Laudato si’

Laudato si’
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, secteur pastoral des Coteaux du Soleil (VS), avril 2020

Par Isabelle Vogt

Dans ce numéro de L’Essentiel, nous célébrons les cinq ans de la lettre encyclique du pape François Laudato si’.
Essayons de voir ensemble comment le «souci de la maison commune» qu’y développe notre Pape se conjugue avec les textes bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament.
La Bible s’ouvre sur le Livre de la Genèse et le récit de la Création. Chaque livre de la Bible hébraïque porte en titre le premier mot du texte. Ici, le mot Genèse traduit l’hébreu bereshit (au commencement) et le grec genesis (commencement) du v. 1 : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. 1 » D’un univers plongé dans le chaos et les ténèbres, Dieu va faire un monde où jour et nuit, ciel et terre, continents et mers, soleil, lune et étoiles s’installent. Il couvre ensuite cette terre de végétation et la peuple de toutes sortes d’êtres vivants, avant d’en venir à la création de l’humain (hébreu adam) aux v. 26-27 : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. »

La Création soumise à l’homme ?
Ce qui nous intéresse, dans le contexte de Laudato si’, ce sont les deux passages où Dieu soumet toute la Création à l’homme : « […] et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! » puis « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la […] » Car c’est ce qui justifie, pour certaine-e-s, le pouvoir absolu de l’homme sur la nature.

Or à l’époque de rédaction de la Genèse la domination est un attribut royal : l’homme est le roi de la création, ce qui signifie qu’il doit en prendre soin et la faire prospérer, comme un bon roi le ferait pour son peuple. « Cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature. Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder et de garantir la continuité de sa fertilité pour les générations futures […] 2 »

Le regard de Jésus
Et le Nouveau Testament me direz-vous ? Nous avons souvent évoqué ici le lien privilégié de Jésus avec la nature, que ce soit au travers de ses paraboles ou de ses actes. Il admire les petits oiseaux (Mt 6, 26), domine les vents et la mer (Mt 8, 27), festoie dès qu’il en a l’occasion (Mt 11, 9). Mais c’est aussi un artisan qui travaille la matière créée par Dieu de ses mains, puisqu’il est charpentier (Mc 6, 3).

Le pape François évoque « Le regard de Jésus » aux n. 96 à 100, relevant un élément essentiel : Dieu est notre Père céleste (Mt 11, 25). La Création se réalise sur une Parole de Dieu, et le prologue de l’évangile de Jean nous annonce que le Verbe s’est fait chair (Jn 1, 1-18). Par conséquent « […], le destin de toute la création passe par le mystère du Christ, qui est présent depuis l’origine de toute chose. 3 »

Un pape écolo ?
Laudato si’ est un vibrant appel à une prise de conscience de notre responsabilité vis-à-vis de la planète, qui passe par le respect de chacun-e et l’équité sociale. Je vous en conseille vivement la lecture.

1 Toutes les citations bibliques sont extraites de la TOB, édition intégrale, Paris, Cerf, 2004.
2 Lett. Enc. Laudato si’ (24 mai 2015), n. 67, Ed. Parole et Silence, 2015.
3 Op. cit. n. 99.

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