L’Eglise et la violence en prison

L’Eglise et la violence en prison

TEXTE ET PHOTO PAR JEFF ROUXUne personne détenue est souvent une personne en souffrance. Elle souffre de son histoire, parfois chaotique et violente, et elle souffre de l’enfermement.

Arrachée à son quotidien, une personne détenue en prison préventive passe 23/24h enfermée seule dans sa cellule. Elle est coupée de toute relation extérieure durant tout le temps de l’enquête. Il n’est pas rare qu’elle perde son travail, son logement, qu’elle doive divorcer et qu’elle perde la garde de ses enfants. Elle s’endette. Elle se désocialise et perd la considération de ses proches. En un mot, sa vie s’écroule.

Comme aumônier, lorsqu’elle me parle de son chemin, j’entends souvent une histoire de manque d’amour et de violence. Que de violence reçue avant de commettre soi-même un acte violent ! Que d’humiliation ! La violence est une prison pour les auteurs comme pour les victimes. Elle défigure et l’un et l’autre. Elle détruit les cœurs et les relations en profondeur. Le mystère de la violence est insaisissable et terrifiant.

Dans ce climat de mauvaises nouvelles, l’aumônier rend visite aux personnes détenues avec la foi de l’Eglise. S’il y a un mystère du mal et de la violence, il y a surtout un mystère d’Amour et de résurrection. La violence t’a tué, l’Amour te ressuscitera !

Pour cela, l’aumônier apporte un nouveau regard sur la personne détenue. Elle l’envisage. C’est-à-dire qu’elle voit en elle une personne, une créature aimée et voulue par Dieu. Il y a en chaque être humain une étincelle de Dieu, et ce regard doit aller jusqu’à cette étincelle.

L’aumônier apporte une nouvelle écoute. Non pas une écoute qui cherche à accuser, mais une écoute qui accueille l’autre dans sa misère et sa vulnérabilité, une écoute qui réconcilie la personne détenue avec sa propre histoire.

L’aumônier est également une présence. Il est présence d’Eglise dans ce milieu particulier. Et cette présence se veut aimante. Seul l’amour libère de la violence, seule la miséricorde donne de renaître et de recommencer, de se relever, d’être libéré. Seul l’amour est vainqueur de ce mystère du mal et de la violence.

Enfin, l’aumônier espère contre toute désespérance. Là où la personne détenue n’y croit plus, il ose croire aux possibles. Il ose croire que la personne va quitter un mode de vie violent et redevenir auteur de sa vie. Il ose croire que des chemins de bonheur sont à venir ; le bonheur d’être des pécheurs pardonnés.

Il n’est pas rare de voir ce mystère d’Amour à l’œuvre. Quel bouleversement de voir Dieu présent et à l’œuvre dans nos prisons.

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