Par François-Xavier Amherdt
Photo: DRLe « judéo-christianisme » offre une morale de bonheur existentiel au quotidien. C’est par le mot « heureux » que commencent le premier Psaume (« Heureux le juste qui se plaît dans la loi du Seigneur ») et le premier discours de Jésus dans le premier Evangile sur le nouveau Sinaï (« Heureux les pauvres de cœur », Sermon sur la montagne).
Toutefois, à y regarder de plus près, les béatitudes que le Christ nous propose sur les sommets des « Galilée postmodernes » n’ont rien d’un oreiller de pur « wellness ». Elles sont à rebrousse-poil de la réussite prônée par notre monde, soi-disant susceptible de nous procurer dès ici-bas la félicité, la richesse, la gloire ou le pouvoir. Au chapitre précédent de l’évangile de Matthieu (4, 1-11), Jésus bat d’ailleurs en brèche ces tentations suggérées par le Diviseur.
C’est un bonheur pascal qui nous est promis, à travers la disponibilité et la liberté de cœur, la douceur de la non-violence active, l’aptitude à pleurer avec ceux qui pleurent, la faim et la soif de justice contre la corruption et l’avidité, la capacité de demander et de donner le pardon, la pureté et la transparence de l’être dans la vérité, la recherche de la paix et de l’unité opposée aux totalitarismes qui bâtissent des murs.
Expériences de plénitude
C’est du reste par la double béatitude des persécutés que se termine la charte matthéenne (5, 1-12) : « Heureux êtes-vous si vous allez au bout de votre passion et de votre juste cause, même au risque de maltraitances, d’insultes, de calomnies et d’emprisonnements. Soyez dans la joie et l’allégresse (Gaudete et Exsultate en latin, d’où est tiré le titre de l’exhortation de François sur l’appel à la sainteté pour tous), car le Royaume des cieux est à vous ! Dès maintenant ! »
Ce sont des expériences de plénitude que Jésus-Christ place devant nous dans ces déclarations de bonheur : être appelés fils et filles de Dieu, être consolés, rassasiés et pardonnés, voir le Seigneur face à face et entrer dans la terre promise définitive. Car elles nous permettent de l’imiter ; les béatitudes sont son portrait : le pauvre, le doux, celui qui pleure, l’artisan de justice, de miséricorde et de paix, le pur, l’innocent persécuté, c’est lui !