Notre Dame de Compassion

Notre Dame de Compassion

Par Pascal Bovet
Photo: Jean-Claude Gadmer

Un chef-d’œuvre de style baroque, attribué à Pierre Ardieu de Bulle, vers 1670.
Un chef-d’œuvre de style baroque, attribué à Pierre Ardieu de Bulle, vers 1670.

La dévotion à Marie est aussi ancienne que l’Eglise ; ses douleurs annoncées par le prophète Siméon ont été rapidement mises en évidence, d’où parfois un culte marial doloriste.

Appelée également Notre Dame de miséricorde, ou encore Notre Dame de grâce, elle a été honorée en Suisse romande sous ces vocables, à côté de titres plus glorieux comme Notre Dame de l’Assomption.

En l’église des Augustins, aujour­d’hui paroisse Saint-Maurice en basse-ville de Fribourg, on peut admirer un chef-d’œuvre de style baroque, un temps où on ne se privait pas d’exprimer ses sentiments, joyeux ou peinés. La statue sculptée en bois polychrome représente Marie portant sur ses genoux non plus le « petit Jésus » mais le Seigneur et Sauveur après sa mort. Et avant la résurrection. Malgré le côté dramatique de la scène souligné par les sept épées transperçant le cœur de Marie, les visages restent empreints de dignité. C’est un Christ pacifié que Marie reçoit en retour de son oui, un oui qui va jusque-là. 

Premier avatar : ce que nous en voyons aujourd’hui n’est qu’une moitié de l’œuvre ; la Madone  originale était encadrée de deux personnages qui ont été détachés et qui ornent maintenant une chapelle de la Singine.

L’auteur est disputé : certains l’attribuent au sculpteur Jean-François Reyff, grand artiste baroque à l’œuvre à Fribourg. Mais l’histoire nous fait faire un détour par Bulle, en lien avec la chapelle des Capucins, dédiée à la même Notre Dame de Compassion. Et de là on soutient que l’auteur en est un sculpteur bullois, Pierre Ardieu (vers 1670). Le déménagement de Bulle à Fribourg semble être l’effet d’un don de la part du préfet de Bulle, originaire de la basse-ville de Fribourg, après avoir installé les Capucins à Bulle.

Qu’est-il arrivé à la statue pour qu’elle ait perdu ses deux personnages accompagnant Marie ? L’histoire est trop longue et incertaine pour être ici racontée.

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