L’Essentiel propose aux Evêques des diocèses de Sion et de Lausanne-Genève-Fribourg, à l’Abbé territorial de Saint-Maurice et à leurs représentants de s’exprimer sur le sujet de leur choix.
Par Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de LGF | Photos : cath.ch, DR
Ce numéro de L’Essentiel traite d’archéologie et on m’invite à y écrire…
L’archéologie, comme toute connaissance du passé, est très utile à la compréhension du présent. Elle répond en partie à la question de notre origine. Elle montre le caractère transitoire des réalités humaines : de grandes civilisations n’ont laissé que peu de traces et ce fait nous laisse songeurs sur notre futur et ses incertitudes. Certains pensent d’ailleurs que l’Eglise est en train de s’orienter vers un futur archéologique, ou au moins de devenir un musée de croyances passées.
Certes la foi de l’Eglise n’est pas nouvelle et on en trouve des traces archéologiques. Je trouve personnellement un vrai bonheur dans ce contact vivant avec le passé : notre foi est celle de personnes qui ont vécu longtemps avant nous et elle est aussi celle de personnes qui vivent maintenant dans des régions très différentes. L’écrivain catholique anglais Chesterton, s’émerveillant de ce lien avec un passé qui nous forme, disait qu’« il est évident que la tradition est seulement la démocratie étendue à travers le temps » (Orthodoxie, chapitre 4) : nous intégrons la voix de nos ancêtres dans la foi. Ceci dit notre regard est aussi tourné vers l’avenir, car le même Dieu qui a agi dans le passé agit dans le présent et dans l’avenir, qui pour Lui sont un. En ce sens, notre foi est une archéologie fondamentale : elle répond le plus profondément à la question de notre origine. Nous existons parce que Dieu a créé le monde, parce que Dieu veut que nous soyons avec Lui, parce qu’Il nous aime. Si la foi est une archéologie fondamentale, c’est parce qu’elle répond (à son niveau) à une préoccupation des historiens : quel est le lien entre ces faits ou objets passés et ce qui suit ? Quel est le lien entre un passé lointain, un passé proche, le présent et le futur ? Nous approchons de Pâques. Ce lien est que « Jésus Christ est le même hier et aujourd’hui, Il le sera à jamais ». (Hébreux 13, 8)