Marie dans les arbres

Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, Unités pastorales du Grand-Fribourg (FR), novembre-décembre 2020

Par Elisabeth Piller et Danièle Moulin | Photos: Jean-Yves Menoud

Sur le chemin de Compostelle qui traverse la forêt de Belle-Croix à Villars-sur-Glâne, un petit oratoire dédié à la Vierge Marie accueille à nouveau les promeneurs. Dans les années 2000, des catéchistes avaient demandé à la paroisse de créer un modeste lieu de pèlerinage pour les enfants des écoles, un signe discret de la présence de Marie parmi nous. Malheureusement, l’oratoire fut vandalisé il y a peu, par quelques malveillants.

Oratoire marial de Belle-Croix.

Il n’est pas rare de voir des promeneurs s’arrêter quelques instants sur le banc pour prier, déposer des soucis, demander protection à celle qui intercède pour tous les humains.

Ce petit oratoire marial perché dans un arbre de la commune de Villars-sur-Glâne n’est de loin pas un exemple isolé. En se promenant dans notre beau canton de Fribourg, parsemé de multiples églises, sanctuaires, chapelles, oratoires et croix, il est fréquent, en levant les yeux, de découvrir des statues ou des images de la Vierge Marie « accrochées » à des arbres. Durant la Contre-Réforme, dans un contexte de querelle entre catholiques et protestants à propos des images, de nombreuses légendes concernant la Vierge Marie voient le jour, avec l’intention de revivifier et de justifier le culte des images. À cette période, certains réformateurs protestants détruisent images et statues religieuses, afin de démontrer que le Christ est le seul médiateur des hommes auprès de Dieu. Pour de nombreux catholiques, les images ayant subi ces déprédations sont considérées comme de véritables martyres, ayant souffert, à l’instar de personnes vivantes, dans leur chair de toile et de bois. Ces événements susciteront de la part des fidèles catholiques une plus grande attention, une nouvelle dévotion ainsi qu’une attitude de profond respect en présence de ces images-victimes. 

Des lieux inédits
Des images de la Vierge apparaîtraient de manière miraculeuse dans des lieux inédits : à Berlens, une statue de la Vierge serait ainsi apparue au milieu d’un buisson d’aubépines. De plus, il n’est pas rare que ces images, que les fidèles tentent de déplacer dans des lieux de cultes pour diverses raisons, reviennent à leur emplacement initial. Le cas de ces Vierges « têtues » se retrouve à Berlens, à Notre-Dame de Tours à Montagny ainsi qu’à Notre-Dame du Portail à Romont. Ces phénomènes démontrent que les fidèles ne considèrent pas ces Vierges comme de simples images, mais comme des protagonistes « que l’on écoute, à qui l’on obéit et dont on sollicite l’avis » 1 . La manifestation de ces images survient le plus généralement dans la nature ou dans des lieux isolés, bien souvent dans des arbres, à l’emplacement où l’on construit ensuite des chapelles ou des sanctuaires. 

Ces dévotions à la Vierge ont un caractère très clairement populaire, dans la mesure où elles surgissent souvent en marge des lieux de cultes reconnus et officiels, et où leur mise sur pied relève souvent d’initiatives personnelles. 

Mais pourquoi Marie apparaît-elle si fréquemment dans des arbres ? D’un point de vue symbolique, la signification de l’arbre est d’une grande richesse. À la fois refuge et signe de fécondité, l’arbre est un symbole de vie, qui meurt et renaît chaque saison. Dressé vers le ciel, profondément enraciné dans le sol, l’arbre est aussi le symbole de l’homme sage qui respecte la terre et regarde Dieu. Dans la Bible, l’arbre représente également la foi : « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre planté près des eaux, qui pousse vers le courant ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit » (Jr 17, 7-8). 

Puisse Marie, sous les traits d’une jeune maman entourant de tendresse son enfant, inviter le passant à ralentir le pas… lui offrir sa présence bienveillante, un petit moment de réconfort… et lui accorder, dans un souffle de silence, la paix du cœur…

Lors de vos promenades, si vous découvrez des petits sanctuaires mariaux, n’hésitez pas à les prendre en photo et à les envoyer à communication@upsaintjoseph.ch ! D’avance un grand merci !

1 BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.

Sources :
– BALZAMO, Nicolas, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg, Neuchâtel, 2015.
– YERLY, Frédéric, La religion populaire dans le canton de Fribourg (fin du XVIIIe – milieu du XIXe siècle : nature, caractéristique et évolution, mémoire de licence présenté à la Faculté des lettres de l’Université de Fribourg, 1990.

Plan pour trouver l’oratoire de Belle-Croix à Villars-sur-Glâne.
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