PAR JUDITH BALET HAECKENMEYER
PHOTOS : JUDITH BALET HAECKENMEYER, PIXABAY
Dans les temps anciens, les personnes différentes en raison de soucis physiques ou mentaux étaient mises de côté, rejetées en quelque sorte de la société.
De nos jours heureusement, des efforts d’inclusion, d’acceptation des différences sont mis en œuvre, dans les écoles déjà. Cela ne simplifie probablement pas la tâche des enseignants, mais agrandit le cœur de tous. Me revient en mémoire les années où un enfant différent fréquentait la classe d’un des miens et de la richesse que ça avait amené à tous : écoute, bienveillance, colère parfois aussi, et surtout une plus grande ouverture aux différences, une plus grande ouverture du cœur.
Lorsqu’on regarde la vie d’Alexandre Jollien, quelle perte cela aurait été si on avait continué de cantonner cet homme merveilleux à son handicap! Plus près de chez nous, c’est Marie-Madeleine qui nous époustoufle, qui nous tire en avant. Ce sont ces voisins de la rue de la Taure ou du Home Pierre-à-voir qui nous saluent, timidement ou plus franchement. Comme nous a accueillis Dominique lorsque nous sommes arrivés dans ce village: ces «comme je suis content de te voir» accompagnés d’une franche accolade faisaient si chaud au cœur! Même si parfois les enfants étaient un peu gênés car il serrait fort! Certains de nos voisins sont plus timides, plus réservés. Mais au fait, qu’ils soient bien portants ou non!
Pourquoi dans ce cas parler de pastorale des handicapés ? N’est-ce pas une forme de condescendance de la part des «bien-portants»? Car au fond, nous sommes tous handicapés d’amour ! Ne serait-ce pas ce handicap-là qui serait à mettre en exergue dans la pastorale, plutôt que de marquer encore une fois une différence physique ou mentale ? Et là en toute humilité les bergers n’ont que quelques millimètres d’avance.
Mais l’important n’est-il pas de s’entraider à ouvrir nos cœurs? A tenter d’accueillir tous ces handicapés d’amour que nous sommes, et nous-mêmes en premier?