Ma vie est un miracle

Ma vie est un miracle
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, UP Marguerite Bays (FR), mai 2020

Par le Père Maciej Gajewski | Photo: DR

C’est le titre du livre-témoignage de Bernadette Moriau reconnue officiellement en 2018 par le Vatican comme la 70e miraculée de Lourdes.C’est une religieuse franciscaine qui vit depuis pas mal d’années sa vocation dans un petit couvent à Bresles en France. 

Elle entre à dix-neuf ans au couvent de Nantes dans la congrégation des sœurs franciscaines oblates du Sacré-Cœur de Jésus en 1958. Elle obtient son diplôme d’infirmière en 1965. En 1966, elle a vingt-sept ans lorsque débutent des douleurs lombo-sciatiques. Cela se traduisait concrètement par une quasi-paralysie. En 2005, son pied gauche se transforme en équin nécessitant une attelle. Son dos, sa colonne et son bassin étaient en compote. Ils étaient soutenus par un corset rigide cervico-lombaire. Ce qui n’empêchait pas son corps de souffrir, ses jambes étaient traversées de décharges électriques. Elle était sous haute dose de morphine pour amortir la brûlure de ces épines invisibles. A la fin, on lui avait implanté sous la peau un neuro-stimulateur médullaire tellement la vivacité aiguë du mal était insupportable. 

Voilà en quelques mots l’histoire de 42 ans des souffrances (1966-2008) de Bernadette Moriau qui devenaient d’année en année plus douloureuses ! 

En 2008, son médecin généraliste, le docteur Christophe Fumery, lui a suggéré de retourner à Lourdes. Voilà comment elle le relate : « Ah sans lui rien ne se serait passé. Je viens le voir tous les vingt-huit jours pour le renouvellement de cette satanée morphine. Ce laïc, catholique engagé, et avant tout médecin, emmène chaque année depuis quarante ans le train des malades du diocèse de Beauvais. C’est lui qui m’a suggéré de retourner à Lourdes. – Vous ne viendriez pas en pèlerinage à Lourdes avez les malades du diocèse ? – Mais, docteur, cela fait belle lurette que je ne crois plus aux miracles pour moi ! C’était plus fort que moi, mais c’est aussi mon tempérament, répondre souvent trop vite, du tac au tac ! En sortant de chez lui j’ai eu honte d’avoir proféré une telle ânerie. Moi, religieuse depuis bientôt cinquante ans, la foi chevillée au corps, je lui répondais que je ne croyais plus aux miracles pour moi ! On ne se refait pas mais comment pouvais-je imaginer qu’une telle grâce me tomberait dessus […] Si quelqu’un devait être guéri pendant ce pèlerinage, cela ne pouvait pas être moi […] La proposition du docteur trotta cependant dans ma tête au point de m’habiter de plus en plus. Lourdes, pourquoi pas ? Elle se profilait comme un aboutissement. J’en parlai à la supérieure générale… Elle me répondit sans tarder : « Vas-y, tant que tu peux y aller ! » Après, c’est vrai, le fauteuil roulant m’était promis, mon corps devait se déformer de plus en plus, jusqu’à la fin… Pourquoi attendre ? Curieusement, plus la date du départ approchait, plus je me sentais poussée à me rendre à Lourdes. […] Après tout, je me laissais guider par la Providence et par l’Eglise, même si les voies de Dieu sont impénétrables puisque cette fois, c’est par mon toubib qu’IL m’avait appelée ! […]

A Lourdes, il s’est effectivement passé quelque chose en moi de très profond, encore invisible, mais bien réel. Je suis comme habitée. […] De ma vie entière, je n’avais jamais été visitée à ce point par le Christ. De toute ma vie, je n’avais été à ce point saisie. Que dire de mieux ? J’ai fait à Lourdes, pendant cette procession eucharistique le 4 juillet 2008 à 17h, une expérience directe de Dieu. […] Sous le feu de la bénédiction du saint sacrement j’avais été brûlée par l’amour sans limite de Dieu. Deux fractions de seconde : l’eau, le feu… Cela marquait en moi, pourtant religieuse, le début d’une nouvelle vie. […] Mais elle commençait mal, cette nouvelle vie. Il fallait déjà repartir. Quitter ce paradis de Lourdes seulement perceptible aux yeux et aux oreilles du cœur. Boucler ma modeste valise. Affronter le long trajet de retour, ce train de fer. Sans changement apparent. J’étais une autre dans mon intérieur. J’étais la même dans mon extérieur. »

Trois jours après le pèlerinage, de retour dans sa communauté, Bernadette est inondée d’une chaleur qui part du cœur et se répand partout. Une voix intérieure lui dit de se débarrasser de son corset, de son attelle de pied, de son neuro-stimulateur, de ses hautes doses de morphine… et de s’extraire de la douleur qui lui rongeait la colonne vertébrale depuis quarante ans. Etonnée, bouleversée, Bernadette marche. Elle sort de sa chambre et appelle Sœur Marie-Albertine. Elle lui demande : « Mais qu’est-ce qui t’arrive ? – Bernadette lui dit : Je ne sais pas ce qui m’arrive, Je n’ai plus rien. Je n’ai plus mal. » 

Au moment de sa guérison Bernadette était âgée de 69 ans.

Vont suivre dix années d’examens, de visites médicales – plus de 300, toutes disciplines confondues –, de commissions d’experts…

Le 11 février 2018, la guérison de Bernadette Moriau est déclarée « inexplicable en l’état actuel de nos connaissances scientifiques ». Elle est reconnue officiellement comme la 70e miraculée de Lourdes ; elle qui avouait qu’elle ne priait pas pour sa guérison mais toujours pour la guérison des autres malades.

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