Marie et Jésus dans le Coran

Marie et Jésus dans le Coran
Tiré du magazine paroissial L’Essentiel, décanat de Sion (VS), décembre 2019

Par Philippe D’Andrès | Photo: DR

Marie et Jésus – Miniature perse.

En décembre, nous fêtons l’Immaculée Conception et Noël. Ce numéro de L’Essentiel porte sur les apocryphes.
Ceci n’est pas sans rappeler que certains de ces textes voulaient renseigner la piété populaire sur la naissance et l’enfance de Marie et de Jésus. Extrêmement appréciés, ils ont influencé la liturgie et l’art. Ce qui est moins connu, c’est le rôle qu’ils jouent dans le Coran. Dans les régions désertiques en marge de l’empire romain, les marchands arabes, dont Mahomet, Mohammad en arabe, ont été en contact avec des pèlerins, ermites et des groupuscules judéo-chrétiens. Ceux-ci leur ont raconté ces histoires, tant et si bien que les références ou les allusions à la littérature chrétienne du Coran proviennent pratiquement toutes des textes apocryphes.

Le texte coranique parle de Marie et de Jésus avec un très grand respect. Le nom de la mère de Jésus, Marie, Maryam en arabe, y figure trente-quatre fois, contre dix-neuf dans le Nouveau Testament. Elle est aussi l’unique femme désignée par son nom. Toutes les autres figures féminines du Coran n’y sont mentionnées qu’en relation avec un homme en tant qu’épouse, mère, fille ou sœur.

Les sourates 3 et 19 consacrent à Maryam deux récits continus et relativement longs. Ceux-ci adoptent la ligne du Protévangile de Jacques, un apocryphe de la seconde moitié du IIe siècle. Avant même sa naissance, Maryam est consacrée à Dieu par sa mère. Elle passe son enfance dans le sanctuaire où le vieillard Zacharie s’occupe d’elle. Celui-ci constate que Dieu lui fait apporter chaque jour la nourriture dont elle a besoin. Le récit se poursuit avec l’annonce à Zacharie et la naissance de son fils Jean-Baptiste, Yahyâ en arabe. Finalement, comme Maryam devient femme, elle ne peut rester dans le Temple. Le Protévangile de Jacques raconte alors le tirage au sort chargé de désigner celui qui allait la prendre en charge. Le Coran y fait allusion, mais ne mentionne pas Joseph. Il veut ainsi lever tout doute sur la virginité de Marie qu’il souligne à trois reprises.

Le texte coranique a deux récits de l’An- nonciation, dans deux cadres différents: le Temple et le désert. Maryam accouche ensuite seule, adossée au palmier. Elle en mange les dattes pendant qu’un let d’eau jaillit au pied de l’arbre. Est-ce ici une allusion à l’Evangile de l’enfance du Pseudo-Matthieu? Quoi qu’il en soit, elle rentre ensuite chez elle où cette naissance hors des liens du mariage suscite rejet et calomnies. Couché dans son berceau, l’enfant innocente alors sa mère en disant que Dieu l’a fait prophète. Dans l’apocryphe Evangile arabe de Jésus, il affirme en revanche, depuis son berceau, qu’il est «Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe…».

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