Le Pape dans l’objectif

Le Pape dans l’objectif

Photographe incontournable dans le milieu catholique, Jean-Claude Gadmer a vécu la venue du Pape à Palexpo en première ligne.

Par Nicolas Maury
Photos: Bernard Hallet, Nicolas MauryAu cœur du pool des photographes du Vatican, Jean-Claude Gadmer a l’œil vissé à son appareil. Depuis l’autel monté dans Palexpo, il suit avec attention l’arrivée de François dans sa papamobile. « Quand il est entré, il y avait une énergie phénoménale dans la halle », se remémore celui qui a été mandaté par le diocèse de Lausanne-Genève-Fribourg-Neuchâtel pour couvrir la venue du pontife le 21 juin dernier. « Lui était emporté par cette foule. En le voyant, on comprenait bien qu’il avait vécu une longue journée, quittant Rome le matin, puis assurant ses obligations au COE. Le temps qu’il arrive sur scène, nous sentions qu’il avait perdu un peu d’influx. » 

L’œil exercé de Jean-Claude Gadmer ne le trompe pas. D’autant que lui-même fonctionne à l’adrénaline, étant sur le pont depuis la veille. Voire même avant. « Lors d’un événement comme celui-là, tu veux être bon. Le restituer dans sa simplicité et sa rigueur. Quinze jours plus tôt, je faisais des scénarios. Evidemment, tout change sur le moment. Alors tu oublies de manger, mais tu t’hydrates quand même un peu. La tension est permanente. Quelque part, c’est un avantage. Sinon, tu passerais à côté de plein de choses. »

Figure connue

La moustache fournie, le Genevois est bien connu dans le milieu de la presse catholique. « Je suis un peu perçu comme le photographe de l’Eglise, vu mes collaborations avec de nombreuses publications, livres ou revues. Je séjourne aussi régulièrement à Rome. J’ai ainsi fait deux voyages avec Jean-Paul II, au Bénin et au Bengladesh. Alors sur le terrain, les gens sont un peu rassurés, notamment par le fait que je travaille de manière assez discrète. » Guère étonnant dès lors que le diocèse ait fait appel à lui. « Je suis arrivé déjà le mercredi 20 juin pour faire des plans liés aux décors, aux derniers travaux sur l’autel et prendre mon accréditation. Et puis il y avait la question des contrôles. Nous avions entendu plein de rumeurs. Je ne suis finalement pas entré par la porte principale, mais par celle des VIP. Je n’ai eu aucun problème, car j’avais le badge rouge permettant de circuler partout. » 

Le jour J, Jean-Claude Gadmer est sur place dès 7h30. « Je voulais assister à la messe des bénévoles à 8h30, mais elle n’a pas eu lieu. Je tenais cependant à avoir des clichés de ces 300 volontaires sans qui rien n’aurait été possible. J’en ai aussi profité pour photographier les stands, les portiques d’entrée et le hall. Et bien sûr l’arrivée des fidèles. » Depuis le départ, il savait qu’il ne serait pas de la partie au COE. « Cela ne me dérangeait pas. Mon cahier des charges en journée, c’était Palexpo et l’ambiance. » 

Alors que l’arrivée du Pape se précise, le reporter rejoint le pool des photographes du Vatican sur l’autel pour immortaliser l’arrivée du Saint-Père. « Il y avait là mes collègues d’agence attachés à Rome. Nous avions tous des 500 millimètres, de sacrés tromblons ! Puis nous avons suivi la procession d’entrée depuis le bas de la scène. J’y suis resté cinq à dix minutes. » Il rejoint ensuite le carré de ses collègues suisses au milieu de la salle. « Le problème, c’est qu’il n’y avait pas de podium. Quand les fidèles étaient debout, on ne voyait quasiment rien. C’était un peu la grogne parmi mes confrères. » Mais le ton reste courtois. « Nous étions relativement peu nombreux. Pas comme à Rome où il y a parfois des bousculades. »

Rencontre mémorable

]Le moment de la journée qui a le plus marqué Jean-Claude Gadmer reste sur le point de se produire. « A l’issue de la cérémonie, j’ai participé à la rencontre entre le Pape et les évêques. Avec nous, il n’y avait que le photographe officiel du Vatican. C’était un moment privilégié. Tout le monde avait l’impression que François revivait. Il n’y avait plus de fatigue, mais de l’écoute et de la disponibilité. Ce Pape s’intéresse vraiment aux gens. Il les questionne. Il a un côté plus humain que certains de ses prédécesseurs, qui parfois regardaient déjà la personne suivante en touchant la main de celle qu’ils venaient de rencontrer. Je suis toujours impressionné quand je le vois dans ces moments. » 

Le 21 juin, Jean-Claude ne s’est pas entretenu directement avec François. Sans regret. « J’avais eu l’occasion de le saluer à Sainte-Marthe et de lui parler lorsque j’avais accompagné à Rome Daniel Pittet qui le connaît bien. Je lui avais dit que son pontificat était un bienfait pour l’Eglise. Il m’a répondu en me demandant de prier pour lui. » Et de conclure : « François, c’est un sacré Pape ! »

La rapidité est de rigueur pour ne rien manquer.
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