La vie secrète des vitraux de Saint-Robert

La vie secrète des vitraux de Saint-Robert
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Nyon-Founex (VD), juillet-août 2020

Par Françoise de Courten | Photos: Lucien Kolly, Walter Hauser

En 2009, l’église Saint-Robert a connu de grands travaux de restauration,  notamment en ce qui concernait ses vitraux. Nous vous proposons de découvrir les coulisses de cette aventure haute en couleur.Comme indiqué dans le petit fascicule relatant l’histoire de notre église, le vitrail angulaire gauche du chœur représente saint Robert (patron de l’église) et l’abbaye de Cîteaux, dont il fut le premier abbé. Le vitrail central montre la Vierge Marie et l’Enfant au-dessus de la basilique de Lorette, en Italie. Le vitrail angulaire droit révèle saint Joseph et son atelier de Nazareth. Le vitrail à trois lobes situé tout en haut de la façade, au-dessus de l’orgue, représente la figure de Dieu le Père dans la Sainte Trinité. Les vitraux des parties latérales sont des dentelles de verre raffinées.

En 2009, c’était peu dire que les vitraux étaient abîmés. Protégés à l’extérieur par un simple grillage, ils enduraient directement les atteintes du temps et les déjections de volatiles insouciants. Sales, avec de nombreux petits trous et des plombs rongés, ils étaient affaissés et gondolaient comme des tissus mous. Leur minceur était une autre de leurs caractéristiques : ceux des fenêtres latérales ont une épaisseur d’un millimètre, ceux du chœur et de l’entrée sont un peu plus épais.

Le travail de restauration a été attribué à Madame Vishka Niska, spécialiste du vitrail à Morges. Cette artiste a d’abord travaillé comme ingénieure électricienne dans sa Pologne natale. Plus tard, accompagnant son mari diplomate à Hong Kong, elle a étudié l’art du verre. C’est en participant à la restauration de vitraux dans l’atelier d’un professeur dont elle était l’assistante qu’elle a entamé sa pratique, qui est devenue son métier. A cette époque, lorsqu’elle passait d’un pays à l’autre pour accompagner son mari, le contenu de ses valises était un sujet de perplexité pour les douaniers : une quantité de pièces de verre colorées !

Une nouvelle jeunesse
La restauration de vitraux est une activité qui allie force et délicatesse artistique et demande beaucoup de concentration et de rigueur. Après avoir cassé le vieux mastic, Mme Niska a sorti les vitraux (partagés en quatre ou cinq panneaux) de leur armature métallique, comme une vitre hors d’un cadre de fenêtre. Quand ils ne sont plus enchâssés, ces éléments de vitraux se révèlent très fragiles. Ils doivent être insérés précautionneusement entre des plaques de polystyrène et de bois avant leur transport.

Arrivés à l’atelier, les panneaux ont été déposés sur une table pour être nettoyés. Vu leur finesse et leur vétusté, il était exclu d’utiliser une brosse pour enlever la crasse. Chaque pièce de verre a donc été lavée en douceur à l’eau ou avec un solvant spécial qui préserve les couleurs et les éléments de décoration tels que les touches de peinture ou de grisaille (camaïeux de gris ou de bruns employés pour donner l’illusion du relief).

Les trous importants ont été bouchés par des verres colorés. La recherche d’une couleur identique ne fut pas aisée. Pour les petits trous, la restauratrice a utilisé la méthode Tiffany, des bandes de cuivre soudées.

En regardant attentivement les vitraux qui ornent l’église Saint-Robert, on remarque que les pièces de verre sont assemblées selon les formes et les couleurs déterminant les différents sujets et enchâssées dans des plombs qui en suivent les contours. Les anciens plombs ont été préservés, les parties oxydées et rongées remplacées. Un minutieux travail de sertissage.

De retour à l’église
Enfin les vitraux ont pris le chemin du retour, retrouvant leur encadrement de fer. La pose est un travail précis nécessitant le concours de bras vigoureux. Pour garantir une meilleure tenue des vitraux, Mme Niska a placé de fines attaches de cuivre sur chacune des petites barres de métal transversales. Puis mis du mastic autour. Les vitraux étaient ainsi prêts à affronter les années avec grâce et légèreté !

De plus, une vitre transparente extérieure a remplacé le vieux grillage, assurant une meilleure protection et permettant à la lumière de jouer à travers les couleurs suivant les heures de la journée.

Une question demeure : qui était le peintre-­verrier ? Modeste par rapport aux œuvres somptueuses de nos grandes cathédrales, ce trésor lumineux anime notre église comme le font toutes les personnes qui contribuent d’une manière ou d’une autre à donner à ce lieu un cœur et une âme.

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