Par Pierre Guillemin | Photo : DR
Si construire des cathédrales les plus hautes possible a guidé l’esprit de toutes celles et de tous ceux qui participèrent à leurs constructions au Moyen-Age, il aura fallu inventer les arcs-boutants, au XIIe siècle, pour révolutionner l’architecture en permettant non seulement de soutenir des murs hauts et fins, mais aussi d’intégrer des ouvertures de grande taille pour éclairer les intérieurs de lumière naturelle.
Les arcs-boutants sont des éléments essentiels dans l’architecture gothique, connus pour leur rôle crucial dans le soutien des structures imposantes des cathédrales et des églises. Ces dispositifs ingénieux permettent de redistribuer les charges des toits voûtés vers des contreforts extérieurs, libérant ainsi les murs intérieurs pour de vastes vitraux.
Avant leur utilisation, les murs porteurs devaient être massifs pour supporter le poids des toitures et des voûtes, limitant la possibilité de fenêtres de grande taille. L’introduction des arcs-boutants a permis de créer des édifices plus lumineux et aériens.
Transfert de forces
L’arc-boutant typique consiste en un arc de pierre projeté en diagonale à partir des murs principaux, transférant les forces latérales de la voûte vers un contrefort massif positionné à une certaine distance. Cette structure en deux parties – l’arc et le contrefort – forme un système de soutien externe efficace. Les forces sont ainsi déviées loin des murs, permettant des ouvertures plus larges et une élévation plus audacieuse des bâtiments.
Dévier les charges d’une construction (pont, bâtiment…) est un principe encore largement utilisé dans la conception de bâtiments modernes, illustrant l’ingéniosité et la durabilité de cette invention médiévale.
Innovation majeure
Ces arcs-boutants ont évolué avec le temps et l’expérience des architectes et bâtisseurs : c’est particulièrement visible lorsque l’on regarde une cathédrale depuis son chevet (l’arrière). Par exemple, la cathédrale de Lausanne, achevée en 1235, montre des arcs-boutants dont la forme est parfaitement conçue, mais dont les épaisseurs sont encore importantes tandis que Notre-Dame de Paris (les chantiers de ces deux cathédrales commencent au même moment : 1163 pour l’une et 1170 pour l’autre) achevée en 1345, montre des arcs-boutants sur son chevet plus fins préfigurant les constructions plus tardives du XVe siècle.
Les arcs-boutants représentent une innovation majeure qui a transformé l’architecture, permettant la réalisation d’édifices remarquables depuis maintenant plus de 800 ans, admirons-les !