Les vitraux de Cingria, chapelle Saint-Jean-Baptiste, Perly (GE)

Le vitrail fait référence à un miracle survenu en 1494.

Par Amandine Beffa | Photo : Jean-Claude Gadmer

Très critiqués à leur création, les vitraux d’Alexandre Cingria ont dû leur entrée dans la chapelle de Perly à une intervention de l’évêque de l’époque, Mgr Besson. Il est vrai qu’à première vue, leur style peut surprendre. Mais sont-ils réellement contraires à la foi et aux mœurs comme le soutenaient leurs détracteurs ou simplement une traduction moderne de la tradition ?

Le vitrail de la Vierge est appelé Notre-Dame de Ré. Il fait référence à un miracle survenu en 1494 dans un village italien situé à quelques kilomètres de la frontière suisse. La façade de l’église du village comportait une fresque de la Vierge Marie allaitante. Un jour, mécontent d’avoir perdu au jeu de palets, un garçon en lance un contre le mur de l’église, atteignant la Vierge Marie au front. Peu de temps après, les villageois constatent que la Vierge saigne. Cingria rappelle cet événement par la petite goutte de sang figurée sur le front de Marie.

Tradition ancienne
Représenter la Vierge Marie allaitant peut nous surprendre aujourd’hui, mais il s’agit d’une tradition très ancienne. On en trouve les premières traces dans les catacombes de Rome. L’apogée se situe entre les XIIIe et XVe siècles, amenant de grands peintres comme Raphaël ou Van Eyck à en proposer des versions. Peut-être sommes-nous dérangés par un accès à une grande intimité. Nous savons que la Vierge Marie est mère et que le Christ est fils, l’art nous permet peut-être de prendre conscience de ce que cela signifie réellement.

Rayonnant et saignant
Le thème du second vitrail est le Sacré-Cœur. Le Christ présente son cœur à la fois rayonnant et saignant. Traditionnellement, le cœur ne se résume pas au symbole de l’amour. Il représente le tout de la personnalité. Le Christ offrant son cœur offre en réalité tout son Etre.

Les deux vitraux de Cingria présentent ce Dieu qui nous rejoint dans l’intime de notre humanité pour nous donner la vie. Une vie qui certes n’échappe pas à la souffrance, les vitraux ne la dissimulent pas, mais qui rayonne de quelque chose en plus.

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