La sainteté pour tous

La sainteté pour tous

«La sainteté pour tous selon le pape François»: tel était le thème de la conférence donnée par l’abbé François-Xavier Amherdt mardi 15 janvier dans la grande salle de la Colombière. L’occasion, en se penchant sur l’exhortation apostolique «Gaudete et exsultate», de prendre conscience que la sainteté est accessible à tous. 

Par Geneviève de Simone-Cornet
Photo: Olivier Cazelles
Ils étaient une trentaine, mardi 15 janvier, à avoir rejoint la grande salle de la Colombière pour écouter l’abbé François-Xavier Amherdt, professeur de théologie à l’Université de Fribourg, expliquer l’exhortation apostolique du pape François « Gaudete et exsultate » sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel. « Gaudete et exsultate », « Réjouissez-vous et soyez dans la joie », a été publiée par le pape le 19 mars 2018 après « La joie de l’Evangile » (« Evangelii gaudium ») en 2013, « La joie de l’amour » (« Amoris laetitia ») en 2016 et « La joie de la vérité » (« Veritatis gaudium ») en 2017.

Le fil rouge de ces documents ? La joie, a dit le conférencier en ouverture, une joie qui caractérise le pontificat de François avec la miséricorde – rappelons-nous l’année de la miséricorde, en 2015 – et le dialogue œcuménique et interreligieux – avec notamment la visite du souverain pontife au Conseil œcuménique des Eglises à Genève le 21 juin 2018. La joie est « une des trois notes de l’accord fondamental que le pape propose pour l’harmonie de l’Eglise ».

Tous saints

La joie, a poursuivi l’abbé Amherdt, est une des cinq caractéristiques de la sainteté avec la patience (endurance et douceur), l’audace (et la ferveur), le partage communautaire et la prière constante – « Le saint est une personne dotée d’un esprit de prière qui a besoin de communiquer avec Dieu ». La joie est aussi teintée du sens de l’humour, car « un saint triste est un triste saint ». Elle est « surnaturelle, une sérénité remplie d’espérance. Ne tirons pas des faces de carême sans Résurrection ». Vivons-la « dans la souplesse, sans compliquer les choses, dans l’allégresse de l’amour fraternel ».

Bonne nouvelle : nous sommes tous appelés à la sainteté, à devenir « des amis de Dieu qui se laissent contaminer par la bienveillance du Seigneur et permettent à la lumière divine de se refléter sur leurs visages et de rayonner à travers eux ». Comme la Fribourgeoise Marguerite Bays, dont le pape a autorisé par décret la canonisation en ce jour. C’est la vocation de tout baptisé, « la réalisation normale du baptême et de notre sacerdoce baptismal » : « Pas de VIP de la sainteté, pas de prérogatives ». Car « chacun apporte sa couleur propre et son charisme est indispensable, comme dans un vitrail, à l’Eglise et au monde ». Au cœur de ses engagements quotidiens : au travail, en famille, en paroisse.

Deux clés

Mais comment vivre la sainteté dans la vie de tous les jours ? Pour cela, François donne deux clés: l’humilité et la simplicité, pour éviter les pièges du pélagianisme (se sauver par ses propres forces) et le gnosticisme (se sauver par son savoir).

Soyons humbles comme le publicain, ne tirons pas gloire de nos propres œuvres, mais laissons agir la grâce de Dieu en nous en reconnaissant nos limites : « Dieu me prend tel que je suis et il agit à travers mes limites, mes failles et mes blessures, qui sont tendresse de Dieu ». Soyons simples : « Pas d’intellectualisme désincarné ni d’élitisme », car « Dieu est surprise, il ne se laisse pas enfermer dans des concepts ni des savoirs, il est plus grand que nous ». Et puis, la sainteté et aussi celle du voisin de palier, de celui, de celle que l’on croise tous les jours : elle est plus fréquente que nous le pensons, et il existe « une classe moyenne de la sainteté ».

Le grand critère

Comment devenir saint ? Pour le pape, en vivant au quotidien les Béatitudes, ces «déclarations de bonheur à contre-courant du monde»; en pratiquant la charité par les œuvres de miséricorde : c’est « l’amour en actes, pas les idéologies », et c’est « le grand critère, qui n’est pas facultatif ».

Pour cela, ne pas baisser la garde, rester vigilant, prendre les armes de la foi : la prière, la Parole de Dieu, les sacrements, les œuvres de bonté, la vie communautaire, l’engagement missionnaire. Et discerner, user de ce « don surnaturel de savoir choisir entre les bons et les mauvais esprits ». Etre saint, c’est aussi avancer sans peur, dans la confiance. Et entrer dans la logique du don, qui ne fait pas l’économie de la croix. « Laissons-nous désinstaller ! », a lancé l’abbé Amherdt. Ajoutant : « Etre saint, ce n’est pas être parfait tout le temps. C’est se retourner vers Dieu lorsqu’on est fragile. Et laisser des failles pour que Dieu puisse agir en nous. »

Implications pastorales

En conclusion, l’abbé Amherdt a mentionné quelques implications pastorales développées dans « Gaudete et exsultate ». Il importe de pratiquer ce que Jean-Paul II appelait une « pédagogie de la sainteté » : une catéchèse, une éthique, un témoignage basés non sur les interdits et les obligations, mais sur le désir et l’appel. Et de proposer une morale du bonheur qui conjugue les Béatitudes et les œuvres de miséricorde.

L’appel à la sainteté résonne au cœur de nos communautés : faisons d’elles des écoles de spiritualité où apprendre à prier et à mettre la relation au Christ au centre de l’existence. Adoptons un style évangélique et une animation biblique de la pastorale. Soignons la vie communautaire en multipliant les rassemblements et en valorisant tous les états de vie et les ministères. Enfin, soyons attentifs aux plus pauvres, qui sont visage de Dieu, et allons aux périphéries puisque lui-même « s’est fait périphérie » : « … si nous osons aller aux périphéries, nous l’y trouverons, il y sera. Jésus nous devance dans le cœur de ce frère, dans sa chair blessée, dans sa vie opprimée, dans son âme obscurcie. Il y est déjà ».

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