je me réjouissais ! », me glissa à l’oreille un jeune père de famille.
Vient le moment où, soit mon collègue et ami Pascal soit moi-même, nous témoignons de notre foi. Avec nos mots, nos doutes, nos maladresses, nos vies. Oh, non pour convaincre mais pour rejoindre. En effet, comme il est aisé de faire le constat que rien ne nous différencie d’eux sinon le vocabulaire utilisé pour dire l’Amour !
Il y a fort longtemps, Joseph et Marie se sont vu refuser l’hospitalité sous prétexte qu’il n’y avait plus de place. Et si place il y avait en réalité, mais que la sublime transparence du cœur et du regard de Marie avaient bouleversé les hôtes ? Et si le tressaillement de l’enfant les avait à ce point ébranlé, qu’ils n’osaient croire que Dieu se tenait à leur porte ?
Aujourd’hui encore, les « non-pratiquants » font réellement l’expérience du tressaillement de l’Amour en eux. C’est vrai, ils ne l’expriment pas en parlant de l’effusion de l’Esprit ou du kairos et ne le manifestent pas par un Gloria ou par l’oraison. Il n’empêche que… Maurice Zundel écrivait : « Il y a en moi plus que moi. Quiconque a fait cette expérience n’a pas besoin qu’on lui montre l’existence de Dieu. »
A nous, témoins de la foi chrétienne, d’adapter notre langage en faisant preuve d’une grande délicatesse et d’accorder à toute personne notre présence réelle et authentique afin qu’elle prenne conscience qu’en elle une nouvelle naissance est possible.