Le temps du repos

Mgr Lovey a toujours vécu son ministère dans l’ici et maintenant, sans vouloir planifier sa retraite.

Après plus de dix ans d’épiscopat, Mgr Jean-Marie Lovey s’apprête à remettre sa charge pour prendre une retraite bien méritée. Retour sur cette décennie passée à la tête de l’Eglise valaisanne.

Pour Mgr Lovey, « la miséricorde est plus grande que tout ».

Par Myriam Bettens | Photos : Jean-Claude Gadmer

Au moment d’accepter votre nomination, aviez-vous conscience de l’ampleur de la charge qui allait vous incomber ?
A vrai dire, je me faisais un certain nombre d’illusions ! J’imaginais les choses en fonction des évêques que je connaissais et parfois même au-delà de ce qu’était la réalité…

Vous parlez d’illusions. Quelles étaient-elles par rapport au quotidien d’un évêque ?
Je cernais bien le ministère de coordination, de communion et de faiseur d’unité d’un évêque. Une tâche essentielle à mes yeux, tout en étant colossale vu la multiplicité et la diversité des personnes, fidèles et confrères ! Toutefois, vus de l’extérieur, les évêques me semblaient souvent entre eux à Rome et me donnaient l’image d’un univers à part dont j’avais peine à circonscrire vraiment les contours.

Devenir évêque vous semble-t-il aujourd’hui une tâche plus exigeante qu’elle ne l’était pour vos prédécesseurs ?
Je ne sais pas s’il a vraiment existé des périodes plus tranquilles. Objectivement, il me semble toutefois que nous vivons un temps compliqué et pour de nombreuses raisons. La première, me semble-t-il, est que notre milieu social n’est plus porté par des valeurs chrétiennes partagées universellement. Cela rend donc la tâche plus délicate, la mission plus exigeante, mais aussi plus dynamique. Les défis de l’Eglise locale sont importants, car les valeurs de l’Evangile ne vont plus de soi et, de fait, sa transmission non plus. Cela alors que les attentes sont bien réelles. La seconde raison tient évidemment dans toute la question des abus, qui a ébranlé autant l’Eglise que les consciences. Cela a exigé des compétences dont on ne dispose pas forcément lorsque l’on est nommé évêque.

Justement, lors de votre mandat à la tête de l’Eglise valaisanne, vous avez souvent dû éteindre des incendies… Etiez-vous préparé à cela ?
Franchement, non. Je n’étais absolument pas préparé, ni à l’ampleur des faits, ni à la gestion, ni même à la mal gestion de ces faits ! J’ai découvert beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas.

De quelle manière, en tant que Jean-Marie Lovey, ressortez-vous de tout cela ?
Le socle sur lequel je m’appuie demeure tout de même l’espérance que la miséricorde est plus grande que tout. La conversion de chacun – la mienne en premier – est possible à tout moment et toujours. Je n’ai à désespérer ni des personnes ni de l’avenir, puisque le Dieu sur lequel j’appuie ma vie est un Dieu de miséricorde et d’espérance. Ces points sont pour moi de réels ancrages.

La remise de votre charge d’évêque est-elle une forme de soulagement pour vous ?
Oui, d’une certaine façon. J’ai toujours vécu mon ministère dans l’ici et maintenant, sans vouloir planifier cette retraite. Or, vu la lourdeur des dossiers dont nous avons parlé, j’espère tout de même trouver une forme « d’allègement ». Comprenez-moi bien, il ne s’agit pas simplement de passer cette charge à quelqu’un d’autre, mais il y a un temps pour tout et je pense avoir fait mon temps.

Même si vous ne souhaitez pas la « planifier », avez-vous des souhaits quant à cette retraite ?
Cela m’a coûté de quitter ma famille [ndlr. communauté du Grand-Saint-Bernard] pour être évêque. Je me réjouis vraiment à la perspective de la retrouver (sourire).

Bio express

Jean-Marie Lovey est né à Orsières (VS), le 2 août 1950. Il intègre le noviciat des Chanoines du Grand-Saint-Bernard après l’obtention de sa maturité fédérale. Il étudie la théologie à l’Université de Fribourg et est ordonné prêtre en 1977. Il exerce le ministère d’aumônier jusqu’en 1989, date à laquelle il est nommé maître des novices et supérieur du séminaire de la congrégation du Grand-Saint-Bernard. De 1995 à 2001, il est formateur au séminaire diocésain qui est alors un lieu de formation commun avec sa communauté. De 2001 à 2009, il est prieur de l’hospice du Grand-Saint-Bernard. Elu prévôt en 2009, il occupe ce poste jusqu’à sa nomination à la tête de l’évêché de Sion en 2014.

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