Pour se rendre présente auprès des couples et des familles tout au long de la vie, tant dans les moments de joie que de difficulté, l’Eglise Catholique Romaine à Genève propose un lieu d’accueil, d’écoute et d’accompagnement ouvert à tous. Rencontre avec la pastorale familiale.
PAR MYRIAM BETTENS
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Le pape François a initié dès le début de son pontificat une importante réflexion concernant les familles dans l’Eglise d’aujourd’hui. De cet examen émane une exhortation apostolique parue en 2016, connue sous le nom d’Amoris Laetitia. Le pontife a réactualisé cette intuition en instituant une année de la famille qui a débuté le 19 mars dernier. L’intention étant de pousser les paroisses, les communautés et les églises locales à prendre soin en priorité des familles, quelles que soient les formes qu’elles prennent.
« Nous avons comme mandat de favoriser la présence de l’Eglise auprès des familles, notamment celles qui sont en chemin avec Dieu et qui ne se retrouvent peut-être pas dans une communauté paroissiale » précise Anne-Claire Rivollet. Un des grands axes de cette pastorale se situe autour de la préparation au sacrement du mariage pour les fiancés. « Nous avons également développé des propositions pour les personnes divorcées, car il existe encore des gens qui pensent, à tort, que s’ils ont rompu le lien du mariage, ils ne peuvent plus venir à l’église », développe la responsable de la pastorale des familles. Ainsi il est proposé des espaces de parole qui offrent à « toutes ces personnes la possibilité de venir déposer leurs soucis et discerner la présence de Dieu dans leur vie. »
Depuis le printemps dernier, la pastorale a ouvert un service d’un genre nouveau : Et si on se réconciliait ? Derrière cet intitulé se cache une proposition d’accompagnement, d’accueil et d’écoute pour la communauté LGBTIQ+ et leurs familles. « Parce que l’homosexualité et l’Eglise sont des réalités qui ont besoin de se réconcilier. Les uns avec les autres, mais aussi avec eux-mêmes, puisque Dieu a un projet d’amour pour chacun, quelle que soit sa situation matrimoniale ou familiale. L’Eglise se doit d’être présente auprès de tous.
De manière plus globale, « la société s’occupe du lien au niveau administratif, au niveau civil. Mais comment alimente-t-on ce lien pour en saisir la teneur ? Comment permettre à la famille de dépasser les temps de tension ou de difficulté ? » Anne-Claire Rivollet pointe la question du sens des relations aujourd’hui et affirme que « l’Eglise voit naitre pour elle une véritable vocation pour aujourd’hui : offrir des repères et l’espérance nécessaire pour développer une vie de couple, de famille qui soit porteuse pour la société ».
Au service, mais comment ?
Une chose que la pastorale familiale accomplit et dont on ne se rend peut-être pas compte ?
Anne-Claire Rivollet : Il y a un vrai travail intra-ecclésial autour de la question de l’homosexualité et nous venons de le débuter, à un niveau local. Pendant longtemps, l’Eglise a condamné certaines identités de genre. Aujourd’hui ce n’est plus possible de nier notre corps sexué. La pastorale des familles a initié ce travail-là : aider chacun à s’accueillir comme une personne, avec une identité sexuelle, des désirs, tout en sachant qu’il / elle est entièrement aimé de Dieu.
Quel « service » apportez-vous aux Genevois de manière générale ?
A-CR : Nous espérons pouvoir contribuer à un changement d’image de l’Eglise, qu’elle soit perçue non comme un lieu d’exclusion ou de moralisme, mais comme un lieu-source pour vivre ensemble.
La réconciliation est l’enjeu de cette quête : que dans tous les lieux de relations, en particulier ceux de la famille et du couple, nous puissions favoriser une pastorale du lien. Et que chacun se sente aimé de Dieu et reconnu par l’Eglise.