Par François-Xavier Amherdt
Photo : Jean-Claude Gadmer
Si le Christ se présente comme la lumière du monde (Jean 8, 2), c’est afin que nous le suivions sur le chemin de la vérité et de la vie (Jean 14, 6). Pour cela, la lumière rayonnant de l’âme est encore plus nécessaire que celle perçue par notre œil.
Dans le discours sur la montagne, le premier dans l’évangile de Matthieu, Jésus juxtapose trois images : la métaphore des véritables trésors, ceux du ciel et des relations authentiques, là où nous investissons notre cœur (Matthieu 6, 19-21), c’est-à-dire le centre de notre personnalité ; celle du maître auquel nous vouons notre existence, soit Dieu qui fait notre bonheur, soit l’argent et les idoles qui nous asservissent (6, 24) ; et, entre les deux, l’image de l’œil, lampe du corps (6, 22-23). Les yeux sont les « ports de l’âme » : si notre être intérieur est plongé dans les ténèbres, notre œil ne dispose pas des critères de discernement adéquats, donc notre corps tout entier reste dans la nuit du jugement sur la réalité, et nous risquons de chuter ou de nous égarer.
« Change ton regard et le monde changera », dit la chanson. Si mon âme est obscurcie, mon aveuglement sera encore pire que la cécité physique. Tout est lié, parce que l’être humain ne fait qu’un : esprit, âme et corps sont habités d’une seule et même lumière. C’est ce que signifie dans l’art chrétien le rayonnement émanant de Jésus, des saints et des personnages bibliques. Il se visibilise dans le regard que leur attribuent les peintres et dans l’auréole dont ils sont affublés.
Tous ceux qui ouvrent les yeux de leur cœur à la lumière provenant des témoins de l’Evangile, en commençant par le Fils de Dieu, vrai homme, deviennent eux-mêmes capables d’en resplendir. A l’exemple de Moïse, illuminé par la gloire du Seigneur, déjà dans l’ancienne Alliance : à combien plus forte raison pour nous, transfigurés par la splendeur du baptême et remplis du feu de l’Esprit de l’Alliance nouvelle
(cf. 2 Corinthiens 3, 4-18).