Par Claude Amstutz | Photo: paroisse Sainte-Thérèse
Le célibat et le mariage ne cessent d’alimenter des discussions animées au cours des siècles. Si, pour saint Augustin (354-430) le mariage est bon en lui-même ; ce qui est mal dans le mariage, c’est uniquement ce qui vient de la concupiscence, il est affirmé au Concile de Trente (1543-1565) que le célibat et la virginité sont supérieurs au mariage.
Au fil des temps la perception religieuse a – Dieu merci – évolué, sans oublier, bien tardivement, qu’être célibataire, prêtre ou laïc, est un don de la Grâce, comme l’est l’appel au mariage. Et Jésus Lui-même n’a pas exigé de tous ses disciples le renoncement radical à la vie de famille, bien qu’il ait exigé de tous la première place dans leur cœur.
Ces deux états de vie nous persuadent que, avec Dieu premier servi, le célibat ainsi que la vie à deux, choisis ou non, sont un engagement qui peut conduire à l’épanouissement le plus jubilatoire qui soit sur terre, prédisposé par la patience et la bonté.
Certes, l’homme seul peut éprouver parfois douloureusement la solitude sous toutes ses formes, mais sa disponibilité, grande, ne lui permet-elle pas aussi de se consacrer davantage à des amitiés rares, services et projets en milieu professionnel ou associatif, voire au cœur de l’Eglise ?
Dans le mariage, au contraire, le souci du conjoint ou de la conjointe, des enfants de surcroît, ne peut-il exposer en certaines circonstances, au manque de temps pour soi, s’ajoutant à d’autres engagements ou contraintes du travail et de la vie dite ordinaire ?
Que ce soit exprimé dans un état comme en l’autre, si nous dépassons les fragilités qui façonnent toute existence, le point commun est bien celui de la rencontre, sous le regard bienveillant de Dieu, en amour ou en amitié : relation qui porte le sceau de l’empathie, de la sincérité, de la confiance, du discernement et – mais oui ! – de l’humour.
Habités par l’amour infini de Jésus, ne découvrons-nous pas en chaque attachement, l’infini de l’autre ou des autres ? Et une vie entière suffit-elle à surprendre, tout au long des années qui se succèdent, une pièce surajoutée du puzzle intime de nos élus, capable de nous émerveiller, de nous faire grandir ?
Un ami, c’est comme un gardien de l’amour, un gardien de l’âme elle-même : il saura garder les secrets par un silence à toute épreuve. Il saura supporter et soigner en moi ce qu’il verra de défectueux. Il se réjouira de ma joie comme il s’attristera de ma peine parce qu’il considérera comme sien tout ce qui me concerne. (saint Aelred de Rievaulx)